004 LA LANGUE ET LE STYLE RUSTIQUES DE GEORGE SAND DANS LES ROMANS CHAMPÊTRES

Warning ; Any kind of reproduction of this page will be very severely accused by tokyomaths.com

 

LA LANGUE ET LE STYLE RUSTIQUES DE GEORGE SAND DANS LES ROMANS CHAMPÊTRES
THÈSE COMPLÉMENTAIRE PRÉSENTÉE A LA FACULTÉ DES LETTRES DE L’UNIVERSITÉ DE PARIS PAR L. VINCENT
PARIS
LIBRAIRIE ANCIENNE HONORÉ CHAMPION
EDOUARD CHAMPION
5, Quai Malaquais, 5
1916

LISTE DES ABREVIATIONS
Ouvrages de George Sand, cités dans cette étude.
Les citations renvoient aux réimpressions de Calmann-Levy.
Quand une de ces abréviations, dans le cours du travail, sera suivie de plusieurs chiffres, le premier renvoie à la citation; les chiffres suivants indiquent des références sans citation de texte.
1832. — Val. = Valentine.
1837. — Mp. = Mauprat.
1844. — J. — Jeanne
1845. — Ang. = Le Meunier d’Angibault.
1845. — p. Ant. = Le péché de M. Antoine (2 vol.).
1846. — M. D. = La Mare au Diable.
1846. — Val. N. — La Vallée Noire (à la suite du Secrétaire intime).
1847. — Ch. = François le Champi.
1848. — Fad. = La Petite Fadette.
1851. — Cl. = Claudie.
1853. — M. S. = Les Maîtres Sonneurs.
1855. — D. Ch. — Le Diable aux Champs-
1857. — B. D. — Les Beaux Messieurs de Bois-Doré (2 vol.).
1857. — Lég. R. = Les Légendes rustiques.
1857. — Pro. = Promenades autour d’un village.
1861. — Germ. = La famille de Germandre.
1872. — Na. = Nanon.
1873. — Imp. S. — lmpressions et Souvenirs.
Corr. — = Correspondance 6 vol.
Corr. Flaubert = Correspondance entre George Sand et Gustave Flaubert (1 vol.).
H-Vie. = Histoire de ma vie (4 vol.).

Ag. = Ageorges (Joseph), George Sand paysan : un chapitre de cette étude est consacré au «Parier rustique dans l’oeuvre champêtre de George Sand», dans la Revue du Berry septembre 1901. 380-392.
Aug. = Augras pseud. : Marquis de la Brande, L’Amour au village, scène de mœurs berrichonnes, en trois actes. Plaquette d’environ 30 pages. Châteauroux, Badel, 1892.
12e. — Une noce au Berry, 32 p. Châteauroux, Meltzheim, 1902, 12e. — De nombreux articles en patois berrichon dans le Réveil de la Gaule.
Cor. = Corlay (Hector de), Un clocher du Bas-Berry de George Sand sous la Révolution, dans la Revue du Berry de juin 1912 à mai 1913.
Coud. = Coudereau, Sur le dialecte berrichon, dans Mémoires de la Société anthropologique de Paris, 1873. — 2e série numéro 1, 335-381. Quelques notions de phonétique sont suivies de 400 mots donnés comme tout à fait originaux, recueillis dans le canton
de Charost. Une deuxième édition de cet ouvrage a paru dans la Revue du Berry, mars 1898, 134-181, avec une addition de 671 mots. C’est cette édition qui a servi pour ce travail.
Dug. = Duguet (Charles). Choses diverses du pays de La Châtre, 1 vol. rare. Le chapitre consacré à la langue a paru dans la Revue du Berry, mai 1897 : La vieille langue et le français de Berry, par Jean du Pontaulais (pseud. de Charles Duguet) 232-240.
La Châtre en Bas-Berry au XVe e siècle. La Châtre. L. Montu, 1894.
Echo = Echo de l’Indre. Ce journal hebdomadaire, depuis 1907 environ, donne chaque semaine de petites nouvelles en patois berrichon. Edité à La Châtre, chez Montu.
Gay. = Gay (Henri). La langue de Rabelais, le pays où on la parle encore, les locutions et expressions berrichonnes dans Gargantua, dans la Revue du Berry, 1907. 61-68 ; 97-108 ; 130-135.
Hug. = Huguenot (V). La littérature du Centre, dans la Revue du Centre, 1879, 1-14, 68-87, 200-216.
Jaub. = Comte Jaubert. Glossaire du Centre de la France, Edit. définitive de 1864. Avec supplément de 1869. Paris Chaix et Çie.
Lab. = Labonne (Docteur H.), Recueil de mots et expressions qui, employés par Rabelais, sont encore en usage dans le Berry, 19 pages. Châteauroux, A. Majesté, 1885, 8°.
Lais. S. = Laisnel de la Salle : Croyances et Légendes du Centre de la France. 2 vol. de 338 et 402 pages. A Chaix et Cie 1878. 8°, Edition épuisée. Cet ouvrage se trouve dans toutes les bibliothèques de chef-lieu de département.
Lais. S. = Laisnel de la Salle. Les Littératures populaires. Le Berry, 2 volumes de 412 pages, contenant de nombreuses expressions berrichonnes. Paris, Maisonneuve, 1900. 8°.
Au tome II, la deuxième partie pp. 221 à 369 est consacrée au langage. Les abréviations Laisnel de la Salle renvoient à cet ouvrage, sans autre indication que la page.
Lais. S. Anciennes mœurs. Scènes et tableaux de la vie provinciale aux XVIIIe et VIXe siècles… 408 p. κυρικιμασαηικο La Châtre, Montu, 1900. 12°’ (Ne se trouve plus dans le commerce).
Lap. = Lapaire (Hugues), Le patois berrichon, 981 mots, 97 pages, Moulins, Crépin-Leblond, 1903. 8°.
Loj. = Loje (Pière de la). Glossaire du Bas-Béri (Indre, 32 pages, allant seulement de A à Chabia. Paris, Bouillon, 1891. 4°.
la Log. = Loge (Pierre de la). Le Chat Botta, dans la Revue du Centre, 1889, 216-219 ; 277-280.
Nig. = Nigond (Gabriel), Au pays de George Sand, les Contes de la Limousine. 104 p. Paris, P. V. Stock, 1903. 16° Il existe de cet ouvrage chez Ollendorff, une édition illustrée par Fernand Maillaud. — Nouveaux contes de la Limousine, 182 p. Paris,
Ollendorff, 1907. 8°.

8
Pierq. = Pierquin de Gembloux, Histoire littéraire philologique et bibliographique des patois, et de l’utilité de leur étude. Paris, Techener, place du Louvre, 1841, 8°. — Les Trouvaires du Berrg, précédés d’un discours sur la langue et la littérature de cette province
avant le XIIIe siècle. Moulins, s. éd. 1847. 8°. — Notices archéologiques sur Bourges et le département du Cher. Essai d’un vocabulaire Celto-Kymrique de Bourges et de ses environs, 140 mots. S. éd. 1840. 8°. Pierquin de Gembloux, sans autre indication,
renvoie à ce vocabulaire.
Por. = Porcheron. Quelques additions au Glossaire du Centre dans Mémoires de la Société historique du Cher, 71 mots. 1888.
R. D. = Richard-Desaix (Ulric) : Origine du mot «biger» ou «bicher». (Revue du Berry. Janvier 1899. 31-34.)
Raynal, Notice sur le 2e volume du Glossaire du Centre de
La France de M. le comte Jaubert dans le Compte-rendu de la Société du Berry, 1856-1857. 267-277.
T. de C. = Quelques mots sur le langage populaire du Centre, (Revue du Centre 1879. 194-199.)
Tiss. = Tissier (Jean), Dictionnaire berrichon avec citations littéraires et petit supplément, même volume, 106 p. Paris, Ghio, 1884. Petit in-8°.
Tur. = Turpin (Emile), Note sur le langage berrichon lue dans la séance du Congrès régionaliste de Bourges, du 16 septembre 1911. (Revue du Berry 1912. 225-244.)

OUVRAGES GÉNÉRAUX ET DICTIONNAIRES.
Br. = Brunot (Ferdinand). Histoire de la langue française des origines à 1900, 3 tomes 4°.
Cot. = Cotgrave. A French and English Dictionary. Londres
1660. F°.
Du C. = Du Cange, Glossarium. 8 vol. in-f°,
G. = Godefroy. Diclionnuire de l’ancienne langue française.
G. comp. = Complément de Godefroy.
Gil. = Gilliéron. Atlas linguistique de la France. Nomenclature des localités citées dans l’ouvrage. Notice servant à l’intelligence des cartes. Grand 8°.
Haase = Syntaxe française du XVII e siècle, traduite par M. Obert. Paris, Picard, 1898. 4°. (Les numéros renvoient aux pages, non aux paragraphes).
H.-D.-Th. = Hatzfeld-Darmsteter-Thomas. Dictionnaire général.
La-C. = La-Curne de Sainte Palaye. Dictionnaire historique de l’ancien langage français.
Lit. = Littré. Dictionnaire de la langue française.
Littré. Supp. = Littré. Supplément.
Mon. = Monet. Invantaire des deux langues française et latine, 1636. F°.
Nic. = Nicot. Thresor de la langue francoyse. 1606. F°.
Nyr. = Nyrop (Kr.). Grammaire liistorique de la langue française, 3 tomes. A. Picard, 1903. 4°.
Oud. = Oudin. Curiositez françaises, 1640. 8°; — Grammaire rapportée au langage du temps, 1645. 12°; — Thresor des deux langues française et espagnolle, 1616. 8°.
10
Rich. = Richelet. Dictionnaire de la langue française, 3 vol. f°. 1728
Trév. = Trévoux. Dictionnaire de la langue française. 1771. 8 vol. f°.

ÉTUDES SUR LE STYLE DE GEORGE SAND DANS SES ROMANS
CHAMPÊTRES.

Bern. = George Sand’s Sprache im Romane. Les Maîtres Sonneurs, 1ère partie, Berlin, thèse, 1900, 8°, 55 ; — Le travail très complet dans Berliner Beiträge zur Germanischen und Romanischen Philologie, pub. p. Ebering, Berlin, Roman. Abteilung n° 12, 8°,
99 pp ; — Analyse dans Archiv fur Studien der neueren Sprachen de Herrig, t. 108, pp. 228-236.
Caro (Georges). = Syntaktische Eigentumlichkeiten der französischen
Bauernsprache. Berlin, Hans Mamroth, 1891. Petite plaquette.
Pl. = Planche (Gustave). Style de «Claudie» dans Nouveaux portraits littéraires, t. II. 197-219.
Rob. = Robert (C. M.). Notes et remarques sur la langue du roman champêtre de George Sand, dans Taalstudie, 1884 (5e année). 136-148 ; 193-207 ; 284-296 ; 331-348 ; 1885 (6e année), 6-16 ; 65-70.

LOCALITÉS

La Ch. = La Châtre-
No. = Nohant.
St-Ch. = Saint-Chartier.
Val. N. = Vallée Noire.

13
INTRODUCTION
I
MES DEVANCIERS
La langue, dont George Sand s’est servie pour écrire ses romans champêtres, avait déjà, depuis longtemps, attiré l’attention des critiques étrangers.
Dès 1884, M. Robert faisait paraître un travail sur La Mare au Diable, François le Champi, et La Petite Fadette. Il étudie chacun de ces romans séparément. L’auteur explique les mots, les expressions qui lui paraissent curieuses, intéressantes ou obscures pour le
lecteur. C’est là son but. Il n’a nullement songé à s’informer si ces mots ou ces expressions appartiennent ou non à la langue du Berry.
Son vocabulaire est, d’ailleurs, assez incomplet. Il passe sous silence un certain nombre de mots intéressants :
Accourci, accroire, acertain, affolement, affronteux.
Baigneuse, bellement, broye, broyeur.
Cape, castille, chagrinant, coiffage, coiffe, comportement, couleuré.
Dansière, divertissance, droguet, drolesse.
Enflambé, enragement, épeuré, essoti, esréné, esseulé, exploit.
Fâcherie, fiance, fosse.
Héserbeur.
Locature, loue.
14
Mauvaiseté, mignon,
Nape.
Pacage, pétrelle, portement.
Ramée, rangement, revenge, roufler.
Semondre, sornette, subtilement.
Tancer, toucheur, tourte, treizain.
Valet, vitement.
Il est vrai qu’à propos d’un mot il en groupe d’autres qu’on ne s’attend pas à trouver réunis et qui peuvent échapper à la lecture. Au mot oubliance, par exemple, on verra tous ceux qui se terminent en ance employés par George Sand :
Accoutumance, demeurance, souvenance, retirance, repentance, accointance, coûtance, nuisance.
A propos de broncher, on trouvera trébucher.
M. Robert fait aussi des remarques inutiles : il explique :
Donner dans : «Landry donna du poing et du nez dans un gros arbre» ;
Elevage, à propos de l’élevage, des bestiaux ;
Innocent, imbécile ;
Martin pêcheur, et il donne à ce sujet toute une liste de mots commençant par martin ;
La locution oui-da ;
Stylé dans la phrase : «enfants stylés à être affaibles et compatissants» ;
Veuve dans l’expression «une femme veuve» ;
Trop dans la phrase : «Landry commençait à ne pas être heureux de le voir trop souvent», etc., etc.
En dehors de certains développements inutiles, les explications de mots données par M. Robert sont assez exactes. Cependant, pour ne citer qu’un exemple, la Cénelle (François le Champi n’est pas le fruit du houx, mais celui de l’épine blanche.
15
M. Robert n’a pas indiqué la source de ses explications. Il connaît Jaubert ; il s’en sert, mais le cite très rarement. Il a recours aussi aux dictionnaires de l’ancien français, mais il se contente de nommer de temps à autre Littré. Le plus souvent, il dit que le mot est
vieux, ou bien il le rapporte au XVIIe ou au XVIIIe e siècle, ou encore il fait une citation prise dans un auteur de ces diverses époques.
Se trouve-t-il devant un mot comme estropison, il dira que c’est un provincialisme. Comme on le voit, les recherches de M. Robert n’ont pas été poussées très loin.
En fait de syntaxe, son étude est tout à fait rudimentaire.
Il fait quelques remarques isolées qu’il rattache, quand il le peut, à la langue du XVIIe ou du XVIIIe siècle.

Quelques années plus tard, en 1900, un Allemand, M. M. Born, faisait paraître une étude sur les Maîtres Sonneurs. [Avisée qu’il existait une autre étude de M. Max Born, rectitifiant la première, j’ai tenu à m’en assurer. Avant la guerre, j’avais éerit à l’éditeur de
M. Born à Berlin. Voici sa réponse : «Une rectification de l’ouvrage de M. Max Born, Georg Sand,s Sprache, n’existe pas.» Signé Emil Ebering.] Ce roman, comme le dit l’auteur, est celui qui s’éloigne le plus du français moderne. Il a cherché à le rendre
intelligible pour ses compatriotes. Il explique les mots, les expressions qui lui ont paru offrir des difficulté pour des lecteurs allemands. Il relève aussi un grand nombre de particularités syntaxiques dans la même intention.
Comme M. Robert, M. Born a passé sous silence un assez grand nombre de mots, qui nécessitent des remarques, tels que :
16
Accoutumance, accrété, affronteux, amiteux, assavoir, assemblée.
Bailler, bâtine, batterie, bavoux, biaude, bouchure, brandes, bravarie…
Chagnon, champi, chanvreur, chéti, coiffe…
Demeurance, décoter.
Ebervigé, embraîser, épelettes, étrange…
Fafioter, faraud, flamber, fosse, fait….
Georgeon, grelet, galerne, gredot…
Imbriaque, indigérer, imaginant…
Jeunesse, joyeuseté, jurement, languition, liesse, lignage, loges…
Mandré, marmonner, marsèche, mauvaisement, mitan…
Ouailles, orblutes…
Pâtour, patureau, pichet, portements…
Quasiment, querelleux…
Ramée, rechigneux, rembarrer, rio…
Saulnée, semondre, sornette, subtil…
Tablée, tabouler, taure, torchère, traîne…
Vairon, vitement…
S’il indique généralement la source de ses indications, M. Born ne dit pas toujours dans quel dictionnaire il a trouvé le mot employé par George Sand. Il se contente de rappeler que les lexiques le mentionnent. En ce qui concerne la provenance patoise des mots, il
s’en rapporte presque exclusivement au Glossaire du Centre du comte Jaubert.
Il conclut aussi, assez fréquemment, que le mot n’est mentionné dans aucun dictionnaire ni aucun lexique.
C’est souvent exact, mais quelquefois aussi M. Born n’a pas regardé la chose de très près.
17
Les mots abouter, assécher, embrunir, encharger, essotir, étreillir, chapuser son dans Jaubert. Coupasser y est aussi. Sitôt est dans Complément de Godefroy, dans Comte Jaubert, dans Littré. Soies (cils) est dans La-Curne de Sainte Palaye et Littré. Sonnerie dans
Complément de Godefroy ; se supporter dans Littré ; usance dans Godefroy et dans Jaubert ; voûture dans Complément de Godefroy.
Born a fait aussi deux remarques différentes pour émalicer el emmalicer, qui ne sont que deux manières d’écrire le même mot.
Le critique allemand a fait un certain nombre de remarques inutiles. Peut-être les jugeait-il nécessaires pour ses compatriotes. En voici quedquds-unes.
Au mot bataille : «Malzac était plus vif… et connaissait mieux la bataille», (180); «Il s’y fait quelquefois des batailles», (341). M. Born constate que dans les dictioniniaires bataille ne signifie que combat entre deux armées et il traduit bataille par combat singulier,
dans le premier cas, rixe ou batterie dans le second.
Il se croit obligé de dire que tout de bon signifie véritablement. (302).
Couper, dans les phrases suivantes, lui paraît obscur :
«Je vis que l’homme à la charrette coupait sur la droite.» (20).
«Il coupa à travers le fourrié.» (42).
Il veut que crédule, (198), soit remplacé par superstitieux, et crève-cœur, (78), par vif déplaisir. Il relève dans les phrases suivantes les expressions soulignées et en donne des explications :
«Benoît avait demandé au sommelier un déguisement et les clés des souterrains.» (377).
«Je songeai que je n’avais point payé ma dépense au Bœuf couronné.» (36).
«Brulette s’approcha de Charlot qui jamais ne lui faisait aucune fête.» (244).
«Le garçon à Carnat s’essaye à cornemuser.»(50).

18
«Je m’imaginai, à sa voix qu’il se gaussail un peu de ma frayeur.» (41).
«Mon père n’est pas malheureux, ni moi non plus, et nous n’avons pas grand mérite à prendre soin d’un ami…» (110).
«Bah ! qu’est-ce qu’il y a donc de si malaisé à gouverner une marmaille comme ça. [La seule remarque que M. Born n’a pas faite, et qu’il y avait à faire, c’est que marmaille, nom collectif, est employé ici pour désigner un seul enfant.]» (279).
«Je serai content… de ne plus abattre les beaux ombrages du bon Dieu.»(391).
«C’était le moment de la pousse du plateau blanc.» (312).
«J’ai pris le chemin qui m’a amené ici, espérant bien y trouver Huriel et pouvoir raisonner avec lui.» (299).
«Si die s’oubliait à gaminer au catéchisme, elle se reprenait vitement.» (7).
«Je fis mes adieux, afin de m’en retourner tout droit chez nous.»(38).
«Je suis sotte et rêvasseuse.» (272).
«Raisonnant en homme qui n’est sot sur aucune chose.» (133).
«Quand je l’eus passé (le ruisseau), je ne trouvai plus aucune trace frayée.» (189).
Les métaphores suivantes paraissent aussi à M. Born dignes de remarques explicatives :
«Carnat à qui il paraît que j’avais démanché le poignet.» (383).
«Pour la première fois, il avait quitté son air endormi.» (42).
«Il s’était mit en devoir d’accommoder sa musette, il trouva que le temps humide l’avait enrhumée.» (53).
19
«N’avais-je pas raison de te secouer un peu de tes ennuis.» (242).
«Le berrichon est une pierre qui roule d’un sillon sur l’autre, revenant toujours sur celui de droite quand la charrue l’a poussée pour une saison sur celui de gauche.» (716).
L’étude critique de M. M. Born sur la syntaxe employée dans les Maîtres Sonneurs est beaucoup plus complète que celle de M. Robert. Il apporte dans ses recherches de l’ordre et une méthode plus rigoureuse ; mais, comme son devancier, il se borne à expliquer
certaines formes, à en rattacher d’autres à la syntaxe de l’ancien français ou à celle du XVIIe siècle.
En définitive, il ne s’est préoccupé en aucune façon de savoir quelle part revenait soit au patois berrichon, soit à la langue populaire, dans cette œuvre de George Sand.
Un autre Allemand, M, Georges Caro, a fait des remarques sur la syntaxe employée par quelques auteurs dans leurs romans populaires et champêtres. Il ne s’occupe pas spécialement de George Sand. Jules de Glouvet, Pouvillon, Maupassant, Souvestre, Zola,
ont été mis à contribution pour ce petit travail. En ce qui concerne George Sand, ses observations sont peu importantes et très disséminées. Il ne s’informe pas des particularités qui peuvent se rapporter à la langue du paysan berrichon. On ne voit même pas
l’ordre qu’il a adopté pour cette étude.
Après quelques remarques sur mes pauvres mondes, ces gensses-là, il passe à la suppression du pronom dans les verbes et particulièrement dans les verbes impersonnels. (13). Il revient au passif (16) pour parler ensuite du pronom indéfini. (19).
M. Georges Caro nous dira (22) que l’article féminin se met devant les noms propres. A la page 24, il parlera du treizain substantif numéral collectif. Puis nous arrivons page 25 à l’emploi de avoir pour être, suivi de quelques remarques insignifiantes sur la
conjugaison. Les expressions du genre qu’elle lui dit se trouvent aux mots invariables.
20
Le travail de M. Georges Caro n’est pas sérieux.

Un berrichon, M. Ageorges, dans une étude générale, George Sand paysan, a consacré un chapitre au «Parler rustique dans l’œuvre champêtre de George Sand».
C’est un article littéraire qui réunit, sans ordre voulu, quelques-unes des expressions que George Sand a employées. Aucune méthode n’a présidé à ce travail, aucun souci critique. Le désir de l’auteur est simplement d’attirer l’attention sur la langue imagée de
George Sand.
M. Ageorges admire sans restriction l’emploi heureux que l’auteur de la Petite Fadette a fait des expressions berrichonnes pleines de saveur, de naïveté, de couleur. II ne s’est point demandé jusqu’à quel point, et dans quelle mesure, le patois de la Vallée Noire
était représenté dans les romans de George Sand.

21
II
MA MÉTHODE
Déterminer aussi nettement que possible quelle part l’auteur du Champi a faite à la langue et au style rustiques dans ses romans champêtres, tel a été le but de ces recherches, dont les études antérieures ne me paraissaient pas avoir épuisé la matière.
Sous le nom de Romans champètres, j’ai fait rentrer tous ceux où George Sand a mis en scène le paysan du Berry, depuis Valentine (1832), jusqu’aux Beaux Messieurs de Bois-Doré (1857) et Nanon (1872). Bien que la plupart de ces romans ne soient pas
essentiellement champêtres, ils contiennent tous des sicènes rustiques, et le paysan y donne toujours quelques échantillons de sa lingue imagée et pittoresque.
George Sand aimait tellement la langue de son village, quelle se servait même assez fréquemment de certaines expressions en écrivant soit aux siens, soit à ses amis. «Je te bige,» dit-elle souvent à son fils, à Flaubert. Dans des ouvrages comme l’Histoire de ma
vie, Impressions et Souvenirs, on retrouve cette tendance à placer de temps à autre un mol berrichon, qui peint la situation ou qui éveille une idée amusante. J’ai renvoyé quelquefois à ces ouvrages.
L’étude du patois dans les Romans de George Sand présentait quelques difficultés; aussi, est-il presque impossible, comme on le verra, de faire un départ exact des formes patoises avec celles qui ne le sont pas, ou ne le sont plus.
Pour contrôler les expressions employées par George Sand, il a fallu tout d’abord limiter le champ de l’investigation.

22
L’auteur du Champi ayant passé les deux tiers de sa vie à Nohant, et n’ayant cessé de circuler dans les environs immédiats de ses propriétés, c’est-à-dire à St-Chartier, à La Châtre, ces trois communes étaient naturellement indiquées pour fournir des documents à
mon enquête.
Ces limites, un peu restreintes, mais qu’il était difficile d’étendre d’une façon générale, je les ai quelquefois dépassées. Pour le mot traîne, par exemple, il était indispensable de savoir si cette expression si poétique avait cours dans quelque localité de la Vallée
Noire.
D’ailleurs, les vieux paysans, ceux qui ne savent pas lire, comprennent assez mal le français. C’est à eux qu’il fallait cependant avoir recours pour retrouver la vieille langue du Berry dont s’est servie George Sand. Ceux-là ne se font pas toujours comprendre
parfaitement non plus. Il a donc parfois été assez difficile d’arriver, soit à leur faire dire l’expression désirée, soit à la leur faire entendre.
Les mots, que George Sand a employés, ne se retrouvent pas tous, tant s’en faut, dans la larugue des paysans des trois communes nommées plus haut. Peut-être un certain nombre sont-ils tombés en désuétude, comme je le dirai pour quelques-uns. Peut-être
George Sand les a-t-elle pris ailleurs.
«Chaque petit pays a son petit patois» me disait un paysan des environs de La Châtre. C’est très exact. D’un village à un autre, il y a des nuances. Elles se manifestent surtout dans la phonétique et le vocabulaire ; la syntaxe est moins atteinte. George Sand a
circulé beaucoup dans le Berry. Malgré son estime toute particulière pour le patois de sa localité, le mot pittoresque, amusant, ne lui a pas échappé. Elle a dû faire son miel du suc des fleurs, que le hasard a mises à sa portée.
En outre le paysan de la Vallée Noire crée des mots avec une facilité remarquable. Doué d’une imagination très vive, malgré son apparente lenteur, il est fin, spiriluel. Chaque individu à des expressions qui lui sont personnelles, des comparaisans, des images, des
métaphores qui surgissent dans la conversation suivant les circonstances. Ces créations sont le plus souvent éphémères et disparaissent avec leurs auteurs; quelques-unes peuvent cependant se conserver dans la langue.

23
Sordaire, désagréable, par exemple, est un mol berrichin. Sordairerie est une création.
«Y lui en fait des sordaireries» disait, un jour, un paysan de La Châtre, ce qui signifie des choses désagréables. L’expression a paru heureuse, on l’a répétée, elle est restée.
Le verbe eniporciner [Aporciner se trouve cependant dans Comte Jaubert et signifie gros, gras.] est du même genre : «Mônsieu, vous avez bin emporciné».
Etonnement du Monsieur.
«Je veux dire, reprend le paysan, qu’ vous êtes groussier d’côrps, mais fin d’esprit.»
Cette facilité à créer des mots nouveaux, à saisir le côté ridicule ou plaisant de quelque chose, fait du paysan berrichon «un grand donneur de sornettes», [La Petite Fadette, 35], comme l’a dit George Sand. Les surnoms, en effet, abondent en Berry.
Les individus en arrivent à ne plus être connus sous leur véritable nom. Leur surnom seul les distingue les uns des autres.
Le paysan de la Vallée Noire donne aussi toujours un sens net et précis aux mots qu’il ne comprend pas, quand une consonance connue vient frapper son oreille : L’huile de ricin devient sans hésitation de l’huile d’hérisson. Les mouches cantharides, des mouches
catholiques ; la petite centaurée, l’herbe St-Honoré : les primevères, des plumes vertes : les sycomores, des sitôt morts.

24
L’homme, qui arrive à un service mortuaire au moment où le prètre pronoce : Requiescat in pace, dira qu’il est arrivé à la Catherine passée.
La petile fille, qui, au chemin de croix, entend ces mots : istud agas, traduit l’usine à gaz. Quelqu’un ayant parlé du maréchal Canrobert qui avait pris Sépastopol, [Qu’on excuse l’erreur historique, qui s’est glissée dans cette Conversation authentique que je
rapporte. Canrobert rentra en France avant la prise de Sébastopol. Il fut remplacé par Pélissier.], le paysan répéta : Quand Robert a pris la veste à Paul… Ces traductions se font tout naturellement, sans la moindre hésitation.
Pour les raisons qui précèdent. il n’est pas toujours facile de déterminer nettement l’élément patois dans les romans de George Sand.
En ce qui concerne soit le vocalbulaire, soit la syntaxe, j’ai écarté de cette étude toutes les formes qui n’ont pas été reconnues par les paysans berrichons dans les trois communes désignées. D’autre part, je ne prétends pas que ces formes n’appartiennent qu’aux
paysans de Nohant, St-Chartier, La Châtre. On verra que nombre de ces mots se retrouvent dans des lexiques berrichons qui n’ont pas été faits spécialement pour cette région. Ils entrent donc dans le patois d’autres communes. Plusieurs des mots relevés, comme
patois de ces localités, peuvent appartenir aussi à d’autres provinces. Quelques-uns enfin semblent avoir cours dans presque toute la France. On peut en dire autant des expressions et des comparaisons. J’ai constaté seulement qu’actuellement encore on retrouve
ces formes dans la bouche des paysans de Nohant. St-Chartier. La Chàtre.
25
Parmis les mots berrichons, les uns, cependant, appartiennent plus spécialement que les autres à l’une de ces trois communes. Par exemple, au sujet d’acrété, beuvrache, patour, un chacun, l’avis des personnes consultées a été différent.
Le mot acrété, répandu à Saint-Chartier, ne l’est pas à La Châtre. Beuvrache a cours à Nohant ; on le connaît à peine à Saint-Chartier. Pâtour ne se dit plus guère; mais à Saint-Chartier, de vieux paysans le connaissent très bien, car ils l’ont entendu souvent dans
leur enfance. Un chacun s’emploie constamment à La Châtre et bien peu à Saint-Chartier.
Enfin, parmi les mots patois et les expressions du pays relevés chez George Sand, les uns sont très répandus, les autres le sont moins, quelques-uns se disent rarement. J’ai essayé d’indiquer ces différentes nuances le plus consciencieusement possible, mais je ne
crois pas que là encore on puisse arriver à l’exactitude.
Je ne dirai rien des mots très répandus en Berry, mais qui le sont aussi dans presque toute la France, tels que : chopine (François le Champi, 100); cornemuse (Le Meunier d’Angibault, 259, 295); dodeliner (Claudie, 228) ; fainéantise (La Mare au Diable, 44; La
Petite Fadette, 280) ; gars, que George Sand a répété un grand nombre de fois dans ses romans; quant à mignon, ce terme d’amitié s’emploie aussi à tout propos en Berry, même quand on parle aux animaux.
Il est à remarquer que George Sand s’est servie aussi d’un certain nombre de mots français populaires, répandus en Berry comme :
Batifoler (François le Champi, 96) ; bergerie (Les Maîtres Sonneurs, 14; .Nanon, 3, etc.) ; blémir (Les Maîtres Sonneurs. 343) ; bûcher (Les Maîtres Sonneurs, 110) ; caler (François le Champi, 104) ; chagrin, adj. (Les Maîtres Sonneurs, 220) ; chaudronnée
(François le Champi, 161) ; désenfourner (Claudie, 222) ; éclopé (La Petite Fadette, 148) ; encharhonné (Les Maîtres Sonneurs, 104) ; endurant (Les Maîtres Sonneurs, 198) ; entonner (Les Maîtres Sonneurs, 97) ; éventé (Les Maîtres Sonneurs, 248) ;
gambiller (La Petite Fadette, 114) ; habillement (Les Maîtres Sonneurs, 291) ; javelle (Le péché de M. Antoine, II, 88); manigance (Les Maîtres Sonneurs, 359) ; manquement (Les Maîtres Sonneurs, 184 ; La Petite Fadette, 150) ; pacage (La Petite Fadette, 10,
etc.) ; pacager (La Petite Fadette, 43) ; pinte (Les Maîtres Sonneurs, 75) ; quenouille (François le Champi, 33) ; ragoûtant (Les Maîtres Sonneurs, 7) ; rèche (Les Maîtres Sonneurs, 133) ; rêvasser (La Petite Fadette, 142) ; saboulé (François le Champi, 132);
tintoin (Les Maîtres Sonneurs, 211) ; toucheur (de bœufs) (Les Maîtres Sonneurs, 69) ; trimer (François le Champi, 97, etc.).
26
George Sand en emploie d’autres, dont le sens est tellement populaire, que ces mots n’ont pas pesoin de commentaires, comme :
Conséquence, importance (Les Maîtres Sonneurs, 101, etc.).
Conséquent (Les Maîtres Sonneurs, 7).
Dérangé, détraqué, irrégulier dans sa conduite (Les Maîtres Sonneurs, 170 ; François le Champi, 60).
Etranger, celui qui n’est pas de la paroisse (La Petite Fadette, 25).
Farouche, sauvage (Les Maîtres Sonneurs, 149).
Gros, grand, important (Les Maîtres Sonneurs, 54 ; La Petite Fadette, 47).
Gouvernement, manière de soigner, de diriger, (Thérence ne connaissait pas le gouvernement des bêtes), (Les Maîtres Sonneurs, 333).
Herbage, herbe (Les Maîtres Sonneurs, 154), mot employé un grand nombre de fois).
Malice, méchanceté (La Petite Fadette, 99, etc.).
Paroisse, village (La Petite Fadette, 18).
Pointe, sommet (François le Champi, 35, etc., etc.).
Cas mots, entendus de tout le monde, contribuent à donner un air de naïveté à son style.
J’ai divisé de la manière suivante le travail que j’ai entrepris sur la langue et le style rustiques de George Sand dans les romans champêtres.
J’ai pensé qu’il fallait tout d’abord examiner à quels procédés la châtelaine de Nohant a eu recours pour se servir de la langue, comment elle introduit les mots patois et dans quelle mesure elle leur conserve leur forme nouvelle.
27
Il m’a paru intéressant de grouper ensuite, sous le titre de «style berrichon», certaines façons de parler, propres aux paysans de Nohant et des environs, heureusement employées par George Sand, bien que plusieurs de ces particularité aient pu trouver place, soit
dans le chapitre des formes grammaticales, soit dans celui de la syntaxe.
J’ai constaté ensuite que George Sand avait fait du style avec les ressources que lui avait fournies le patois de son village. Enfin j’ai étudié sa phrase qui s’éloigne si souvent de la simplicité rustique.
Ces différents sujets font l’objet du Livre I.
Le Livre II comprend la série, nécessairement fastidieuse, des mots berrichons.
Il est divisé ainsi :
1° Mots qui ne se trouvent dans aucun lexique et qui sont encore en usage chez les paysans de Nohant, Saint-Chartier, La Châtre.
2° Mots qui se trouvent soit dans le Glossaire du Centre, du comte Jaubert, soit dans les lexiques du Berry, soit danis les petits traités sur la langue du pays : Coudereau, Duguet, Laisnel de la Salle, Hugues Lapaire, Pière de la Loje, Pierquin de Gembloux, Tissier,
Turpin.
Il m’a semblé utile de savoir si les mots employés par George Sand se rencontraient à la fois dans le Glossaire du Centre et dans les lexiques berrichons; chaque fois que le fait s’est présenté je l’ai indiqué. Comme on le verra, quelques mots ne se trouvent pas
dans le Glossaire du Centre mais figurent dans les lexiques.
Je dois faire remarquer aussi, que souvent Jaubert, semble s’appuyer sur George Sand pour faire entrer des mots dans son Glossaire. Il paraît s’en rapporter à elle pour les mots suivants :
28
Casseu’ d’bois, cendroux, chat-grillé, chauvet, consentant, se dégager, dégarocher, ébervigé, ébiganché, essoté, essotir, finissement, guenillière, langnition, malaud, (que George Sand écrit malot), racicot, tabâtre, traversieux, vannée. Ces mots, en effet, sont très
berrichons. Mais il en accepte d’autres, d’après George Sand, qui ne paraissent pas l’être, qui du moins ne sont pas connus dans les communes de Nohant, Saint-Chartier, La Châtre : coursière sentier), ennuyance (ennui), hâteux (empressé).
Au mot lubin, Jaubert donne sans commentaire l’explication que nous trouvons dans les Légendes Rustiques (signée Maurice Sand) [Le texte des Légendes Rustiques de George Sand, mais au-dessous de chaque illustration, faite par Maurice Sand, celui-ci avait
écrit une petite légende adoptée par George Sand et expliquée dans le texte.] : «Les lupins sont des animaux fantastiques qui, la nuit, se tiennent debout le long des murs et hurlent à la lune. Ils sont très peureux, et, si quelqu’un vient à passer, ils s’enfuient en
criant : Robert est mort ! Robert est mort ! (Les Légendes rustiques, 147).
Personne ne connaît les lubins et les lupins à Nohant et aux environs.
C’est donc avec une certaine défiance que j’ai dû faire usage du Glossaire du Centre. Les mots employés dans las romans de George Sand, qui se trouvent dans l’ouvrage du comte Jaubert, n’ont été admis comme berrichons, dans ce travail, qu’après une sérieuse
enquête auprès des paysans de Nohant, de Saint-Chartier et de La Châtre.
Laisnel de la Salle témoigne aussi d’une grande confiance à l’égard de George Sand. Il rappelle certains passages de ses romans pour confirmer le sens de plusieurs expressions [Laisnel de la Salle, II, 228, 262, 275,.ctc.]. Elle faisait autorité auprès de ses
contemporains [Le capitaine Duguet dira à sou tour : Laisnel de la Salle, le comte Jaubert et d’autres ont cultivé cette vieille et expressive langue du Berry, et nous l’ont fait comprendre: Madame Sand surtout l’a fait aimer dans ses adorables romans champêtres
qui sont sa plus grande gloire et la nôtre.» (Choses diverses, 115).].
29
Actuellement on peut encore contrôler un certain nombre de mots berrichons employés par George Sand, en consultant les poésies de M. Gabriel Nigond, le poête par excellence de la Vallée Noire.
Vivant chaque année pendant plusieurs mois au cœur du Bas-Berry, prenant un plaisir infini à converser avec les gens de la campagne, l’auteur des Contes de la Limousine a surpris leurs sentiments, leurs idées, leur compréhension de la vie. Il a su dans de petits
poèmes, admirables de vérité, enchâsser délicieusement leurs expressions pittoresques et naïves.
Depuis 1907 et pendant plusieurs années, l’Echo de l’Indre a fait paraître chaque semaine de petites poésies signées Guillaume de la Lande Noire. Cet auteur, lui aussi, est très versé dans la connaissance du paysan; il possède à fond sa langue simple et imagée et
s’en sert avec une souplesse étonnante.
Actuellement encore, une petite nouvelle en patois du pays est donnée, chaque semaine, par le même journal : Arnesse Tason ne cesse de distraire ses lecteurs par des épisodes qui généralement se passent à Etrangle-Chieube. Maintes fois, j’ai été à même de
juger combien ces petits récits plaisent aux paysans. Ils savent les lire, et croient entendre le langage de leurs vieux parents.
On trouvera aussi dans le Réveil de la Gaule d’intéressants petits contes, en patois, du marquis de la Brande.

30
Plusieurs pièces du même auteur ont été éditées séparément. Elles sont pleines de verve ; c’est une fine analyse du caractère berrichon exprimée dans sa langue. [Dans les divers ouvrages cités, on retrouve couramment des mots tels que : arcounnaître,
arconsoler, bailler, bîger, bouffer, caboche, chagnon, chopine, couëffe, dribe, driber, émalicé, entermi, itou, jô, font (la), galerne, j’ment, locature, mitan, pacage, panser,
portements, rasibus, sornette, siaunée (saulnée dans George Sand), taboulé, terjou, etc.].
Après les mots qui semblent n’appartenir qu’au patois du Berry ou du Centre, viennent en troisième lieu, ceux qui se trouvent à la fois dans les lexiques du Centre ou du Berry, et dans les dictionnaires de l’ancien français. J’ai consulté pour ces recherches
Cotgrave, Du Cange, Darmsteter-Hatzfeld-Thomas, Godefroy et son complément, La-Curne, Monet, Nicot, Oudin, Bichelet, Trévoux.
En ce qui concerne mes recherches dans ces dictionnaires, toutes les fois que j’ai trouvé le mot dans Godefroy, je me suis contentée de cette référence. Quand je ne l’ai pas trouvé, j’ai consulté les autres dictionnaires ci-dessus énumérés, choisissant celui où le
sens me paraissait le mieux indiqué. Chaque fois aussi que j’ai pu trouver dans l’Histoire de la Langue française de M. Brunot des mots employés par George Sand, j’ai signalé le fait. J’ai tenu à savoir ensuite si ces mots se trouvaient aussi dans Littré et son
supplément, autrement dit, s’ils appartenaient encore à la langue du XVIIe et du XVIIIe siècle.
Une quatrième partie comprend un certain nombre de mots berrichons qui ne se trouvent que dans les dictionnaires de l’ancien français que je viens de nommer.
Ils sont peu nombreux.
En passant, je dirai que Godefroy, pour confirmer que certains mots appartiennent au patois du Berry, cite quelquefois George Sand. Il le fait pour arcelet, consentant, enflambé, épeuré. éréné, huisseries, grelet, hontable, laquelquefois George Sand. Il le fait pour
arcelet, consentant, enflambé, épeuré, éréné, huisseries, grelet, hontable, lavandière, locature, maléfièvre, mémorieux, vironner. Je signalerai seulement que enflambé, éréné, maléfièvre, ne se disent pas à Nohant et laux environs.

31
Cinquièmement, j’ai groupé tous les mots, dont le sens n’est pas le même qu’en français moderne. Pour les uns, leur sens ne se trouve dans aucun dictionnaire ou lexique. Pour d’autres, on le trouve dans les lexiques berrichons seulement, ou bien à la fois dans
les lexiques berrichons et dans les dictionnaires de l’ancien français, ou dans ceux-ci seulemient.
D’après les catégories qui précèdent, on pourra se rendre compte, en consultant les listes, que, parmi les mots classés comme patois berrichon, ceux qui appartiennent
à l’ancienne langue sont de beaucoup les plus nombreux.
Enfin une série de mots qu’on trouvera à l’appendice I appartiennent peut-être à la langue du Berry, car ils sont, soit dans le Glossaire du Centre, soit dans les lexiques du patois berrichon. Mais n’ayant pu les retrouver, dans les communes de Nohant, Saint-
Chartier, La Châtre, je n’ai pas osé les joindre à ceux qui précèdent.
Le Livre III comprend : 1° les formes grammaticales encore actuellement en usage à Nohant, Saint-Chartier, La Châtre; 2° la syntaxe patoise. Celle-ci est beaucoup moins riche que le vocabulaire dans l’œuvre champêtre de George Sand. On peut relever
néanmoins quelques particularités presque sur chaque partie du discours.
Ce travail de sélection, tant au point de vue du vocabulaire qu’au point de vue des formes grammaticales et de la syntaxe, a donné lieu à une autre étude qu’on peut
appeler «l’ancien français dans les roimans champêtres de George Sand». On la trouvera à l’appendice à titre de documents complémentaires.
32
On pourra constater que dans les romans rustiques les formes écartées du vocabulaire sont beaucoup moins nombreuses c|ue celles qui ont été reconnues comme appartenant à Nohant, Saint-Chartier, La Châtre.
On verra, d’autre part, que les emprunts, faits à la syntaxe de l’ancien français, sont assez considéraples.
J’ai donné aussi dans cette étude, autant que possible, des phrases patoises entendues au cours de mes recherches se rapportant aux mots employés par George Sand [On trouvera à l’appendice quelques petits récits intéressants, inédits, en patois berrichon,
aimablement communiqués par Mademoiselle Le Tellier, de La Châtre.]
Je tiens à témoigner ici toute ma reconnaissance aux aimables habitants de Nohant, de Saint-Chartier et de La Châtre qui m’ont aidée de leurs conseils.
J’ai rencontré un accueil charmant et sympathique auprès de Madame Palazzi, cette petite fille de George Sand, qu’une mort prématurée a enlevée à sa famille, à ses amis. Elle aussi, comme sa grand’mère, s’intéressait au paysan, à tout ce qui le touche ; elle
aimait ses coutumes, sa langue. Ensemble pendant des heures, nous avons passé en revue les mots dont s’est servie l’auteur du Champi. Madame Lauth a bien voulu aussi une donner plusieurs fois son avis.
Dans la petite auberge de Nohant, voisine du château, j’ai fait de longues séances. Là, Mademoiselle Louise Biaud et sa sœur Madame Dru m’ont initiée à la langue que George Sand parlait dans son enfance avec leur mère, «Fanchon Caillaud», si dévouée à la
baronne Dudevant. Dans cette maison, j’ai rencontré souvent «la bonne mère Rivière», Madame Touzet et d’autres paysanes, dont les conversations m’ont été si utiles. Monsieur Philippe Fouratier, élevé à Nohant, m’a donné maintes fois des explications claires
et nettes sur sa langue.

33
Je dois beaucoup à Monsieur L’abbé Jacob, curé de Saint-Charlier. Depuis vingt ans, il ne cesse de traiter d’une plume très autorisée, en poète et en artiste, une foule de sujets qui concernent la Vallée Noire. Il s’intéresse tout particulièrement à son histoire, et
possède à merveille la langue du paysan, dans laquelle il écrit très bien.
Madame Mathieu, mes compatriotes franc-comtoises, depuis longtemps fixées à Saint-Chartier, ont eu l’amabilité de noter pour moi, au jour le jour, les mots pittoresques qu’elles entendaient autour d’elles.
Avec une patience admirable, Mademoiselle Le Tellier a mis à mu disposition sa connaissance approfondie du patois.
Madame Pestel, Monsieur et Madame Siboulet, ont renouvelé souvent leurs indications précieuses. Bonnin, le brave Bonnin, a tranché, maintes fois, des cas embarrassants.
Madame et Mademoiselle Bouquin, Les propriétaires de cet ancien hôtel du Bœuf couronné, qui a joué un rôle dans les Maitres Sonneurs, Monsieur Ségelle, fils de La Jeunesse, un ami de George Sand, m’ont signalé de vieilles expressions qui s’oublient
aujourd’hui.
J’ai gardé souvent les ouailles avec «la bonne mère Rémite», comme on dit là-bas, sur les bords de l’Igneraie. Tout en filant sa quenouille à l’ombre des ormeaux, elle me parilait, dans son langage expressif, des mœurs et des coutumes d’il y ‘a soixante ans.
A La Châtre, l’empressement n’a pas lété moindre à répondre à mes questions : Madame Pajot, sa fille Madame Rubigni, le Docteur Chabenat, qui s’intéressent à toutes les études qui concernent le Berry, ont mis avec la même bonne grâce leurs connaissances et
leur temps au service de mes recherches. Quant à Monsieur Montu, le directeur de l’Echo de l’Indre, très versé dans tout ce qui touche à la Vallée Noire, j’ai trouvé chez lui une complaisance et une amabilité dont j’ai souvent abusé.
34
Je n’ai rencontré partout que de la bienveillance. Je ne puis assez remercier tous ceux qui m’ont prêté leur concours [Je dois aussi remercier le Docteur Barbadault du gracieux envoi d’un petit lexique berrichon que lui-même a noté à mon intention.].
35
LIVRE PREMIER
PROCÉDÉS DE GEORGE SAND
CHAPITRE Ier
La langue du roman rustique d’après George Sand.
George Sand, dès son plus jeune âge, se sentait attirée vers le paysan. A Nohant, ses premiers amis avaient été les filles et les fils des métayers de sa grand’mère.
Le paysan berrichon, celui de la Vallée Noire, de mœurs douces, «de tempérament calme, d’esprit réfléchi, d’aspect plein de dignité et de fierté, lui inspirait une vive sympathie. Depuis longtemtps, elle cherchait à l’introduire dans ses romans. Dès 1832, elle
esquissait dans Valentine quelques figures paysannes. En même temps, elle glissait dans la bouche de ses personnages rustiques quelques expressions patoises. Mauprat, 1837, en contient davantage.
Dans Jeanne, 1844, les éléments de la langue paysanne sont déjà assez nombreux. C’est la première tentative sérieuse où George Sand essaye de faire parler le paysan dans sa langue : Pour la première fois, elle hasarde «une espèce de compromis [Jeanne 257
(Remarque)] . . . entre le berrichon et le français». Elle se sentait embarrassée par «son propre style, par la phrase du français moderne, pour donner la couleur locale à son roman. «Cette langue nouvelle ne peignait ni les lieux, ni les figures que j’avais vues avec
mes yeux et comprises avec ma rêverie. Il me semblait, dit-elle, que je barbouillais d’huile et de bitume les peintures sèches, brillantes, naïves et plates des maîtres primitifs. . . [Jeanne Notice, 3.]. C’est dans la bouche des paysans, de la Pastoure, de Cadet, de
Claudie que George Sand met ses expressions patoises.

36
Le Meunier d’Angibault, 1845, Le Péché de M. Antoine, 1845, La Mare au Diable, 1846, semblent marquer un recul dans cette voie. Des mots patois s’y trouvent, mais ils sont le plus souvent isolés. L’auteur de Jeanne revient bientôt, cependant, à sa première
idée, et avec le Champi, 1847, nous arrivons aux romans qu’on peut, quant au fond et quant à la forme, appeler vraiment romans pastoraux.
La vie champêtre paraissait à George Sand digne du public, digns de l’intérêt des classes élevées. Elle découvrait dans la vie de l’homme des champs une poésie simple, naïve, qu’elle cherchait à rendre dans ses romans. Mais cette poésie ne pouvait guère
s’exprimer dans la langue de l’homme cultivé, raffiné. Il fallait lui chercher une forme. Et c’iétait là ce qui embarrassait l’auteur de la Mare au Diable.
George Sand raconte, dans l’avant-propos du Champi, une longue conversation avec son ami Fr. Rollinat. Elle lui parle de l’embarras qu’elle éprouve au sujet de la langue, du style qu’il convient de prendre pour peindre les pensées, les sentiments du paysan. Ils
cherchent ensemble les moyens tle résoudre cette difficulté.
«La peinture, disait Rollinat, ils n’ont pas cela, mais ils la possèdent dans leur langage, qui est plus expressif et plus logique cent fois que notre langue littéraire.
37
J’en conviens, répondait George Sand, et quant à ce dernier point surtout, c’est pour moi une cause de désespoir que d’être forcée d’écrire la langue de l’Académie, quand j’en sais beaucoup mieux une autre qui est si supérieure pour rendre tout un ordre
d’émotions, de sentiments et de pensées.» [François le Champi, 14].
Mais pouvait-on vraiment se servir de cette langue expressive pour faire vivre le paysan dans des romians destinés au public ?
Pour «relever l’idéal champêtre, sans le farder ou le noircir», comme on l’avait fait jusqu’alors, quel moyen fallait-il employer ? «Tu as souvent songé (à cela) disiait Rollinat. je le sais, mais peux-tu réussir ? — Je me l’espère point, reprenait George Sand, car la
formie me manque, et le sentiment que j’ai de la simplicité rustique ne trouve pas de langage pour s’exprimer. Si je fais parler l’homme des champs comme il parle, il faut une traduction en regard pour le lecteur civilisé, et si je le fais parler, comme nous parlons,
j’en fais un être impossible, auquel il faut supposer un ordre d’idées qu’il n’a pas.» [François le Champi, 18].
Puis, elle s’accusait d’avoir prêté à Jeanne, la fille des champs, ses sentiments et son langage. Quant à la Mare au Diable, son avis était que l’auteur y montre encore trop le bout de l’oreille. Ses premiers essais m’e l’avaient donc nullement satisfidte, elle se trouvait
bien loin de la vérité.
C’est alors que Rollinat lui conseille d’écrire l’histoire que le chanvreur a racontée à la veillée : «Raconte-la moi, dit-il, comme si tu avais à ta droite un Parisien parlant la langue moderne, et à ta gauche un paysan devant lequel tu ne voudrais pas dire une phrase,
un mot, où il ne pourrait pas pénétrer. Ainsi, tu dois parler clairement pour le Parisien, naïvement pour le paysan. L’un te reprochera de manquer de couleur, l’autre d’élégance, mais je serai là aussi, moi qui cherche par quel rapport l’art, sans cesser d’être l’art
pour tous, peut entrer dans le mystère de la simplicité primitive, et communiquer à l’esprit le charme répandu dans la nature.» [François le Champi, 20. A propos des mots qu’elle se propose d’employer, George Sand fait la réflexion suivante : «J’essayerai de n’en
point introduire qui eussent été inconnus au paysan que je fais parler, lequel, bien supérieur à ceux d’aujourd’hui, ne se piquait pas d’employer des mots inintelligibles pour ses auditeurs et pour lui-même.» (Les Maîtres Sonneurs, III)].

38
Raconter une histoire à la fois pour un Parisien, et pour un paysan, se faire comprendre de tous deux, mettre l’art au service de la simplicité primitive, faire ressentir le charme répandu dans la nature, tel a donc été le problème que George Sand s’est posé. Elle a
essayé de le résoudre dans Le Champi. La Petite Fadette. Les Maîtres Sonneurs.
Pour donner plus de vraisemblance à son langage, George Sand fait raconter l’histoire du Champi par le chanvreur, celle des Maîtres Sonneurs par le vieux paysan Depardieu. Elle prend à son compte le récit des aventures de La Petite Fadette. Là, c’est l’auteur
qui parle la langue du paysan.
Dans Le Champi, les expressions de la Vallée Noire sont déjà nombreuses, la syntaxe présente des particularités assez fréquentes.
La Petite Fadette, plus encore que le Champi. renferme des mots, des expressions qui ont cours en Berry. George Sand a forcé la note. Elle a accentué sa méthode, ayant trouvé, sans doute, qu’avec le Champi elle était restée en deçà du romain champêtre idéal.
39
Les Maîtres Sonneurs sont l’apogée de ses essais rustiques. C’est dans ce roman qu’elle s’éloigne le plus de sa manière d’écrire habituelle; elle a multiplié les mots,
les expressions, les tournures patoises, les phrases gauches ; elle la cherché des effets de style plus encore que dans les romans précédents.
George Sand semble de plus en plus persuadée que «les pensées et les émotions d’un paysain ne peuvent être traduites dans notre style, sans s’y dénaturer entièreanent, et sans y prendre un air d’affectation choquant. » [Les Maîtres Sonneurs., I à Eug.
Lambert.].
Elle tient à persuader le lecteur de la nécessité de ses efforts pour adopter un langage rustique. «Ce n’est. . .pas, comme on me l’a reproché, dit-elle à Eug. Lambert, pour le plaisir puéril de chercher une forme inusitée en littérature, encore moins pour ressusciter
d’anciens tours de langage et des expressions vieillies, que tout le monde entend et connaît du reste, que je vais m’astreindre au petit travail de conserver au récit d’Etienne Depardieu la couleur qui lui est propre. C’est parce qu’il m’est impossible de le faire parler
comme nous, sans dénaturer les opérations auxquelles se livrait son esprit, en s’expliquant sur des points qui ne lui étaient pas familiers, mais où il portait évidemment un grand désir de comprendre et d’être compris.» [Les Maîtres Sonneurs, préface II.]
L’auteur des Maîtres Sonneurs s’excuse ensuite d’être restée au-dessous de l’idéal rêvé. «Si, malgré l’attention et la conscience que j’y mettrai, tu trouves encore quelquefois que mon narrateur voit trop clair ou trop trouble dans les sujets qu’il aborde, ne t’en
prends qu’à l’impuissance de ma traduction.» [Maîtres Sonneurs, préface III.]
40
Du Charnpi aux Maîtres Sonneurs, il y a donc une progression marquée, voulue, pour essayer d’arriver à la perfection du langage que George Sand cherchait à réaliser.
Les relations fréquentes, que George Sand entretenait, dès son enfance, avec les paysans de son village; les conversations que plus tard elle renouvelait si souvent avec eux, lui avaient permis de croire qu’elle possédait parfaitement leur langue. Nous l’avons
entendue le déclarer à Rollinat. Elle l’avait déjà dit au comte Jaubert.
En 1843, elle le remercie de lui avoir envoyé son Vocabulaire du Berry par un amateur du vieux langage. [Le premier recueil du comte Jaubert, avant de devenir le Glossaire du Centre, avait paru sous le titre de Vocabulaire du Berry et des provinces voisines,
recueilli par un amateur du vieux langage. 1ère édition, Paris: Crapelet, 9, rue de Vaugirard, 1838. Une seconde édition paraissait en 1842 sous ce titre : Vocabulaire du Berry et de quelques cantons voisins par un amateur du vieux langage : Paris. Roret, 1842 in-
8. — Voir Lorenz (1840-1865) III, 24.] « Il y avait bien longtemps, dit-elle, que je projetais une grammaire, une syntaxe et un dictionnaire de notre idiome, que je me pique de connaître à fond.» [Correspondance, II. Au comte Jaubert, juillet 1843.]. Puis, elle
ajoutait : «J’e me serais bornée à la localité que j’habite, croyant comme je le crois encore, (pardonnez-moi cette prétention), que nous parlons ici le berrichon pur, et le français le plus primitif. C’est la lecture attentive de Pantagruel dont l’orthographe, d’ailleurs,
est identiquement semblable à notre prononciation, qui m’a donné cette conviction peut-être un peu téméraire.»
Ce document est intéressant à plus d’un titre. Il nous fait connaître l’estime que George Sand avait pour le patois de son village [Elle écrivait à Joseph Mazzini, (28 juillet 1847. Correspondance, II) : «A Paris… le peuple parle la plus laide et la plus incorrecte
langue de France, parce que c’est une langue toute de fantaisie, de hasard et de rapides créations successives, tandis que les provinces conservent la tradition du langage et créent peu de mots nouveaux. J’ai un grand respect et un grand amour pour le langage des
paysans, je l’estime plus correct.»] c’est donc celui-là qui a dû surtout lui fournir des éléments pour ses romans champêtres.
41
Sans doute, elle avait raison d’appeler sa convictioin un peu téméraire, quand elle considérait la langue des paysans de Nohant, comme le français primitif [En parlant du patois marchois que George Sand connaissait aussi à cause de ses fréquentes excursions dans
ce pays, elle dira encore : «Les habitants de cette partie de la Marche, qui a été si longtemps le Berri, emploient indifféremment le patois et le vieux francais naïf, qu’on parle en Berry…. Ce français est extrêmement remarquable et nous sommes convaincus que
c’est la plus ancienne langue d’oil qui soit restée en usage çn France». Jeanne 31).] Le fait de retrouver quelques mots dans Rabelais, dont l’orthographe correspondait à la prononciation des paysans, n’était pas du tout une preuve que le patois des environs de La
Châtre était le français d’autrefois. Mais à l’époque où George Sand écrivait au comte Jaubert, les problèmes philologiques, qui ont déjà été résolus en si grand nombre, étaient à peine posés.
Le patois berrichon est une évolution du latin tout comme le français. Le Berry, situé au cœur de la France, n’était pas éloigné de la province dont le dialecte est devenu le français. Sa langue, par conséquent, devait avoir plus d’analogie avec celle de l’Ile de
France que le patois béarnais ou languedocien. La manière de parler du paysan berrichon n’en est pas moins une lanigue à part, bien qu’elle ait des éléments communs avec le français et avec les autres dialectes de France.

42
L’auteur du Champi ne pouvait cependant pas employer cette langue pour ses romans champêtres, elle eût été incompréhensible pour le lecteur parisien.
C’est sans doute, parce que George Sand était persuadée que le patois du Berry était le français primitif, qu’elle fut amenée à emprunter son vocabulaire et sa syntaxe tantôt au patois de son pays, tantôt au vieux et moyen français dont sa mémoire était meublée.
En 1824, en effet, à vingt ans, elle lisait Montaigne. Rabelais faisait, bientôt après, ses délices. [George Sand a répété dans La Vallée Noire, que le paysan berrichon parlait encore à son époque la langue de Rabelais. Deux études ont été faites sur ce sujet (voir
bibliographie), l’une par le Docteur Labonne, l’autre par Monsieur Henri Gay.
Dans le vocabulaire, employé par George Sand dans les romans champêtres, on peut relever quelques mots qui se trouvent dans Rabelais :
Acrété, affiner, affineur, hatifolage, batifoler, bette, bourrée, bureau (couleur), bride avalée, carroué. chat-écurieux, chevêche, comme (que), devanteau, dodeliner, doucettement, eresné, enfantelet, grand planté, gâter, gambiller, landier, loqueteux, malheuretez,
pourpenser, rebras, usance, vielleux. vimaire.]. En 1847, elle écrit : «Il y a vingt ans que, dans ma pensée et même de l’œil, en le relisant sans cesse, j’expurge Rabelais, toujours tentée de lui dire:
«O divin maître, vous êtes un atroce cochon!» [Correspondance, II, à Charles Poney, 14 décembre 1847. — Elle dit dans la même lettre que Borie expurge Rabelais : Maurice, qui dessine assez bien maintenant…, fait sur bois une cinquantaine de dessins qui
seront gravés et joints au texte. Ce sera un ouvrage de luxe».].
George Sand a donc fait appel à l’ancien français. Croyait-elle sincèrement que tous les mots, toutes les formes grammaticales et les règles syntaxiques qu’elle a employées pouvaient faire partie de la langue du paysan? Je ne le pense pas. Ce n’est pas un travail
scientifique auquel George Sand s’est livrée : elle a cherché seulement à obtenir un effet de vraisemblance.
43
Dans quelle mesure George Sand a-t-elle fait entrer la langue paysanne dans ses romains, et à quels procédés a-t-elle eu recours? C’est ce qu’il faut examiner.
44
CHAPITRE II
Comment l’auteur introduit les mots patois.
Pour introduire des mots patois dans ses romans, George Sand a usé de différents procédés.
Dans Jeanne, tous les mots du pays, toutes les expressions berrichonnes sont en italique. Souvent les uns et les autres sont accompagnés d’une traduction dans le texte ou d’une note explicative au bas de la page. Même observation pour le Meunier d’Angibault, la
Mare au Diable, les Légendes rustiques. L’auteur use aussi, quoique plus rarement, de cette méthode pour ses autres romans champêtres.
George Sand a expliqué les mots suivants :κυρικιμασαηικο
Affener (Jeanne, 30) ; Alochon (Le Meunier d’Angibault. 28) ; Arcelet (La Mare au Diable, 166 ; arrié (Jeanne, 131) ; les autrefois (Jeanne, 285).
Bouriner (Jeanne, 55); bremer (Les Légendes rustiques, 44).
Caboche (Le Meunier d’Angibault, 147 ; cafornion (Jeanne, 93, La Petite Fadette, 196 ; carcas (Jeanne, 35) ; chasse à baudet (Les Maîtres Sonneurs, 66) ; compagnie (La Mare au Diable, 155); couverture (Les Maîtres Sonneurs, 313).
Dérangé (Le Meunier d’Angibault, 115) ; détempcer (Jeanne, 186, Claudie, 235).
Ebervigé (Les Maîtres Sonneurs, 9 ; échauffer (s’) (Jeanne, 248) ; embraiser (Jeanne, 114) ; épelette (Les Maîtres Sonneurs, 26) ; exploit (La Mare au Diable, 155).
Fadet, farfadet (La Petite Fadette, 65) ; fafioter (Jeanne, 55 ; fromentée (Le Meunier d’Angibault, 57) ; fumerioux (Le Meunier d’Angibault, 68).
Galetière (Les Légendes rustiques, 71) ; Geault (rouge) (Les Beaux Messieurs de Bois Doré, II, 86); Georgeon (Les Maîtres Sonneurs, 363) ; Gredot (La Petite Fadette, 172) ; grelet (La Petite Fadette, 68); guenillière (La Petite Fadette, 172).
Jardinier (La Mare au Diable, 192 ; jouiller (Les Légendes rustiques, 75).
Livot (Le péché de M. Antoine, I, 29) ; lodier (Les Beaux Messieurs de Bois Doré, I, 91) ; louer (Jeanne, 40).
Masé (Le Meunier d’Angibault, 30) : meuriot (Les Maîtres Sonneurs, 227) ; monde (La Mare au Diable, 194) ; muscadette (Nanon, 153).
Nape (François le Champi, 2) ; fleur de nape (La Petite Fadette, 78).
45
Orbtutes (La Petite Fadette, 115) ; ouche (La Petite Fadette, 6).
Païen (La Mare au Diable, 193) ; panser du secret (La Petite Fadette, 63) ; patachon (Le Meunier d’Angibault, 30 ; peille (La Mare au Diable, 193 ; peilloux (Id.) ; piolé (Les Beaux Messieurs de Bois Doré, I, 90); pigelé (Les Légendes rustiques, 121 ; plaisant
(La Mare au Diable. 199) ; plateau blanc (Les Maîtres Sonneurs, 115); poise (il) (Les Beaux Messieurs de Bois Doré I, 13).
Racicot (La Petite Fadette, 59) ; Rio (Jeanne, 64).
Sanglaçure (La Petite Fadette, 63) ; santeriot (La Petite Fadette, 68) ; secousse (François le Champi, 159).
Tailles (La Petite Fadette, 198) ; terrier (Le Meunier d’Angibault, 66) ; tourer (se) (Les Maîtres Sonneurs, 74 ; treizain (La Mare au Diable, 189) ; trompe (Le péché de M. Antoine, 1, 54).
George Sand a aussi expliqué les expressions qui suivent :

Avoir la connaissance (Jeanne, 79).
Bœufs fraîchement liés (La Mare au Diable, 18).
Bonne pour la vie (Jeanne, 38).
Ça m’est défendu (Jeanne, 72).
Cuir de brouette (Le Meunier d’Angibault, 169).
Ecouter gros (Les Maîtres Sonneurs, 13).
Jardin aux horties (Jeanne, 33).
Jument avec sa suite (Jeanne, 292).
Le chemin des affronteux (La Mare au Diable, 131).
Le chemin de St-Jacques (Le Meunier d’Angibault, 177).
L’oiseau de la mort (Jeanne, 284).
Sereiner les ouailles (Jeanne, 279).
Quelquefois le mot patois est accompagné d’un synonyme :
«Jeanel le sauteriot, qui la suivait en clopant, vu qu’il était ébiganché et mal jambé de naissiance» (La Petite Fadette, 68).
«Elle guérissait les blessures, foulures et autres estropisons» (La Petite Fadette, 63).
«Or, comme les paysans sont grands donneurs de sornettes et sobriquets, la maison et la terre avaient reçu le nom de Bessonnière.» (La Petite Fadette, 35).
A côté des mots et des expressions expliqués, soit dans le texte, soit au pas de la page, ou traduits par des termes équivalents, on trouve toute une série de mots qui sont adroitement placés, enchâssés pour ainsi dire, au milieu d’autres termes. Ceux-ci en
indiquent, sinon le sens précis, du moins la signification vague. Elle suffit au lecteur attentif pour comprendre l’ensemble du texte.
Chapuser (dégrossir du bois, travailler à la menuiserie), n’embarrasse pas le lecteur : «(Sylvinet) fut obligé… de la conduire à la grange où le père Barbeau était occupé là chapuser.» (La Petite Fadette, 241).
Epelette (petit outil de cultivateur, ustensile) se laisse deviner dans la phrase suivante : «La grange voisine des étables, où l’on serre les jougs, les chaînes, les ferrages et épelettes de toute espèce.» (La Petite Fadette, 196).
Fin laboureur n’a pas besoin de commentaire : «Arrachons, s’il se peut, au néant de l’oubli, le sillon de Germain, le fin laboureur.» (La Mare au Diable, 26).
Tourte (miche de pain bis), se comprend aisément. On vient de parler du pain : «La vieille déclara qu’elle avait surpris, le matin même, le Champi emportant une demi-tourte.» (François le Champi, 39).
De même pour les mots suivants :
Accoter (cesser). Les Maîtres Sonneurs, 28, 271.
Acrèté (fier ougueilleux). Les Maîtres Sonneurs, 245.
Bienaiseté (aisance). Les Maîtres Sonneurs, 24.
Corporence (corpulence). Les Maîtres Sonneurs, 9.
Décoter (s’arrêter). Les Maîtres Sonneurs, 54.
Diversieux (capricieux). La Petite Fadette, 83.
Esseulé (seul) François le Champi, 42.
Essoti (étourdi) La Petite Fadette, 267.
Orblute (éblouissement), Les Maîtres Sonneurs, 181.
Sautoir (petite échelle appuyée des deux côtés sur une haie). La Petite Fadette, 72.
47
Un procédé cher à George Sand consiste à répeter a satiété certains mots qui peuvent donner de la couleur locale à son roman. Dans la Petite Fadette, Fadette revient environ [Les chiffres que je doune sont approximatifs, car j’ai pu commettre quelques erreurs.]
240 fois ; besson, 111 ; grelet, 44 ; Bessonnière, 22 ; sauteriot, 22. On trouve 134 fois le mot Champi, dans «François le Champi» ; 59 fois, Jeannie ; 57 fois, Zabelle ; 41 fois Sévère. L’expression le grand bûcheux revient aussi assez souvent dans les Maîtres
Sonneurs.
Peut-être est-ce à l’imitation de Rabelais que George Sand a pris plaisir, dans l’exemple suivant, à accumuler les noms différents d’un même objet :
«Et vous n’avez droit sur passière, passerelle, passerette, passerotte, comme on dit peut-être dans votre pays d’Aigurande.» (François le Champi, 195).

48
CHAPITRE III
La forme des mots patois.
En faisant usage des mots berrichons dans ses ouvrages, George Sand a souvent francisé la prononciation. Elle a dit amignonner au lieu de amignounner ; bourdir au lieu de bordir ; carcotte (carclotte) ; chaume (chème) ; coiffage (couëffage) ; coupassé
(coupaché) ; dégalocher (dégaïocher) ; diversieux (divarsieux) ; épelette (épiette) ; froidir (ferdir) ; plumetis (piuntie) ; sanglaçure (sanyassure) ; etc. . .
Elle appréciait beaucoup cependant la phonétique de son pays.
«Notre prononciation est si bonne, écrit-elle au comte Jaubert, que, sans elle, nous aurions perdu le sens de plusieurs mots propres. Ainsi nous avons une commune qui s’appelle, en chiens frais, et dans tous les actes et registres civils, La L’œuf [Ces erreurs
d’écriture ont pu venir des géographes qui ont écrit suivant une prononciation mauvaise. On écrit généralement Lalœuf.], nos paysans s’obstinent à lui donner son véritable nom : l’Alleu. [Correspondance, II, au comte Jaubert, juillet 1843.].
Ailleurs, elle rappelle que la bonne prononciation de drageoir, c’est draggouer. «C’est là (dans la Vallée Noire) qu’on dit un draggouer que les modernes se permettent d’écrire draggoir ou drageoir, fautes impardonnables : un bouffouer (un soufflet), que nos voisins
dégénérés appellent boufferet». [Vallée Noire, 297, à la suite du Secrétaire intime.]
49
George Sand a conservé cependant à un certain nombre de mots leur forme normale avec ses caractères phonétiques. Ces formes sont peu nombreuses. Voici les principales.
Métathèse.
re > ar.
Arveiller. [Répandu]
Comte Jaubert.
«Vous m’avez bien arveillé tout d’ même!» (Jeanne, 118).
Le même caractère est à signaler pour :
Arconnaitrc. [Répandu]
Comte Jaubert.
George Sand a écrit à tort acconnaître [Jaubert a donné les formes : arcounaitre, arcoumencer, ardemander, ardoubler, arlever, etc.] : «Je m’étonne bien comment vous l’avez acconnu tout du coup». (François le Champi, 170).
Voyelles et Diphtongues.
e > a.
Accouter, écouter. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire. — Nie.
«Tais-toi, accoutes-tu ?» (Jeanne 115).
eu > ou.
Bavoux, baveux [Très répandu] [Bavoux existe comme nom propre.].
Comte Jaubert, Hugues Lapaire. — Complément de Godefroy, Littré (Berry).
«Un malplaisant petit bauoux.» (Les Maîtres Sonneurs, 245).
50
Cendroux, couleur de cendre, sali par la cendre. [Répandu]
Comte Jaubert. — Complément de Godefroy (cendros). Littré (Berry).
«(Le Sauteriot) avait réussi … à se pendre à son mauvais jupon tout cendroux.» (La Petite Fadette, 70).
George Sand a assimilé greugnoux à bavoux, cendroux, en mettant un x à cet adjectif. C’est une erreur ; car la forme en eux n’existe pas pour cet adj. ; on > ou, suivant
la prononciation ancienne. (Jaubert écrit : greugnoux, avec comme George Sand). [Très répandu]
«Il sera mat à son aise et greugnoux jusqu’au soir.»
(Les Maîtres Sonneurs, 248).
eau > iau.
Châtiau, château. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«Je vous en suis obligée comme si vous m’aviez fait bâtir un châtiau.» (Jeanne 127).
éo > io.
Lion, Léon.
(Jeanne, 24.)
en > a.
Stopendant, ce temps pendant. [Répandu]
Brunot, II, 374.
«Stapendant, Monsieur, voyez comme les eaux sont basses!» (Le péché de M. Antoine, 1,54).
i > ei.
Etreillir [Répandu] [On retrouvera ce verbe aux formes grammaticales.]
51
«Huriel, qui avail grand soin de son cheval, se mit à l’étreillir et à le ipanser.» (Les Maîtres Sonneurs. 324).
Vocalisation de l’L [La vocalisation de l, n’explique pas suffisamment le passage de parieu à pareil.].
Parieu, pareil [Répandu]
Comte Jaubert. : (pareil).
«Si votre mère vous savait dehors par un parieu tenvps, elle en aurait trop d’ennui.» (Jeanne, 65).
Chute de consonnes.
Contreyer, contrarier. [Très répandu]
«Faut pas contréyer l’ouvraige aux fades!» (Jeanne, 98).
Parpillon [Le paysan dit un éparpillon.], papillon. [Très répandu]
Comte Jaubert. — La-Curne de Sainte Palaye, Littré.
«Il faut que Jeannie, qui est preste comme un parpillon, coure tout de suite. . .» (François le Champi. 173).
Chute de l’R final [Le paysan berrichon emploie beaucoup de mots en eux. Les uns comme bucheux, casseux sont devenus en eux par la chute de l’r final. D’autres comme carrosseux, cornemuseux, musiqueux, remégueux, vielleux, violoneux, sont des adj.
dérivés directement. Ils ne rentrent donc pas dans la catégorie de ceux qui sont cités plus haut. On les trouvera à leur place dans le vocabulaire.].
Bucheux, celui qui coupe du bois dans les forêts. [Très répandu]
52 κυρικιμασαηικο
«Sébastien Huriel . . . le grand bucheux. . . ouvrier très estimé… (Les Maîtres Sonneurs. 105). (Ce mot revient environ vingt-cinq fois dans ce roman).
Casseu’ de bois. [Répandu]
Comte Jaubert — Complément de Godefroy
«L’homme de feu est aussi nommé casseu’ de bois.»
(Les Légendes rustiques, 84.)
Coureux, coureur. [Très répandu]
Comte Jaubert — Godefroy, Littré
C’est un coureux de femmes.» (Claudie, 224).
(Diseu’ de riens !» (Les Légendes rustiques, 123.)
Comte Jaubert — Richelet
(Diseu’ de riens !» (Les Légendes rustiques, 123.)
Enjôleux, enjoleur, qui enjole. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire. — Godefroy, Littré
«(Claudie) ça la relève assez d’avoir forcé. . . son enjôleux à lui faire amende honorable.» (Claudie, 303).
Epouseux et épouseur, qui veut épouser. [Très répandu]
Comte Jaubert — Godefroy, Littré
«Elle a trouvé un epouseux.» (Les Maîtres Sonneurs, 349).
«Elle ne manquera pas d’épouseurs.» (François le Champi 139 ; Claudie, 223, 269).
Fendeux, fendeur de bois. [Très répandu]
Complément de Godefroy, Littré
«Généralement, les fendeux et bucheux étaient hapitants voisins des bois.» (Les Maîtres Sonneurs, 142, 143, 172, 176, 253, 336).
Gâteux, celui qui abîme. [Rare]
Richelet : (corruptor), Littré
«Huriel le gâteux de blés.» (Les Maîtres Sonneurs, 99).
Jeteux de sorts, celui qui jette des sorts. [Très répandu]
Comte Jaubert — Godefroy : (géteor, celui qui jette).
53
«Les historiens du Berry désignent cette région marécageuse, (La Brenne), comme le pays privilégiés des meneux de loups et jeteux de sorts.» (Les Légendes rustiques, 95).
Noceux, noceur, celui qui fait partie de la noce. [Très répandu]
Comte Jaubert — Godefroy
«On entendait au loin la musique des noceux.» (Les Maîtres Sonneurs, 290, 301).
«La musique et les noceux, qui arrivaient à grand hruit, lui coupèrent la parole.» (Les Maîtres Sonneurs, 305).
Querelleux, querelleur, qui aime les querelles. [Très répandu]
Comte Jaubert — Complément de Godefroy, Littré
«Joseph n’a jamais été querelleux à ma connaissance.» (Les Maîtres Sonneurs, 299 ; Claudie, 225).
Remégeux, -se, celui ou celle qui remet les fractures d’un membre ou qui soigne les maladies. [Très répandu]
Comte Jaubert, Coudereau, Hugues Lapaire, Charles Duguet : Choses diverses, 25 — Godefroy :(mège).
«(Fadette), vous êtes grande remégeuse, et vous savez charmer la maladie.» (La Petite Fadette, 279, 253, 254).
Rêveux, rêveur [Répandu]
La-Curne de Sainte Palaye, Littré
«Tu me prends pour une bête! — Non pas ; mais pour um rêveux, un peu finassier.» (Claudie, 229).
Sonneux et sonneur, celui qui joue d’un instrument. [Très répandu]
Comte Jaubert, La-Curne de Sainte Palaye, Littré
«Tout cela (qui) me rappelait les histoires qu’on fait…sur les sonneurs-cornemuseux.» (Les Maîtres Sonneurs, 56, 91).
«C’est de là, (du Bourbonnais), que vous viennent les meilleures choses que vous entendez dire à vos sonneux. (Les Maîtres Sonneurs, 108. Les Légendes rustiques, 99).
54
Confusion populaire.
Culabre, cadavre. [Très répandu]
«Elle a emporté le calabre de sa mère.» (Jeanne, 103).
Trompe, trombe. [Répandu]
«C’est comme une trompe . . . qui vient par les grands orages» (Le péché de M. Antoine, I, 54).
Le paysan berrichon introduit aussi très souvent dans certaines phrases un z de liaison [«Ça, c’est perdu de tout z’en tout» (locution courante à Nohant). — «C’est un groûtâne», dit-on à St-Chartier et aux environs.]. Je signale ici ce caractère phonétique bien
qu’il appartienne à la syntaxe.
«Vous la feriez brûler si vous alliège anvec-z-elle !» (Jeanne, 98).
«Je l’ai rencontrée devant z’hier.» (La Petite Fadette. 186).
«La nuit n’est pas mauvaise. . . z’enfants.»(Jeanne, 328).
«Dans la Correspondance V. 107 on trouve : « Ils se z’înventeriont le diable !»

55
CHAPITRE IV
Quelques erreurs ou inexactitudes commises par George Sand.
Malgré la connaissance approfondie du patois berrichon, que George Sand croyait posséder, on peut relever quelques inexactitudes dans remploi de certains mots ou de certaines expressions. Elles sont dûes, peut-être à une faute d’impression, comme pour le mot
baigneuse, à une distraction, sans doute, alors que drageoir est employé pour grugeoir. Elles peuvent venir aussi d’un manque de mémoire, ou de l’ignorance de certaines subtilités de langage. Elles peuvent enfin être voulues, comme il est permis de le supposer
pour le mot traîne.
Baigneuse. «On consulta aussi la baigneuse de Clavières.» (La Petite Fadette, 232, 233, 286). Selon une coutume du pays, ce mot ne peut être que le nom féminisé du mari : La Baigneuse est ila femme de Baigneux. La Baigneuse de Clavières, (femme du père
Baigneux), était très connue dans le pays et jouissait d’une réputation méritée pour guérir les malades. Pourquoi George Sand a-t-elle écrit ce nom sans majuscule, alors qu’elle en a mis à la Barbeaude, femme du père Barbeau (La Petite Fadette, 14), à la
Thibaude, femme de Thibaud (Le Meunier d’Angibault, 319 etc.)? La profession de baigneur, baigneuse, celui ou celle qui baigne, est inconnue chez les paysans du Berry. Trévoux dit bien que le baigneux était, d’ordinaire, perruquier, barbier ; il aurait pu aussi
n’être que cela. Ce n’est pas le cas ici. Il est très probable que c’est une faute d’impression.
En écrivant : «Diache la faute !» (Jeanne, 115), George Sand semble s’être trompée. On dit : Diable la faute! c’est-à-dire au diable la faute! soit qu’une chose ne vsoit pas faite à temps, soit qu’un malheur arrive. Ces mots sont prononcés si vite qu’il est difficile de
distinguer si le paysan dit diach’ ou diabl’.
Carcas : « M. le Curé se mouillera le carcas de corps)» (Jeanne, 35). C’est George Sand qui traduit. Or, à Nohant, Saint-Chartier, La Châtre, carcas désigne seulement la tête : «Ça me dévire les ous du carcas», dit «le paysan, ce qui signifie : «Ça me fait souffrir
dans les os de la tête.» Dans Godefroy, carcas, c’est le tronc, le haut du corps. (Littré donne carcas pour Berry avec le sens de carcasse).
Cosson : «Le père Barbeau n’avait pas voulu les retirer (des vergnes déracinés). Il les avait sacrifiés parce que, de la manière qu’ils étaient tombés, ils retenaient encore les terres qui restaient prises en gros cossons dans leurs racines.» (La Petite Fadette 59). Ici
cosson signuie motte de terre. A Nohant, Saint-Chartier, La Châtre, cosson veut dire petit morceau de bois, diminutif de cosse, bûche. C’est le sens que donne Comte Jaubert. Ce mot n’est dans aucun autre dictionnaire.
Drageoir. Dans Nanon, 202, George Sand parle d’un drageoir pour le sel. Il y a eu, sans doute, confusion involontaire, car le petit ustensile, dont on se sert pour écraser le sel, est un grugeoir. Ailleurs George Sand a parlé du drageoir, boîte pour mettre des
dragées, mot inconnu parmi le peuple de Nohant, Saint-Chartier, La Châtre.
Comte Jaubert, Supplément. — Godefroy, Littré
«Tenez, ce petit drageoir d’ivoire émaillé que vous avez là en la main!» (Les Beaux Messieurs de Bois Doré, I, 167).
Durer est répandu en Berry avec l’acception ordinaire de vivre. «Je durerai toujours bien autant que ce pauvre homme là, qui n’en a pas pour longtemps. «(Claudie, 256).
Mais il s’emploie bien plus souvent avec le sens de souffrir, supporter, endurer, se tranquilliser, se calmer. (Comte Jaubert — La-Curne de Sainte Palaye, Littré, Brunot, III, 140). Nulle part, George Sand n’a emiployé ce mot si expressif en ce sens. Le maître dira
à son chien qui saute autour de lui : Veux-tu durer ! veux-tu t’amaiser ! M. Gabriel Nigond a donné ‘à ce mot toute sa valeur berrichonne dains la jolie poésie «Faut ben durer.» Contes de la Limousine, 17-22.
57
Dans le François le Champi (123) on trouve l’expression «jolie comme le jour.» En Berry on dit : jolie comme un jour. George Sand s’est corrigée dans les Maîtres Sonneurs (18) : « Voilà un beau brin de fille, et jolie comme un jour.» [A Nohant, et aux environs,
on ne dit pas une risée de soleil, mais une riée de soleil. George Sand a écrit : «Les merles chantaient comme des fous pour une risée que le soleil leur envoyait.» François le Champi, 237].
Sens, et sang. George Sand, soit par ignorance, soit par inattention, a fait un contresens en écrivant sens au lieu de sangs dans les passages suivants :
«II a les sens bien vifs.» (Les Maîtres Sonneurs, 70).
«Ton ami Joset l’a bien senti lui qui a les sens plus légers que toi.» (Les Maîtres Sonneurs, 77).
D’autre part, le mot sang ne s’emploie jamais au singulier.
Dans les phrases suivantes, George Sand aurait donc dû se servir du pluriel : «L’inquiétude lui mangeait le sang.» (François le Champi, 126). «Madeleine était toujours dans son sang, et devant ses yeux. » (François le Champi. 232). «Le vent… et le tonnerre…
lui mettaient dans le sang comme une fièvre de peur.» (La Petite Fadette, 72). «Ce doux parler de Joseph mit du baume dans le sang de Thérence.» (Les Maîtres Sonneurs, 150). «J’ai beau me questionner le sang.» (Les Maîtres Sonneurs, 273).
Traîne. Dans de nombreux passages, George Sand a donné le nom de traîne au chemin creux du Berry, encaissié entre deux haies, qui forment souvent un dôme de verdure. Ce mot n’a pas en Berry le sens que lui attribue la châtelaine de Nohant.

58
Voyon d’abord ce que George Sand nous a dit de la traîne dans ses ouvrages. Elle écrit à Joseph Mazzini (28 juillet 1847. Correspondance, II.) : «Le mot traîne est local, et non français usité. Une traîne est un petit chemin encaissé et ombragé. C’est comme qui
dirait un sentier. Mais notre dialecte du Berry, qui n’est qu’un vieux français, distingue le sentier du piéton et celui où peuit passer une charrette.
Le premier s’appelle traque on traquette ; le second traîne. Le mot est joli en français et s’entend ou se devine même à Paris.»
«Ils suivaient un de ces petits chemins verts qu’on appelle, en langage villageois, traînes ; chemin si étroit, que l’étroite voiture touchait de chaque côté les branches des arbres qui le bordaient . . . Rien ne saurait exprimer la fraîcheur et la grâce de ces petites
allées sinueuses qui s’en vont serpentant capricieusement sous leurs perpétuels berceaux de feuillage, découvrant, à chaque détour, une nouvelle profondeur toujours plus mystérieuse et p’ius verte.»(Valentine, 17).
«Une fois engagée dans les versants de la Vallée Noire, on change de spectacle. Descendant et gravissant tour à tour des chemins encaissés de buissons élevés, on ne côtoie point de précipices, imais ces chemins sont des précipices eux-mêmes. Le soleil, en
s’abaissant derrière les arbres, leur donne une physionomie particulière étrangement gracieuse et sauvage. Ce sont des fuyants mysterieux sous d’épais ombrages, des traînes d’un vert d’émeraude qui conduisent à des impasses ou à des mares stagnantes.» (Le
Meunier d’Angibault, 31).
Bientôt la patache s’enfonça dans une traîne étroite, tortueuse et singulièrement rapide.» (Le Meunier d’Angibault, 35).
59
«Le cheval refusait obstinément d’avancer . . . la traîne ombragée était si noire en cet endroit que grand Louis fut obligé de mettre pied à terre pour voir s’il avait heurté un tas de pierres ou un ivrogne. ) (Le Meunier d’Angibault, 329).
«Une étroite berline très légère, attelée de fortes mules, courait rapidement dans les traînes sablonneuses de nos bois.» (Mauprat, 291).
«Les beaux Messieurs de Bois-Doré sautèrent sur leurs chevaux. . . aussi. . . ne songèrent-ils d’abord qu’à dérouter l’ennemi en s’enfonçant au hasard dans ce dédale de traînes boueuses qui s’encaissent de plus en plus, à mesure qu’elles touchaient au fond de la
vallée.» (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, II, 157).
«Nous partions en bandes, le matin, à travers les prés et les patureaux, par les traquettes, par les échaliers, par les traînes, et nous revenions, le soir, par où il plaisait à Dieu.» (Les Maîtres Sonneurs, 10).
«Je m’étais fort amendé en courage. . . ; car. . . je me sentais aussi tranquille dans nos traînes.» (Les Maîtres Sonneurs, 191).
« Au lieu de traverser la joncière, il descendit la traîne qui longe la côte du Chaumois.» (La Petite Fadette, 133).
«Il connaissait si bien toutes les traînes, tous les bouts de sacs, toutes les coursières. . . qu’en pleine nuit il aurait passé aussi droit qu’un pigeon dams le ciel.» (François le Champi, 152 ; Les Légendes rustiques, 32).
Et maintenant quelles définitions le paysan berrichon donnent-il du mot traîne ?
Voulant approfondir la question, j’ai étendu mon enquête aissez loin.
A Nohant, une traîne est une large bouchure, c’est-à-dire, une haie épaisse avec des arbres et des tèleaux, où les branches d’épines, les rejets s’entrecroisent et débordent sur le champ ou la prairie. Dans cette localité, on dira au berger : «Va faire manger tes bêtes
dans la traîne». En effet, on voit à chaque instant dans la campagne les chèvres, en particulier, grimper contre le talus où se trouve la traîne, et brouter les feuilles et les jeunes pousses des branches qui débordent sur la route ou sur le champ. Elles ne pénètrent
pas au milieu du buisson.
60
A Chavy, même définition : Un larige buisson, (une haie), avec des ronces qui traînent, est une traîne ; une petite haie est une bouchure.
A Saint-Chartier, la traîne est une bouchure mal eintretenue : elle contient des arbres, des têteaux ; de là l’expression : «Coupez le bois, mais ne coupez pas la traîne», c’est-à-dire, la haie large formée par des branches couchées.
A Saint-Août, la traîne est encore une bouchure mal entretenue.
A Montipouret aussi.
A Fougerolle, c’est encore la même définition.
A Sainte-Sévère, c’est une bouchure.
A Cosnay, la bordure d’un champ.
A Gargilesse et aux environs, sur les bords de la Creuse, dans le pays pittoresque que George Sand a appelé la Petite Suisse, on ne connaît pas le mot traîne.
A Valençay, limite extrême du Berry vers le nord, une traîne est une forte poutre soutenant des solivaux.
La traîne est donc un buisson, une haie, un fourré épais dans toute la Vallée Noire.
Cependant traîne à La Châtre est synonyme de sentier : mais ce sentier est une traque ou traquette, un petit passage très étroit pour une seule personne. Il se trouve, soit au milieu, soit autour d’une vigne, d’un champ, souvent le long d’un mur. Il n’a rien de
commun avec les chemins verts, les chemins creux, bordés de haies auxquels George Sand a donné le nom de traîne.
Tout porte donc à croire qu’elle a étendu au chemin encaissé entre deux talus surmontés de haies, ce nom si poétique de traîne. Sous le patronage de George Sand, le mot a fait fortune. C’est une de ces heureuses trouvailles, dont elle avait le secret.

61
Après avoir donné les sens divers de poutre, chêne, lisière d’un bois, Jaubert, dans son Glossaire, cite George Sand sans se permettre aucune critique. Tissier fait de même dans son petit lexique. Littré, à son tour, cite Theuriet qui emploie traîne à l’imitation de
George Sand. Ce mot a, dès lors, une place dans la langue. Qui ne connaît les traînes du Berry ?
Laisnel de la Salle (I, 90) et Coudereau, plus consciencieux, traduisent traîne par le mot haie, buisson.
Une des petites filles de George Sand, Madame Palazzi, très versée dans tout ce qui touchait à son cher Berry, me donnait naguère cette définition du mot traîne : «C’est une butte, le long d’un champ, surmontée d’une haie.» Elle n’avait aucun intérêt ‘à me
donner cette explication, qui la mettait en contradiction avec son illustre grand’mère.
62
CHAPITRE V
Le style berrichon dans les romans de George Sand.
Le patois berrichon, intéressant au point de vue du vocabulaire et de la syntaxe, a un style qui lui est propre. Il a ses appellations en famille, ses appels d’animaux, ses jurons, ses serments, ses expressions, ses images, ses métaphores, ses comparaisons, ses
proverbes.
George Sand a su quelquefois tirer parti de ces richesses ; souvent aussi elle les a exploitées en cherchant à les imiter.
Voici quelques échantillons du style berrichon, tirés de ses romans.
APPELATIONS EN FAMILLE. — En Berry, les hommes sont appelés mâles [C’est y long à laver ceux chemises de mâles» Nohant]. (Comte Jaubert. — La-Curne de Sainte Palaye).
«Dans toute bande d’apprentis chrétiens, on a vu de tout temps la différence des deux espèces, les mâles étant tous grands et forts déjà, et les femelles toutes petites et commençant à peine à porter coiffe.» (Les Maîtres Sonneurs. 8).
«Comme les mâles ne sont pas trop nombreux dans les familles de chez nous…, on ne voit quasiment jamais d’engagament volontaire.» (La Petite Fadette, 283).
Les femmes sont appelées fumelles à Nohant et aux environs. Comte Jaubert, Laisnel de la Salle., II, 141. — Richelet.)
«Les femelles [Y a pas d’monde, y a que des fumelles». Nohant Nulle part, George Sand n’a écrit fumelle.] toutes petites et commençant à peine à porter coiffe. «(Les Maîtres Sonneurs. 8, 170).
Alors toute la jeunesse femelle s’en méla.» (La Petite Fadette, 206).
63
«Je m’habille en femelle.» (Jeanne, 277).
«Il s’était couché pour entendre cette jaserie de femelles.» (François le Champi, 211).
La femme mariée garde le plus souvent son nom de jeune fille (à Nohant, Saint-Chartier, La Châtre.). Qu’on lui conserve son nom de fille ou qu’on lui donne celui de son mari, ce nom est féminisé.
« Enfin, Thibaude, si ça déplaît à madame, de manger avec ce garçon là, tu le lui diras…. — Et ça me regarde comme de coutume ! dit l’aigre Madame Bricolin, qui, étant l’aînée des filles Thibaud, conservait son nom de famille féminisé suivant l’ancien usage du
pays.» (Le Meunier d’Angibault, 103, etc.).
La Merlaude (La Petite Fadette, 12) était fille ou femme d’un Merlaud ; la Sagette (La Petite Fadette, 13). fille ou femme d’un Saget ; la Piaulette (Le Meunier d’Angibault. 276), fille ou femme d’un Piaulet ; la Barbeaude (La Petite Fadette, 14) était la femme du
père Barbeau.
La jeune fille, avant son mariage, porte souvent aussi le nom de son père, féminisé :
«Mon oncle… avait nom Brulet [Tous ces noms Tlubeaud, Merlaud, Saget, Piaulet, Barbeau, Brulet sont du pays.] d’où sa petite-fille étant seule héritière de son lignage, était appelée Brulette, sans qu’on fit jamais mention de son nom de baptême, qui était
Catherine.» (Les Maîtres Sonneurs. 5).
Pour la même raison, la petite fille de la mère Fadet s’appelait Fadette. [Quand il y a plusieurs sœurs, on les appelle par leur nom de baptême pour les distinguer les unes des autres.]. (La Petite Fadette, 65).
Les domestiques, et aussi les métayers, appellent le maître et la maîtresse de maison, le propriétaire et la propriétaire, not’maître, not’maîtresse [Il faudrait prononcer nout’ maître, nout’ maîtrese.]. Comte Jaubert).
«Vous direz ce que vous voudrez, notre maître, mais le voleur n’est peut-ètre pas fait comme vous pensez !» (Les Légendes rustiques, 21, 20, etc.).
«Ah ! c’était bien l’heure que vous arriviez, noire maitresse !» (Claudie, 221, environ 12 fois ; François le Champi, 69, environ 9 fois ; Le péché de M. Antoine, II, 77).
La femme appelle de même, très souvent, son mari :
«Alas ! mon Dieu, dit la femme, je sais bien que vous ne me les reprochez pas, notre maître.» (La Petite Fadette, 8, 12).
Plus souvent encore, elle dira en parlant de son mari mon homme (La Petite Fadette, 280 ; François le Champi, 172), ou encore l’homme de chez nous. (Comte Jaubert).
«La belle-mère fut contente de voir que son fils redevenait l’homme de chez lui.» (François le Champi, 41, 202).
Le mari dira, lui aussi, en parlant de sa femme : la femme de chez nous.
«D’ailleurs la femme de chez nous est dans la peine, et je compte que c’est toi qui la consoleras.» (La Petite Fadette, 37).
Enfin, le fils, le gendre diront, en parlant des chefs de famille, l’homme et la femme de chez nous :
«L’homme et la femme de chez nous (désignant ainsi selon l’usage les chefs de famille) [La parenthèse est dans le texte.] veulent que je te parle et que je te demande de m’épouser.» (La Mare au Diable, 146).
Les enfants en parlant de leurs parents [Les enfants appellent leurs grands parents : mon grand, ma grand. Ils ne tutoient jamais leurs parents.] qu’ils soient vivants ou morts, emploient souvent ces expressions : mon pauvre cher homme de père (Les Maîtres
Sonneurs. 12) ; ma pauvre chère femme de mère (La Mare au Diable, 52),(Brunot, 111, 464 : L’apposition).
La Sainte Vierge n’est jamais appelée autrement que la Bonne Dame :
«Et voilà que tout d’un coup François la vit toute jeune et la trouva belle coimme la bonne dame.» (François le Champi, 228).
65
On se servira aussi fréquemment des expressions son gars, son garçon pour son fils (Les Maîtres Sonneurs, 231) ; son bourgeois pour son maître, son mari (Les Maîtres Sonneurs, 231 ; François le Champi, 269) ; le petiot [On ne dira jamais «les petits humains»
pour les petits enfants. (Les Maîtres Sonneurs, 234).]. pour le petit (François le Champi, 72) ; le vieux pour une personne âgée (Les Maîtres Sonneurs, 6) ; la fille pour la jeune fille (Les Maîtres Sonneurs, 120) ; demoiselle pour Mademoiselle (François le
Champi, 171) ; dame pour Madame (Le Meunier d’Angibault, 208).
APPEL DES ANIMAUX. — Le paysan berrichon a aussi des appellations très spéciales pour les animaux. Il parle à ses bœufs en chantant, pendant le labourage, il les excite, les encourage en briolant. [Consulter les Archives de la parole. Plusieurs briolages ont
été enregistrés par M. Brunot à Nohant et Saint-Chartier.].
Il rappelle les animaux qui s’éloignent du pâturage. Il excite le chien qui doit les ramener. George Sand a mentionné quelques-uns de ces appels :
«Tôt ! tôt ! ci, ci ! à moi Clairin, encore, encore ! Il m’en faut encore trois ! à toi, Louveteau, à toi, Satan !… vite, vite, en route ! (Les Maîtres Sonneurs, 60).
«Oh, moi là ! Oh ! moi-là ! Finaud, mon petit chien, mon chien Finaud ! Tranche, tranche, aoulé, aoulé ! en sus, en sus… vire, vire, vire… ! [Aux Archives de la parole on trouvera un enregistrement des cris de bergère.]. (Jeanne 355).
Ces appels, prononcés souvent lavec une rapidité extraordinaire sont accompagnés de cris plus ou moins aigus qui retentissent dans la campagne. Ils varient suivant l’animal auquel ils s’adressent, et sont, d’ailleurs, tout à fait personnels. Autant de laboureurs,
autant de manière différentes de brioler, de parler aux animaux, de les appeler.
66
JURONS ET SERMENTS. — Le paysan de la Vallée Noire emploie souvent les jurons [Dans Laisnel de la Salle (Anciennes mœurs, 55), on trouve les jurons suivants : Que le «diable m’estrangouille ! Le diable me braque. — Le tonnerre de Dieu me flamme.
— Je veux que cette bouchée de pain me serve de poison. — Le diable me brûle, me tortille le cou, m’arrache les trippes, me confonde, m’assassine, m’effondre, me tortille les trippes, me crève, m’étrippe.»](1) et les serments suivants tous très répamrîus. Celui
qui jure fréquemment est appelé juriste.
«Le diable me tortille [A Nohant, Saint-Chartier, on dit encore : Qu’el ghiâbe me braye !» «Qu’el ghiâbe me dépette !». «Qu’el ghiâbe te prenne le calabre pour en fère une bérouette ! »] si ce n’est pas le vieux Jean qui l’a tiré de l’eau.» (Le péché de M. Antoine,
I, 58).
«Il jura sur son chrême et son baptême.» (Les Légendes rustiques, 19),
«Tous plus ressemblants, sans comparaison du saint-baptême, à un troupeau de sangliers qu’à une compagnie de chrétiens.» (Les Maîtres Sonneurs, 148. François le Champi, 92).
L’expression suivante est très voisine de celle qui a cours aux environs de Nohant : an réserve du baptême, c’est un animau.
«J’en jure ma foi du baptême-» (Jeanne, 122).
«Je vous le jure sur mon baptême [On dirait mieux : «Je vous le jure su mon p’tif, mon grand baptême.» «Bonnin avait juré son chrême et son baptême,» (Laisnel de la Salle., Anciennes Mœurs, 80).]» (Jeanne 237).
Ma foi, ma loi, ma foué, ma loué. (Voir Comte Jaubert., Laisnel de la Salle. : Anciennes Mœurs, 171), est le serment le plus répandu :
«Je vous jure bien ma foi et ma loi, mon sang et rna vie, que je n’en suis pas plus amoureux que de la vieille Catherine.» (François le Champi, 220).

67
«Il jura… sur sa foi et sa loi.»[On en dit pas : «Je te jure Dieu.»(Les Maîtres Sonneurs, 274, 128).] (Les Légendes rustiques, 19).
«Il avait juré sa foi.» (La Petite Fadette, 90).
EXPRESSIONS BERRICHONNES. — George Sand a heureusement employé les expressions berrichonnes suivantes, toutes plus ou moins courantes. Un certain nombre de ces expressions regardent le temps.
Au jour d’aujourd’hui, aujourd’hui. [Très répandu] [On ne dira pas : tout ce jourd’huy (aujourd’hui, toute la journée). Nicot, (ce jourd’hui) Littré, «Voilà une manière de marcher dont je me suis promis, tout ce jourd’huy, de vous reprendre». (Les Beaux
Messieurs de Bois Doré, I, 75).]
Comte Jaubert. — Godefroy, Littré.
«Je sais, à un sous près, ce qui reste, au jour d’aujourd’hui, à votre petit bonhomme.» (Le Meunier d’Angibault, 82, 84, 86, 108, 121, 200, 229 ; Jeanne, 314.
La levée du jour, commencement, apparition, aurore. [Répandu]
«Nous nous départîmes à la nuit, et avant la levée du jour, nous nous retrouvâmes à la porte du même logis.» (Les Maîtres Sonneurs, 114, 230).
La pique du jour, moment où le jour commence à paraître. [Répandu] Comte Jaubert.
«Je m’en revins sur la pique du jour, sans avoir trouvé ni Thérence ni personne à qui parler.» (Les Maîtres Sonneurs, 191).
Le soleil levé, le soleil une fois levé. [Très répandu]
«Dégageons-nous si nous voulons arriver avant le soleil levé.» (La Petite Fadette. 32).
Après soleil couché, le soleil une fols couché. [Répandu]
«Il aimerait mieux mourir que d’y mettre les pieds après soleil couché.» Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, II, 38, 40).
A soleil couchant, coucher du soleil. [Répandu]
«Ce fut à soleil couchant que François revint au Cormouer.» (François le Champi, 236).
68
A la tombée du jour, le jour une fois tombé. [Très répandu] (Littré, supplément).
«Les deux amis se mirent en route à la tombée du jour.» (Le Meunier d’Angibault, 230).
A la nuit tombée, à la nuit une fois tombée, [Très répandu]
«Personne n’eut même voulu passer, à la nuit tombée, à trente pas de cette demeure sinistre.» [Ces expressions : soleil levé, soleil couché, tombée du jour, nuit tombée ont une valeur temporelle de passé accompli.]. (Jeanne 131 ; Nanon, 166 ; Les Beaux
Messieurs de Bois-Doré, I,82 ; II, 35).
A la brune, à la tombée de la nuit. [Répandu] (A Nohant et aux environs, on dit à la brun).
Comte Jaubert (brunée, crépuscule.» — Littré.
«Quand ils se mirent en chemin, c’était à la brune.»
(François le Champi. 91).
«La petite Fadette… heurta contre Landry, qui était assis par terre dans la brune.» (La Petite Fadette, 104).
A la fraîche, à la fraîcheur. [Rare]
«Le départ du meunier et des domestiques ayant été résolu d’un commun accord pour le soir même, à la fraîche.» (Le Meunier d’Angibault, 97).
A la lune levante, au lever de la lune [Répandu] autrefois.
Complément de Godefroy (A lune levant).
«(Domaine) où s’ébattait une troupe d’autres mules… réveillées comme souris et gambillant à la lune levante.» (Les Maîtres Sonneurs, 66).
A l’étoilée, a la belle étoile. [Répandu]
«Il eut dû coucher à l’étoilée comme son fils.» (Les Maîtres Sonneurs, 151).
Dans les temps d’aujourd’hui. [Répandu]
« Dans les temps d’aujourd’hui, l’industrie des muletiers est en baisse et va à se perdre.» (Les Maîtres Sonneurs, 143).
69
Au jour de demain, demain. [Répandu]
Nicot ; le jour de demain.
«Nous nous départirons de vous autres au jour de demain.» (Les Maîtres Sonneurs, 208).
Par la suite des jours, par la suite, dans la suite, [Rare]
«Une chose me donna encore plus à penser par la suite des jours.» (Les Maîtres Sonneurs, 43).
Par la suite du temps, dans la suite, dans l’avenir, pour l’avenir. [Répandu]
«Par la suite du temps tout alla de même.» (La Petite Fadette, 19).
«La Madelon n’tait point pauvre et un mariage entre eux eût bien pu s’arranger par la suite du temps.» (La Petite Fadette, 97).
Dans la suite du temps.
Trévoux (Dans la suite des temps).
«Elle approuvait sa résolution et en augurait… un grand bien dans la suite du temps.» (Id. 284).
Il ne tarde que l’heure d’arriver, c’est-à-dire il va arriver sur l’heure, l’heure où il va arriver ne tardera pas. [Très répandu]
«Il est sur le charrois, le dernier charroi de blé de la gerbaude, et il ne tarde que l’heure d’arriver avec la musique et le bouquet.» (Claudie, 227).
Un tour de temps, un certain temps. [Très répandu]
Comte Jaubert.
Il voyait depuis un tour de temps qu’elle faisait beaucoup d’état de François.» (François le Champi, 136, 160, 219 ; Les Maîtres Sonneurs, 50 ; Claudie. 226).
Il y a bien moyen. [On se sert très souvent aussi de l’expression populaire avoir le moyen : Il n’est pas digne d’avoir le moyen d’une musette» (Les Maîtres Sonneurs, 46, 74. — La Petite Fadette, 281. — Claudie, 274.].
«Ils se montrèrent joyeux et empressés d’obéir en répondant le mot sacramentel de bon vouloir et de bonne grâce en ce pays : Il a bien moyen.» (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, II, 37). [Très répandu]

70 κυρικιμασαηικο
De bout en bout [Les expressions avec bout sont aussi très usitées : Un bout de chemin (Les Maîtres Sonneurs, 216 ; La Petite Fadette, 94). — Un bout de collation (Les Maîtres Sonneurs, 331). — Un bout de côte (La Mare au Diable, 6.3). — Un bout de
temps (Les Maîtres Sonneurs, 51, etc.). — Un bout de voyage (Les Maîtres Sonneurs, 206). De même : un tas de ; un tas de bruit (Les Maîtres Sonneurs, 39). C’était bien force (François le Champi, 169) etc.], d’un bout à l’autre. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Complément de Godefroy
«Huriel ayant dit toute la vérité de bout en bout, l’évêque lui a dit encore : «Faites en pénitence.» (Les Maîtres Sonneurs, 259).
Rendu, conduit gratis, franco. [Très répandu]
«Ça sort des premiers fabricants de Paris, c’est rendu, conduit gratis.» (Le Meunier d’Angibault. 168).
C’est bien force de, on est bien forcé. [Très répandu]
«Quand le chemin n’est pas large, c’est bien force de se donner une tape.» (La Petite Fadette, 91).
Prendre en froid. [Très répandu]
«Elle avait plus de dix fois ramené de l’article de la mort (Jeanet) en ne lui faisant pas d’autre remède que de le rafraîchir avec ses mains et son haleine, ou le réchauffer de la même manière quand la grand’fièvre le prenait en froid», c’est-à-dire, lui donnait des
frissons. (La Petite Fadette, 256).
Trancher droit, se diriger en droite ligne, prendre le plus court chemin.
«Je tranchais droit sur ma demeurance par les grands communaux.» (Les Maîtres Sonneurs, 42).
Couper droit, même sens.
«Je coupai droit jusqu’au talu, où étaient cachés mes jeunes gens.» (Les Maîtres Sonneurs, 366).
71
Prendre le pays par pointe, par analogie a’vec cette autre locution prendre la route par pointe, ou en pointe, signifie s’en aller :
«Ne voyage-t-il pas à pied, et un homme qui tient à ne pas payer une dette d’honneur, ne prend-il pas le pays par pointe sans tambour ni trompette ?» (Le Meunier d’Angibault, 167).
En parlant par respect, sauf votre respect, se dit chaque fois que l’on parle d’un animal. Il n’y a que pour les chiens, les chats, les oiseaux qu’on ne l’emploie pas. [Très répandu] κυρικιμασαηικο
«Il fait sa grosse voix avec la Sophie (notre jument), en parlant par respect.» (Le Meunier d’Angibault, 51).
On se sert beaucoup aussi des expressions suivantes : [George Sand a employé beaucoup d’autres expressions qui n’ont pas cours à Nohant et aux environs : Celles-ci par exemple :
«Il avait dormi tout d’une lampée.» (Les Maîtres Sonneurs, 155).
«Moi qui n’avais jamais mis le pied sur un bateau de rivage» (Les Maîtres Sonneurs, 290).
«Joseph s’était fait enseigner l’instruction» (Les Maîtres Sonneurs, 102).
«Je compte que le bon Dieu ne te fera pas banqueroute» (Les Maîtres Sonneurs, 288).
On se sert peu aussi des expressions si répandues ailleurs :
«Oh ! ma foi ! je n’en sais rien.., répondit le Champi qui commençait à la voir venir avec ses gros sabots» (François le Champi, 94).
«Les chemins sont perdus.» (défoncés). (Le péché de M. Antoine, I, 44).
72
«Oh ! bonnes gens est-il possible !» se dit dans un grand étonnement. (Le péché de M. Antoine, II, 88).
«Ce n’était pas de besoin.» [Répandu] (Les Maîtres Sonneurs, 192). [Il faut écarter des tournures comme celles-ci :
«Nous te prions d’agir avec nous comme nous ferions avec toi, si besoin était» (Les Maîtres Sonneurs, 152).
«Je lui promis de le ramener moi-même dès qu’il serait besoin» (Les Maîtres Sonneurs, 271).
A Nohant, La Châtre, Saint-Chartier, on se sert presque toujours avec besoin de l’auxiliaire avoir.»J’ai besoin à La Châtre» signifie j’ai à faire à La Châtre. Cette tournure est [Répandu] même parmi les personres de la société.]
«(Il) secoua ma main comme s’il m’eût connu de naissance.» (Les Maîtres Sonneurs, 139).
«L’ouvrage d’une femme en moisson, ça ne foisonne guère.» (Claudie, 234).
«(Brulette) prit le temps et l’aise de pousser… en beauté.» (Les Maîtres Sonneurs, 23, 240).
«Il avait été mis à mal.» (Les Maîtres Sonneurs, 185 ; La Petite Fadette, 252).
«Je m’étais fort amendé en conrage.» (Les Maîtres Sonneurs, 191, 282). Nicot, Littré.
«C’est un étranger qui n’est pas d’ici.» (Le péché de M. Antoine, I, 6).
«Elle est en maraude» (Nanon, 15), elle mange sur le bien d’autrui. (Il est question de l’ouaille).
«Elle tomba en faiblesse.» évanouie. (Jeanne, 100).
«Ta tante est tombée en misère.» (Jeanne, 266).
George Sand donne à cette expression le sens de maladie de langueur. C’est exact.
«C’était une très brave femme… et très bonne pour la vie. [Bon pour la vie, c’est être complaisant. D’une personne ayant un caractère insupportable on dit : Elle n’est pas vivable».] … Qu’entendez. Vous par là ?… Bien officieuse à ses voisins, pas chétite comme
sa sœur la Grand’Gothe.» (Jeanne, 38).
«J’ai été élevée aux bêtes.» [On dit aussi : élevé dans les bêtes.]. C’est-à-dire, dans un ménage de cultivateur (Jeanne, 70).
«J’étais bonne bergère.» Je gardais bien mon troupeau. (Nanon, 9).
«(Une) jument avec sa suite, c’est-à-dire, avec son poulain.» (Jeanne, 292).
«Il court au moulin sans prendre vent.» (François le Champi, 99).

73
«Elle l’avait élevé… pour avoir tous les mois quelques pièces d’argent blanc.» (François le Champi, 30).
«Pendant deux ou trois minutes qui me parurent des heures d’horloges, aucun coup ne porta.» (Les Maîtres Sonneurs, 180).
« L’argent est cher.» [On dira mieux la raleté de l’argent.] (1) (Mauprat, 15).
MOTS IMAGINÉS. — George Sand a aussi recherché les mots imagés si chers aux gens du peuple, comme encarger, ruminer.
«Sitôt qu’ils (les religieux) sont encagés, leur famille les oublie ou les abandonne.» (Nanon, 23). Richelet, Littré.
«Au lieu de prendre leur temps et de ruminer chaque morceau, ils avalaient quatre à quatre comme gens affamés.» (Les Maîtres Sonneurs, 150).
Ce mot veut dire aussi repasser une chose dans son esprit [«Quoi que t’remine donc tout seu ?». «Y dit rin, mais y remine bin. — Voil’ voil’ voil’ parti… y a bin reminé ce qu’y volait fère» Saint-Chartier.] méditer. [Répandu] (Complément de Godefroy, Littré).
«Je t’ai toujours connu muet comme une tanche, ne retenant et ne ruminant aucune chanson.» (Les Maîtres Sonneurs, 46).
Quelques autres sont très répandus en Berry, mais ont cours aussi dans toute la France. [George Sand en a employé un certain nombre qui ne se disent pas ou se disent bien peu dans son pays :
«Il a sans doute un merveilleux cheval et une excellente brouette» (Le péché de M. Antoine, I, 34. 35).
«Si vous souhaitez courir, je garderai la loge» (Les Maîtres Sonneurs, 157).
«Changeant ses airs… il passait de l’un à l’autre sans qu’on en vit la couture» (Les Maîtres Sonneurs, 89).
«Il cueillait dans ses prés du foin… sauf celui… qui était…ennuyé par le jonc…» (La Petite Fadette, 5).
«Quiconque abandonne son bien n’a plus à y repêcher» (Les Maîtres Sonneurs, 287).]
74
«Je vas musiquer un peu par les chemins… Il y a trente ans que j’en jeune.» (Les Maîtres Sonneurs, 386).
«Je me suis senti… tout racommodé dans mon corps.» (Les Maîtres Sonneurs, 204).
«Plus vous fuyez le froid et le chaud, plus ils vous blessent quand ils vous attrapent.» (Les Maîtres Sonneurs, 123).
«On se trouve pris dans des ronces si méchantes… que rien ne sert de s’y obstiner.» (Les Maîtres Sonneurs, 189).
«Il tourna un peu de temps… jusqu’à ce qu’il put agrafer Fançois.» (François le Champi, 141).
COMPARAISONS ET MÉTAPHORES. — Les conuparaisons tirées de la nature, des animaux ou des plantes abondent en Berry. George Sand en a utilisé un certain nombre. Les métaphores, très nombreuses aussi dans la langue du paysan, sont plus rarement
employées dans les romans champêtres.
«Vous me feriez sortir de mon sang-froid, cria Cadet Blanchet, en bramant comme un taureau. [A côté des comparaisons et des métaphores qui appartiennent à la langue du Berry, il y en a d’autres que je n’ose, par scrupule, ranger dans cette catégorie, et
pourtant elles ont un air de famille si accusé, que je me demande si George Sand ne les a pas recueillies sur les lèvres de quelque paysan. La châtelaine de Nohant a pu être assez avisée, elle-même, pour créer des expressions qu’un Berrichon ne saurait désavouer
complètement ; la suivante est particulièrement intéressante :
«Blanchet jura qu’elle était amoureuse de cette marchandise d’hôpital». Il s’agit du Champi (François le Champi, 102).]» (François le Champi, 101).
«Il n’y connaît pas plus que ta chèvre.» (Les Maîtres Sonneurs, 29). [Très répandu]
«Ne vous ruinez pas le corps à me porter» (Les Maîtres Sonneurs, 19).
«Il n’y avait rien dans son sac, (son répertoire), qui ne fut tout neuf pour nos oreilles» (Les Maîtres Sonneurs, 97).
«Un bon quart d’heure se traîna» (Les Maîtres Sonneurs, 366).
Mariette… était précipiteuse et combustible.» (François le Champi, 200).
«Sa figure flamba de colère» (Les Maîtres Sonneurs, 72).
75
«Elle était gaie comme un biquet.» (La Petite Fadette, 122). [Répandu]
«Trois jours après, il était de noce, chantait comme une grive et sautait comme un cabri.» (La Mare au Diable, 190). [Très répandu]
En voici d’autres :
«Tenons-nous aussi tranquilles que deux bœufs attelés au même charroi» (Les Maîtres Sonneurs, 348).
«Elles me firent penser de deux jeunes taures» (Les Maîtres Sonneurs, 149).
«Je ne m’en embarrassais non plus que d’une belette» (Les Maîtres Sonneurs, 65).
«On dirait deux petits perdreaux sortant de l’œuf» (La Petite Fadette, 9).
«(Elle) était maligne et curieuse comme un vrai linot.» (La Petite Fadette, 39).
«Elle est faite comme une petite caille.» (Les Maîtres Sonneurs, 90).
«Elle avait la figure comme un œuf de caille.» (La Petite Fadette, 185).
«On les entendait babiller et chantonner ensemble, comme deux merles dans une branche.» (La Petite Fadette, 22).
«Je t’ai toujours connu muet comme une tanche.» (Les Maîtres Sonneurs, 46).
«Tes yeux brillent comme des vers luisants.» (François le Champi, 93).
«Ses yeux étaient dans sa tête comme deux rayons d’étoile.» (Les Maîtres Sonneurs, 57).
«Nous nous ressemblions… comme une rose ressemble à une ortie.» (Le péché de M. Antoine, I, 23).
«J’ai le temps de penser au mariage comme la châtaigne dans la poêle.» (François le Champi, 175).
«Il n’y pensait pas plus (au danger) que s’il se fut trouvé à l’abri dans une bonne grange.» (La Petite Fadette, 78).
«La réflexion ne me vient encore que comme un coup de poing dans l’estomac.» (Les Maîtres Sonneurs, 86).
«A son âge… on ne regarde pas si c’est une tête de chèvre ou une figure chrétienne.» (La Petite Fadette, 126).
«Je vas lui chanter une antienne qui le fâchera bien. (Les Maîtres Sonneurs, 58).
«Sautant, criant, riant, que le bon Dieu n’aurait pu y placer un mot.» (Les Maîtres Sonneurs, 96).
«Les vôtres (vos bois) sont des carrés de pois ramés.» (Les Maîtres Sonneurs, 76).
«Il faut avec lui quarante charretées de patience.» (Les Maîtres Sonneurs, 244).
«La rivière ne chantait pas assez haut pour empêcher de s’entendre.» (La Petite Fadette, 80).

76
«La voilà qui fait la belle fille et qui se carre comme une agasse.» (La Petite Fadette, 125).[Très répandu]
«Vif comme un papillon… noir comme un grelet.» (La Petite Fadette, 66).
«François… planté sur ses pieds comme un jeune chêne.» [L’adjectif jeune est de trop.] (François le Champi, 171). [Très répandu]
«Elle était… fraîche comme une guigne.» (François le Champi, 88). [Très répandu]
«Vous êtes rouge comme une fraise.» (Le péché de M. Antoine, I, 183). [Très répandu]
«Le bout pointu de son grand nez devint rouge comme une sénelle.» [Comte Jaubert écrit cénelle.] (Les Maîtres Sonneurs, 285). [Très répandu]
On se sert beaucoup aussi des comparaisons suivantes qui ont cours dans toute la France :
«Les yeux comme deux lames de couteau.» (Les Maîtres Sonneurs, 89).
«Il était malheureux comme une pierre.» (François le Champi, 232). [Très répandu]
«Maîtres et serviteurs y dormaient comme des pierres.» (Les Maîtres Sonneurs, 361). [Très répandu]
«Il rentra ses larmes qui lui venaient dans les yeux grosses comme des pois.» (La Petite Fadette, 32). [Répandu]
«Malgré qu’il eut bouffé six heures durant comme un orage, il avait la voix aussi fraîche et aussi juste que si de rien n’était.» (Les Maîtres Sonneurs, 97).
Les appellations métaphoriques qui suivent sont, ou ont été très employées :
«Il avait assez questionne l’endroit poour être assuré que Sylvinet n’y était point.» (La Petite Fadette, 16).
«Tu mettrais bien tes jours passés dans l’oreille du lièvre.» (François le Champi, 149).
«Ce que je vous dis là, j’ai grand peur que vous ne le mettiez dans l’oreille du chat.» (La Petite Fadette, 10).
Il ne faut pas mêler le venin du diable au vin du bon Dieu.» (Les Maîtres Sonneurs, 308).
77
La Frontière de monte à regret, la guillotine.
Sur la route de La Châtre à Sainte-Sévère se trouve la colline de monte à reqret où on pendait les malfaiteurs :
«Voilà un aristocrate qui voulait déserter à l’ennemi et qui va passer par la frontière de monte à regret ! Quelques ouvriers criaient : Vive la guillotine !» (Nanon, 143).
Des yeux de crapaud. [autrefois [Très répandu]].
«(Des) louis d’or de vingt-quatre francs, à l’effigie du bon roi Louis XVI, de ceux que nous appelons des yeux de crapaud, à cause te l’écusson qui est rond.» (Le Meunier d’Angibault, 336).
On dit souvent aussi :
La croix, constellation du cygne ; le chemin de Saint-Jacques, voie lactée. [Très répandu]
«Les étoiles de la croix marquent dix heures sur le chemin de Saint-Jacques.» (Le Meunier d’Angibault, 177).
«Les bêtes à laine ne profitent pas.» (moutons). (La Mare au Diable, 85, 118). [Très répandu]
«Son équipage suspendu en cuir de brouette, c’est-à-dire, en bois pur et simple.» (Le Meunier d’Angibault, 169). [Répandu]
«L’ennui me mange la tête [«L’ennemi me dévouère la tête» serait mieux.] (Les Maîtres Sonneurs, 109). [Très répandu]
«S’il n’est pas ivre, il n’en vaut guère mieux. On ne peut pas dire qu’il soit tout à fait riche, mais il est à son aise.» (Il a bu un bon coup). (Le péché de M. Antoine, I, 315). [Répandu]
«Allons, vous allez m’aider à lever ma pelle, et à mettre la Grand’ Louise en danse.» (Une roue de moulin.) (Le Meunier d’Angibault, 225 ; François le Champi, 173). [Répandu]
Tirer du même sac deux moutures. (Les Beaux Messieurs de Bois Doré, I, 223). Dicton très répandu. [Voici quelques autres proverbes, dûs peut-être à l’imagination
de George Sand, mais qui rentrent dans l’ordre d’idées habituelles au paysan de la Vallée Noire :]
78
MOTS, EXPRESSIONS, COMPARAISONS, QUE GEORGE SAND AURAIT PU EMPLOYER. — Quand on s’est un peu familiarisé avec le patois des paysans de La Vallée Noire, on s’étonne que George Sand ait laissé de côté bon nombre de mots imaginés
intéressants, des expressions pittoresques et amusantes. C’est à dessein que George Sand a renoncé à employer toutes les richesses qu’elle avait sous la main. «Forcée de choisir dans les termes usités de chez nous, ceux qui peuvent être entendus de tout le
monde, je me prive volontairement des plus originaux et des plus expressifs.» (Les Maîtres Sonneurs, III).
Voici quelques-uns de ces mots inédits, que George Sand a laissés volontairement de côté. J’y joins quelques comparaisons et quelques métaphores recueillies dans les
communes de Nohant, Saint-Chartier, La Châtre.
Comme on le verra, plusieurs de ces mots et quelques-unes de ces expressions originales auraient été tout aussi à la portée du lecteur parisien que ceux que George Sand a employés.
«Lidssez pousser le bec du livot (la buse), et vous verrez comme il tombera sur votre poulailler !» (Le péché de M. Antoine, I, 29).
On ne sait pas combien une famille peut s’accroître, et quand la ruche est trop pleine, qu’il fait essaimer, chacun songe à emporter son miel «(La Mare au Diable. 36).
«Froment de semence craint la vimère du temps ; mais folle graine ne périt point. (François le Champi, 35).
«On dit chez nous que le profit de la bonté est plus vite usé que celui de la malice.» (François le Champi, 37).
«N’a point peur de la misère qui se sent courageux pour travailler.» (François le Champi, 109).
«Chagrin d’enfant et rosée du matin n’ont pas de durée.» (François le Champi, 107).
«La poule peut bien essayer de tirer une plume à l’oiseau méchant qui lui a plumé ses poussins.» (François le Champi, 184).
79
Je ne donne ici qu’un petit échantillon des mots [Voir les autres à l’appendice III.], des
images que j’ai entendues et notées au cours de mes recherches. Dans ce que je vais citer, je n’affirme pas, non plus que quelques mots n’ont pas été employés dans les
nouvelles en patois qui paraissent dans les journaux de la région comme l’Echo de l’Indre, le Réveil de la Gaule. Ils sont inédits en ce sens qu’ils ne font partie d’aucun
lexique.
Arnas, vêtements : «Y a mettu ceux biaux arnas.»
Antchuper, environ : «J’étiens antchuper vinigt.»
Baudet, veau : «Va qu’ri les petits bandets.»
Barbe-blanche, la fauvette.
Bergod, frelon.
Boli bola, mal rangé : «Y est tout boli bola dans mon armouère.»
Cavotte, tas, se dit du blé.
Chapiller, cligner de l’œil.
Chemme, étincelle, flammèche.
Chicheriot, intéressé, avare.
Clâ, fléau.
Cresseille, épervier.
Debeurchasse, brèche, spécialement pour la vaiselle.
Dépotenancé, débraillé.
Diot, dé à coudre.
Emaudurer, se calmer ; en parlant à un enfant qui crie, à un chien qui aboie : «Veux-tu t’émaudurer, veux-tu t’amaiser !»
Eneauler, mettre de l’eau dans un cuvier pour gonfler les douves et l’empêcher de couler : «Faut eneauler le tnou (cuvier) pour que j’fasien la bugée.»

80
Fendouais, petite fourche en fer ou en bois pour soutenir la pétrelle, (sorte dd mèche enduite de résine qui servait à éclairer).
loudir, grandir : Al a bin ioudi.
Mares, les grosses branches d’un arbre.
Merzeller, mettre en miettes, en parlant d’un verre, par exemple.
Milnambrête, déchiré : J’su tout à la milnambrête.
Perlichouère, langue : Y tire sa ch’tite perlichouère ;
et aussi petite goutte d’eau-de-vie ou de liqueur après qu’on a bu suffisamment.
Pigne, dent : Y bautre de grandes vilaines pignes qu’il a dans la djeule.
Repichon, enfant qui vient longtemps après les autres.
Reviremarion, calotte, soufflet.
Terzeller, trembler de froid.
Yabiatte, gouttière.
Les comparaisons abondent :
Al a l’air d’un exempé. se dit d’une personne maigre et desséchée.
Al t’amoureuse de li, comme une vache d’un poulain.
Ça y va comme une bâtine sur l’érin d’une treue.
Ça y est défendu comme le pater aux ânes.
Les métaphores sont, aussi, nombreuses :
La montée du temps (le printemps).
81
Remonter à la fleur pour le vielleux, c’est faire entendre les notes élevées.
La ruette an pain, c’est la gorge.
Le chercheux d’pain, le mendiant.
Il y a en Berry une variété infinie dans les surnoms :
Bige-large, c’est l’homme et la femme qui a une grande bouche.
Galope-Jeannette, un garçon libertin.
Germas, celui qui tousse toujours, qui a la gorme.
Grandabline, un hâbleur.
Gueule-fraîche, un ivrogne.
Le Joujour, mon Jour, une femme très laide, car on dit : Jolie comme un jour.
Marie, bige-ton-Pierre, la femme ou la fille qui recherche la société des garçons.
Marie Prune-sucée, une femme très maigre.
Réséda, violette, l’homme ou la femme qui sent mauvais.
CHAPITRE VI
La part de l’invention dans la langue des romans rustiques.
George Sand, nous venonis de le voir, a fait une part assez importante au style berrichon dans ses romans. Elle a néanmoins donné libre cours à son imagination soit en forgeant des mots, soit en créant des expressions, des comparaisons, des métaphores.
Quelquefois elle a imité si heureusement la manière de parler du ménageot [Ménageot, s. m, petit propriétaire qui ne possède qu’une pauvre maison, et quelques bosselées de terre ; il gagne souvent sa vie en allant à la journée.], qu’on est fort embarrassé pour
distinguer la copie de l’original. Mais souvent aussi, on est forcé d’avouer que dans son imitation elle s’élougne singulièrement de la simplicité et de la naïveté rustiques.
GEORGE SAND CRÉE DES MOTS, — C’est peut-être le nom de Thaumas de la Thaumassière, auteur de l’Histoire de Berry, qui a donné à George Sand l’idée de dire les Bessons de la Bessonnière, expression pittoresque, inconnue à Nohant, mais qui aurait
pu parfaitement être prononcée par un paysan de la Vallée Noire :
« Ce fut plus malaisée à passer pour le pauvre Sylvinet, à la Bessonnière : car il faut vous dire que la maison et la propriété du père Barbeau située au bourg de la Cosse, avait pris ce nom-là depuis la naissance des deux enfants.» (La Petite Fadette, 34, 35, 65,
68, 241, 260).
L’adj. fém. bessonnière (ce qui concerne les bessons), bessonnet [Le mot bessonnet appartiendrait aussi au patois de la Savoie.] (petit besson) et bessonnerie (état de ceux qui sont bessons), sont peut-être aussi de la composition de George Sand :
83
«Je sais qu’on a beaucoup trop dit autour de vous que cette amitié bessonnière était une loi de nature.» (La Petite Fadette, 273).
«Prends ta leçon et ton paquet, Landry Barbeau le bessonnet.» (La Petite Fadette, 111).
«On vit, à leur mine, qu’ils jugeaient que tout le mal venait de cette bessonnerie qui devait tuer l’un et l’autre.» (La Petite Fadette, 231, 94, 273).
On peut ranger dans la même catégorie les mots suivants :
Achetouère, adj. fém. Manie d’acheter.
«J’aurai beau vous le dire, vous n’en aurez pas moins la maladie achetouère.» (François le Champi, 182).
Affinoire, labyrinthe. (Affiner signifie tromper).
«Je me doutais bien que vous seriez dans l’affinoire (Aristandre appelait ainsi le labyrinthe) [L’explication est dans le texte.]» (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, II, 84).
Bienaiseté, bien-être.
«Mon père disait pourtant que notre cousine Brulette aimait trop la bienaiseté.» (Les Maîtres Sonneurs, 24).
Champiage, ce qui concerne l’état de champi.
«L’article du champiage chagrina bien un peu la fille.» (François le Champi, 136).
Cornemusage, tout ce qui concerne l’art de jouer de la cornemuse.
«Tu n’as donc pas besoin de te jeter dans le cornemusage.» (Les Maîtres Sonneurs, 354).

84
Ecloché, mal fait, estropié.
«Un beau gars comme toi… qui n’est écloché ni de son esprit ni de son corps, peut bien donner du réveillon au plaisir de se montrer charitable.» (François le Champi, 133).
Enchagriner, attrister, causer du chagrin.
«Une cousine… faisant dire à Brulette que si elle ne venait avec Charlot, elle lui enchagrinerait son jour de mariage.» (Les Maîtres Sonneurs, 248).
Faroucheté, s. f., Sauvagerie.
«Là-dessus, elle se mit en tête de séduire sa faroucheté et elle l’amignonna…» (François le Champi, 144).
Grillette, s. f.
«Voyez donc la grelette qui croit charmer Landry Barbeau ! grelette, sautiote, fardadette, chat-grillé, grillette, ralette…» (La Petite Fadette, 124).
Haïtion, haine.
«C’est de là que commencent… quelquefois aussi des haïtions.» (Les Maîtres Sonneurs, 10, 265).
Musiquerie, musique.
«C’est donc, Joset, que tu aurais ton idée tournée à la musiquerie ?» (Les Maîtres Sonneurs, 46).
Retournant, revenant [A Saint-Chartier. on dit les arvenants.].
«Les retournants sont, dans cette même partie du Berry, des hôtes très nombreux. Il est peu de maisons qui ne soit hantée par quelque âme en peine.» (Les Légendes rustiques, 62).
Revirade, refrain, ritournelle.
«J’avais dans la tête de me souvenir de la chanson du grand bucheux, et il y a, au milieu, une petite revirade que je ne peux pas rattraper. » (Les Maîtres Sonneurs, 218).
85
Richement, s. m. La richesse.
«C’est pourtant gentil d’avoir une grande maison… des voitures et des robes… Qu’est-ce qui donne tout ça ? C’est le richement… Tu auras avec ta bonne maman, toujours de l’âge d’or et toujours du richement. Et quand je vas voir maman à La Châtre, lelle dit
que je suis devenue difficile à Nohant et que je fais la dame. Et moi, je lui dis : Je suis dans mon âge d’or et je prends du richement pendant que j’en ai.» (Histoire de ma vie, II, 242. — George Sand fait parler sa petite compagne Ursule qui était du Berry).
George Sand a fait du style avec certains adjectifs.
Plein (pien) entre dans plusieurs locutions qui sont très berrichonnes. (Cf. Comte Jaubert, supplément).
«Il cueilllait dans ses prés du foin à pleins charrois,» en abondance. (La Petite Fadette, 5).
«J’aimais à imiter toutes les petites filles de campagne, qui ont pour coutume, en gardant leurs bêtes, de crier leurs chansons à pleine tête,» de toutes leurs forces. (Les Maîtres Sonneurs, 48).
«Charlot était couché et dormait à pleins yeux.» profondément. (Les Maîtres Sonneurs, 290).
«Regarder à pleins yeux.» (Le Meunier d’Angibault, 250).
«Je t’embrasse à plein cœur.» (Correspondance entre George Sand et Gustave Flaubert, 15 novembre 1869).
On emploie moins souvent plein dans l’expression suivante :
«Il soignait et câlinait son besson à plein cœur.» (La Petite Fadette, 40).
Quant à la phrase qui suit, elle est beaucoup trop poétique et n’a plus rien de berrichon :
«Je voyais des prés, des bois, des fontaines, des pleins champs de fleurs et des pleins ciels d’oiseaux qui passaient dans les nuées.» (Les Maîtres Sonneurs, 55).
86
Franc, qui se retrouve en Berry dans quelques noms propres : Francueil, Francœur, Franlieu, Franqueville, entre dans peu ide ocutions. Celle-ci par exemple, est très répandue : franc jeu. «Quelles sont les armes ? — Aucune autre que les poings, répondit Carnat.
— C’est en franc jeu, j’espère ? dit le Grand-Bûcheux.» (Les Maîtres Sonneurs, 372).
George Sand sur ce thème a fait entrer franc dans des expressions qui n’ont pas cours en Berry : franche amitié (Les Maîtres Sonneurs, 308) ; franche bataille (Les Maîtres Sonneurs, 183, 198) ; franc berrichon (Les Maîtres Sonneurs, 77) ; franc camarade (Les
Maîtres Sonneurs, 216) ; franc compagnon (Les Maîtres Sonneurs, 181) ; franche confession (Les Maîtres Sonneurs, 277) ; franc dormeur (Les Maîtres Sonneurs, 313) ; franche étoile (Les Maîtres Sonneurs, 78, 313) ; franche parole (Les Maîtres Sonneurs,
354) ; franc ramage (Les Maîtres Sonneurs, 242) ; franche réparation (Les Maîtres Sonneurs, 337).
George Sand défigure des locutions courantes.
Un procédé assez fréquent chez George Sand consiste à défigurer des locutions courantes, qui n’ont rien de berrichon d’ailleurs, soit en ajoutant un mot, soit en remplaçant un terme par un autre. Elle les rend gauches, pour leur donner un air paysan.
Se tenir en haleine devient «se tenir en bonne haleine.» (Les Maîtres Sonneurs, 108).
Pile ou face, «croix ou pile.» (Les Maîtres Sonneurs, 219).
A la bonne heure, «à la belle heure. (François le Champi, 173).
A mi voix, «à moitié voix.» (Les Maîtres Sonneurs, 337).
Se mettre martel en tète, tu me mets le marteau dans la tête.» (Les Maîtres Sonneurs, 230).
Nez à nez, «nez contre nez.» (La Petite Fadette, 91).
Prendre voix au chapitre, « prendre voix à ce chapitre.» (Les Maîtres Sonneurs, 177).
Voir goutte, «ne buvant goutte.» (Les Maîtres Sonneurs, 54).
Gain de cause, sera transformé ainsi : «Cette raison donna gagné à Madeleine.» (François le Champi, 114).
87
Au lieu de dire taille de guêpe, George Sand usera d’une périphrase :
«Elle avait la taille fine et ployante comme le corps d’une belle mouche à miel.» (La Petite Fadette, 172).
George Sand a dit : «Le toit de sa maison qui fesait l’eau de tous côtés» (François le Champi, 35), par analogie avec le terme faire eau.
George Sand a crée des comparaisons, des métaphores, des images.
C’est surtout lorsqu’il s’agit des comparaisons tirées de la nature que George Sand procède par analogie. Nous avons vu que le paysan berrichon disait, «fraîche comme une guigne, rouge comme une cénelle.»
George Sand dira à son tour :
«Vue fille blanche et mince comme nos jeunes bouleaux.» (Les Maîtres Sonneurs, 80).
«Thérence Huriel, la blanche épine des bois.» (Les Maîtres Sonneurs, 156).
«Thérence… redevint blanche et brouillée comme la lune d’automne.» (Les Maîtres Sonneurs, 205).
«(Une) jeune fille vermeille comme une aube de printemps.» (François le Champi, 155).
«Voyez quelle grande vigne folle pour une enfant d’onze ans et demi !» (Les Maîtres Sonneurs, 18).
Nous savons qu’en Berry les comparaisons avec les animiaux sont fréquentes. On entend souvent les expressions dont s’est servie George Sand : Vif comme un éparpillon, gai comme un biquet.»
Sur ce modèle, nous trouverons dans les romans rustiques les variantes qui suivent :
«Elle partit légère comme un duvet, gaie comme une fauvette.» (Les Maîtres Sonneurs, 34).

88
«(Elle) avait parlé… d’une voix si douce que celle des bouvreuils qui gazouillaient.» (La Petite Fadette, 157).
Pour beaucoup d’autres comparaisons, George Sand a usé d’une plus grande liberté.
«Elle ne me ressenrble pas plus que le chardonneret ne ressemble à un moineau franc.» (Le péché de M. Antoine, I, 22).
«Elle se plaisait aux compliments et en avait soif comme une mouche du lait.» (François le Champi, 193).
«Brulette jeta ses deux bras au cou d’Huriel et s’y tenant attachée comme une vigne à un chêne…» (Les Maîtres Sonneurs, 322). [Bien d’autres comparaisons sont dues à George Sand :
«La vertu était écrite sur la figure de sa femme comme une prière dans un livre d’Heures.» (François le Champi, 100).
«Tu vus donc te mette en sevrage de divertissement comme ce qars est en sevrage de nourrice ? » (Les Maîtres Sonneurs, 236).
«Je ne voyais que le bout de sa barbe qui dansait… comme celle d’une chèvre qui croque du sel» (Les Maîtres Sonneurs, 1921.
«Elle pouvait s’y tenir cachée derrière les grandes herbes folles, comme une poule d’eau dans son nid de vertes brindilles.» (François le Champi, 106).
Il les menait (ses doigts) aussi subtilement sur le haut bois de sa musette, que si ce fussent légers fuseaux ou menues pattes d’oisillon.» (Les Maîtres Sonneurs, 138).
«Cette idée… passa de la tète de la mère dans celle de Landry aussi aisément qu’une mouche dans une toile d’araignée.«(La Petite Fadette, 58).
«Par là je vis qu’elles étaient dressées à suivre le clairin, et qu’elles en connaissaient la sonnerie comme bons moines connaissent la cloche de mâtine» (Les Maîtres Sonneurs, 67).]
Les images et les métaphores dont George Sand s’est servie sont dues en grande partie à son imaigination ; elles sont inconnues au paysan.
«Personne ne peut voir au soleil la fumée d’un sillon labouré sans avoir la chaude fièvre d’en être le Seigneur.» (François le Champi, 182).
89
«Alléchés par la bonne senteur de la terre fromentale.» (François le Champi, 180).
«Ces grandes voûtures de branches ? Regardez-les, éclairées par la flamme de noire campement ! Ne dirait-on pas des centaines de grands bras maigres qui s’entrecroisent pour nous abriter ?» (Les Maîtres Sonneurs, 123).
«Elle a des goûts et des idées qui ne sont pas du terrain où elle a fleuri, et il faut qu’un autre vent la secoue.» (Les Maîtres Sonneurs, 230).
«Ses joues n’étonnaient plus par leur blancheur de fièvre… mais il y avait poussé des roses.» (Les Maîtres Sonneurs, 254).
«(Les musiqueux) qui s’entendent et se soutiennent pour ne point laisser pousser de nouvelles graines sur leurs terres.» (Les Maîtres Sonneurs, 51).
«Les dettes du défunt Blanchet, avaient joué de la cognée.» (François le Champi, 153).
L’oiseau de la mort, (de crapaud volant) (Jeanne, 284). [La parenthèse est dans le texte.]
«Je ne voulais… pas laisser dire…qu’à force d’être doux et patient j’étais un lièvre.» (Les Maîtres Sonneurs, 199).
«Un beau gars comme toi, tout verdissant de jeunesse… peut bien donner du réveillon au plaisir de se montrer charitable.» (François le Champi, 133).
«(Brulette) ne songeait pas plus à amorcer Joseph qu’à le repousser.» (Les Maîtres Sonneurs, 302).
«Brulette fut…guignée comme la plus fine pièce de l’étalage.» (Les Maîtres Sonneurs, 242).
«Je retrouvai encore ma cousine Brulette plantée dans mon inclination avant toutes les autres.» (Les Maîtres Sonneurs, 22).
«Je ne pouvais me défendre de trouver sa jalousie bien mal plantée sur le terrain d’Huriel.» (Id. 220).
90
«Landry était un caractère patient… jamais on n’aurait pu présager qu’il se laisserait brûler si fort à la chandelle. » (La Petite Fadette, 187).
«Si la bouche d’un étranger vous a offensé la peau, celle d’un ami peut enlever la tache.» (Les Maîtres Sonneurs, 99).
«La société d’un ami m’est tout un dimanche.» (Les Maîtres Sonneurs, 79).
«Les bas de soie lui firent tant de fête que les bas de laine n’en pouvaient plus guère approcher.» (Les Maîtres Sonneurs, 242).
«La vie est un ragoût mélangé de tristesse et de contentement.» (Les Maîtres Sonneurs, 391).
«Elle en vint… à lui pousser cette raison bien vraie, que quand on est mécontent sous son sien bonnet, on voudrait faire tomber celui des autres dans la boue.» (François le Champi, 103).
«Il ne fut pas longtemps sans reconnaître que je mordais à belles dents dans ce pain-là,» le travail. (Les Maîtres Sonneurs, 22).
«C’est là qu’il faut encore retourner ton jugement de l’envers à l’endroit.» (Les Maîtres Sonneurs, 49).
«Le jour de nos noces fut celui où l’interdit était levé de son gosier.» (Les Maîtres Sonneurs, 385).
«Donner le coup de vespres,» donner à boire. (Les Maîtres Sonneurs, 174).
«Ne sachant trop comment avaler le temps.» (Les Maîtres Sonneurs, 144).
«Le temps, qui est aussi un grand balayeur, commençait à emporter de lui-même cette méchante poussière.» (Les Maîtres Sonneurs, 246).
«Ah ! une secousse de temps ! Ça vous embarrasse, mère Monique ? Est-ce que tout ne va pas par secousse ? Le soleil quand on le voit monter en bouffées de feu à son lever… Le sang qui nous saute dans les veines, l’horloge de l’église qui… épluche le temps
miette à miette comme le blutoir le grain… ?» (François le Champi, 159).

91
«Tout se mit en branle, et, pour un peu, la cloche de la paroisse s’y sérait mise aussi d’elle-même.» (Les Maîtres Sonneurs, 96).
J’arrête ici ces citations, peut-être déjà trop nombreuses. On pourrait allonger indéfiniment la liste des métaphores et des images que George Sand a employées dans ses romans champêtres. Elle est toujours aussi à la recherche des mots, (les expressions qui
peuvent donner à son style un air naïf :
« Je me sentais secouée aussi dans mes cinq sens de nature.» (Les Maîtres Sonneurs, 136).
C’est en donnant à un mot un emploi qui n’est pas haibituel que George Sand arrive au même effet :
«Or donc, ces deux personnes-là vivaient contentes de ce qu’elles avaient à consommer en fait de savoir.» (François le Champi, 78).
J’avançais vitement, ne voulant pas me laisser refroidir par l’imagination de quelque diablerie.» (Les Maîtres Sonneurs, 368).
«Elle rassembla toutes les glaces de sa volonté.» (Le Meunier d’Angibault, 321).
«Le petit jour grisonnait jusque sur les buissons.» (Les Maîtres Sonneurs, 191).
«Huriel aime trop cette vie de force.» (Les Maîtres Sonneurs, 387).
«J’avais envie de lui baiser le bout des pieds, comme à la plus douce et patiente gagneuse de paradis.» (Les Maîtres Sonneurs, 245).
On rencontre aussi dans les romans champêtres des expressions pléonastiques qui ne sont pas employées en Berry :
«Fadette était tenue en réputation de grand savoir.» (La Petite Fadette, 253).
«Son pauvre cher homme de père… n’avait pas deux idées par chaque semaine.» (Les Maîtres Sonneurs, 12).
Par et chaque font double emploi : (par semaine ou chaque semaine).
92
«(Il) connaissait… le grand bucheux et sa famille pour gens… de parole certaine.» (Les Maîtres Sonneurs, 264).
Quelquefois le mot manque de précision, il a un sens vague.
«Celle-ci était si sage, si ragoûtante et si coquette dans toute son habitude, que chacun la voulait embrasser.» (Les Maîtres Sonneurs, 7). Habitude a probablement ici le sens de habitus.
George Sand emploie de temps en temps des mots abstraits ;
les uns équivialent à des verbes, les autres à des adjectifs.
«Il s’est passié bien des choses dont le bon Dieu seul a fait le jugement.» (Les Maîtres Sonneurs, 238).
«Je n’ai aucune méfiance de toi.» (Les Maîtres Sonneurs, 195).
«Si c’est lui et qu’il vienne à réparation, mieux vaut tard que jamais.» (Les Maîtres Sonneurs, 284).
«Je n’aurais plus ni sa vue ni sa causerie. (Les Maîtres Sonneurs, 145).
«Se tenir à un peu d’éloignement avec Jeannie.» (François le Champi, 239).
«(II) me demanda… pourquoi je me donnais si vaillamment à un état qui n’était point de nécessité dans mon endroit.» (Les Maîtres Sonneurs, 336).
Parfois c’est le contraire, et on trouve chez George Sand des mots concrets qui gardent quelque chose de leur sens matériel :
«Je goûtai beaucoup… l’air ajusté avec les paroles.» (Les Maîtres Sonneurs, 213).
«Cette femme là s’appelait Sévère et son nom n’était pas bien ajusté sur elle.» (François le Champi, 87).
«Il faut toujours se garer, se défendre,» (dans les auberges). (Les Maîtres Sonneurs, 13).
«De toutes ces idées là, il se garait pensant à Madeleine.» (François le Champi, 148 ; Jeanne 208).
«On ne donna pas grosse part d’attention au rangement de la petite Fadette.» (La Petite Fadette, 184).
93
«La peur me galopait rude.» (Les Maîtres Sonneurs, 40).
«La jalousie me galopant [Ce verbe est très répandu à Nohant et aux environs quand il signifie courir après les animaux, le bestiau, les ouailles. «Y galopiens leurs ouailles.»] encore une fois, je les laissai partir…» (Les Maîtres Sonneurs, 63).
L’expression synthétique suivante est intéressante :
«Tu peux le dire aussi, toi, mon Tiennet, qui as le cœur droit et la parenté fidèle.» (Les Maîtres Sonneurs, 288).
CHAPITRE VII
La phrase.
La phrase de George Sand s’éloigne soivent du patois berrichon.
C’est surtout par la construction de ses phrases que George Sand s’éloigne du patois berrichon. A chaque instant, on retrouve une sorte de malaise dans l’expression de la pensée :
«Je lui avais surpris… comme un rire dans la voix et comme une intention d’assistance dans la conduite.» (Les Maîtres Sonneurs, 42).
«Sans être beau garçon, il pouvait le paraître aux yeux qui ne répugnent point aux figures tristes.» (Les Maîtres Sonneurs, 25).
«Eh bien … dit Thérence avec une vaillantise de bonne foi sans pareille, et qui la faisait bien différer de la retenue et craintive Brulettee.» (Les Maîtres Sonneurs, 255).
On rencontre des phrases contournées comme celle-ci :
«Tout cela encore que semblable à une prison fermée d’oubli et de délaissement plus qu’autrefois de guerre et de méfiance, nous parut cependant aimable comme le soleil de printemps…» (Les Maîtres Sonneurs, 264).
Mais surtout George Sand a pris plaisir, dans ses romans champêtres, et tout spécialement dans les Maîtres Sonneurs, à multiplier les dépendantes, les explicatives, les déterminatives, les circonstantielles.
Dans les dépendantes on peut signaler des constructions incomplètes, une gaucherie voulue :
«Demande-moi donc une chose qui puisse se donner tout de suite, et que je ne suis pas obligée de te reprendre.» (La Petite Fadette, 112).

95 κυρικιμασαηικο
«Son grand-père… a paru inquiet, si j’allongerais ou non la veillée.» (Les Maîtres Sonneurs, 229).
En ajoutant de savoir… la phrase redevient correcte. Le paysan qui essaie de parler français fait souvent des incorrections de ce genre.
«Ils sont chacun aussi beau et laussi bien corporé que s’il était fils unique.» (La Petite Fadette, 9).
George Sand a mélangé deux tournures. Dès que «chacun» a été introduit dans la phrase, tout ce qui en dépend est au singulier. (Chacun est… au lieu de ils sont).
«Brulette levait repris sa liberté de penser à celui qui mieux lui plaisait.» (Les Maîtres Sonneurs, 217).
Cette phrase est incorrecte ; il faudrait le superlatif à la place du comparatif : Brulette avait repris isa liberté de penser à celui qui lui plaisait le mieux.
Ce malaise dans la construction des phases se rencontre assez fréquemment dans les romans champêtres.
George Sand emploie souvent à dessein la proposition infinitive au lieu de la subordonnée correspondante :
«Brulette… m’a dit avoir la volonté de lui en donner le plus possible.» (Les Maîtres Sonneurs, 152).
«Il disait n’avoir reçu aucun mauvais coup.» (Les Maîtres Sonneurs, 185).
«Le sommellier… lui avait dit avoir coutume…» (Les Maîtres Sonneurs, 376).
«Thérence vous marquait… n’avoir aucun besoin de vous.» (Les Maîtres Sonneurs, 282).
Un grand nombre de phrases dans les romans rustiques sont unies par le relatif lequel.
«J’y retournai pour compter avec la Mariton, laquelle en prit occasion de me demander par où son garçon avait passé.» (Les Maîtres Sonneurs, 37). [Cf. même ouvrage, 40, 66, 67, etc., etc.]
96
George Sand emploie aussi volontiers le pronom relatif quoi. aver l’intention de donner à son style de la lourdeur:
«Il avait confié l’entreprise de l’abattage et du débitage au père Bastien, à quoi celui-ci s’était décidé.» (Les Maîtres Sonneurs, 265).
«Toute la semaine se passa sans que Landry pût rencontrer la Fadette, de quoi il était bien étonné et !bien soucieux.» (La Petite Fadette, 170).
Avec dont, elle obtient le même effet :
«Voilà un enfant orphelin dont nous nous sommes arrangés avec le carme pour prendre soin moyennant pension.» (Les Maîtres Sonneurs, 224).
Ces procédés recherchés par George Sand sont loin de la simplicité du patois berrichon. Le paysan se sert rarement de dépendantes. Il ne connaît pas les relatives qui commencent par lequel, laquelle, dont. Il use même bien peu du qui relatif. Ses propositions
sont courtes, souvent elliptiques, réduites à leur plus simple expression.
Un récit en patois n’est presque qu’une suite de coordonnées. Les phrases du genre de celles qui précèdent n’ont donc rien de berrichon. Elles présentent seulement l’avantage de donner au style de George Sand un air gauche que l’on prête à tort au langage du
paysan.
Avec une suite de dépendantes, l’auteur de la Petite Fadette en arrive à donner quelquefois à ses phrases une longueur démesurée :
«Il ne pouvait souffrir que, sur un mot du père Caillaud, tant doucement et patiemment qu’il fut appelé, il courût vitement au devant de son vouloir, laissant là père, mère et frère, plus inquiet de manquer à son devoir qu’à son amitié, et plus prompt à l’obéissance
que Sylvinet ne s’en serait senti capable, quand il s’agissait de rester quelques moments de plus avec l’objet d’un amour si fidèle.» (La Petite Fadette, 46). [Voir aussi La Petite Fadette, 100].
97
Voici une autre phrase plus longue encore.
«Sylvinet, voyant que son frère ne revenait pas autant à lui qu’il l’aurait souhaité, et se trouvant réduit à porter sa jalousie sur le petit Janet et sur Cadet Caillaud : voyant, d’un autre côté que sa sœur Nanette, laquelle, jusqu’alors, l’avait toujours consolé et réjoui
par des soins très doux et des attentions mignardes, commençait à se plaire beaucoup dans la société de ce même Cadet Caillaud, dont les deux familles approuvaient fort l’inclination ; le pauvre Sylvinet, dont la fantaisie était de posséder à lui tout seul l’amitié de
ceux qu’il aimait, tomba dans un ennui mortel, dans une langueur singulière et son esprit se rembrunit si fort qu’on ne savait par où le prendre pour le contenter.» (La Petite Fadette, 213).
Souvent aussi, sans être longues, les propositions sont enchevêtrées les unes dans les autres et donnent à la phrase une allure embarrassée :
«Un beau garçon ! fit-il à mon père en me regardant, et aussi avancé dams l’âge que vous dites qu’il a que ma petite dans le sien.» (Les Maîtres Sonneurs, 20).
«Je ne te réclamerai rien jusqu’au jour où je me serai décidée à t’aller trouver pour te requérir d’une chose qui sera à mon commandement…» (La Petite Fadette 75).
Ce n’est pas toujours dans les passages où George Sand a employé le plus d’expressions patoises, qu’elle se rapproche le plus de la langue du paysan, car souvent alors c’est par la phrase qu’elle s’en éloigne davantage. La page 191 des Maîtres Sonneurs est riche
en mots et en expressions du Berry : mitant, galerne, le levant du jour, être galopé de.., prendre aise, mêmement, amendé, traîne, grouillant, ravine, croil, brandes, pique du jour, mais elle n’est pas du tout berrichonne par l’agencement des propositions :

98
«D’ailleurs le Grand-Bucheux m’avait déjà appris à m’orienter, non par les étoiles, qui ne se voient pas toujours en une forêt, mais par la direction des maîtresses branches, lesquelles en nos pays du mitant, sont souvent battues du vent de galerne et s’étendent
plus volontiers vers le levant du jour.
«La nuit était très claire, et si douce que, si je n’eusse été galopé de quelque souci d’esprit et fatigué de mon corps, j’aurais pris aise à la promenade. Il ne faisait point clair de lune ; mais les étoiles brillaient dans le ciel, qui n’était embrouillé d’aucune nuée ; et
mêmement, sous la feuillée, je voyais très bien à me conduire. Je m’étais fort amendé en courage depuis le temps où j’avais peur en la petite forêt de Saint-Chartier ; car, tout au rebours, je me sentais aussi tranquille que dans nos traînes, et voyant fuir les
animaux à mon approche, je ne m’en souciais plus du tout. Je commençais aussi à reconnaître que ces endroits couverts, ces ruisseaux grouillants dans les rapines, ces herbages fins, ces chemins de sable, et tous ces arbres d’un beau croît et d’une grande fierté
pouvaient faire aimer ce pays à ceux qui en étaient. Il y avait de grandes fleurs dont je ne sais point le nom, qui sont comme gueules blanches picotées de jaunes…
«En marchant toujours vers le couchant, je gagnai les brandes et suivis longtemps la lisière, écoutant et regardant partout ; mais je ne rencontrai signe de monde en aucun lieu, et m’en revins sur la pique du jour, sans avoir trouvé ni Thérence ni personne à qui
parler…»
Dans la page suivante, George Sand n’a presque pas usé de mots ou d’expressions patoises, mais les phrases courtes et brèves donnent une idée du moule dans lequel le paysan enferme ses pensées. La Grand’ Gothe dit à Jeanne :
99
«Le bon Dieu le commande comme ça, et quand le malheur nous en veut, il n’y a pas de prières qui servent… pleurer ne sert de rien non plus : ça n’a jamais fait revenir personne… Veux-tu donc rester comme ça sur tes genoux jusqu’à demain matin ?… C’est des
bêtises ; tu te rendras malade, et puis, qu’est-ce qui te soignera ?… En voilà assez comme ça… Faut du courage, faut se faire une raison pardi ! … faut penser à l’onvrage qui ne va pas être petite pour l’enterrement… Ah ! que ça coûte ces vilaines affaires-là !…
Ah ça ! vous autres, mes braves femmes faudra m’aider et m’assister un peu… Jeanne ! Jeanne ! allons donc, parle donc à ce jeune monsieur… Regarde-le donc, parles-y donc !… Tu vois bien qu’il a appétit et qu’il mangerait bien un morceau.
Allons, m’écoutes-tu ?… Faut donc que je fasse toute l’ouvrage, moi ?… J’en ferai une maladie bien sûr…» (Jeanne, 49).
Echantillons de patois berrichon. —. Quelquefois cependant, l’auteur de la Mare au Diable nous a donné des echantillons du patois berrichon ; c’est surtout dans Jeanne que nous les trouvons. Par là, elle fait toucher du doigt au lecteur à quel point elle s’éloigne
habituellement du langaige des paysans.
«Il ne lui reste qu’un peu de bestiau, trois ou quatre ouailles, quat’ ou cinq chèvres, et sa chétite maison… — Et sa chétite tante…» (Jeanne, 35).
«Je me doutais bien de ça, à ce matin… Il y avait à la piquette du jour tant de fumée blanche sur les viviers…» (Id. 36).
«N’ayez peur, mon petit cher Monsieur ; la Jeanne n’attrapera pas de mal. Alle a ce qu’il faut, et alle sait les paroles de la chouse. Faut la laisser ; vous voyez ben que ça li ficherait malheur por el restant de ses jours, de laisser consommer les ous de sa mère. Alle
saillera d’élà aussi nette qu’alle y entre foi d’houme ! vous allez voère ! Souffrez pas ! Faut pas vous fâcher. On z’ou fait pour vot’ bien ; on veut pas vous offenser. Vous la feriez brûler si vous alliège anvec-z-elle ! Faut pas contreyer l’ouvraige aux Fades !»
(Jeanne, 98).
«Hié ! la rouette du lit ! alle est genie, la rouette du lit ! Ah ! qu’ vous fasez rire ! Vou’ êtes l’houme le pu aimable qu’ fasse pas connaissu…
«Alle est donc toujours là, la Jeanne ? Oh ! la bonne chrétienne fille que ça fait ! c’est la fille la pu bonne que jasse pas connaissu !… J’veux ben, j’veux ben ; ça c’est de raison, Monsieur Lion.» (Jeanne, 113).
«Crois-tu, Jeanne, que ça soit bon de faire une clarté dans l’endroit où que je sons ?… (Jeanne 114). — C’est pas des folletés, Jeanne, s’écria Cadet en pâlissant. Tais-toi, accoutes-tu ?… Dame ! quand je le disais ! Ça l’est ! c’est la lavandière ! Diache la faute !
que j’avons fait de la clarté!» (Jeanne, 115).
«Je n’ai guère d’envie d’être lavé, battu et torsu comme un linge, à nuitée, pour être neyé à matin.» (Jeanne, 117).
Queques comparaisons achèveront de démontrer combien l’allure de la phrase dans les romans rustiques de George Sand s’éloigne, en général, du caractère simple et primitif de la phrase berrichonne.

Ce que dit George Sand :
«C’est un garçon qui ne se plaint ni ne s’écoute.» (Claudie, 226).
«Je trouvai… de l’aigrément à bêcher, planter, récolter. (Les Maîtres Sonneurs, 21)
«Ma tante ne se pouvait lasser de regarder Thérence.» (Les Maîtres Sonneurs, 271).
«Allons, allons, rentrez vos pleurs et vous emdormiez.» (Les Maîtres Sonneurs, 184).
«Tu t’es conduit avec ta cousine comme si tu lui eusses été frère.» (Les Maîtres Sonneurs, 288).
«Je n’ai répugnance ni crainte.» (Les Maîtres Sonneurs, 272).
«Dis-les moi, quand même j’aurais regret à les entendre.» (Les Maîtres Sonneurs, 196).
«Je lui parlai deux ou trois fois sans avoir réponse.» (Les Maîtres Sonneurs, 117).
Fille… si agréaple et si honnête à voir. (François le Champi, 242).
Donnez-lui son pardon et l’embrassez. (La Petite Fadette, 213).

Ce que dit le paysan :
C’ te gars, y se piaint pas pas, y s’acoute pas.
J’aviens piaisi à zou faire. J’vouliens bêcher, j’vouliens emblèder, j’vouliens récolter.
Al pouvient pas s’ôter d’ la regarder.
Allons, allons, pleure pu, a pu dors.
T’as fait anc ta cousine comme si t’a été auvu son frère.
J’y répugne pas, a pu j’ai pas peur.
Dis y terjou quand qu’j’y auriens du regret.
J’y ai parlé… y a pas répondu.
Al’ tait si gente qu’a f’sait piaisi à vouer.
Pardonnez-li a pu bigez-le.

George Sand oublie quelquefois la langue patoise.
Malgré la préoccupation de George Sand à employer dans le Champi, la petite Fadette, les Maîtres Sonneurs des mots patois ou vieillis ; malgré son application à utiliser dans ces ouvrages certaines particularités de la syntaxe patoise et beaucoup d’autres du vieux
français ; malgré ses efforts pour donner un tour gauche et embarrassé à ses phrases, l’auteur des romans rustiques abandonne parfois tous ses procédés pour parler sa langue habituelle.
Dans chacun de ces trois romans, on peut citer des pages presque entières d’un français moderne.

«O ma mère, ma mère mignonne ! disait-il à la Zabelle, pourquoi veux-tu me quitter ? Tu veux donc que je meure du chagrin de ne plus te voir ? Qu’est-ce que je t’ai fait pour que tu ne m’aimes plus ? Est-ce que je ne t’ai pas toujours obéi dans tout ce que tu
m’as commandé ? Est-ce que j’ai fait du mal ? J’ai toujours eu bien soin de nos bêtes, tu le disais toi-même, tu m’embrassais tous les soirs, tu me disais que j’étais ton enfant, tu ne m’as jamais dit que tu n’étais pas ma mère ! Ma mère, garde-moi, garde-moi, je
t’en prie, comme on prie le bon Dieu ! j’aurai toujours soin de toi ; je travaillerai toujours pour toi ; si tu n’es pas contente de moi, tu me battras et je ne dirai rien ; mais attends pour me renvoyer que j’aie fait quelque chose de mal.» (François le Champi, 53).
Le Champi, ce pauvre enfant qui, au début, sait à peine répondre à Madeleine, s’exprime dans une langue généralement très française. Dans les pages 65, 66, 67, on ne relève que le mot méconnaissant et «vous êtes toujours après laver et peigner Jeannie.»
Les conversations de la Petite Fadette avec Landry (140-144 ; 220-223), celle du père Bardeau avec son fils (208-209), ne renferment que bien peu d’expressions patoises. George Sand oublie la couleur locale.
Landry dit à la Petite Fadette :
«C’est pourtant triste de ne jamais danser !… tu aimais tant la danse, mignonne, et tu dansais si bien ! Quel plaisir ça me serait de te tenir par la main et de te faire tourner dans mes bras, et de te voir, si légère et si gentille, ne danser qu’avec moi ! — Et c’est
justement ce qu’il ne faudrait point, reprit-elle. Mais je vois bien que tu regrettes la danse, mon bon Landry, et je ne sais pas pourquoi tu y as renoncé. Va donc danser un peu ; ça me fera plaisir de songer que tu t’amuses…» (La Petite Fadette, 199).
La Fadette, comme le Champi, est un des personnages qui s’expriment le plus souvent sans faire appel au patois.
103
Dans les Maîtres Sonneurs, même remarque :
«Je fus un moment sans oser courir dessus, ne connaissant pas quelle bête c’était. Je n’en distinguais bien que les oreilles, qui étaient trop longues pour appartenir à un cheval ; mais le corps était trop noir et trop gros pour être celui d’un âne. Je m’en approchai
doucement ; la bête ne paraissait ni méchante, ni farouche, et je connus alors que c’était un mulet, encore que je n’en eusse pas vu souvent, car on n’en élève point dans nos pays, et les muletiers n’y passent guère. Je m’apprêtais à le prendre et le tenais déjà aux
crins, quand, levant de l’arrière-train et lâchant une douzaine de ruades dont je n’eus que le temps de me garer, il sauta comme un lièvre par dessus le fossé. » (Les Maîtres Sonneurs, 64).
A la page 294, le style est coulant, facile. Deux mots jeunesse et ouailles et l’expression : «Je sais que Brulette est dans son idée depuis qu’il est au monde». nous ramènent à la langue populaire. Aux pages 328-329, retintement et renflure, sans aucune particularité
dans la syntaxe. [Cf. aussi Les Maîtres Sonneurs, 85.].
C’est encore Joset l’ébervigé qui s’exprime dans la langue la plus correcte quand il prend la parole (228-229).
En général, ce sont les personnages importants qui ont ce privilège. George Sand leur prête des sentiments qu’elle serait peut-être embarrassée de traduire avec des mots patois ; ou bien, emportée par son sujet, vivant de la vie de ses personnages, elle oublie de
chercher les expressions qui ne lui viennent pas spontanément.
On peut dire qu’en général la fin du livre contient moins de formes patoises ou archaïques. George Sand, pressée de finir son roman, reprend insensiblement, sans s’en douter, peut-être, son style habituel.
104
George Sand atteint souvent à la simplicité rustique sans mots patois ; La Mare au Diable, cette délicieuse idylle champêtre, qui renferme si peu de patois berrichon, paraît très près du paysan par le naturel et la naïveté des sentiments.
La conversation de Germain avec la petite Marie sous les grands chênes, au bord de la mare, est dans sa plus grande partie un modèle du genre rustique. [La Mare au Diable, 67-85.].
«Je ne suis pas habituée comme vous, à faire quatre repas, (dit la jeune fille), et j’ai été tant de fois me coucher sans souper, qu’une fois de plus ne m’étonne guère.
— Eh bien, c’est commode une femme comlme toi ; ça ne fait pas de dépense, dit Germain en souriant.
— … Vous voudriez du vin, pas vrai ? Il vous faudrait peut-être du café ? vous vous croyez à la foire sous la ramée ! Appelez l’aubergiste : de la liqueur au fin laboureur de Belair !
— Ah ! petite méchante, vous vous moquez de moi ? Vous ne boiriez pas du vin, vous, si vous en aviez ?
— … Si vous êtes bien sage je vais vous en donner une bouteille quasi pleine, et du bon encore !
— Comment, Marie, tu es donc sorcière, décidément ?
— Est-ce que vous n’avez pas fait la folie de demander deux bouteilles de vin à la Rébec ?… Eh bien, j’ai mis dans mon panier celle qui n’avait pas été bue, parce que j’ai pensé que vous ou votre petit auriez soif en route ; et la voilà…»
Pour peu qu’on ait vécu à la campagne et qu’on ait vu de près les paysans, on trouvera que cette conversation de la Sévère avec le Champi est prise aussi sur le vif. Elle contient bien peu de mots patois.
105
Tous deux reviennent de la foire de Saint-Denys-de-Jouet. La Sévère est montée en croupe suivant l’usage du pays :
«Attends, François, il faut t’arrêter, mon ami François : la jument vient de perdre un fer.
— Quand même elle serait déferrée, dit François, je n’ai là ni clous ni marteau pur la rechausser.
— Mais il ne faut pas perdre le fer. Ça coûte ! Descends, je te dis, et cherche-le.
— Pardine, je le chercherais bien deux heures sans le trouver, dans ces fougères ! Et mes yeux ne sont pas des lanternes.
— Si fait, François, dit la Sévère, d’un ton moitié sornette, moitié amitié ; tes yeux brillent comme des vers luisants.
— C’est donc que vous les voyez derrière mon chapeau ? répondit François…
— Je ne les vois pas à cette heure, dit la Sévère avec un soupir laussi gros qu’elle ; mais je les ai vus d’autres fois !
— Ils ne vous ont jamais rien dit, reprit l’innocent Champi. Vous pourriez bien les laisser tranquilles, car ils ne vous ont pas fait d’insolence, et ne vous en feront mie.
— … Oui-da ! vous allez trop vite, mon garçon. Voilà que j’ai perdu ma bourse !
— Diantre ! dit François, qui ne la supposait pas encore si madrée qu’elle était, il faut donc que vous descendiez pour la chercher, car c’est peut-être de conséquence ?
Il descendit et l’aida à dévaler ; elle ne se fît point faute de s’appuyer sur lui, et il la trouva plus lourde qu’un sac de blé.
Elle fit mine de chercher sa bourse, qu’elle avait dans sa poche, et il s’en alla à cinq ou six pas d’elle, tenant la jument par la bride.

106
— Eh ! vous ne m’aidez point à chercher ? fit-elle.
— Il faut bien que je tienne la jument, fit-il, car elle pense à son poulain, et elle se sauverait si on la lâchait.
La Sévère chercha sous les pieds de la jument tout à côté de F’rançois, et à cela il vit bien qu’elle n’avait rien perdu si ce n’est l’esprit.
— Nous n’étions pas encore là, dit-il, quand vous avez crié après votre boursicot. Il ne se peut donc guère que vous le retrouviez par ici.
— Tu crois donc que c’est une frime, malin, répondit-elle en voulant lui tirer l’oreille ; car je crois que tu fais le malin…
Mais François se recula et ne voulut point batifoler.
— Non, non, dit-il, si vous avez retrouvé vos écus, partons, car j’ai plus envie de dormir que de plaisanter.
— Alors nous deviserons, dit la Sévère, quand elle fut rejuchée derrière lui ; ça charme, comtnie on dit, l’ennui du chemin.
— Je n’ai pas besoin de charme, répliqua le Champi ; je n’ai point d’ennuis.
— Voilà la première parole aimable que tu me dis, François.
— Si c’est une jolie parole, elle m’est donc venue malgré moi car je n’en sais pas dire… etc..» (François le Champi, 93-97).
Avec quel naturel et quelle rusticités la Madelon répond, elle aussi, à la Petite Fadette : «Tu as une belle juppe et une fière hardiesse.., et on dirait que ta grand’ mère t’a fait une leçon pour essayer d’enjôler le monde ; mais je n’aime pas à causer avec les
sorcières, ça porte malheur, et je te prie de me laisser, grele t cornu. Tu as trouvé un galant, garde-le, ma mignonne [L’adj. mignon, mignonne est d’un usage très fréquent en Berry.] car c’est le premier et le dernier qui aura fantaisie pour ton vilain museau. Quant
à moi, je ne voudrais pas de ton reste quand même ça serait le fils du roi.» (La Petite Fadette, 165).
107
On trouve aussi dans Claudie, cette charmante comédie rustique, des passages très naïfs, sans mots patois, et qui rentrent dans la mentalité du paysan :
«Si nous nous marions tous deux ça sera chacun de son côté. » (Claudie, 223).
«Amuse-toi: qu’on me disait, t’es riche, épouse qui tu voudras ; t’es fils unique. Tu seras bourgeois.» (Claudie, 298).
108
CONCLUSION
George Sand, comme on vient de le voir, a su employer, heureusement, un assez grand nombre d’expressions, de comparaisons, de métaphores, appartenant à la langue du paysan. En consultant les séries de mots qui suivent, on se rendra compte que son
vocabulaire patois est assez riche. Elle a tantôt enchassé dans son récit, tantôt introduit d’une manière poétique et naïve, plusieurs de ces mots expressifs. Mais nous avons constaté aussi que l’auteur des Maîtres Sonneurs crée, avec habileté, mots, expressions,
comparaisons, en s’écartant plus ou moins du modèle que lui fournit le langage rustique. Elle a pris souvent pour guide son imagination et sa fantaisie.
La construction de ses phrases n’a, en général, rien de l’allure simple et primitive de la phrase patoise. Nous y trouvons de nombreuses dépendantes ; des propositions souvent fort longues qui s’enchaînent les unes aux autres, dont certains éléments appartiennent
à l’ancien français et pas du tout au patois berrichon.
En définitive la langue que George Sand a parlée dans ses romans rustiques est factice, et ne renferme que des éléments patois isolés.
Dans ses œuvres champêtres, George Sand a-t-elle vraiment parlé pour le Parisien et le paysan ? La tâche qu’elle avait entreprise était difficile. Elle ne croyait pas, d’ailleurs, à son succès. C’était une simple tentative. A-t-elle été heureuse ?
Le Parisien lira avec un plaisir infini la Mare au Diable, et sera quelquefois embarrassé et rebuté par le vocabulaire et la syntaxe des Maîtres Sonneurs. La lecture de cet ouvrage en deviendra un peu lente. Or, un roman est un passe-temps, une détente, il doit être
lu sans peine. C’est donc un petit travail que George Sand impose à ses lecteurs : par là même cette lecture est réservée à des lettrés.
Actuellement, le paysan, qui a reçu une instruction suffisante, aime à lire les romans champêtres de George Sand. Ce qui l’intéresse, ce qui lui fait plaisir, c’est de retrouver, dans ces ouvrages, les mots de son patois. Il est fier du cas que la baronne Dudevant
faisait de son langage. Mais pour lui ce ne sont que des mots isolés. La phrase de George Sand n’est point la sienne : «Les mots y soint quelquefois, me disait une jeune paysanne lettrée de la Lœuf, en me parlant des Maîtres Sonneurs, mais ce n’est pas comme
ça qu’on parle ici.»
Il semble, en effet, que pour le paysan de la Vallée Noire, les Maîtres Sonneurs sont plus difficiles à comprendre que la Mare au Diable écrit en français moderne, car il n’y retrouve ni la langue qu’il a apprise à l’école ni celle de son pays. La petite Fadette et
François le Chainpi seront plus à sa portée.
La perfection dans ce genre nouveau était chose impossible.
Quelque factice que soit la langue qu’elle parle, George Sand est arrivée cependant à faire illusion.
Le Parisien qui ne fait pas de la philologie sa spécialité, qui ne va pas au fond des choses, accepte cette naïveté de langage, ces archaismes pour un patois altéré, sans doute, mais dont il ne débrouille pas les éléments. Il peut donc étendre à beaucoup de formes
que j’ai écartées la couleur locale.
Ne soyons pas aussi sévères que Gustave Planche, qui jugeait si défavorablement les essais tentés par George Sand pour introduire des mots, des locutions paysannes et populaires dans ses romans :
«Le style de Claudie, dit-il, est pareil au style du Champi ; c’est la même naïveté et parfois aussi, je dois le dire, le même enfantillage. Les locutions berrichonnes que le public parisien admirait dans le Champi, se retrouvent à chaque scène de Claudie, Quel que
soit l’engouement de la foule pour ces locutions, je n’hésite pas à les condamner, car elles impriment au langaige un singulier cachet de monotonie.» [Planche : Nouveaux portraits littéraires (t. II, 209).]

Pour juger George Sand, nous nous plaçons à un autre point de vue que «l’austère puriste», qui ne trouvait aucun charme dans la langue naïve du paysan. Il se trompait d’ailleurs en affirmant que ces locutions, en général, n’appartenaient pas au Berri : «A
quelques lieues de Paris, en parcourant les fermes et les villages, on peut retrouver, ou peu s’en faut, toutes les formes de langage que l’auteur de Claudie nous donne comme berrichonnes. [Id. 210].» Les badauds seuls, à son avis, pouvaient prendre cette langue
pour du patois berrichon. Ce procédé «vulgaire» lui paraissait « indigne des imaginations de premier ordre et des grands talents». [Id. 211].
Ce que Planche craignait, c’était la généralisation de ce genre nouveau : «Au nom de la vérité absolue, nous pouvons demain voir inaugurer sur la scène le patois de l’Auvergne, le patois de la Picardie et bientôt, pour comprendre les oeuvres conçues dans ce
nouveau système, il faudra consulter des glossaires spéciaux.» [Id. Ibid.].
Le danger n’était pas grand, la suite nous l’a montré. Malgré les nombreux essais qui ont été tentés dans le genre vraiment rustique, bien peu ont acquis une place honorable dans la littérature. C’est qu’il fallait justement un talent de premier ordre pour faire goûter
au public ce charme, cette naïveté de sentiments et de langaige.
George Sand avait beaucoup de simplicité naturelle, de bonhomie, de laisser-aller. Il y avait chez elle des élans de jeunesse, des éclairs de cette poésie enfantine qui se rapproche de celle de l’homme primitif. Elle a su rendre l’éveil de la sensibilité dans les âmes
jeunes et naïves ; elle a peint les sentiments honnêtes, droits et sincères de l’homme que les vices et la debauche n’ont point déformé. Elle a vu aussi avec discernement les défauts de cet homme simple, souvent âpre au gain, avare et parfois libertin.
George Sand nous a rapprochés autant que possible du paysan, disons du paysan endimanché, du paysan qui sait se conformer aux convenances et qui devient poli dans la bonne société. Elle a voulu ignorer les mots grossiers, les expressions réalistes et triviales,
les images basses, les gestes parfois si durs de l’homîme des champs quand il n’a pas de témoins gênants, ni de châtelain comme interlocuteur.
Dans le genre pastoral et champêtre, personne n’a égalé George Sand. C’est à elle qu’il faut toujours revenir pour trouver la naïveté, la simplicité rustiques, les sentiments vrais et la poésie répandue dans la nature. Cette question s’écarte ici du sujet. J’essaierai de
la traiter dans George Sand et le Berry. C’est surtout cette poésie débordante qui a fait le succès des romans champêtres et qui leur assure une place de premier ordre dans notre littérature.
113
LIVRE II
LE VOCABULAIRE BERRICHON
CHAPITRE Ier
Mots qui ne figurent dans aucun lexique.
Aiseté, aisance, aise [Al ame t’y ses aisetés ! (Nohant]. [Répandu]
«Ce qui réjouit et amuse la trop aiseté, angoisse ceux qui ne voient ces figures-là qu’au jour du danger.» (La figure du médecin). (François le Champi, 174). [A côté des mots berrichons employés par George Sand, qui ne se trouvent dans aucun lexique, on peut
en signaler un certain nombre d’autres qui ne figurent pas dans les lexiques et qui n’ont pu être identifiés à Nohant, Saint-Chartier, La Châtre. Tels sont clocheter, faire du bruit avec une clochette (Les Maîtres Sonneurs, 58) ; désouffler, ne pas s’arrêter de souffler
dans un instrument (Les Maîtres Sonneurs, 54) ; (à Nohant on dirait : bouffer sans s’arrêter ; échaffrer, endommager (Les Maîtres Sonneurs, 375) ; faiblessé, rendu faible, affaibli (Jeanne, 336) ; fende, outil qui sert à fendre (Les Maîtres Sonneurs, 212). Dans
Hatzfeld-Darmsteter-Thomas, on trouve fendoir, outil qui sert à fendre) ; flutâge, action et manière de jouer de la flûte (Les Maîtres Sonneurs, 52, 82) ; fréquentier, qui fréquente (Les Maîtres Sonneurs, 34) ; guéage, gué (Les Maîtres Sonneurs, 121) ; ouache!
«ouache, vieille sans yeux» (Jeanne, 23, 25, 94) ; paroissée, ensemble des gens composant la paroisse (Les Maîtres Sonneurs, 139, 240) ; renflure, renflement (Les Maîtres Sonneurs, 329) ; rondine : «on se mit en route au son d’une manière de rondine, qu’il lui
chantait pour l’ébaubir . (Les Maîtres Sonneurs, 334) ; tardée, la mul serrée (Les Maîtres Sonneurs, 207 ; tarditée? Brunot III, 121) ; trentupler, rendre trente fois plus grand, (Les Maîtres Sonneurs, 369) ; veillance, surveillance (François le Champi, 123) ; vite
pris comme substantif : avec la générosité de Monsieur, cela eût pu aller un vite» (Le péché de M. Antoine, I, 114).]
114
Beuvrache, [«Y beuvrache à jor de jornée» (Nohant). (Il boit tout le jour).] qui aime à boire, qui boit trop. [Répandu] à Nohant.
«Bruletle et les autres fillettes se récrièrent, nous traitant de beuvraches et de malplaisants garçons.» (Les Maîtres Sonneurs, 88).
Branchée, branche. [Répandu]
«La plus jeune des filles lui attacha une branchée de fleurs à son chapeau.» (La Petite Fadette, 34).
Buchâge, tout ce qui concerne la coupe du bois. [Répandu]
«Thérence… paraissait s’entendre aussi bien qu’homme que ce fût aux affaires du buchàge.» (Les Maîtres Sonneurs, 265).
Carrement, ternie de danse. Evolution qui ramène dans la bourrée deux couples vis-à-vis l’un de l’autre.
«Et de plus, au lieu de compter les reprises et carrements, comme font les ménétriers de profession… il se mit à cornemuser d’affilée un bon quart d’heure.» (Les Maîtres Sonneurs, 89).
«Il ne dansait pas de la même manière que nous autres, encore qu’il s’accordât très bien à nos carrements et à notre mesure.» (Id. 92).
Chocable, qui se choque facilement, susceptible. [Répandu]
«Je ne suis pas beaucoup chocable et cependant je me trouvai choqué d’être si mal reçu.» (Les Maîtres Sonneurs, 223).
Cousinaille, ensemble des cousins. [Répandu]
«Le meunier était retourné à la danse, espérant y retrouver Rose débarrassée de ce qu’il appelait dédaigneusement sa cousinaille.» (Le Meunier d’Angibault, 285).
Désencoléré, état de celui dont la colère est apaisée. [Répandu]
«Il était désencoléré par un silence si patient qu’il
s’en étonnait.» (François le Champi, 61).

115
Dribe, crue subite d’un cours d’eau, qui détruit tout sur son passage.
«Je vous conseille de ne pas perdre de temps pour vous en aller à Gargilesse si vous voulez encore trouver des ponts pour passer l’eau, car, avant qu’il soit deux heures, il y aura par là une dribe [Dribe est masculin à Nohant ; L’année du grand dribe. Le verbe
driber est aussi [Très répandu] .] de tous les diables.» (Le péché de M. Antoine, I, 49).
«La dribe, c’est donc la crue de l’eau ? demanda Emile, qui commençait à comprendre le mot déribe, dérive.
— Oui, Monsieur, c’est comme une trompe (une trombe) qui vient par les grands orages, Mais l’orage est passé, la dribe n’est pas venue.» (Id. I, 54 ; Id. II, 7. 77, 78).
Encoléré, en colère. [Répandu] κυρικιμασαηικο
«… J’avais si bonne mémoire pour retenir toutes choses chantables ; celles qui contentent notre gars comme celles qui l’encolèrent.» (Les Maîtres Sonneurs, 48, 372).
«Bruits de voix écolérées.» (Id. 377 ; La Petite Fadette, 165).
En jurer, injurier. [Répandu]
«Il bat les siens, les mord, les enjure.» (Les Maîtres Sonneurs, 244).
Estropisons. [Rare]
«Elle pansait du secret, c’est comme qui dirait qu’au moyen du secret, elle guérissait les blessures, foulures et autres estropisons.» (La Petite Fadette, 63).
Ce mot est employé encore par quelques rares vieilles femmes à Nohant.
Fendage, ce qui concerne l’action de fendre le bois. [Rare]
«Huriel avait quitté son état pour se mettre en fendage.» (Les Maîtres Sonneurs, 332), c’est-à-dire, pour embrasser le métier de fendeur.
Flûterie, air joué avec la flûte ou la cornemuse. [Rare]
«Mais à quoi est-ce que tu as pensé pendant ma flûterie ?» (Les Maîtres Sonneurs, 55, 57).
Fluteriot, petite flûte faite avec un roseau. [Flutiot est plus répandu encore.].
Littré : ( Flûteau).
«Voilà pourquoi, depuis qu’il a innventé ce futeriot, il s’absente tous les dimanches.» (Les Maîtres Sonneurs, 49).
Foire aux Chrétiens [On dit encore à Nohant et aux environs «la foire dux bêtes à pain».] ; la loue, le 24 juin, jour où les domestiques se réunissent dans un centre important pour s’engager au service.
«Comme la foire aux chrétiens est grande fête à la ville, Brulette y alla pour danser.» (Les Maîtres Sonneurs, 81).
Froidir, 1° être glacé par la peur, (ferdir à Nohant). [Répandu]
«J’avançai sans froidir et vis un homme dans ma cheminée.» (Les Maîtres Sonneurs, 70).
2° Refroidir.
Comte Jaubert. — Godefroy, Littré.
«Il ne voulut point laisser froidir la bonne volonté de Sylvinet.» (La Petite Fadette, 29).
Galeton, sorte de gâteau fait avec de la farine de blé noir ; on le mange particulièrement dans la Creuse, [Très répandu] surtout aux environs de Gargilesse.
«On apporta… des galetons de blé noir.» (Les Maîtres Sonneurs, 150).

117
Pigelé, marbré de jaune et de brun. (Pigeassé, Saint-Chartier.) [Rare]
Nom propre. [Répandu]
«Jeanne était lasse ; elle s’assit dans les roseaux et regarda le ciel rouge tout pigelé, c’est-à-dire tout marbré de jaune et de brun.» (Les Légendes rustiques, 121).
Pôtu, empoté. [Répandu]
«Vous m’auriez frappée, si vous n’étiez pas si lourd et si potu.» (La Petite Fadette, 70).
Quiche ! (cuche et guche à Saint-Chartier, Nohant). [Très répandu]
Apostrophe dont on se sert pour faire reculer les bœufs ou les empêcher de faire du dommage.» (Comte Jaubert).
«Ah ça ! Gaillard ! Chauvet ! cria-t-il à ses bœufs. Courage, mes enfants. Quiche ! arrière ! vire mon mignon !» (Le péché de M. Antoine, II. 79).
Racinieux, nom donné aux bœufs. [Très répandu]
«Vous avez donc encavé Racinieux à ce matin ?» (Les Légendes rustiques, 50).
Rebouelage [Aujourd’hui ce mot n’a plus cours. On dit bouquier les saulnées ou le bouclage des saulnées.] la définitition est donnée par George Sand.
«Les saulnées ne peuvent servir plus de deux ou trois jours sans être regarnies de crins, (car il s’en casse beaucoup dans les chaumes), et sans qu’on fasse le reboulage, c’est-à-dire le nœud coulant à chaque crin dénoué». (Histoire de ma vie III, 48).
Rejucher, percher, monter [Enjuché, juché ; jus, perchoir.] [Très répandu]
«Quand elle fut rejuchée derrière lui.» (En croupe). (François le Champi, 96).
118
CHAPITRE II
Mots qui sont, soit dans le glossaire du Centre, soit dans les lexiques du patois berrichon.
Alochon, s. m, la définition est donnée par George Sand.
Comte Jaubert.
«J’aimerais mieux casser tous les alochons de mon moulin qu’un doigt à ce monsieur… — Ce sont les petites ailes, les morceaux de bois qui sont à cheval sur la roue et que l’eau pousse pour la faire tourner.» (Le Meunier d’Angibault, 28, 209, 226, 377 ; François
le Champi, 153).
Auutieux, ailectueux, amical (amiqueux et amitiou à Nohant).
Comte Jaubert, Hugues Lapaire. [Répandu]
«Il se mit à remercier Brulette… dans des mots si amitieux… que ce n’était plus le même Joset.» (Les Maîtres Sonneurs, 139 ; La Petite Fadette, 17, 26 ; François le Champi, 122).
Apiami, près de rendre l’âme.
Hugues Lapaire.
«Jamais il a voulu dire quoi que c’était, et le v’la qu’est tombé tout apiami qu’on l’a cru mort.» (Correspondance, IV, 202).
Arrié, aussi. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire, Pierquin de Gembloux,
«Et moi j’y demeurerais ben arrié.» (Jeanne, 131).
Battaison, action de pattre le blé. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«Je connais la terre… les bœufs, les chevaux, les attelages, les semences, la battaison, les fourrages.» (La Mare au Diable. 34)
119
Bavousette, petite bavette. [Très répandu]
Comte Jaubert, Littré : (Berry).
«Elle avait cependant un tablier d’incarnat… dont elle n’avait pas songé à retirer la bavousette.» (La Petite Fadette, 118).
Bigeade, baiser. [Très répandu]
Hugues Lapaire.
«De bonnes bigeades effacerout tous mes sermons.»
(Correspondance, II. 283).
Biger [Mot employé souvent dans la correspondance.], embrasser. [Très répandu]
Comte Jaubert, Coudereau, Hugues Lapaire.
«Il me bigea aussi comme du pain.» (Les Maîtres Sonneurs, 266).
«Elle aimerait mieux biger son sabot qu’un champi.» (François le Champi, 170).
Bouaron, jeune garçon qui aiguillonne les bœufs pendant le labourage. [Très répandu]
Comte Jaubert, Laisnel de la Salle, I, 31.
«Joseph fut loué… en office de bounron.» (Les Maîtres Sonneurs, 16 ; Mauprat, 255).
Bourdi [Bourdi veut dire aussi dans la Vallée Noire fatigué, harassé :
«Ah ! j’seu t’y bordi !» (Nohant, Laisnel de la Salle, Les Maîtres Sonneurs, II, 288)] embourbé (bordi à Nohant). [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire, Pierquin de Gembloux, Laisnel de la Salle, Anciennes mœurs, 33.
«Il attela notre jument à la place de l’âne bourdi.» (Les Maîtres Sonneurs, 18).
Bouriner [Bouriner s’emploie aussi à Nohant à propps du mal de dents :
« Ça me bourine dans les deints. «douleur qui chatouille, qui cesse, qui recommence».], perdre son temps en ayant l’air de s’occuper, s’amuser. [Très répandu]
Coudereau.

120
«Tu t’amuses, tu bourines dans le domaine des arts…» (Correspondance IV, 9).
«Tu bourine dans les bâtiments et Sylvain travaille aux champs pour deux.» (Claudie, 227 ; Jeanne, 55).
Brennoux, de la Brenne. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«Vous avez là une jolie petite bête (un cheval)… c’est un brennoux.» (Le péché de M. Antoine, I, 143).
Bricolin, ine, homme ou femme qui dans une ferme fait toutes sortes d’ouvrages. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire. , — Littré : (bricoler).
Bricolin est un nom propre, Bricoline, fille du père Bricolin.
George Sand n’a employé que le nom propre. (Le Meunier d’Angibault, 111, 115, 260, 265, 266, 301, 370).
Bruquer, se heurter contre quelque chose. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire.
«Nini a une brouette et s’en va bruquant dans tous les arbres.»

(Correspondance III, 373).
Cabiole, cabane de bûcheron. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«Il partit au galop, regarda à l’entrée de toutes ces cabioles.» (Les Maîtres Sonneurs, 135, 114).
«Je n’eus point de peine retrouver le chemin des loges, car c’est comme cela qu’on appelle les cabioles des ouvriers forestiers.» (Id. 147).
Carcotte (carclotte à Nohant, Saint-Chartier.), coque, coquille, se dit des œufs, des noix. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«… Une semblance d’ange du ciel qui le différenciait d’un paysan, autant qu’une fleur d’amandier se différencie d’une amande dans sa carcotte.»

(Les Maîtres Sonneurs, 137).
121
Cayenne, espèce de calotte piquée qui sert de charpente à la coiffe des villageoises du Berry. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire, Laisnel de la Salle, I, 338.
«Sur le derrière de sa tête, la cayenne retombait jusque sur son cou.» (La Petite Fadette, 118).
Chacrot, le plus faible oiseau de la couvée. [Très répandu]
Comte Jaubert, Jean Tissier.
«Il y avait dans la classe une pauvre petite anglaise de cinq à six ans, pâle, délicate, maladive, un véritable chacrot, comme nous disons en Berry pour désigner le plus maigre, le plus faible oisillon de la couvée.» (Histoire de ma vie, III, 93).
Chasse à baudet, chasse qui traverse les airs, en laissant voir des fantômes et en faisant entendre des bruits diaboliques. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«Une troupe de mules, toutes bien en point… gambillant à la lune levante en vraie chasse à baudet qui est, comme vous savez, la danse des bourriques du diable, quand les follets et les fades galopent dessus à travers les nuées.» (Les Maîtres Sonneurs, 66 ; Les
Légendes rustiques. 53).
Chat-grillé, enfant chétif, maigre. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«Grelette, sautiote, farfadette, chat-grillé, grillette, râlette, et autres sornettes à la manière de l’endroit.» (La Petite Fadette, 124).
Chauvet, nom de bœuf à poils ras. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«Ah ! ça ! Gaillard ! Chauvet ! cria-t-il à ses bœufs, courage, mes enfants… Vire mon mignon !» (Le péché de M. Antoine, II, 79).
Chebrillon, petit chevreau (chaberiot à Nohant). [Très répandu]
Comte Jaubert.
122
«Elle prit (Charlot) comme un chebrillon sous son autre bras.» (Les Maîtres Sonneurs, 203 ; La Petite Fadette, 75).
Chéret [Chéré signifie aussi fleurier à Nohant. Ce sens n’a pas été donné par George Sand.], manteau de laine ayant la forme d’une écharpe. [Très répandu]
Comte Jaubert, Laisnel de la Salle, I, 335.
«Madeleine Blanchet détacha le chéret de laine qui lui couvrait les épaules et en enveloppa le champi.» (François le Champi, 27, 28).
«Elle commença par laisser à la Zabelle son chéret de laine… pour en faire un habillement au champi.» (Id. 31, 32, 70, 71 ; Correspondance II, 286).
Chounette, sobriquet, (chounon à Nohant) ; abréviation de Fanchounette, Fanchon. [Répandu]
Comte Jaubert.
«Tu aurais bien pu faire avertir le meunier par la Chounette au lieu d’y courir toi-même.» (Le Meunier d’Angibault, 106, 198, 203, 268, 291).
Cocadrille [A Saint-Chartier, petits œufs qui n’ont pas de jaune. On dit : Ça amènerait bien un lézard, l’ancien cocadrille. J’ai conservé quelques mots tels que cocadrille et fafiot (voir ce mot) très répandus dans la Vallée Noire, bien qu’ils fassent peut-être partie de
l’argot. Il est difficile de dire jusqu’à quel point l’argot réagit sur les patois ou les patois sur l’argot. Je n’ai trouvé les formes cocodrille, cocadrille, dans aucun dictionnaire du vieux français.], sorte de lézard ; animal fabuleux redouté autrefois en Berry, presque
inconnu aujourd’hui, probablement le cocodrille, crocodile. [Répandu]
Comte Jaubert.
«Vous savez que la cocadrille est une manière de lézard.» (Les Maîtres Sonneurs, 360 ; Promenades autour d’un village, Visions de la nuit, 214).
123
Coiffage, l’ensemble de la coiffure, la coiffe avec tous ses accessoires. [Répandu] (Couëffage à Nohant). [Très répandu]
Comte Jaubert.
«Mets vite ton coiffage, Fanchon, et dansons.» (La Petite Fadette, 129, 171, 175).
Coupassé, coupé (coupaché Saint-Chartier.). [Très répandu]
Comte Jaubert.
«C’était toutes petites côtes vertes coupassées de ruisseaux.» (Les Maîtres Sonneurs, 121).
Courza, houx, (écourza à Saint-Chartier). [Répandu]
Comte Jaubert.
«On leur donna à chacun un bâton de courza noueux et court.» (Les Maîtres Sonneurs, 180, 340).
«Il prend son bâton de courza.» (François le Champi, 99).
Dansière, bal, danse. [Rare]
Comte Jaubert.
«Il invitait… au festin, à la divertissance, à la dansière et à tout ce qui suit.» (La Mare au Diable, 155).
Décoter [Décoter signifie aussi à Nohant : ouvrir une porte fermée à clé.], cesser. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«Il ne décota de flûter d’un gros quart d’heure.» (Les Maîtres Sonneurs, 54).
«Ce maudit gars ne décote pas d’être en malice.» (Id. 233).
Dégalocher (dégaïocher à Nohant) [Gaïocher signifie glisser (Nohant).], enlever soil la boue, soit la neige qui s’attache à la semelle des chaussures. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«François… dégalocha ses sabots à plus d’une fois.» (François le Champi, 151).
Détemser [George Sand a écrit : détemser, détemcer, détempser, détencer.], faire perdre le temps, déranger quelqu’un qui travaille. [Très répandu]

124
Comte Jaubert. (détempser). Hugues Lapaire.
«Ne me détemsez pas, ma mignonne.» (Jeanne, 186, 276).
«Il a bien voulu se détemcer d’une couple d’heures, pour m’obliger.» (Les Maîtres Sonneurs, 69).
«Il ne faut pas détencer ton frère pendant qu’il travaille.» (La Petite Fadette, 37, 44 ; François le Champi, 97 ; Claudie, 235 ; Correspondance, III, 238).
Diversienx (divarsieux à Nohant et environs), capricieux, variable, changeant, se dit des personnes, des choses et aussi d’un chemin qui forme des détours. [Très répandu]
Laisnel de la Salle, II, 348 ; Comte Jaubert : (pour les saisons).
«Tous tant que nous étions de gars assez diversieux… nous sentions la différence qu’il y avait entre elle et les autres fillettes.» ( Les Maîtres Sonneurs, 7).
«Je l’avais vue si diversieuse là-dessus dans ses paroles, que je me trouvais gêné dans ma confiance.» (Id. 240 ; La Petite Fadette, 83).
Divertissance, divertissement, plaisir. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire.
«Il invitait le maître de la maison… au festin, à la divertissance, à la dansière, et à tout ce qui en suit.» (La Mare au Diable, 155).
«On a peur… de perdre un tant si peu de la divertissance.» (Le Meunier d’Angibault, 250).
Donzer, dompter, réduire. [Très répandu]
Comte Jaubert, — Littré : (Berry).
«Et vous pensiez aussi qu’elle vous aiderait à trouver le trésor et à donzer le veau d’or.» (Jeanne, 347).
Ebervigé, étourdi, effaré, distrait. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«Joset l’ébervigé.» Avec cette remarque au bas de la page : «Littéralement l’étonné, celui qui écarquille les yeux.» (Les Maîtres Sonneurs, 9, 56, 156, 345, 351).
125
«Elle ne souffrait point qu’on fit mépris de son air triste ou de sa figure ébervigée.» (Id. 27).
Ebiganché, dégingandé, boiteux. [Répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire.
«Jeanet, le sauteriot… la suivait en clopant, vu qu’il était ebiganché et mal jambe de naissance.» (La Petite Fadette, 68).
Eboité, devenu boiteux. [Répandu]
Comte Jaubert.
«Je suis un peu le chef de la famille depuis que le père est eboité.»

(Claudie, 259).
«Leurs poulains s’éboitaient en galopant sur les rochers.» (Jeanne, 60).
Embraiser, mettre dans ses sabots de la cendre chaude pour les réchauffer. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«J’inventai de lui retirer ses sabots pour en ôter les galoches de neige et les embraiser.» (Les Maîtres Sonneurs, 30).
«Jeanne… s’était approchée du feu pour embraiser ses sabots.» (Jeanne, 114).
Epelette (épiette à Nohant), ustensile, outil de peu de valeur : couteau, scie, pioche. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire.
«Il pouvait faire mille sottises comme… de casser quelque épelette ou ustensile à son usage…» (Les Maîtres Sonneurs, 26).
«Si c’était toute autre amusette ou épelette à leur usage, ils le mettaient en commun.» (La Petite Fadette, 21).
Etauger, économiser, épargner, se priver. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire.
«Les huîtres fossiles sont d’un bon numéro. Elle ne sétaugeaient [Une note au bas de la page explique ce mot : «Elles ne s’en privaient pas».] pas la coquille dans ce temps-là.» (Correspondance, IV, 209).
126
Fade, fée, sorcière. [Rare]
Comte Jaubert.
«On appelle aussi fades les fées auxquelles, du côté de chez nous, on ne croit plus guère.» (La Petite Fadette, 66 : Jeanne, 230, 231).
Fafiot, qui perd son temps à des riens. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«Le notaire… était ce qu’on appelle dans le pays extrêmement fafiot, mot intraduisible qui désigne un homme à la fois musard et minutieux.» (Le Meunier d’Angibault, 328).
«Tu me prends pour une bête ! — Non pas ; mais pour un rêveux un peu finassier, un peu curieux, un peu fafiot enfin !» «(Claudie, 229).
Fafioter, s’amuser à des riens, perdre son temps, synonyme de bouriner, tasonner. Faire le galant auprès des filles.[Très répandu]
Comte Jaubert.
«Il eut le soin de casser une courroie, ce qui le força de demander une ficelle à la Gothe, un couteau à Jeanne, un mot à Claudie et de bouriner, de fafioter (muser, perdre du temps pour en gagner)…» [La parenthèse est dans le texte.]. (Jeanne, 55).
«Je crois que vous fafioteriez autour des filles, les pieds dans le feu.» (Jeanne, 215).
«Si bien qu’après avoir passé deux jours à fafioter avec ces trois personnes tranquilles… je commençai à chercher de l’occupation.» (Les Maîtres Sonneurs, 171).
Fauchailles, fauchaison. [Très répandu]
Comte Jaubert, Laisnel de la Salle, II, 125: — Littré, Supplément (cite George Sand).
«On était au temps des fauchailles, et on rentrait le foin de cette belle et grande prairie voisine du château.»
(Jeanne, 246).

127
«La fatigue des moissons et des fauchailles.» (Le Meunier d’Angibault, 262).
Fourretout, à Nohant, petit cabinet à côté de la cuisine servant de débarras. [Très répandu]
Comte Jaubert.
George Sand lui donne un sens beaucoup plus large :
«Cet amas de dépouilles opimes s’appelait… le magasin, le fourre-tout.»

(Les Beaux Messieurs de Bois Doré, I, 221).
Fumerioux, tas de fumier. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«Des nuées de dindons, d’oies et de canards se chargent d’empêcher qu’on puisse mettre le pied en sécurité sur un endroit épargné par l’écoulement des fumerioux (les tas de fumier).» (Le Meunier d’Angibault, 68).
Gaillard, nom de bœuf surtout de robe blanche. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«Ah ça ! Gaillard ! Chauvet ! cria-t-il à ses bœufs, courage mes enfants. Quiche ! arrière ! vire, mon mignon!» (Le péché de M. Antoine, II, 79).
Geault [On écrit aussi jau et jô. En languedocien gau.], coq. [Très répandu]
Comte Jaubert, Coudereau, Jean Tissier, Hugues Lapaire, Laisnel de la Salle, I, 239.
«Vous savez l’auberge du Geault-Rouge ? [George Sand, dans son roman. a placé cette auberge à Etalier. Toutes mes recherches ont été vaines pour retrouver ses traces. Les vieillards n’ont jamais entendu parler de cette auberge par leurs parents.] — Du coq
rouge ? Oui, j’y suis descendu deux fois.» (Les Beaux Messieurs de Bois Doré, II, 86).
Georgeon, le démon. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire, Laisnel de la Salle, II, 288.
128
«Je n’étais pas du tout curieux de me mesurer avec Georgeon, comme chez nous on l’appelle de diable).» (Les Maîtres Sonneurs, 363).
«Georgeon viendrait tirer nos draps de lit et boucler le crin de notre chevaline.» (La Petite Fadette, 163, 189, 190 ; Les Légendes rustiques. 67).
Gerbaude, s. f. grosse gerbe ornée de fleurs placée sur la dernière charretée de la moisson ; elle donne lieu à une réjouissance champêtre. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire, Laisnel de la Salle Anciennes mœurs, 274.
«Ma fine, vous arrivez bien à propos pour la gerbaude, et, …mon garçon Sylvain viendra vous chercher… pour voir lever la dernière gerbe et y attacher le bouquet.»
(Claudie, 222).
(Ce mot est répété environ vingt fois dans la pièce.)
Grobille, s. f. petite branche, bûchette de bois. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«Il retrouva… un de ces petits moulins que font les enfants de chez nous avec des grobilles.» (La Petite Fadette, 42).
Guarriot [À Nohant on dit : brebis guérelle, vache guérelle, mouton guarrot.], adj. de plusieurs couleurs, souvent de couleur brune indécise. [Répandu]
Comte Jaubert.
«Un chien à poils gris, emmêlé de noir et de blanc de ces pauvres chiens de campagne que nous disons guarriots ou marrayés sortit de l’huisserie.»

(François le Champi, 153-154).
Guenillière, porche de l’église. [Très répandu]
Comte Jaubert, Laisnel de la Salle, II, 232.
«porche qu’on appelle chez nous guenillière à cause que les gredots peilleroux… s’y tiennent pendant les offices.» (La Petite Fadette, 172 ; Les Légendes rustiques, 38).
129
Héberger, couvrir, aberger, [Se trouve aussi dans Godefroy.] à Nohant, Saint-Chartier.).
Comte Jaubert. — Littré : (Berry).
«Le lit du chevalier posé à un angle de la salle était assez large pour héberger toute une couvée.» (La famille de Germandre. 219).
Ce verbe signifie aussi se taire à Nohant.: Aberge ta goule, tais-toi.
Jaunée, feu que l’on allume la veille de la Saint-Jean sur la place du village. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«Nous ferons la jaunée de Saint-Jean en arrivant au bourg.» (Les Maîtres Sonneurs, 87, 346).
Jeannie et Jeanet, diminutifs de Jean. [Très répandu]
Comte Jaubert.
(Le premier employé plus de soixante fois dans le Champi ; le second, très souvent dans la Fadette.)
Jouiller, embrouiller. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«D’après certaines versions, le lutin qui s’amuse à jouiller [L’explication est dans le texte. — A Nohant : Mon filet (fil) est tout jouillé.»] (embrouiller et mêler) les fils des dévideuses est un esprit femelle.» (Les Légendes rustiques, 75).
«(Les follets) qui la nuit font galoper la chevaline au pâturage et qui leur jouillent le crin pour s’en faire des étriers.» (Id. 75).
Loue [À Nohant on appelle encore foire aux chrétiens (Cf. ce mot), cette réunion des domestiques. — A La Châtre, dire à quelqu’un : Faites-vous la Saint-Jean ? signifie : Changez-vous de domestique ?], s. f. ; réunion de domestiques qui désirent se placer ; elle
a lieu le jour de la Saint-Jean (24 juin), dans un centre assez important. [Très répandu]
Comte Jaubert, Coudereau, Jean Tissier, Hugues Lapaire, Laisnel de la Salle, Anciennes mœurs, 278.

130
«Ils allèrent ensemble à la ville pour voir la loue des serviteurs de ville et de campagne, et la fête qui s’ensuit sur la grande place.» (La Petite Fadette, 98 ; Les Maîtres Sonneurs, 81 ; François le Champi, 118, 120).
Mâlot, fille qui n’est pas réservée, qui a les allures d’un garçon.
Comte Jaubert.
Nom propre [Répandu] en Berry.
«Ils t’appellent souvent le mâlot. Eh bien, crois-tu, que ce soit à propos, à seize ans, de ne point ressembler encore à une fille.» (La Petite Fadette, 137).
Marrayé, (cf. guarriot ci-dessus).
Comte Jaubert.
Meuriot, petite provision de fruits que l’on met de côté en vue de l’avenir. Les souris font leur meuriot, disent les paysans de la Vallée Noire. Au sens figuratif, réserve de quelque nature qu’elle soit.
Comte Jaubert.
«Ce que tu fais en te chargeant de ce petit malheureux riche… lequel a des écus et point de mère, me marque bien que tu veux faire ton meuriot [L’explication donnée par George Sand, Les Maîtres Sonneurs, 227 : «Provision de fruits qu’on fait mûrir après la
cueillette», n’est pas complète.]» (Les Maîtres Sonneurs, 226).
Miloche, petit tas de foin préparé au pré pour charger plus facilement les voitures. [Très répandu]
Comte Jaubert, Jean Tissier.
«Marie… essoufflée, se laissait tomber sur les petites meules d’attente appelées milochcs.» (Jeanne, 247).
Musiqueux, musicien. [Répandu]
Hugues Lapaire.
«Si tu deviens musiqueux fin, les autres petits musiqueux du pays te chercheront noise.» (Les Maîtres Sonneurs, 51, 91, 372).
131
Peilleroux, -ouse, mendiant (couvert de peille, chiffons, guenilles).
Comte Jaubert, Hugues Lapaire.
«Il y avait encore la peillerouse de nuit, qui se tenait sous la guenillière de l’église.» (Les Légendes rustiques, 38).
Pétrole (surtout pétrelle à Nohant) sorte de bougie préparée avec de la résine.
Comte Jaubert, Coudereau, Jean Tissier, Hugues Lapaire, Laisnel de la Salle, Anciennes mœurs, 263. Monet (pétrolio, bitume).
«Faisant entendre un petit bruit de grésillement comme ferait une pétrole de résine.» (La Petite Fadette, 102).
Piotte, plot de bois. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«Le père Bastien sonna en la propre manière qu’il fallait, et, tout aussitôt, le clairin et ses suivants, accourant autour de la piotte où il était monté, il se mit à rire….»
(Les Maîtres Sonneurs, 173).
Plumetis, lit de plume, coite. (Piuntie à Nohant, Saint-Chartier.). [Très répandu]
Comte Jaubert, Coudereau, Pierquin de Gembloux.
«Le lit, composé d’un gros plumetis posé sur un énorme sommier de balle d’avoine, n’était nullement à dédaigner.» (Le péché de M. Antoine, I, 45).
Poirat [Aux environs de Cluis, on mange aussi des goires, tartes épaisses aux fruits. Comte Jaubert. — Godefroy. (gouère).], tarte ou pâté aux poires. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«Françoise fait un poirat superbe.» (Correspondance II, 289).
Râlette, grenouille. (Nom propre répandu et surnom). [Répandu]
Comte Jaubert.
«Grelette, sautiote, farfadette, chat grillé, grillette, râlette, et autres sornettes à la manière de l’endroit.»
(La Petite Fadette, 124).
Racicot, petite racine. [Répandu]
Comte Jaubert.
«Un petit escalier en mottes de gazon appuyées sur des pierres et des racicots qui sont de grosses racines sortant de terre et donnant du rejet.» (La Petite Fadette, 59).
Rebâter, faire du bruit, du tapage (rabater à Nohant). [Répandu]
Comte Jaubert.
«La Tournite… a entendu une nuit rebâter au-dessus de la chambre où elle était toute seule.» (Correspondance, IV, 204).
Recoriller [V. coret 149, coriller 149, corillette 150. decoriller 151], refermer avec un coret. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«La porte fut… recorillée avant que le besson eût pu répondre un mot.» (La Petite Fadette, 113).
Retintement (retinton à Nohant). [Très répandu]
Comte Jaubert. : retinton.
«Le mal que lui avait fait Joseph fut oublié. Cependant quand nous quittâmes la table il lui en vint encore un retintement.» (Les Maîtres Sonneurs, 328).
Retirance,
1° ressemblance. [Très répandu]
Comte Jaubert, Jean Tissier.
«Tous les gens… s’arrêtaient pour les regarder, pour s’émerveiller de leur retirance.» (La Petite Fadette, 15).
«Jeannie était mince et petit comme sa mère dont il avait toute la retirance.» (François le Champi, 68, 157).
2° Le home berrichon. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire.
«Ma grand’mère me donne-t-elle la moindre chose si ce n’est la retirance et le manger.» (La Petite Fadette, 146).

133
Roi-Berthault, roitelet. [Très répandu]
Comte Jaubert, Coudereau, Jean Tissier, Hugues Lapaire.
«Au mois d’avril, la ruiche, (de rouge gorge) et le roi-Berthault de roitelet) se rencontrèrent aux bois et se demandèrent leur portement.» (Les Légendes rustiques. 81).
Rouffer, se fâcher, crier. [Très répandu]
Coudereau, : enrager.
«Elle mit la Sévère dans un si grand courroux que François… les entendit du bout de la chenevière rouffer et silller comme le feu dans une grange à paille.» (François le Champi, 203).
Ruichc, rouge-gorge. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire.
(Cf. plus haut Roi-Berthault).
Sanglaçure (sanyassure à Nohant), refroidissement. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«Elle appliquait au refroidissement du corps que nous appelons sanglaçure (de bons remèdes).» (La Petite Fadette, 63).
Saulnée.
Comte Jaubert, Laisnel de la Salle. I, 338, Anciennes mœurs, 263.
Longue ficelle à laquelle sont attachés des milliers de crins à nœuds coulants et que l’on tend à quelques pouces de la surface du sol, en temps de neige. [Très répandu]
George Sand en a donné une définition plus complète :
«Ma société, c’était une vingtaine d’enfants de la commune qui apportaient là leurs saulnées. La saulnée est une ficelle incommensurable toute garnie de crins disposés en nœuds coulants pour prendre les alouettes et menus oiseaux des champs en temps de neige.
Une belle saulnée fait le tour d’un champ. On la roule sur des dévidoirs faits exprès, et on la tend avant le lever du jour… On balaie la neige tout le long du sillon, on y jette du grain, et, deux heures après on y trouve les allouettes prises par centaines.» (Histoire
de ma vie, III, 48 ; Les Maîtres Sonneurs, 56 ; La Petite Fadette, 53 ; Nanon, 218).
Sciton, scie à deux manches, passe-partout. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«On voyait les instruments de son travail, sa cognée brillante… sou sciton pliant comme un jonc.» (Les Maîtres Sonneurs, 138).
Sereiner ; (seriner à Nohant, Saint-Chartier).
Comte Jaubert — Littré (pour Berry : à serein).
Mener les brebis paître au serein. [Très répandu] autrefois.
«C’est un usage de nos contrées que de faire paître ainsi les brebis à la rosée du soir, de la mi-juillet à la fin de septembre, pour engraisser celles qu’on veut vendre et on appelle cela sereiner les ouailles.» (Jeanne, 279).
Tabâtre, tapageur, désagréable. [Très répandu]
Comte Jaubert, Jean Tissier.
«C’est tout au contraire des autres Champis, qui sont terribles et tabâtres et qui ont toujours l’esprit tourné à la malice.» (François le Champi, 32).
Têteau, arbre que l’on étête périodiquement. [Très répandu]
Comte Jaubert, Coudereau, Hugues Lapaire, Pierquin de Gembloux, Laisnel de la Salle, Anciennes mœurs, 17.
«Il vit dans le fossé, sous les branches épaisses et encore fraîches d’un têteau de chêne quelque chose qu’il prit pour un agnea.» (La Mare au Diable, 52 ; Vallée Noire, 290).
«Il ne perdit pas la tête et me cria de m’accrocher à un têteau de saules qui se trouvait à ma portée). (Histoire de ma vie, III, 356 ; Les Légendes rustiques, 114).
Tourer (se) [Dans la phrase suivante, il y a certainement une faute d’impression. Quelques lignes plus haut, George Sand a expliqué ce que c’est que se tourer et non tourner :
«Quand nous fûmes dehors… (nous) commençâmes à nous tourner en nous serrant les flancs et en nous enlevant l’un l’autre.» (Les Maîtres Sonneurs, 74)], lutter avec quelqu’un. [Très répandu]
Comte Jaubert., Hugues Lapaire, (cite George Sand).
135
«Entre jeunes gens, répondis-je, il n’y a ni malice ni traîtrise. On se toure à bras le corps, on lape où l’on peut, sauf la figure.» (Les Maîtres Sonneurs, 74, 139).
Traque, petit sentier le long d’un champ, d’un pré. [Très répandu]
Comte Jaubert, — Littré : (Berry).
«Il connaissait… toutes les coursières, toutes les traques.» (François le Champi, 152).
Traquette, petite traque, petit sentier. [Très répandu]
Comte Jaubert, Jean Tissier. : (traquet), Hugues Lapaire.
«Il connaissait… toutes les traques et traquettes.» (François le Champi, 152 ; Nanon, 72).
Vannée, s. f. le fait de recevoir des coups. [Répandu]
Comte Jaubert.
«Le meunier de la Passe-aux-Chiens… s’en allait aux quatre chemins avec une grosse trique pour appeler le diable, et lui donner, disait-il, une bonne vannée.» (La Petite Fadette, 190).
Violoneux, celui qui joue du violon. [Répandu]
Comte Jaubert.
«Tu iras dans les grandes villes où les violoneux t’apprendront le menuet et la contredanse.» (Les Maîtres Sonneurs, 209).

136
CHAPITRE III
Mots qui appartiennent au patois du Centre et à l’ancien français.
Ces mots figurent en général dans le Glossaire du Centre, souvent dans quelque autre lexique berrichon, et en même temps dans les dictionnaires de l’ancien français.
Ablette, petit poisson. [Très répandu]
Comte Jaubert, — Complément de Godefroy : (ables), Littré.
«Ainsi nous allons toujours a être mangées, pauvres ablettes, par les gros poissons.» (François le Champi, 181).
Abotter [Ce verbe s’emploie surtout au temps composé avec l’auxiliaire être. A Saint-Chartier, on dit : j’ su abotté, c’est-à-dire, j’y suis arrivé.
A Nohant, Saint-Chartier, il s’emploie aussi à l’actif : Y a tant d’ouvraige que j’ peux pas l’abotter.
En parlant de terminer des chemises, j’ai entendu ces phrases : «Si je les abatte, j’en serai bin contente.» … «Oh, non, j’ai pas pu y abotter.»], aboutir à, arriver à. Rarement employé au neutre.
Comte Jaubert, — Godefroy, Littré : (Berry).
«Si j’y aboutais, je ne serais plus un rien du tout.»
(Les Maîtres Sonneurs, 112).
«Je te dis que j’y abotterai.» (Claudie, 228).
«On n’a jamais pu y abotter.» (Correspondance, IV, 203).
Accagner, accabler, agonir, injurier. [Très répandu]
Comte Jaubert, — Hugues Lapaire, La-Curne de Sainte Palaye.
«Cet homme nous accagnait de sottises.» (Les Maîtres Sonneurs, 176).
Accords, s. m. p., fiançailles plus spécialement à La Châtre. [Répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire, — Littré.
«La Sévère dit… que quand même madame Blanchet retarderait les accords, il fallait manger le ragoût.» (François le Champi, 224).
137
Accord [Comte Jaubert et les lexiques du patois Berry n’indiquent rien au sujet de ce sens.] s. m. s. convention, pacte. [Répandu]
Oudin. Thresor des deux langues française et espagnolle, Littré.
«L’accord en fut fait avec Jean Vertaud.» (François le Champi, 236).
«Nous entendîmes que l’acheteur rappelait à Thérence… une condition de son accord avec le père Bastien.» (Les Maîtres Sonneurs, 265, 322, 339).
Accordailles, fiançailles. [Répandu] Plus spécialement à Nohant
Comte Jaubert, — Trévoux. Dictionnaire de la langue française, Nicot. Thresor de la langue francoyse, Littré. : (contrat).
«La Sévère… dit à la Mariette qu’elle avait fait faire une galette et des crêpes chez elle pour les accordailles.» (François le Champi, 224).
Accordés, s. m. pl, fiancés. [Rare]
Comte Jaubert, — Richelet, Littré.
«Il est permis aux accordés de campagne de s’embrasser en marchant devant les passants.» (Les Légendes rustiques, 123).
Accoter : Ce mot a trois sens [Très répandu] à Nohant et aux environs ; nous allons les retrouver chez George Sand.
1° Appuyer, ou s’appuyer.
Comte Jaubert, Hugues Lapaire, — Godefroy, Trévoux, Littré, Pierquin de Gembloux, Brunot, III, 144 ; IV, 589.
«Landry laissa son aiguillon accoté au frontal de ses bœufs.» (La Petite Fadette, 219).
«Eh bien… dit François en se levant et en s’accotant [Y s’accote su son ariau. Nohant] avec elle contre la berge du petit pont, vous pouvez rendre
un grand office à Madame Blanchet.» (François le Champi, 196).
138
2°«fermer une porte, une fenêtre.»
Hugues Lapaire (Comte Jaubert ne donne pas ce sens exactement).
«Et l’on entendit par la ville un grand bruit de portes et de fenêtres que l’on se hâtait d’accoter.» (Le péché de M. Antoine, I, 7 ; Les Légendes rustiques, 44).
3°«S’arrêter brusquement au milieu d’une conversation, d’un discours ; cesser de pleurer, de crier [En causant, il a accoté, Nohant]. (Ce sens ne se trouve dans aucun lexique).
«Dès qu’il me vit, fermant son couteau et s’accotant de causer comme si j’eusse été son maître le prenant en faute…» (Les Maîtres Sonneurs, 28).
«Charlot commença de brailler et de se débattre dans les bras de la Bourbonnaise ; mais elle… lui dit : Tu vas te taire, mon garçon, il le faut… Charlot… fut si étonné
d’un ton pareil qu’il accota tout de suite.» (Id. 271).
Accoutumance, habitude, coutume. [Répandu]
Comte Jaubert. — La-Curne de Sainte Palaye, Complément de Godefroy, Littré.
«Je le trouve plus sot que d’accoutumance.» (Les Maîtres Sonneurs, 14, 82 ; La Petite Fadette, 20, 41 ; François le Champi, 228 ; Claudie, 240, 278).
Accroire (faire), faire croire. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Oudin, Trésor des deux langues française et espagnolle,. Godefroy.
«Je m’imagine que c’est toi qui veux me faire accroire que j’ai beaucoup d’amitié pour elle.» (La Petite Fadette, 154, 63, 181 ; François le Champi, 202, 213 ; Claudie, 236, 270, etc. ; Les Maîtres Sonneurs, 162, 316).
Acertainé, certaia, assuré. [Répandu] (Acertain à Nohant).
Comte Jaubert, — La-Curne de Sainte Palaye, Trévoux. Dictionnaire de la langue française, Brunot, III, 125.
«L’affaire réussit à son souhait et il en était si acertainé qu’il partit le lendemain pour Aigurande.» (François le Champi, 203).
Affener. donner à manger du foin aux bestiaux. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire. — La-Curne de Sainte Palaye, Littré.
139
«Quand il alla voir ses bœufs au petit jour, tout en les affenant et les calinant, il pensait en lui-même à cette causerie d’une grande heure.» (La Petite Fadette, 160).
«Jeanne alla affener ses vaches [Dans le passage suivant, George Sand a donné par une note au mot affener le sens de «rentrer du foin» :
«M. le curé va rentrer et il n’aura personne pour affener sa jument, mêmement je vais chercher mon dard (ma faux) pour en donner un trait sur ces herbes.» (Jeanne, 36).
A Nohant, Saint-Chartier, affener ne signifie pas couper l’herhe, mais la donner à manger. Seulement quand le paysan dit : «je vais affener mon bœuf, ma jument», son herbe peut n’être pas toujours coupée. Dans Godefroy, affener signifie faucher, fournir de
foin.]. (Jeanne, 274).
Affronteur et affronteux,
1° insolent [Répandu]
Comte Jaubert. — Littré supplément.
«Je ne parle pas de la Mariton… mais de personnes qu’on ne pouvait accuser d’aller à l’aveugle et qui firent honte aux affronteurs.» (Les Maîtres Sonneurs, 247).
2° Celui qui mérite un affront :
«Tiens, rougis si tu peux, et tâche de prendre le chemin des affronteux [Affronter a aussi le sens de tromper à Nohant (Comte Jaubert. — Godefroy, Littré)] quand tu passeras par chez nous.» (La Mare au Diable, 131).
(Le chemin des affronteux existe à La Châtre. [A ce mot, George Sand a fait une remarque (La Mare au Diable, 131) : «C’est le chemin qui détourne de la rue principale à l’entrée des villages et les côtoie à l’extérieur ; on suppose que les gens, qui craignent de
recevoir quelque affront mérité. Le prennent pour éviter d’être vus.»].
Agasse, ageasse, pie (adjasse pertchari, pie-grièche, à Nohant). [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire, — Complément de Godefroy, Littré.
«La voilà qui fait la belle fille, qui se carre comme une agasse.» (La Petite Fadette, 125).
140
Amignonner, caresser, flatter (amignounner à Nohant).[Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire, Pière de la Loje, — Monet, (amignoter), Brunot, III, 144.
«Elle l’amignonna si honnêtement en paroles et en quarts d’œil qu’il en fut un peu secoué.» (François le Champi, 144).
Arcelet, petit arc. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy, Littré : (Berry).
«Vous trouverez bien un brin d’oisiol (d’osier) pour faire des arcelets (petites lames de fer en forme d’arcs qu’on place sur les sabots fendu pour les consolider). [La parenthèse est dans le texte.] (Définition exacte.)» (La Mare au Diable. 166).
Arche, maie, coffre pour faire le pain. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire — Complément de Godefroy, Littré.
«Carnat… monta sur l’arche au pain.» (Les Maîtres Sonneurs, 344).
«Il monta sur l’arche, tenant avec beaucoup d’aisance sa grande cornemuse bourbonnaise.» (Id. 345 ; Les Légendes rustiques. 73).
Areau, charrue (ariau à Nohant). [Très répandu]
Comte Jaubert, — Du Cange.
«La vérité est que nous nous sommes liés nous-mêmes à notre propre areau.» (François le Champi, 183).
«Gerbe !… Si tu pouvais dire combien il t’a fallu de gouttes de notre sueur… pour te faire un lit au tranchant de l’arrau.» (Claudie, 253).
Assavoir (faire), faire savoir. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Complément de Godefroy, Littré.
«Les chiens ont grande connaissance là-dessus, et jappent d’une façon qui le fait assavoir aux humains.» (Les Maîtres Sonneurs, 58, 110, 356 ; La Petite Fadette, 155, 247 ; François le Champi, 194 ; Jeanne, 263 ; Les Beaux Messieurs de Bois Doré, II, 18 ;
Les Légendes rustiques. 52).
141
Asséché [«J’ai le cou asséché», dit souvent le paysan berrichon. A Nohant on dira : y a terjou souet.], mis à sec, desséché. [Rare]
Comte Jaubert — Godefroy, Littré
«Les cornemuseux… sont gens très asséchés de soif.» (Les Maîtres Sonneurs, 51).
«Le riot, qui sort du bois au temps des pluies, et qui était maintenant quasiment tout asséché.» (La Petite Fadette, 42).
Assemblée, s. f, réunion publique nombreuse, à l’occasion de la fête patronale. [Très répandu]
Comte Jaubert. — La-Curne de Sainte Palaye, Littré.
«Brulette a fait souvent plus de chemin pour aller danser à quelque assemblée.» (Les Maîtres Sonneurs, 207).
«Il a une drôle d’idée de se coiffer de la plus vilaine qu’il n’y ait pas dans toute l’assemblée.» (La Petite Fadette, 120 ; François le Champi, 60, 130, 176, 185 ; Claudie, 223 ; Jeanne, 59 ; Le Meunier d’Angibault, 125, 248, 252, 276, 278).
Aumaille, s. f, bête à cornes. [Très répandu]
Comte Jaubert, Laisnel de la Salle, II, 124 ; — employé comme qualificatif dans Godefroy, Littré.
«Il se sentit chatouillé dans son orgueil d’avoir une si belle aumaille au bout de son aiguillon.» (La Petite Fadette, 33).
(George Sand emploie aumaille au singulier pour désigner une paire de bœufs. C’est l’usage du pays.)
Aveindre, atteindre. [Très répandu]
Comte Jaubert, Jean Tissier, Coudereau, — Godefroy, Brunot, III, 126.
«La cornemuse monta en l’air sans qu’il put l’aveindre.» (Les Légendes rustiques, 101).
«Je l’aveignis et le portis dans ma loge.» (Les Beaux Messieurs de Bois Doré, II,
194).
Avis (m’est), je suis d’avis, il me semble, s’emploie très fréquemment dans la Vallée Noire, avec la prononciation m’est d’évis aux environs de Nohant.
Comte Jaubert, Laisnel de la Salle, (Anciennes mœurs, 240), — Complément de Godefroy, Littré.

142
George Sand a employé un grand nombre de fois cette expression dans Les Maîtres Sonneurs, La Petite Fadette, François le Champi, Jeanne, Claudie, Le Meunier d’Angibault, Le péché de M. Antoine, Nanon.
«M’est avis qu’il aurait pu l’apprendre (la musique) ici tout aussi bien» (Les Maîtres Sonneurs, 107).
Bailler [«Y a baillé qu’euque chouse, mais j’ seu pas c’ qu’y a dounné.» (Nohant).
«J’y ai baillé, y m’ l’a rebaillé, cia j’ai dit : j’ te le rebaillerai pas.» (Saint-Chartier).] donner. [Répandu]
Comte Jaubert, — La-Curne de Sainte Palaye, Littré.
«Voilà un cornemuseux de rencontre qui vous en baillera tant que vous voudrez.» (Les Maîtres Sonneurs, 88, 94, 175, 187, 218, 250, 337).
«Ma grand’mère… pourvu qu’on lui baille quelque argent, supporte les malhonnêtetés et les insolences du monde.» (La Petite Fadette, 109, 154 ; Correspondance entre George Sand et Gustave Flaubert, 23 octobre 1866).
Balai, genêt. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire. — Littré.
«Au devant rêgnait une façon de hangar, tuilé en verts balais.» (Les Maîtres Sonneurs, 147).
Baller, danser. [Rare]
Comte Jaubert, — Complément de Godefroy, Littré, Brunot, IV, 325.
«On se mit donc à baller bien joyeusement.» (Les Maîtres Sonneurs, 87).
Bannes, paniers, bâches. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Nicot, Littré.
«La troisième (mule) chargée de grandes bannes neuves suivait d’elle-même.» (Les Maîtres Sonneurs, 114, 123).
143
Bâtine, selle. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire. — Complément de Godefroy, Littré.
«Ils dorment… sur la bâtine de leurs mulets.» (Les Maîtres Sonneurs, 78, 114, 125 ; La Mare au Diable, 68, 95).
Besace, sac fermé aux deux extrémités, avec deux ouvertures pour remplir chaque côté de provisions de bouche ; se porte sur l’épaule. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Richelet, Littré.
«Nous vîmes le bout d’un bâton appuyé à terre et la renflure d’une besace pleine.» (Les Maîtres Sonneurs, 329 ; Jeanne, 91).
Besson, jumeau (b’son à Nohant). [Très répandu]
Comte Jaubert, Laisnel de la Salle, II, 23. — Complément de Godefroy, Littré, Brunot, II, 179.
«On reconnut bien vile que c’étaient deux bessons, c’est-à-dire deux jumeaux d’une parfaite ressemblance.» (La Petite Fadette, 6).
(Ce mot a été employé environ 115 fois dans ce roman).
Bette, betterave (biette à Nohant) [Très répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy.
«Nous vîmes Charlot… violet comme une bette à force de hurler.» (Les Maîtres Sonneurs, 233).
Bisque [Bisquer, enrager, seul, est très répandu à Nohant, Saint-Chartier, La Châtre.
Comte Jaubert, Laisnel de la Salle, (Anciennes mœurs, 230).
A La Châtre, les enfants chantent dans les rues cette petite chanson : «Bisque, bisque, enrage, T’auras d’ la moutarde, D’ la moutarde salée. Pour mettre au bout d’ ton nez.»
A Nohant : «Bisque, bisque, enrage. Tu mangeras du cirage!»](1), dépit, rage. [Rare]
Comte Jaubert. (bisquer seulement) ; — Trévoux. p. même Littré (bisquer).
«Il approcha sa bouche tout près de la sienne et l’eût touchée, si, par je ne sais quelle bisque, qui me vint je n’eusse toussé fortemenl pour arrêter le baiser au passage.» (Les Maîtres Sonneurs, 302).
144
Blaude, blouse, (biaude à Nohant). [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire. (biaude), Pierquin de Gembloux, Laisnel de la Salle, I, 335, — Richelet, Littré.
«L’habillement bourbonnais… le faisait ressortir plus dégagé… qu’autrefois ses blaudes de toile et ses gros sabots.» (Les Maîtres Sonneurs, 137).
Boiterie, action de boiter. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Littré. se dit d’un animal).
«Au lieu qu’elle se mettait toujours derrière moi à contrefaire ma boiterie, elle m’a dit bonjour.» (La Petite Fadette, 186, 251).
Bouchure, haie vive qui entoure un pré, un champ. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire. — Trévoux. (boucheture), Littré.
«Le Champi… connaissait si bien… jusqu’aux échaliers des bouchures qu’en pleine nuit il aurait passé… par le plus court chemin de la terre.» (François le Champi, 152 ; La Petite Fadette, 41 ; Les Maîtres Sonneurs, 28).
Boursicot, bourse en toile ou coutil de la forme d’un sac qu’on emportait à la foire. [Très répandu]
Comte Jaubert, supplément — Complément de Godefroy, Littré.
Branchure, branchage. [Rare]
Comte Jaubert, — Godefroy.
«Nous n’étions pas encore là quand vous avez crié après votre boursicot.» (François le Champi, 95).
«La branchure du chêne couvre une grande place herbue.» (Les Maîtres Sonneurs, 40).
Brande, terrain où pousse la bruyère. [Très répandu]
Comte Jaubert, — Complément de Godefroy, Littré.
«Le forestier… dont la maison… surmonte un grand morceau de brande couché en pente.» (Les Maîtres Sonneurs, 37, 120,191 ; La Mare au Diable, 62).
145
Braverie,
1° fierté. [Très répandu]
Comte Jaubert, — Littré, Brunot, III, 127.
«Elle était généreuse par braverie.» (François le Champi, 89).
2° «Elégance, parure, beauté. [Très répandu]
Comte Jaubert, — Nicot, Littré.
«Elle aimait trop la braverie pour n’avoir pas toujours quelque ouvrage dans les mains.» (Les Maîtres Sonneurs, 23).
«Cette jeunesse aime la braverie et tout ce qui rend glorieux.» (Les Maîtres Sonneurs, 111, 101).
«Vous avez pris pour vous la taille, tout l’agrément, toute la braverie de la famille.» (Les Beaux Messieurs de Bois Doré, I, 147).
Brebiage, le troupeau, ensemble des moutons, des brebis, des agneaux. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy.
«Landry… le conduisait voir les grands bœufs, les belles vaches, le brebiage conséquent…» (La Petite Fadette, 47 ; François le Champi, 30).
Broye et braye, instrument pour briser la tige du chanvre, faciliter la décortication. [Très répandu]
Comte Jaubert, — Complément de Godefroy, Littré.
«Je me souviens d’avoir passé ainsi les premières heures de la nuit autour des broyés en mouvement.» (La Mare au Diable, 162 ; Les Légendes rustiques, 38).
Caboche, chouette. [Très répandu]
Comte Jaubert, — Littré, Hatzfeld-Darmsteter-Thomas.
«Elle va faire son train là-haut jusqu’au jour comme les caboches (chouettes). [La parenthèse est dans le texte.].» (Le Meunier d’Angibault, 147).
Cache, s. f, endroit réservé, dissimulé, où on cache quelque chose. [La cache était un endroit secret, pratiqué dans le mur et réservé pour le sel.]. [Répandu]
Jautbert : (cachée), Complément de Godefroy, Littré.
146
«Je mettrai chez toi ma cornemuse en garde et en cache.» (Les Maîtres Sonneurs, 63).
Capiche, long manteau avec capuchon froncé seulement autour du cou ; large revers sur la partie qui encadre la face. [Très répandu]
Comte Jaubert, Coudereau, Jean Tissier, Hugues Lapaire, Laisnel de la Salle, II, 100 — Godefroy, (capuche, tête). Littré : (capuche, capeline).
«Il déplia alors son manteau qui était lié derrière lui avec une belle capiche de femme.» (Les Maîtres Sonneurs, 120).
«Allons, mon parrain, faut pas vous mouiller, faut prendre ma capiche sur votre dos.» (Jeanne, 65).
Carroir (carrui à Nohant).
1° carrefour. Place où les chemins se croisent. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire, Laisnel de la Salle, I, 90. — Godefroy.
«Ma maison… se trouvait bâtie auprès d’un carroir de chemins dont on a retranché depuis la moitié.» (Les Maîtres Sonneurs, 45).
«Une grosse pierre marquée d’une croix… sanctifiait ainsi le carrouer maudit des quatre chemins.» (Jeanne 316, 345).
2° Endroit spacieux et place publique. [Très répandu]
Comte Jaubert, — La-Curne de Sainte Palaye.
«Après quoi, il se mit à dévaler le grand carroir qui est en forme de chemin, sauf qu’il est large comme un champ, et qui est le plus beau communal du monde.» (François le Champi, 151).
Castille, querelle. [Très répandu]
Comte Jaubert — Godefroy, Littré, Brunot, IV, 329.
«Son frère… lui avait cherché castille dans la semaine. (La Petite Fadette, 55).
Cénelle, fruit rouge de l’aubépine. [Très répandu]
Comte Jaubert — Complément de Godefroy, Littré.
«Elle devint rouge comme une cénelle.» (François le Champi, 194).

147
Chagriné, 1° attristé. [Très répandu]
Comte Jaubert. supplément — Complément de Godefroy, Littré.
«Ta mère… est très chagrinée de te voir penser à entrer dans une pareille corporation.» (Les Maîtres Sonneurs, 51, 144).
«Landry s’arrêta… si chagriné de le voir encore dans les larmes.» (La Petite Fadette, 159 ; François le Champi, 97).
2° Grognon, désagréable. [Très répandu] [Les deux derniers sens ne sont indiqués dans aucun lexique.]
«Est-ce qu’il n’y a pas dans votre bourg une autre musette que celle de ce vieux chagriné ?» (Les Maîtres Sonneurs, 92).
3° Accablé. [Très répandu]
«Il ne doit pas être encore trop chagriné par l’âge.» (Les Maîtres Sonneurs, 113).
Champi, enfant abandonné dans les champs [Voir François le Champi, 23.], c’est-à-dire enfant trouvé. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Complément de Godefroy, Littré.
«Ce pauvre champi grelottait tout seul au bord de la fontaine.» (François le Champi, 27). (Le mot est répété environ 135 fois dans ce roman).
«Charlot n’était ni un pauvre champi abandonné, ni un fils de prince.» (Les Maîtres Sonneurs, 237, 239, 327).
Chagnon, nuque. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire. — Godefroy.
«L’homme reçut au chagnon du cou une si jolie empoignade que les yeux durent lui en grossir comme ceux d’un rat pris au pilon.» (Les Maîtres Sonneurs, 170 ; Correspondance, IV, 202).
Chanvreur (chanvreux, Nohant, Saint-Chartier.), ouvrier qui peigne et carde le chanvre. [Très répandu]
Comte Jaubert, Laisnel de la Salle, I, 194 ; — Trévoux : (chanvrier).
«Les chanvreurs sont grands experts en idées de chansons.» (Les Maîtres Sonneurs, 345).
148
(Ce mot revient environ vingt-neuf fois dans la Mare au Diable, et treize fois dans le Champi.) κυρικιμασαηικο
Chapuser, tailler du bois grossièrement et aussi maladroitement. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire — Godefroy.
«Mais il ne coupait rien du tout et, pour tout travail chapusait quelque chose.» (Les Maîtres Sonneurs, 28, 104).
«Il retrouvait quelques bouts de bois que Landry avait chapusés avec sa serpette.» (La Petite Fadette, 41, 241).
Charrière, passage pour une charrette. [Rare]
Comte Jaubert. — Godefroy, Littré.
«Il faut, pensa Landry, que j’aie pris le faux chemin de la charrière.» (La Petite Fadette, 101).
Chebril, chevreau, cabri. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire. — Godefroy.
«Il l’aura apporté chez lui dans une besace, pensant mettre, le soir, un chebril à la broche.» (Les Maîtres Sonneurs, 352 ; La Petite Fadette, 74 ; Jeanne, 110).
Chétiveté [«J’aviens la ch’tiveté, (manque de forces), j’ai pas pu aller, laver mon d’vanteau et mes pores chousses.» «La ch’tiveté me tint !» (Nohant)]

(ch’tiveté à Nohant), état de ce qui est mauvais, méchant. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire. — Godefroy, Littré.
«Il en est d’eux (des prêtres) comme des femmes, qui sont toute bonté ou toute chétiveté.» (François le Champi, 143).
Chevêche, chouette (chavoche à Saint-Chartier.). [Très répandu]
Comte Jaubert. — Complément de Godefroy, Littré.
«Je marchai ainsi toute la nuit… n’entendant que les chevêches qui criaient dans les arbres.» (Les Maîtres Sonneurs, 190).
149
Chimer. pleurer, exaler des plaintes. [Très répandu]
Comte Jaubert, — Littré. Supplément.
«vas-tu chimer comme ça longtemps ? ta mère ne t’entend plus, va !» (Jeanne, 55).
Clairin, sonnette pendue au cou d’un animal, et aussi nom donné à l’animal qui porte cette sonnette. [Très répandu]
Comte Jaubert.: (sonnette), Hugues Lapaire. — Godefroy.
«Moi, j’ai bien entendu et reconnu son clairin.» (Les Maîtres Sonneurs, 63, 66).
«je pris le bon moyen qui fut de m’emparer du clairin et de l’emmener.» (Id. 66, 172, 264, 279, 334).
Comportement, conduite, manière de se comporter. [Très répandu]
Comte Jaubert, — Godefroy, Littré.
«Vous allez me faire excuse de votre comportement. [Très répandu] (Les Maîtres Sonneurs, 78, 140).
«Je sais vos usages et comportements.» (Id. 105).
«Ayez honte de votre vilain comportement.» (Id. 129, 284 ; La Petite Fadette, 82 ; François le Champi, 103 ; Claudie, 230, 278).
Consente, consentant, qui donne son consentement. [Très répandu]
Comte Jaubert, — Godefroy.
«Il vous faut rendre cette femme consente d’un accommodement.» (François le Champi, 197).
Coret, verrou rustique formé d’une cheville de bois que l’on glisse derrière la porte dans un trou de la muraille. [Très répandu]
Comte Jaubert, Supplément, — Godefroy, (coroille).
«Chez la Piaulette, la porte à deux fins fermait en dedans et en dehors à l’aide d’un coret, c’est-à-dire d’une cheville en bois que l’on plante dans un trou de la muraille, d’où vient le vieux mot coriller et décoriller.» (Le Meunier d’Angibault, 279). κυρικιμασαηικο
Coriller, mettre le corel, le verrou. (Acoriller à Nohant) [Très répandu]
Hugues Lapaire, — Godefroy : (coroillier). (Cf. Le Meunier d’Angibault, 279).

150
Corillette petit verrou, petite targette. [Très répandu]
Hugues Lapaire cite George Sand — Godefroy : (coroillet).
«La petite Fadette… tira la corillette, et entra si vite que la porte fut poussée et recorillée [Cf. recoriller p. 132.] avant que le Besson eût pu répondre un mot.» (La Petite Fadette, 113).
Cornemuser. jouer de la cornemese. [Répandu]
Comte Jaubert. (cormeluser) — Godefroy.
«Joseph… ne me paraissait point né pour cornemuser.» (Les Maîtres Sonneurs, 49).
(Mot employé environ sept fois dans ce roman.)
Cornemuseux, celui qui joue de la cornemuse. [Très répandu]
Comte Jaubert — Complément de Godefroy, Littré.
«Tu vas donc te faire cornemuseux… ?» (Les Maîtres Sonneurs, 61 ; mot employé environ 12 fois dans Les Maîtres Sonneurs ; La Mare au Diable. 156 ; Claudie, 222,
253: Le Meunier d’Angibault, 250, 263).
Corporé, robuste, vigoureux. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire. — Godefroy.
«Ils sont chacun … aussi bien corporé que s’il était fils unique.» (La Petite Fadette, 9 ; François le Champi, 125, 163).
Corporence, corpulence, forme corporelle. [Rare]
Comte Jaubert. — Godefroy.
«Eh bien, sa figure me revient et sa corporence aussi.» (Les Maîtres Sonneurs, 139).
Coudrière, lieu planté de noisetiers ; [Répandu] (Branche, buisson de noisetiers). [Très répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy.
«La plus jeune des filles du père Caillaud… les suivit à petits pas jusque dans la coudrière.» (La Petite Fadette, 39).
151
Coûtance [«C’est des coûtances pour nourrir ceux bètes.» Nohant], prix. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire — Godefroy (coutange), Littré, (id.).
«Peut-être qu’il croit que je touche mon gage, et qu’il le trouve de trop grande coûtance.» (François le Champi, 112).
Coûtanceux, cher, coûteux. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire. — Godefroy, (coutangeux).
«vous m’avez mis à cent écus, ce qui est un prix fort coûtanceux pour vous.» (François le Champi, 131).
Couvraille, semailles. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Littré.
«Sur le jour, Landry étant occupé à la couvraille, vit passer la petite Fadette.» (La Petite Fadette, 163).
Croquabeilles, mésange (croquabeuilles à Nohant) [Très répandu]
Comte Jaubert. — Littré.
«Tu monteras aussi sur un grand cormier, pour dénicher les croquabeilles.» (François le Champi, 72).
Déchagriner, enlever le chagrin, consoler. [Rare]
Comte Jaubert. — Godefroy, Littré.
«J’ai donné mes meubles à ma tante, il le fallait bien pour la déchagriner un peu.» (Jeanne, 126).
Décoriller, enlever le coret. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy, (descoriller). Cf, p. 132. 145,150,151).
Demeurance. s. f. demeure, habitation. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy.
«Je causais… avec Brulette pour lui faire les honneurs de ma demeurance.» (Les Maîtres Sonneurs, 53. 101, 262, 299 ; La Petite Fadette,
64, 168: François le Champi, 141, 153, 179: Claudie, 295).
De quoi (le), le bien, la fortune. [Très répandu]
Comte Jaubert — Godefroy, Richelet, Littré.

152
«Auriez-vous pris déjà idée de l’épouser ? Elle a du de quoi, elle. Son frère n’a pu toucher à son bien.» (François le Champi, 175).
«El voire idée… ça serait… un bon sujet… qui ne vous mangerait point votre de quoi.» (Claudie, 223).
Désenfargé, débarrassé, celui auquel on à oté les enferges. [Très répandu]
Comte Jaubert. — La-Curne de Sainte Palaye.
«(Il) courut comme un désenfargé. (François le Champi, 202 ; Claudie, 224).
Détarder (se) [A Nohant : «La pendule détarde.»], tarder, retarder, différer, perdre du temps. [Très répandu]
Comte Jaubert — Godefroy.
«Je me détardai un peu pour ne pas me faire voir.» (Les Maîtres Sonneurs, 188, 270).
Dévaller, descendre une pente.
Comte Jaubert, Hugues Lapaire, Pierquin de Gembloux, — Godefroy, Littré., Brunot, IV, 334.
«Je dévalle par le bourg pour voir si chaque chose était en sa place.» (Les Maîtres Sonneurs, 223).
«Dévalle le pré, et lu le verras au rivet de l’eau.» (La Petite Fadette, 109 ; François le Champi, 95, 151).
Devanteau, tablier. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire, Laisnel de la Salle, I, 341 — Godefroy.
«C’était bien toujours son pauvre dressage, son jupon de droguet, son devantean rouge, et sa coiffe de linge sans dentelle.» (La Petite Fadette, 172 ; La Mare au Diable, 177).
Dévide, dévidoir. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy : (devideau), Littré : (dévidoué pour Berry).
«(Les fadets… qui aiment à)… vous faire défaire vos pelotons en tournant le dévide à l’envers.» (Jeanne, 230).
153
Dormille, sommeil, léger somme. [Répandu]
Comte Jaubert — Godefroy.
«vous aimez la dormille.» (François le Champi, 187).
«On fait tant seulement un petit bout de dormille… par le grand chaud.» (Le péché de M. Antoine, I, 54).
doutance [A Nohant : Y a des doutances ; J’ai bin d’ la doutance là-dessus.]. doute, soupçon. [Très répandu] à La Châtre
Comte Jaubert, — Godefroy.
«J’avais bien une doutance que ça faisait partie de la bande à l’homme noir.» (Les Maîtres Sonneurs, 65, 106, 128, 157, 198, 316 ; Claudie, 256).
Droguet s. m. étoffe grossière dont la chaîne est de fil et la trame de laine. [Très répandu]
Pierquin de Gembloux, — Trévoux, Littré.
«Son cotillon de droguet était trop court de deux mains.» (La Petite Fadette, 118, 172).
Echalier, petite échelle pratiquée dans une haie pour permettre aux piétons de la franchir facilement. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Complément de Godefroy, Littré.
«Il connaissait si bien toutes les traînes… et jusqu’aux échaliers des bouchures.» (François le Champi, 152).
«Nous vîmes… deux paires de pieds qui s’en allaient vers notre échilier.» (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, II, 58 ; lmpressions et Souvenirs, 300).
Eduqué, élevé, formé par l’éducation. [Répandu]
Comte Jaubert. — Complément de Godefroy, Littré.
«Elle l’avait trouvé si mal éduqué.» (Maîtres Sonneurs, 353).
Egrôlé, démoli, effondré. [Répandu]
Comte Jaubert, — La-Curne de Sainte Palaye, (groler).
«Le four était moitié égrôlé par l’efforce de la gelée.» (François le Champi, 153).

154
Emalicer, impatienter, irriter, fâcher. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire. — Godefroy (emmalié, emmaligné).
«Est-ce que le dos te démange quand tu me vois ? lui dis-je, un peu émalicé. (Les Maîtres Sonneurs, 29, 58, 120, 304).
«Il y a longlemps que tu veux m’émalicer en m’appelant moitié de garçon.» (La Petite Fadette, 69).
Encharger,
1° recommander, commander. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire. — Oudin. Curiositez françaises), Littré, Brunot, IV, 251.
«Sa mère… m’a tant enchargé de penser pour deux, que j’y tâche de n’y point manquer.» (Les Maîtres Sonneurs, 9, 151 ; Jeanne, 100, 109).
2° Se charger de :
«Elle avait l’œil à ses hardes… et mêmement s’enchargeait de les renouveler.» (Les Maîtres Sonneurs, 27).
Enfarges, entraves qu’on met aux pieds des chevaux quand ils sont en liberté. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire — Godefroy.
«Toutes les juments avaient des enfarges aux pieds.» (La Petite Fadette, 92 ; La Mare au Diable, 48).
Enfroidi (enfredi à Nohant), refroidi, glacé. [Répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy.
«J’étais enfroidi de cette sorte de crainte qu’on ne peut pas s’expliquer à soi-même.» (Les Maîtres Sonneurs, 39).
Ennuyance, chagrin, ennui. [Répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy.
«Je vous dis… qu’il mourra, soit d’un coup de colère et de folie, soit d’une languition d’ennnuyance et de dégoût.» (Claudie, 286).
Ensuivant, adj. suivant. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy, Littré.
155
«Le dimanche ensuivant… je lui demandai de l’accompagner.» (Les Maîtres Sonneurs, 33, 108, 142 ; François le Champi, 140, 147).
Entours (les), s. m. p. les environs un peu éloignés, l’extrémité de la commune. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy, Littré.
«Les noyers… étaient les plus vieux et les plus gros de deux lieues aux eutours.» (La Petite Fadette, 6, 106).
Epeurer, épouvanter, effrayer. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy.
«Je ne me souviens point de l’avoir jamais vu bien réjoui, ni bien épeuré, ni bien content.» (Les Maîtres Sonneurs, 10).
«Une chose… m’épeura comme un petit enfant.» (Les Maîtres Sonneurs, 39, 59, 172, 326, 363 ; La Petite Fadette, 105, 107, 161 ; François le Champi, 160, 184 ;
Jeanne, 123 ; Nanon, 36 ; Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, II, 119 ; Les Légendes rustiques, 22, 47).
Essotir, abasourdir, troubler, interloquer. [Très répandu]
Comte Jaubert. (essotir, essoté) ; Laisnel de la Salle, Anciennes mœurs, 228 ; — Godefroy. (essoté, sot).
«Nous nous regardions tous les trois dans les yeux, comme trois essottis.» (Les Maîtres Sonneurs, 273).
«Il ne parle pas ; et il est là comme un essoti.» (François le Champi, 164).
«La petite Fadette ne se laisse pas essotir par l’air froid du père Barbeau.» (La Petite Fadette, 241, 267).
«Je restais là, tout essoti.» (Le péché de M. Antoine, I, 78).
Faraud, vaniteux, fier, fat. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Littré.
«Il s’agit bien de ce faraud aux oreilles percées ! fit-elle en riant.» (Les Maîtres Sonneurs, 103).
«Ça ne serait pas la première fois qu’il se vanterait d’être bien avec une femme qui ne le connaîtrait seulement point. C’est la coutume des farauds comme lui.» (Claudie, 272).
«Mais ce qu’elle m’a dit pour vous, faut-il vous le redire ? Vous n’en serez pas trop faraud ?» (Les Beaux Messieurs de Bois Doré, I, 82).
156
Fiance, confiance, foi. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy, Littré.
«Il n’y a pas de fiance à avoir dans la parole du besson Landry.» (La Petite Fadette, 75).
«Allons, je ne lui donne ni fiance ni regret.» (Claudie, 240 ; Les Maîtres Sonneurs, 98).
Finassier, rusé. [Répandu]
Comte Jaubert. — Trévoux, Littré.
«Tu me prends pour une bête ! — Non pas ; mais pour un rêveux, un peu finassier, un peu curieux, un peu fafiot enfin !» (Claudie, 229).
Finissement, fin, achèvement. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy, Littré.
«Ces affaires-là ne prendront donc point finissement.» (Claudie, 222).
Flûter, jouer de la flûte.
Comte Jaubert. — Godefroy, Littré.
«Quand il veut flûter. il s’en va le dimanche, et mêmement la nuit, dans des endroits non fréquentés où il flûte à sa guise.» (Les Maîtres Sonneurs, 49. 52, 63, etc.).
(Ce mot est répété une dizaine de fois aux pages 49-58, même ouvrage.)
Folleté, folie, folie d’amour, caprice s’emploie à La Châtre). [Répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy.
«Je sentais ma téte s’en aller en des folletés d’amour.» (Les Maîtres Sonneurs, 17. 29, 256, 323 : La Petite Fadette, 178 ; François le Champi, 233: Claudie, 228, 260, 270).
«C’est pas des folletés. Jeanne… accoutes-tu ?» (Jeanne, 115, 255).
Fouger, foyer. [Répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy.
«Mais la Catherine qui s’était baissée sur le fouger… se retira tout épeurée.» (François le Champi, 160).

157
Foulé, écrasé au fig. de telle sorte qu’on ne puisse se relever. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Nicot, Littré.
«Est-ce qu’il a été foulé de misère et de chagrin comme nous?» (Claudie, 281 ; La Petite Fadette, 204).
Fretat, (fretin à Saint-Chartier), menues branches d’un fourré qui gênent le passage. [Répandu]
Comte Jaubert. (fertier). — Littré. (fretier).
«Ce n’était que ronces et fretais.» (Les Maîtres Sonneurs, 38).
Fromentée, bouillie faite avec de la farine de froment. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy, Littré.
«Il courut chercher Madelon pour l’inviter à venir sous la ramée manger de la fromentée avec lui.» (La Petite Fadette, 120).
Galerne, vent du Nord-Ouest, terme de marine. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire, Pierquin de Gembloux — Complément de Godefroy, Littré.
«Les maîtresses branches… sont souvent battues du vent de galerne.» (Les Maîtres Sonneurs, 191).
«Le bon clocher de Montipouret… n’est pas chiche de se montrer… pour vous dire si vous tournez en bise ou en galerne.» (François le Champi, 152).
Gâne, chemin boueux, difficile. [Très répandu] [On s’est engané (embourbé). Quel gagna qu’avait là-bas ! J’ me su engané dans le vivier.].
Comte Jaubert. — La-Curne de Sainte Palaye.
«Nous approchions de la seconde gâne, où son père et le mien recommençaient l’un à tirer son cheval, l’autre à pousser sa roue.» (Les Maîtres Sonneurs, 19).
«La Gâgne-aux-demoiselles est une fosse herbue qui a bien un demi quart de lieue de long. Ce ne serait pas une petite affaire de remuer toute cette vase.» (Les Légendes rustiques. 21).
(Elle est inconnue actuellement).
Gêmer, gémir, faire entendre des gémissements.
Comte Jaubert. — Godefroy, Littré.
«Pas putôt recouchée, ça gémait encore.» (Correspondance IV, 203).
Gente, gentille, gracieuse, jolie. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire, Pierquin de Gembloux, — La-Curne de Sainte Palaye, Littré.
«Vous pouvez passer à cette heure pour une très gente fille.» (La Petite Fadette, 247).
Grelet, grillon. [Très répandu] (guerlet à Nohant).
Comte Jaubert, Hugues Lapaire, Laisnel de la Salle, 303. — Godefroy.
«…Il eut craint d’éveiller même les grelets et les moucherons cachés dans l’herbe.» (Les Maîtres Sonneurs, 193).
Dans la Petite Fadette, ce mot revient 44 fois environ.
Grouillant, remuant, bouillant, agité. [Répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy, Littré.
«…Je venais à bout de tenir mon corps tranquille et de rasseoir mes esprits grouillants.» (Les Maîtres Sonneurs, 8).
« Il était d’un sang si chaud et si grouillant.» (Id. 142).
«Ces ruisseaux grouillant [Que la vie est bonne quand tout ce qu’on aime est vivant et grouillant.»(A Flaubert, 22 novembre 1872).] dans les ravines.» (Id. 125, 191 ; La Petite Fadette, 15, 77, 184).
Héserbeur. Ce mot ne paraît pas avoir cours à Nohant et aux environs. Il a été employé par Laisnel de la Salle (Anciennes mœurs, p. 213) avec cette note : «héserbeuses, femmes que l’on paie pour arracher l’herbe des jardins.»
Comte Jaubert. (esharber) ; — Littré. : (esherber).
159
«Faisant imitation en petit de ce qu’ils voient faire aux laboureurs, semeurs, herseurs et héserbeurs.» (La Petite Fadette, 53).
Hontable, honteux. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire. — Godefroy.
«Vous pensez que ce serait hontable pour moi d’épouser le fils de mon métayer.» (Claudie, 264).
Huis, ouverture, porte, fenêtre (huisse à Nohant). [Répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy, Littré., Brunot, III, 135.
«A travers la fente de l’huis, je vis qu’on se formait en rassemblements.» (Les Maîtres Sonneurs, 346).
«La-dessus le chanvreur ferma à grand bruit l’huis de la lucarne.» (La Mare au Diable, 171).
«Ces huis de la chaumière se composaient d’une seule porte coupée en deux transversalement, la partie supérieure servant de fenêtre pour donner de l’air et du jour.»
(Le Meunier d’Angibault, 279).
«Ce logis… avait pour tous huis deux petits trous carrés.» (Les Beaux Messieurs de Bois Doré, I, 94 ; II, 37, 85, etc.).
Huisseries. A Nohant, c’est la petite fenêtre, la porte avec ses deux battants, le chambranle, et même l’imposte placée en haut de la porte.
Coudereau : (pas de la porte) ; Laisnel de la Salle, I, 84 ; — Godefroy, Littré.
«A l’heure dite, j’étais devant ma porte, ayant poussé toutes les huisseries pour que les passants me crussent couché.»
(Les Maîtres Sonneurs, 53 ; Le Meunier d’Angibault, 279 ; Nanon, 36 : Jeanne, 208).
«Un chien… sortit de l’huisserie.» (François le Champi, 154, 225 ; Les Maîtres Sonneurs, 314 ; Le Diable aux Champs, 15).
«Le vent… devançait de rapidité les servantes essoufflées, et renvoyait à leur nez les battants de ces lourdes huisseries où les ouvriers… n’ont épargné ni le bois de chêne ni le ferrage.» (Le péché de M. Antoine. I, 7).
Huisset, petit huis, petite porte. [Rare] Se dit peu aux environs de Nohant ; cependant à La Châtre, il y a la rue de Lucet (huisset).
Comte Jaubert. — La-Curne de Sainte Palaye.

160
«La tour de l’huisset… avait une petite herse de fer et de bonnes portes de plein chêne.» (Les Beaux Messieurs de Bois Doré, II, 75, etc.).
Imaginant, difficile à imaginer, à se figurer, à croire. [Très répandu]
Comte Jaubert, Laisnel de la Salle, I, 222, — Godefroy.
«La piste des mulets sur nos chemins fut une chose imaginante.» (Les Maîtres Sonneurs, 81 ; La Petite Fadette, 208 ; Les Beaux Messieurs de Bois Doré, II, 38).
«Ce qu’il y a de plus imaginant, c’est qu’il parle de la petite Fadette comme du bon Dieu.» (La Petite Fadette, 280).
Imbriaque et imberriaque, sot, ébêté comme un homme ivre. [Très répandu] Se dit daus le Cher sous la forme : imbériat, [Répandu]
Comte Jaubert. — Trévoux, Littré., Brunot, IV, 343.
«Vous êtes un véritable imbriaque, mon ami, dit ma tante à Huriel.» (Les Maîtres Sonneurs, 269).
«Cherchez-le donc tout seul votre imbriaque de besson.» (La Petite Fadette, 70).
«On avait conclu que l’Anglais était imberriaque, c’est-ià-dire un peu fou.» (Jeanne, 240).
Ivré, enivré (se dit à La Châtre, Saint-Chartier.). [Répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy.
«Il y avait tant de feu sur leurs visages, elle paraissait si ivrée au dedans, et lui au dehors…» (Les Maîtres Sonneurs, 283, 342).
Jambée (mal), avoir les jambes mal faites. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Littré.
«Il était ébiganché et mal jambé de naissance.» (La Petite Fadette, 68).
Jappe, caquet, babil. [Répandu]
Comte Jaubert. — Trévoux, Littré.
«Tu as une belle jappe.» (La Petite Fadette, 165).
Joncière. lieu couvert de joncs, jonchière à Nohant. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy.
161
«Diantre !… je crois bien que mon père échangerait de bon cœur, si on lui donnait les grands foins du père Caillaud pour sa joncière du bord de l’eau.» (La Petite Fadette, 49).
(Ce mot est répété environ quatorze fois de 49-169, même ouvrage).
Joûter.
1° : joindre, être limitrophe, toucher. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire. — Godefroy, Littré.
«Un petit bois anciennement cultivé en garenne qui joûte le château ruiné.» (Les Maîtres Sonneurs, 248).
2°: signifie aussi lutter avec [Rare] (Ce sens n’est pas dans Comte Jaubert.).
Complément de Godefroy
«Cela se connaît à la science et pas un de chez nous n’y pourrait joûter.» (Les Maîtres Sonneurs, 213).
«Ça n’est aucun de vous qui pourrait joûter avec ce gars.» (Les Maîtres Sonneurs, 346).
Jurement, serment. [Rare]
Comte Jaubert. — Godefroy, Littré.
«Vous vous verrez entraîné à trahir les jurements que vous avez faits à votre confrérie.» (Les Maîtres Sonneurs, 259, 75, 128).
«Mon jurement en est fait.» (Jeanne, 72.)
Landiers, gros chenets de fer. [Très répandu]
Comte Jaubert, Coudereau, Pierquin de Gembloux, — Godefroy, Littré.
«S’il nous ennuie, je lui jette… un landier à la tête.» (François le Champi, 161).
«Le facétieux fossoyeur… s’empara donc du trophée sans difficulté et le jeta en travers sur les landiers.» (La Mare au Diable, 180).
Languition, langueur. [Répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy. (languisson).
«J’avais comme une languition sotte qui me faisait regarder toutes les filles sans oser leur dire un mot.» (Les Maîtres Sonneurs, 17).
162
«Je vous dis qu’il ne pleurera point et qu’il en mourra soit d’un coup de colère et de folie soit d’une languition d’ennuyance et de dégoût.» (Claudie, 286 ; Les Légendes rustiques, 143-144).
Lavandière [On dit à Nohant filandière, (voir ce mot) et lisanguier.], être fabuleux, laveuse de nuit. [Rare], peut-être [Répandu] anciennement.
Comte Jaubert. — Monet et Littré : (laveuse simplement).
«On entend, durant la nuit, le battoir précipité et le clapotement furieux des lavandières fantastiques.» (Les Légendes rustiques, 30).
Livot, buse. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Littré.
«Laissez pousser le bec du livot (la buse) [La traduction est de George Sand.] et vous verrez comme il tombera sur votre poulailler !» (Le péché de M. Antoine, I, 29).
Locature [Dans la Vallée Noire, locature ne signifie pas seulement maison louée ; le plus souvent cette maison est accompagnée de terres qui n’excèdent guère 8 hectares.] maison de cultivateur louée. [Très répandu]
Comte Jaubert : (maison sans labourage) ; — Godefroy, Littré Supplément.
«La maison appartenait au vieux, et il en avait loué la plus petite moitié à cette femme veuve…. Elle s’estimait heureuse de ne pas payer gros pour sa locature.» (Les Maîtres Sonneurs, 6).
«Le logement de la Mariton avait été loué à la mère Lamouche,… qui se dépêcha de servir les Brulet,… espérant par là être écoutée quand elle remontrerait ne pouvoir
payer les dix écus de sa locature.» (Id. 22). κυρικιμασαηικο
«Nous n’avons pas même de maison ; nous payons loyer d’une petite locature.» (Claudie, 239, 222).
Loquetoir, loquet ou clé. [Très répandu]
Comte Jaubert. : p. m. sens. — Godefroy : (loquetière), Littré Supplément. (loqueteau).

163
«Trouvant grande ouverte la porte que j’avais fermée au loquetoir [Nous voyons par ce qui suit que loquetoir ici signifie bien loquet : «J’ai poussé le loquet. Pourquoi n’avez-vous pas de serrure si vous craignez les voleurs ?» (Les Maîtres Sonneurs, 71).]
j’avançai sans froidir.» (Les Maîtres Sonneurs, 70).
Malcontent, mécontent. [Répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy.
«La Madelon était bien mal contente.» (La Petite Fadette, 119).
Malpatient, impatient. [Répandu]
Comte Jaubert. — Cotgrave.
«Il n’y avait point d’homme plus malpatient que lui en fait d’ouvrage.» (Les Maîtres Sonneurs, 171).
Mandrer, diminuer, amoindrir. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy.
«Le nombre des forges et usines qui consomment encore du charbon de bois est bien mandré.» (Les Maîtres Sonneurs, 143).
«(Ils) souhaitaient voir mandrer le nombre des ménétriers par la retraite du vieux Carnat.» (Id. 344).
«Comment, me dit le patron qui relevait de sa maladie et qui était beaucoup blêmi et mandré.» (Id. 343).
«Et voilà ce qui a mandré le prix du service que tu m’as rendu.» (La Petite Fadette, 109).
Marmonner, marmotter, parler à voix basse, entre les dents. [Rare]
Comte Jaubert. — Complément de Godefroy
«Il leva la tête… se remit à marmonner tout bas ses oremus.» (Les Maîtres Sonneurs, 192).
«Des rochers au long desquels marmonnait un gentil ruisselet.» (Id. 130).
Marsèche, variété d’orge qu’on sème au printemps. [Très répandu]
Comte Jaubert, Coudereau, Jean Tissier. — Godefroy.
164
«Je vis trois autres bêtes pareilles dans la marsèche à mon beau-frère.» (Les Maîtres Sonneurs, 66).
Masé, fourmi. [Très répandu]
Comte Jaubert., Hugues Lapaire. — Godefroy : (masel).
«De vieux campagnards riches… soutiennent que les voitures suspendues donnent des masés, c’est-à-dire des engourdissement dans les mollets. (Le Meunier d’Angibault, 30).
Mauvaisement, grièvement, méchamment. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy, Littré.
«Huriel et moi, l’avions pris en traître et mauvaisement frappé.» (Les Maîtres Sonneurs, 177).
«Joseph… qui continua de rire mauvaisement.» (Id. 308.)
«La Zabelle l’avait frappé mauvaisement et voulait se défaire de lui.» (François le Champi, 51).
Mauvaiseté, méchanceté. [Répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy, Brunot, III, 115.
«Cette mauvaiseté d’enfant chagrina grandement Landry.» (La Petite Fadette, 52).
«Il eut du dépit de ce qu’elle ne répondait rien à ses mauvaisetés.» (François le Champi, 41 ; Les Légendes rustiques. 72).
Menterie, mensonge. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire. — Complément de Godefroy
«La plus forte des menteries… c’est que Chariot n’était ni un pauvre Champi abandonné, ni un fils de prince.» (Les Maîtres Sonneurs, 237 ; La Petite Fadette, 178 ; François le Champi, 184 ; La Mare au Diable, 170 ; Claudie, 259 ; Jeanne, 254).
Mitan et mitant, s. m, milieu, se dit à propos de tout. [Très répandu]
Comte Jaubert, Jean Tissier, Laisnel de la Salle, II, 188. — Godefroy.
«La flûterie de Joset s’arrêta comme coupée net au beau mitant.» (Les Maîtres Sonneurs, 57).
«Huriel me dit qu’ils n’étaient foisonnants que dans le mitant du pays bourbonnais.» (Id., 129, 134, 191, 369 ; Jeanne 267 ; Les Beaux Messieurs de Bois Doré, II. 180).

165
Moquable, dont on peut se moquer, qui donne prise à la raillerie. [Répandu]
Coudereau : (moquard). — Godefroy.
«Ce vieillard si moquable était pris au sérieux par la plupart des siens.» (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, I, 85).
Mouver (se), se mouvoir. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy.
«On le jugeait malade parce qu’il se mouvait lentement.» (Les Maîtres Sonneurs, 25).
Etre mouvé, remué, ému.
«Je m’accoutumais si bien à cette nouvelle sorte de musique que j’en étais mouvé aussi au dedans de moi.» (Id., 57).
Muscadettes, petites prunes vertes. [Très répandu]
Comte Jaubert : (muscadet). — Godefroy : (vin muscadet).
«Quel âge as-tu donc ? — Dix-huit ans aux muscadettes. — Dans deux mois ; tu me rappelles la campagne, ces bonnes petites prunes vertes…» (Nanon. 153).
Musette, sorte de cornemuse. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Complément de Godefroy.
«Tu trouveras ailleurs l’instruction qu’il te faut pour sonner la musette ou la vielle.» (Les Maîtres Sonneurs, 209 ; La Petite Fadette, 133).
Musiquer, faire de la musique, au sens favorable. [Répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire. — Complément de Godefroy
«Ne te dépêche pas de dire qu’il est incapable de musiquer.» (Les Maîtres Sonneurs, 47-48).
«Encore que je ne fasse point mon état de musiquer, j’en sais un peu plus long que vous.» (Id, 88, 91, 112, 156, 165, 386).
Noise, bruit, (niaise, à Saint-Chartier). [Très répandu]
Godefroy, Brunot, II, 188.
166
«Il écarta subtilement la courtine sans faire noise ni question.» (François le Champi, 155).
Il signifie aussi querelle. [Très répandu]
Godefroy, Littré.
«Les autres te chercheront noise.» (Les Maîtres Sonneurs, 51).
Nuisance, dommage, préjudice. [Très répandu]
Comte Jaubert. — La-Curne de Sainte Palaye, Littré, Brunot, III, 116. •
«La chose peut s’arranger sans vous porter nuisance.» (François le Champi, 146).
«Je ne croyais point que la maladie de mon père vous eût porté nuisance.» (Claudie, 274 ; Les Légendes rustiques. 115).
Nuitée, nuit. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy, La-Curne de Sainte Palaye, Littré.
«Lorsque l’on fut séparé pour la nuitée… » (Le Meunier d’Angibault, 179).
«Il entendra la nuitée des vacarmes et rebatements.» (Les Beaux Messieurs de Bois Doré, II, 38).
Oisil, osier, (oisi à Saint-Chartier.). [Très répandu]
Comte Jaubert, Coudereau, Jean Tissier. — Godefroy.
«Si vos sabots sont fendus, vous pouvez chercher par terre, vous trouverez bien un brin d’oisil (d’osier) [La traduction est dans le texte. À Nohant, on appelle encore oisils les corbeilles dans lesquelles on met la pâte du pain.] pour faire des arcelets.» (La Mare au
Diable,166).
Orblutes [Les yeux m’en boblutent (Saint-Chartier).] éblouissement. [Répandu]
Comte Jaubert. — La-Curne de Sainte Palaye : orbe.
«Il en avait encore les orblutes qui sont petites boules noires, rouges ou bleues, lesquelles nous semblent être devant nos yeux quand nous avons regardé avec trop d’assurance les orbes du soleil ou de la lune.» (La Petite Fadette, 115 ; Les Maîtres Sonneurs,
181).
167 κυρικιμασαηικο
Ouaille, brebis, mouton en général. [Très répandu]
Comte Jaubert, Coudereau, Hugues Lapaire, Jean Tissier. — Godefroy, Littré.
«Comme c’était dimanche, la petite Fadette ne cousait ni ne filait en gardant ses ouailles.» (La Petite Fadette, 174, 148 ; Les Maîtres Sonneurs, 14, 29, 42, 57, 236, 294 ; François le Champi, 105, 194, 207, 219 ; Claudie, 290 ; Jeanne 35, 279 ; Nanon, 6, 15,
24, 29).
Oubliance, oubli, omission. [Répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy, Littré, Brunot, III, 117.
«Je pensai à Dieu, idée qui ne me venait peut-être pas assez souvent dans ce temps de jeunesse et d’onbliance.» (Les Maîtres Sonneurs, 290-291).
«Ne le mettez pas en ouhliance.» (La Petite Fadette, 10 ; François le Champi, 133, 163 ; Claudie, 244).
Ouche, verger, jardin entouré de haies. [Répandu]
Comte Jaubert, Coudereau, — Godefroy, La-Curne de Sainte Palaye, Littré.
«Un beau verger que nous appelons chez nous une ouche, où le fruit abondait, tant en prunes qu’en guignes, en poires et en cormes.» (La Petite Fadette, 6, 39, 119, 201 ; Les Beaux Messieurs de Bois Doré, II, 56).
Pailloux, peilloux, couvert de paille, couvert de guenilles [Le chiffonnier s’appelle peillereau à Saint-Chartier, La Châtre. (Cf. peille p. 169.] [Très répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy.
«On l’appelle indifféremment le pailloux, parce qu’il est coiffé d’une perruque de paille ou de chanvre, et que, pour cacher sa nudité mal garantie par ses guenilles, il s’entoure les jambes et une partie du corps de paille. Il se fait aussi un gros ventre et une bosse
avec de la paille ou du foin caché sous sa blouse… Le peilloux, parce qu’il est couvert de peille (de guenilles).» (La Mare au Diable. 192).
168
Parlage, langue, parler. [Répandu]
Comte Jaubert. (p. m. s.), Littré. (p. m. s.).
«Cela le fît ressouvenir d’une chanson bien ancienne que lui disait sa mère Zabelle pour l’endormir dans le parlage du vieux temps de notre pays.» (François le Champi, 237).
Patache, voiture. [Très répandu]
Comte Jaubert, Laisnel de la Salle, II, 159. — Littré.
«Toutes les pataches de la ville étaient en campagne… Celle que Marcelle eut la mauvaise chance de rencontrer était de la plus pure fabrication indigène et un antiquaire l’eut contemplée avec respect. Elle était longue et basse comme un cercueil ; aucune espèce
de ressort ne gênait ses allures, les roues aussi hautes que la capote pouvaient braver ces fossés bourbeux qui sillonnent nos routes de traverse… Enfin la capote elle-même n’était qu’un tissu d’osier confortablement enduit à l’intérieur de bourre et de terre gâchée,
dont chaque cahot un peu accentué détachait des fragments sur la tête des voyageurs.» (Le Meunier d’Angibault, 29).
Patachon, conducteur de la voiture appelée patache. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Littré.
«Le patachon, c’est-à-dire le conducteur, assis de côté sur le brancard, les jambes pendantes.» (Le Meunier d’Angibault, 30, 34, etc. ; 14 fois environ).
Patouiller, barboter. [Très répandu]
Comte Jaubert. (p. m. s. que dans George Sand), Jean Tissier, Hugues Lapaire. — Complément de Godefroy
«L’eau, arrêtée pour son usage, faisait, suivant l’expression du pays, patouiller leurs moulins en produisant contre leurs roues un mouvement contraire qui en paralysait la rotation à certaines heures.» (Le péché de M. Antoine, II, 32).
«Déjà vos digues et vos réservoirs font patouiller tous les petits moulins.» (Id., I, 175).
169
Pàtour [Dans Jeanne, George Sand fait appeler Jeanne d’Arc, la grande Pastoure p. 233, 234 ; il est possible qu’autrefois les paysans berrichons aient donne ce nom à la bergère de Domrémy.], berger, bergère. [Répandu] autrefois. Connu encore à Saint-Chartier,
à Nohant, mais rarement employé.
Comte Jaubert, Laisnel de la Salle, I, 89, II, 121. — Godefroy, Littré Supplément.
«Il se mit donc à siffler comme s’il appelait les merles pour les faire chanter, ainsi que font les pâtours quand ils suivent les buissons à la nuit tombante.» (La Petite Fadette, 80).
«II l’avait vue gambiller dans les champs… avec les pâtours.» (Id. 114).
«Au lieu de rechercher les autres pastours pour se divertir, il s’était élevé tout seul.» (François le Champi, 75, 194).
«Trois moutons pour une pastoure, ce n’est guère.» (La Mare au Diable. 43, 69, 74, 157 ; Nanon, 25 ; Jeanne 280, 314, 335, 340, 343),
Paturai, paturage. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy, Littré, Supplément.
«C’était dans le patural qui est au bout du chemin aux Napes… La Mariette étant à garder ses ouailles au bord de la rivière…» (François le Champi, 207, 208 ; Les Légendes rustiques. 51).
Patureau [Voir Histoire de ma vie, III, 41. Actuellement les paturaux n’occupent qu’une faible étendue. Toutes les terres sont cultivées.] est plus répandu.
Comte Jaubert. — Godefroy, Littré.
«Nous partions en bandes le matin, à travers les prés et les patureaux.» (Les Maîtres Sonneurs, 10.).
Peille, guenille, chiffon. [Très répandu]
Comte Jaubert, Jean Tissier, Hugues Lapaire. — Godefroy, Littré.
« On l’appelle… le peilloux parce qu’il est couvert de peille (de guenilles).» (La Mare au Diable, 193 ; Les Légendes rustiques, 38).
«Quand une personne est morte dans une maison, s’il y a des abeilles et qu’on ne mette pas vitement une peille [Une note au bas de la page traduit peille par chiffon.] noire aux ruches, toutes les abeilles meurent dans l’année.» (Correspondance, IV, d. 204).
Pertuis [Pertuis signifie encore, à Nohant, passage : Saute don dans 1′ pertu pour vouère où est la j’ment.»] trou (pertu à Nohant.).
Comte Jaubert. — La-Curne de Sainte Palaye, Littré, Brunot, IV, 260.
«Il arriva au domaine des Dollins… sans avoir ouvert l’oreille grand comme un pertuis d’aiguille à ses honnêtetés.» (François le Champi, 97 ; Les Légendes rustiques, 68).
Petit (un) [A-vous des fru? — Oui bin, y en a bin un p’tit.» (Nohant).
Manger un p’tit. (Saint-Chartier).] un peu. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy, Littré., Brunot, III, 373.
«Ouvrant la porte un petit, j’avisai dehors.» (Les Maîtres Sonneurs, 59).
«Le meunier fit réparer un petit le toit de sa maison.» (François le Champi, 35, 169).
Pichet, récipient pour le vin en forme d’amphore, (ordinairement en terre). [Très répandu]
Comte Jaubert, Coudereau, Jean Tissier, Hugues Lapaire, Laisnel de la Salle, Anciennes mœurs, 307. — Godefroy, Littré.
«Trois pichets de deux pintes y passèrent. » (Les Maîtres Sonneurs, 75, 343, 381).
«Il lui fit vitement donner la soupe et un pichet de vin pour lui remettre le cœur.» (La Petite Fadette, 33 : Le Meunier d’Angibault, 198, etc. (8 fois environ) ; Jeanne, 85 : Mauprat, 227 ; Les Beaux Messieurs de Bois Doré, II, 55 ; lmpressions et Souvenirs, 307).
Pistole, pièce d’or. [Très répandu]
Comte Jaubert., Hugues Lapaire, — Complément de Godefroy.

171
«Tu hérites pour ta part de deux mille belles pistoles sonnantes.» (La Petite Fadette, 247).
«Voilà une pistole pour faire le voyage.» (François le Champi, 47).
Pive, bouvreuil. [Très répandu]
Comte Jaubert. [Comte Jaubert. donne en entier la citation ci-dessus ; à propos de cortiviot, livardiot, etc, il pense que le sens de ces mots est perdu, « ou bien ce sont des agréments rustiques de chant, des floritures qui n’ont pas de sens.» Je n’ai pu trouver chez
les paysans l’explication de ces mots.]. — La-Curne de Sainte Palaye, Littré.
«Il vit une belle pive que dans d’autres endroits on appelle bouvreuil…»
… «Une pive
Cortive
Avec ses piviots
Cortiviots,
Livardiots
S’en va pivant
Livardiant
Cortiviant.»
(François le Champi, 237).
Plateau blanc, nénuphar. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Littré.
«Une mince rivière qui a nom la Portefeuille, parce que, de ce temps-là du moins, elle était toute couverte de grandes nappes du plateau blanc.» (Les Maîtres Sonneurs, 115).
Portement (le ou les), manière d’être, état de la santé. [Très répandu]
Comte Jaubert, Coudereau, Hugues Lapaire, Charles Duguet, Choses diverses du pays de La Châtre, 23, — Godefroy, Littré. Supplément, Brunot, IV, 261.
«Joseph se trouva un peu sot entre nous deux qui lui demandions ses portements» (Les Maîtres Sonneurs, 302).
«Elle m’a dit bonjour et demandé mon portement avec beaucoup d’honnêteté.» (La Petite Fadette, 186 ; François le Champi, 161 ; Jeanne, 49 ; Les Légendes rustiques, 81).
«Les portements de notre bourgeoise sont écrits tout en fleurs sur sa figure.» (Claudie, 226).
Pourlicher (se), manger copieusement quelque chose de bon, et passer ensuite la langue sur les lèvres. [Très répandu]
Hugues Lapaire — Littré.
«Ellle… le faisait se pourlicher de quelque galette.» (Les Maîtres Sonneurs, 241).
Poumonique, pulmonique. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Complément de Godefroy, Littré.
«C’est bien ! souftlez à présent ; vous n’êtes pas poumonique.» (La Mare au Diable, 69).
Précipiteux [On dit plus souvent précipitant.], prompt, vif, impétueux. [Répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy, Brunot, II, 192.
« Peut-être que j’ai été trop précipiteux dans mes paroles.» (François le Champi, 119).
«Il avait bien jugé l’humeur de la petite Mariette, qui était précipiteuse et combustible.» (Id. 200).
«C’est moi qui suis trop précipiteux.» (Claudie, 272).
Quérir, chercher, aller chercher. [Très répandu] (Aller qu’ri, à Nohant).
Comte Jaubert, Hugues Lapaire, — Complément de Godefroy, Littré., Brunot, IV, 262.
«On m’envoya quérir Joseph.» (Les Maîtres Sonneurs, 16).
«Il faut… attendre que ma femme revienne de quérir ses vaches.» (Id. 37 ; François le Champi, 156).
Quinter, aller de côté, pencher, (tchinter, à Saint-Chartier).
Comte Jaubert, Coudereau, Jean Tissier. — Cotgrave.
«Ses vilains cheveux noirs sortant de sa coiffe, qu’elle avait toujours mal attachée, et quintant sur une oreille…» (La Petite Fadette, 73).
173
Ramée, restaurant champêtre, tente formée par des arceaux en bois flexibles fichés en terre, recouverts d’une toile.
Comte Jaubert, Coudereau, Jean Tissier, Hugues Lapaire. — Complément de Godefroy.
«Je sortis de la ramée que je m’étais bâtie, et où je recevais le monde altéré» (Les Maîtres Sonneurs, 172, 174, 190 ; La Petite Fadette, 122 ; La Mare au Diable. 74 ; Le Meunier d’Angibault, 273, 338 ; Mauprat, 28 ; Le péché de M. Antoine, I, 202 ; Les
Légendes rustiques, 18).
Rapaiser (se), se calmer. [Répandu]
Godefroy. — Littré.
«Ma chère mère, rapaisez-uous [Mieux : amaisez-vous.] et ne pleurez pas.»
(François le Champi, 109).
Rebâtement, bruit, fracas, répercussion. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy.
«Il entendra la nuitée des vacarmes et rebâtements comme nous les entendons.» (Les Beaux Messieurs de Bois Doré, II, 38). κυρικιμασαηικο
Rechigneux, (rechignoux à Nohant, Saint-Chartier.), grognon, de mauvais caractère. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy, Brunot, III, 140.
«Eh bien, je patienterai avec cette grande rechigneuse et la verrai venir.» (Les Maîtres Sonneurs, 154, 234).
Reconsoler (arconsoler, à Nohant, Saint-Chartier.), consoler de nouveau. [Répandu]
Comte Jaubert. — La-Curne de Sainte Palaye Cotg, Littré.
«Si quelque chose te doit reconsoler de me perdre, c’est que tu vas te sentir utile à ton grand’père.» (Les Maîtres Sonneurs, 15).
«Elle voulait s’en reconsoler par la bonne action qu’elle faisait.» (François le Champi, 239).
174
Rège, sillon. Tenir une rège, c’est moissonner. [Très répandu]
Comte Jaubert, Laisnel de la Salle, I, 346, Anciennes mœurs, 274, — Godefroy, La-Curne de Sainte Palaye.
«Nous vous avons offert de tenir une rège, et nous l’avons aussi bien tenue à nous deux qu’un bon moissonneur.» (Claudie, 234, 235).
Reméger, rebouter, remettre les membres disloqués, soigner en général. [Très répandu]
Comte Jaubert, Coudereau, Hugues Lapaire. — Godefroy.
«Lucilio et Lauriane pansaient et remégeaient de leur mieux.» (Les Beaux Messieurs de Bois Doré, II, 183).
Repentance, repentir. [Répandu]
Comte Jaubert. — Trévoux.
«Tu as cru que c’étaient des larmes de repentance.» (La Petite Fadette, 153).
Respire, souffle, respiration. [Rare]
Comte Jaubert, Jean Tissier. — La-Curne de Sainte Palaye.
«Le trot, en descendant, coupait le respire a la grosse Sévère.» (François le Champi, 92).
Revancher (se), rendre le mal (se revenger à Saint-Chartier). [Rare]
Comte Jaubert, — Complément de Godefroy, Littré.
«Pour s’en revancher, elle inventait tout ce qu’on souhaitait lui faire dire.» (Les Maîtres Sonneurs, 238).
«Le bon Dieu sera revengé, et le monde de la paroisse sera soulagé d’un grand ennemi.» (Jeanne 102 ; Nanon. 215 ; Claudie, 240).
Revenge, vengeance. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Littré.
«Vous retournerez plutôt d’où vous venez que de vous buter à chercher revenge d’un affront qu’on ne vous a point fait.» (François le Champi, 104).

175
Rhabiller, [Au sens de harnacher, le mot est inconnu à Nohant et aux environs. «Huriel… rhabilla les mulets quatre à quatre.» (Les Maîtres Sonneurs, 129)], raccommoder. [Très répandu]
Hugues Lapaire, — Complément de Godefroy.
«La Mariton apprêtait les repas, gardant la maison et rhabillant les nippes. ) (Les Maîtres Sonneurs, 7).
Rio et riot, ruisseau. [Très répandu]
Comte Jaubert, Coudereau, Hugues Lapaire, Pierquin de Gembloux, — Godefroy.
«La petite rivière de Joyeuse, un pauvre rio qui n’avait pas la mine d’être bien méchant.» (Les Maîtres Sonneurs, 120).
«Il retrouva sur le riot, qui sort du bois au temps des pluies… un de ces petits moulins.» (La Petite Fadette, 42, 43 ; Jeanne, 64, 307).
Rouette, ruelle, ruelle du lit et petite rue. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire. — Godefroy. : (ruette), Littré. : (ruelle).
«Hié ! la rouette du lit ! Alle est gente, la rouette du lit ! Ah ! qu’ vous fasez rire !» (Jeanne, 113).
«Je les vis rentrer par la rouette aux anglais.» (Les Maîtres Sonneurs, 366).
Sauteriot, petite sauterelle. [Très répandu]
Comte Jaubert, Coudereau, Jean Tissier, Laisnel de la Salle, Anciennes mœurs, 132. — Godefroy.
«(Ils) n’avaient jamais bien volontiers joué avec elle, ni avec son petit frère le sauteriot qui était encore plus sec et plus malin qu’elle.» (La Petite Fadette, 67, 148, etc, 22 fois environ).
Semblance. 1° ressemblance. [Rare]
Comte Jaubert. — Godefroy.
«Toute une semblance d’ange du ciel qui le difîérenciait d’un paysan.» (Les Maîtres Sonneurs, 137).
2° Faire semblant. [Rare]
«Elle fit semblance d’insister là-dessus.» (Id. 159).
176
Semondre 1° inviter [On dit aussi : Je vous semonds, pour manger la soupe, c’est-à-dire je vous invite à déjeuner. (Cf. Brunot, IV, 275. Semonce : invitation)], s’emploie tout spécialement pour inviter à la noce. [Très répandu]
Comte Jaubert, Complément de Godefroy, Littré., Brunot, III, 312.
«Je viens vous faire l’honneur de vous semondre.» (La Mare au Diable, 155).
2° Semondre signifie inviter en général, prier, demander :
«Je ne vous semondrais point d’épouser ma fille.» (Les Maîtres Sonneurs, 106).
«Elle ne se fit pas semondre et courut voir le pauvre besson. (La Petite Fadette, 254).
«Je vous semonds de me laisser aller de bonne amitié.» (François le Champi, 145).
Sente, sentier. [Répandu]
Comte Jaubert, Coudereau, — Complément de Godefroy.
«J’allais tirer de ce côté-là pensant que j’y trouverais la sente qui coupait le bois en droite ligne.» (Les Maîtres Sonneurs, 39, 120, 136, 146, 189.
Songerie, songe à l’état de veille, rêverie, chimère. [Répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy, Littré.
«A force de vivre avec ses songeries, j’ai fini par comprendre ce qu’il ne sait pas et n’ose pas dire.» (Les Maîtres Sonneurs, 49, 55, 57, 203, 214 ; Les Beaux Messieurs de Bois Doré, I, 141).
Sorcelage, sorcellerie. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy.
«Cette métairie a été longtemps le théâtre des grands sorcelages et des apparitions les mieux conditionnées.» (Les Légendes rustiques. 43, 51).
Sonvenance, souvenir. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy, Littré, Brunot, III, 121.
177
«N’iayant pas grande souvenance de mes premiers ans, je ne vous parlerai de moi qu’à partir du temps de ma première communion.» (Les Maîtres Sonneurs, 5, 9, 49, 69, 85, 94, 118, 147, 214, 255, 310 ; La Petite Fadette, 42, 117, 152, 154 ; François le
Champi, 115, 138, 170 ; Claudie, 297, 300 ; Nanon, 112, 324).
Tablée, ensemble des convives. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy, Littré.
«Le forçant de venir s’asseoir à notre tablée je m’imaginai de le griser un peu par surprise.» (Les Maîtres Sonneurs, 35).
Tabouler, 1° gronder. [Très répandu] (Surtout gronder pour s’amuser à Nohant, Saint-Chartier.).
Comte Jaubert. — Cotgrave.
«Elle ne le taboulait plus et marquait de vouloir accepter son humeur telle que Dieu l’avait tournée.» (Les Maîtres Sonneurs, 26).
«Le lendemain, les bessons voyant qu’on ne les taboulait point… se trouvèrent-ils plus effrayés de la volonté paternelle.» (La Petite Fadette, 24).
2° Se tourmenter, s’inquiéter. [Répandu]
Comte Jaubert.
«Je n’ai pas coutume de m’en tabouler l’esprit.» (François le Champi, 175).
Tancer, tourmenter, réprimander, injurier. [Très répandu]
Comte Jaubert, Laisnel de la Salle, Anciennes mœurs, 29, — Complément de Godefroy, Littré.
«Votre fils lui-même m’avait doucement tancée là-dessus.» (Les Maîtres Sonneurs, 326, 113, 382).
«Ma grand’mère le tanse trop rudement.» (La Petite Fadette, 149, 191, 251, 272 ; François le Champi, 37, 76 ; Jeanne, 230 ; Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, II, 182).
Taurin, jeune taureau, taureau. [Très répandu]
Comte Jaubert, Coudereau, Jean Tissier, Hugues Lapaire, — Godefroy.
«Faut dire que c’est un taurin (taureau).» (Jeanne, 30).
«Tu ne penses plus à nos deux petits taurins.» (La Petite Fadette, 48 ; Jeanne, 30).

178 κυρικιμασαηικο
Têt, écurie, étable. [Très répandu]
Comte Jaubert, Jean Tissier, Hugues Lapaire, Pierquin de Gembloux, — Littré.
«Mais voilà mes vaches qui ne mangent plus, la mouche les fait enrager. C’est l’heure de les conduire au têt (au toit, à l’étable ) [La parenthèse est dans le texte.]» (Jeanne, 186).
Tondailles, tonte des bêtes à laine. [Très répandu]
Comte Jaubert, Laisnel de la Salle, II, 169. — Godefroy.
«Comme elle, (la chèvre), dormait toujours ou faisait semblant, il n’eut pas grand’peine à faire cette tondaille.» (Les Légendes rustiques, 145).
Traversieux, taquin, contrariant, qui résiste. [Répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy.
«Il ne vit que Jeanet le sauteriot qui, toujours traversieux et méchant, ramassa une pierre pour la jeter.» (La Petite Fadette, 92).
Treizain. «On fait bénir treize pièces (d’argent ou d’or) le jour du mariage avec les anneaux. Elles sont offertes par le fiancé, et servent d’ordinaire à acheter le berceau du premier enfant.» Comte Jaubert, — Complément de Godefroy, Littré.
«A l’offrande, Germain mit, selon l’usage, le treizain c’est-à-dire treize pièces d’argent dans la main de sa fiancée.» (La Mare au Diable, 189).
Tressaut, sursaut [A La Châtre on dit : «Il s’est réveillé de sur en saut». Cette expression appartiendrait à d’autres pays.]
Comte Jaubert. (tressauter). — Littré. (syn. de tressaillement).
«(Vieillard) qui, réveillé en tressaut, s’est cru attaqué par une bande de voleurs.» (Les Beaux Messieurs de Bois Doré, I, 251).
179
Tri, choix.
Comte Jaubert. — La-Curne de Sainte Palaye, Littré.
«Je pouvais bien lui dire que, sans parler de moi, elle aurait pu faire un meilleur tri.» (Les Maîtres Sonneurs, 45).
Varenne, terre sablonneuse, maigre. Nom propre d’une partie du Bas-Berry. [Très répandu]
Comte Jaubert, Pierquin de Gembloux, — Littré.
«Ah ! c’est que je les connais moi ! C’est du bien de Champagne, comme on dit ; ch’ti pays! terre de varenne ! c’est maigre… Les plus mauvaises terres de chez nous seraient encore de l’engrais pour les meilleures des siennes.» (Claudie, 224).
Vielle, instrument à cordes, viole. [Très répandu]
Comte Jaubert, — Complément de Godefroy, Littré.
«Or donc… tu trouveras ailleurs l’instruction qu’il te faut pour sonner la musette ou la vielle. » (Les Maîtres Sonneurs, 209).
Vielleux, celui qui joue de la vielle. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Complément de Godefroy. Littré. : (vielleur).
«La musique arriva, c’est-à-dire le cornemuseux et le vielleux avec leurs instruments ornés de longs rubans flottants.» (La Mare au Diable. 156 ; Les Maîtres Sonneurs, 101).
Virer, 1° tourner, verbe actif [Allons ! voyons, la Blanche, virez donc pas tant le tchn, vous allez fout’ la lamp’ à tarre.» (La Châtre)].
Comte Jaubert, Coudereau, Jean Tissier. — Godefroy, Littré., Brunot, III, 122.
«Retourne donc à ton bien, vire les mauvaises bêtes.» (Les Maîtres Sonneurs, 70, 249).
«Il y en avait… qui frappaient sur l’orillon de sa coiffe et la faisaient virer d’une oreille à l’autre.» (La Petite Fadette, 125 ; Jeanne, 106).
2° Virer, tourner (verbe neutre).
«J’ai le cœur transi et la tête me vire. » (François le Champi, 110, 194 ; Les Maîtres Sonneurs, 35 ; La Petite Fadette, 252 : Le péché de M. Antoine, II, 79 : Les Légendes rustiques, 73).
180
3° Virer (se), se tourner.
« En se virant elle vit le champi» (François le Champi, 28, 215).
Vironner, tourner, aller autour. [Très répandu]
Comte Jaubert, Jean Tissier, Hugues Lapaire. — Godefroy.
«Elle ramassa le fin bout de la longue queue du personnage, l’attacha avec un brin de laine et se mit à la vironner, vironner sur son rouet comme si ce fut un écheveau.» (Les Légendes rustiques. 74).
CHAPITRE IV
Mots qui ne se trouvent que dans les dictionnaires de l’ancien français.
Apparaissance [Ce mot s’emploie surtout dans la Vallée Noire au sens de apparence:
«l’apparaissance de la récolte est belle.» Comte Jaubert ne donne que cette définition du mot apparaissance ; on la trouve aussi dans Godefroy.], apparition. [Rare]
Godefroy, Brunot, III, 144.
«C’est une chose imaginante… qu’il y ait des apparaissances dans notre vieux château.» (Les Beaux Messieurs de Bois Doré, II, 38).
Boisure, boiserie. [Répandu]
Complément de Godefroy.
«Regardant à travers le feuillage de la petite croisée, qui n’avait ni vitrage ni boisure.» (Les Maîtres Sonneurs, 290).
Cape, sorte de capuchon en laine blanche qui servait d’étui à la coiffe. Il était muni d’une petite pélerine courte sur les épaules, dans le dos terminée en pointe. La cape se portait avec le chéret. Dans la Creuse toutefois, la cape est un manteau qui ressemble à un
tablier que l’on jetterait sur ses épaules ; quelquefois muni d’un capuchon. [Très répandu]
Complément de Godefroy, Littré.
«Il courut après elle et la rattrapant par sa cape.» (La Petite Fadette, 111).
Emportée de colère et de fierté, elle se dégagea de mon bras, et, jetant sa cape de dessus sa tête…» (Les Maîtres Sonneurs, 129 ; La Mare au Diable, 68, 93 ; Jeanne, 55, 119, ; Claudie, 286 ; Correspondance, II, 286).
182
Chagrinant (mot un peu vieux en fr.), qui donne du chagrin, désagréable, péniple. [Très répandu]
Trévoux, Littré.
«Il joua… un air qui, sans être chagrinant, donnait à l’esprit souvenir ou attente de toute sorte de choses.» (Les Maîtres Sonneurs, 211).
«Une idée si répugnante à leurs parents et si chagrinante pour lui-même.» (La Petite Fadette, 229).
«Il surprit… (en Mariette) une retirance assez marquée de la figure chagrinante du défunt meunier.» (François le Champi, 157).
«Si j’étais chagrinante, j’aurais pu vous tourmenter avec ça devant le monde.» (Claudie, 265).
Chanterie [A Nohant manière de chanter et aussi, voix : Al a une jolie chanterie, al chante tout à fé bin.»] air chanté, morceau de musique. [Répandu]
La-Curne de Sainte Palaye, Littré : en mauvaise part.
«La chanterie de Joseph étant achevée…» (Les Maîtres Sonneurs, 320).
Chicherie. avarice, économie poussée trop loin. [Répandu]
Monet et Littré. : chicheté.
«La mère Fadet avait été obligée de se charger des deux enfants, qu’elle soignait fort mal, tant à cause de sa chicherie que de son âge avancé.» (La Petite Fadette, 95).
Chichotter [Chicheriot à La Châtre signifie avare. On dit en général :
« C’t’houmme est rapia ou ch’ti» pour avare.], être regardant, avare. [Répandu]
Littré. : chicote.
«Tu chichottes sur les secours que mon état réclame.» (Le Meunier d’Angibault, 333).
Clabaud [Ce mot se trouve dans Laisnel de la Salle. I, 43.], chapeau clabaud à bords pendants «servant de parapluie et d’ombrelle.» [Rare]
Richelet, Littré.
«Le visage était très ombragé par le chapeau rabattu en claband.» (Les Beaux Messieurs de Bois Doré, II, 17).
183
Connaissable, 1° qui peul être reconnu. [Répandu]
Godefroy. — Littré.
«Mais le voyant si différent de l’idée qu’elle en avait gardée, si mal connaissable dans sa couleur et son habillement, elle perdit contenance.» (Les Maîtres Sonneurs, 104).
2° Facile à connaître. [Répandu]
Trévoux, Littré.
«Il avait dormi tout d’une lampée et cela était connaissable à son visage. (Les Maîtres Sonneurs, 155).
Convenant, ce qui convient, convenable, bienséant. [Rare]
Godefroy. — Littré.
«Je sais bien ce qui est convenant et ce qui ne l’est pas.» (Jeanne, 126).
«Elle lui dit que ce n’était pas convenant à une jeune fille de donner comme cela dans la main à un garçon.» (François le Champi, 191).
Dansable (air), qu’on peut danser, qui favorise la danse. [Rare] (Se dit à La Châtre).
Littré.
«C’étaient les plus belles bourrées du monde… si enlevantes et d’un mouvement si dansable, qu’il nous semblait voler en l’air.» (Les Maîtres Sonneurs, 89).
Dériver, retirer de la rive. (Godefroy)
«Je vous serai utile pour dériver et sécher votre chanvre.» (Claudie, 257).
Ebaubir, ébahir, étonner, frapper. [Répandu]
Dans Trévoux, Richelet. Littré., (seulement ébaubi).
«On se mit en route au son d’une manière de rondine
qu’il lui chantait pour l’ébaubir.» (Les Maîtres Sonneurs, 334).
Efforce, s. f, action énergique, effort, force, violence. [Rare]
Godefroy : (esforce).

184
«Le four était moitié égrolé par l’efforce de la gelée.» (François le Champi, 153).
Émerveillance, étounement, admiration. [Rare]
Godefroy.
«vous ne sauriez croire quels cris de contentements et d’émerveillance il y eut sur la place. » (Les Maîtres Sonneurs, 96).
Encontre (a l’), 1° à l’opposé, en sens inverse. [Répandu]
Godefroy.
«Je vis que l’homme à la charrette coupait sur la droite et s’en allait à l’encontre de nous.» (Les Maîtres Sonneurs, 20).
2°Contre. [Répandu]
Comte Jaubert.
«Pour les boissons qu’elle composait à rencontre de la fièvre, il n’est pas douteux qu’elle gagnait bien son argent.» (La Petite Fadette, 63).
3° A la rencontre, au devant. [Répandu] Nohant.
Godefroy.
«Un chien, vint pour japer à l’encontre du Champi.» (François le Champi, 154).
4°A l’égard de. [Répandu]
«Elle fut cependant honnête à son encontre.» (François le Champi, 224).
Encornure, les cornes de la race bovine. [Répandu]
Godefroy, Littré Supplément, (cite George Sand).
«L’autre, défiante et déjà malicieuse de son encornure.» (Les Maîtres Sonneurs, 149).
Ennui, employé au sens du XVIIe siècle, peine, chagrin profond. [Répandu]
Complément de Godefroy, Littré.
«l’ennui me mange la tête.» (Les Maîtres Sonneurs, 109).
«Il est tombé dans un ennui et dans une faiblesse qui ont donné frayeur pour sa vie.» (Les Maîtres Sonneurs, 109, 110, 117, 170).
Enragement, rage, fureur. [Répandu]
Nicot, Littré.
185
«Au milieu… de ses enragements contre François, elle était coiffée de lui.» (François le Champi, 206).
Ensuivre (s’) venir à la suite, après, suivre. [Répandu]
Complément de Godefroy, Littré.
«Au mouvement qui s’ensuivit, quelque chose fit feu des quatre pieds tout auprès de moi.» (Les Maîtres Sonneurs, 40, 205 ; La Petite Fadette, 98, 146).
Esseulé [Cf. plus loin resseulé (p. 188). Desseulé, mot employé par un habitant du Pas-de-Calais.], être seul, isolé, dans un endroit éloigné des
habitations. [Rare] Mot rajeuni de nos jours.
Complément de Godefroy, Littré.
«Elle se trouvait bien esseulée et s’ennuyait beaucoup.» (François le Champi, 42).
Filandière, fileuse. [Répandu]
Godefroy. — Littré.
«Elle était la meilleure filandière du pays.» (François le Champi, 51).
Froidure, s. f. le froid. [Répandu]
La-Curne de Sainte Palaye, Littré.
«Il alla si vite qu’il ne sentit pas la froidure.» (François le Champi, 151).
Héserber, enlever l’herbe d’un champ, d’un jardin. (Hésarber à Nohant). [Très répandu]
Godefroy. : (esherber).
«Gerbe !… si tu pouvais dire combien il a fallu de gouttes de notre sueur… pour te recouvrir, te fumer, te herser, t’héserber.» (Claudie, 253).
Homme de chambre, valet de chambre. [On dit aussi à La Châtre garçon de chambre.] [Répandu] autrefois.
Littré.
186
«Le fidèle Adamas… en sa qualité d’homme de chambre, ne quittait presque jamais le manoir.» (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, I, 186).
Incarnat [Cornat existe comme nom propre dans la Vallée Noire.] (couleur est sous-entendu), rouge. [Répandu]
Godefroy. : (incarnat, s. m.). Littré. : adj.
«Elle avait un tablier d’incarnat dont elle était bien fière.» (La Petite Fadette, 118.).
Inconvenable, inconvenant. [Répandu]
Godefroy. — Littré.
«Ah ! cela c’est inconvenable, très inconvenable, dit M. Bricolin en se levant, et je m’en vas lui dire deux mots.» (Le Meunier d’Angibault, 197, 280).
Liquage, ensemble de personnes appartenant à la même lignée. [Rare]
La-Curne de Sainte Palaye, Godefroy, Brunot, IV, 257.
«Sa petite fille étant seule héritière de son lignage était appelée Brulette.» (Les Maîtres Sonneurs, 5).
Malintention [On use beaucoup de l’adj. : malintentionné.], le fait de regarder de mauvais œil.
Godefroy.
«Mon fils l’a pris en malintention à cause de sa bêtise et de sa gourmandise.» (François le Champi, 46).
Méconnaissance, ingratitude, action de ne pas reconnaître un bienfait. [Rare]
Godefroy. — Littré.
«Il n’est rien de si laid que la méconnaissance.» (François le Champi, 135).
«Ne le prenez point comme une méconnaissance de vos amitiés.» (Claudie, 256).
Méconnaissant, ingrat. [Très répandu]
Godefroy.
187
«Mais, pour ne pas être méconnaissant de nos civilités, on boira un coup pour arroser la Gerbaude.» (Claudie, 236).
Moissonnuage, moisson, récolte. [Très répandu]
Godefroy.
«Vingt écus et deux livres dix sous pour le moissonnage d’un homme de cet âge-là.» (Claudie, 234).
Picoterie, agacerie, paroles dites malignement. [Rare]
Trévoux, Littré.
«On se fit de ces petites picoteries un jeu dont les deux bessons n’étaient point dupes.» (La Petite Fadette, 21).
«C’est qu’elle a de l’humeur de vos picoteries et ne sait à qui s’en prendre.» (François le Champi, 219).
Prospération, prospérité. [Répandu]
Godefroy.
«Je veux gager… que vous ne demanderiez pas à vous enrichir autrement que par la prospération de vos biens.» (Claudie, 223).
Repue [Le mot est vieux et ne se dit plus en Berry.], repas et auberge où l’on donnait à manger aux voyageurs.
Comte Jaubert. : (repos). — Complément de Godefroy, Monet : (viatores mensa accipere), (Littré. : (repas).
Ch. Etienne, dans son Guide des chemins de France, 1552, indique les repeues et les gîstes qui se trouvent sur les routes. Toutes les sept lieues environ, u’ne repeue est
indiquée : «parquoy luy a semblé suffisant marquer les gistes et repeues que chacun pourra partir suivant sa commodité, estant asseuré que s’il loge ailleurs (pourvu qu’il n’y ait note de vile ou bourgade) il pourra bien tomber en danger d’être mal traicté.»
(Introduction au Lecteur).
188
«On sait qu’en ces temps-là encore, les auperges se distinguaienl en hostelleries, gites et repues. Les gîtes étaient particulièrement afflectés pour la nuit, et les repues pour le dîner des voyageurs. Ces dernières étaient de méchantes auberges où les gens de bien ne
s’arrêtaient que faute de mieux. (Les Beaux Messieurs de Bois Doré, II, 104, 145).
Resonger, songer de nouveau. [Répandu]
Complément de Godefroy, Littré.
«Elle resongea à son malheur quand elle retomba dans son désert.» (François le Champi, 122).
Resseulé [Cf. esseulé plus haut.], éloigné, isolé.
Godefroy et Littré. (esseulé).
«L’idée qu’on est resseulé loin de son endroit ; il y a de quoi vous troubler l’esprit quand on est jeune.» (Les Maîtres Sonneurs, 39).
Sautiote, sotte. [Très répandu]
Littré.
«Grelette, sautiote, farfadette… et autres sornettes à la manière de l’endroit.» (La Petite Fadette, 124).
Sergette, diminutif de serge, étoffe croisée de laine (sargette à Nohant) [Très répandu]
Complément de Godefroy, Littré.
« Son deuil était de belle sergette fine.» (La Petite Fadette, 240 ; Les Beaux Messieurs de Bois Doré, I, 16).
Taure, génisse, jeune vache. [Très répandu]
Complément de Godefroy, Littré.
«Elles me firent penser de deux jeunes taures, l’une desquelles avance le front pour folâtrer, tandis que l’autre défiante et déjià malicieuse de son encornure…» (Les Maîtres Sonneurs, 149).
189
Testamenter, faire son testament. [Très répandu]
Godefroy, Littré, Brunot, IV, 205.
«Ça n’est pas toi qui en hériteras car je testamenterai en faveur de mon homme.» (Jeanne, 121).
Trigauderie, détours, mauvaises finesses. [Répandu]
Trévoux, Littré.
«Elle l’emmenait dans les foires et assemblées pour tripoter dans des trigauderies et mener la vie de cabaret.» (François le Champi, 60).
«Faites attention à ce que je vous dis, mon vieux, et ne vous fourrez point dans des trigauderies qui ne vous profiteraient point.» (Claudie, 229).
Usance 1° usage, coutume. Ce mot n’a plus cours chez les paysans. Il se retrouve dans une charte du XVe. Guy de Chauvigny dit : «Il avait toujours droit d’imposer aide raisonnable qui selon l’usance se nomme queste.» (Duguet, La Châtre. au XVe s. II).
Godefroy, Brunot, III, 122.
«Ne sachant rien des usances du monde où je me trouvais.» (Les Maîtres Sonneurs, 66).
«Nous donnant explication du pays… me faisant connaître les cultures et usances.» (Id. 133, 260).
2°Jouissance.
«Pour faciliter son exploitation, ce fournisseur avait fait consentir le propriétaire de la foret à lui céder l’usance du vieux château.» (Id., 265).
Vaguer, errer à l’aventure. [Très répandu]
Complément de Godefroy, Littré.
«Une fois qu’il avait été vaguer jusqu’au droit des tailles de Champeaux.» (La Petite Fadette, 42, 78, 142, 169).
Vairon, yeux vairons, quand l’iris est cerclé de blanc. [Répandu]
Complément de Godefroy, Littré.
«Ses yeux vairons étaient assez doux, et n’annonçaient point la fausseté.» (Les Maîtres Sonneurs, 178).

190
CHAPITRE V
Mots qui n’ont pas le même sens qu’en français moderne.
1° Le sens des uns ne se trouve dans aucun dictionnaire ou lexique. L’absence de référence suffit à le signaler.
2° Le sens d’un certain nombre d’autres ne se trouve que dans les lexiques du Centre ou du Berry, l’indication seule de ces lexiques fera comprendre qu’ils ne se rencontrent pas ailleurs.
3°Une troisième catégorie de mots ont leur sens à la fois dans les lexiques du pays et dans les dictionnaires de l’ancien français ; je l’ai indiqué.
4° Pour quelques-uns de ces mots, leur signification berrichonne ne se trouve que dans les dictionnaires de l’ancienne langue. L’indication de l’un de ces dictionnaires, à l’exclusion des lexiques, le mettra en vue.
Accorder, fiancer. [Répandu]
Complément de Godefroy, Littré.
«T’es-tu donc accordée avec ce garçon ?» (Les Maîtres Sonneurs, 268, 128, 286 ; La Petite Fadette, 226 : François le Champi, 239).
Achalandé, fréquenté. [Rare]
Comte Jaubert.
«Une maison si bien achalandée de monde. » (Les Maîtres Sonneurs, 103). (Il s’agit ici d’une maison particulière).
«Il n’y a pas de route bien achalandée de passants de ce côté là.» (François le Champi, 24).
Accrété, glorieux, vaniteux, irrité. [Répandu] autrefois.
Comte Jaubert, Hugues Lapaire. — Godefroy, Brunot, III, 144.
«Cette fille si acrétée qu’elle n’eût point voulu traiter le roi de cousin six mois auparavant.» (Les Maîtres Sonneurs, 245).
191
«Blanchet… n’en fut que plus acrété» (irrite). (François le Champi, 39),
A dire, que George Sand aurait dû écrire en un seul mot adiré [«Il y a une lampe d’adire», c’est-à-dire une lampe manque.
«On vous trouve bin d’adire», c’est-à-dire vous nous manquez, (Nohant, Saint-Chartier], signifie éprouver le manque, souffrir de l’absence de quelque chose. [Très répandu]
Brunot, II, 185 sens voisin : adiré = égaré.
«Songe que je quitte aussi le père Brulet, qui était pour moi le meilleur des amis, et mon pauvre Joset, qui va trouver sa mère et votre maison bien à dire.» (Les Maîtres Sonneurs, 16).
Affiner, tromper, duper [Attends y m’a bin affiné, mais j’ le rejoindrai bin. et j’ l’y dirai qu’y est un menteux.» (Saint-Chartier).] [Très répandu]
Godefroy, La-Curne de Sainte Palaye, Littré.
«Il commençait à croire qu’elle voulait l’affiner pour lui donner quelque argent.» (La Petite Fadette, 72).
«Tu as été prompt à m’empècher d’être affiné.» (François le Champi, 129).
Affineur, affineuse, trompeur, trompeuse. [Répandu]
Complément de Godefroy
«Je crus pouvoir la regarder comme une affineuse sans pareille.» (Les Maîtres Sonneurs, 243).
Affolement [Dans Coud, affolement [Très répandu] signifie avortement : c’est d’ailleurs le sens que ce mot a dans le Cher. [Très répandu] ], folie d’amour. [Rare] (Affoulement à Nohant).
Comte Jaubert. — Littré.
«Il lui reprochait vivement de ne pas répondre à l’affolement qu’il se sentait pour elle.» (La Petite Fadette, 180).
Affoulé et affolé, 1° accablé, écrasé. [Rare]
Comte Jaubert, — Godefroy, Brunot, IV, 594.
192
«Blanehet… affoulé de mauvaises dettes,» (François le Champi, 180 ; Nanon. 13).
2° Fou de. [Très répandu]Nohant.
Littré.
« Le monde de la paroisse… qui déjà s’était affolé de lui.» (Les Maîtres Sonneurs, 90).
«Tout votre monde vous dira qu’il en est affolé — affolé de cette Claudie !» (Claudie, 266 ; La Petite Fadette, 186, 160, 162, François le Champi, 144).
Etre affolé de musique (Les Maîtres Sonneurs, 107) ;
Etre affolé de fureur (François le Champi, 104) ;
Etre affolé de savoir (Les Maîtres Sonneurs, 61).
Affronter [Affronter au sens de aborder ne se dit pas à Nohant et aux environs : «Ils affrontaient le premier venu.» ( La Petite Fadette, 16»], tromper, faire un affront, outrager. [Répandu]
Comte Jaubert, — La-Curne de Sainte Palaye, Littré, Brunot, IV, 595.
«Aussi ceux qui nous affrontent ont grand tort.» (Claudie, 275).
Age, âge de raison. [Très répandu]
«Quand l’âge leur vint, on remarqua qu’ils avaient même goût pour la couleur.» (La Petite Fadette, 18).
Artiste, vétérinaire. [Répandu] (Artisse à Nohant).
Comte Jaubert, Hugues Lapaire — Littré.
«On l’a ou on ne l’a pas (la main heureuse), quand même on irait étudier dans les écoles comme les artistes.» (La Petite Fadette, 193).
Attache, attachement, affection. [Très répandu]
Comte Jaubert, — Trévoux, Littré.
«Vous dire pourquoi je me pris d’attache pour un camarade si peu jovial, je ne saurais.» (Les Maîtres Sonneurs, 11, 164, 200, 248 ; La Petite Fadette, 29, 122, 161, 233 ; François le Champi, 138 ; Nanon, 93).

193
Autres (les), les mauvais esprits, qu’on n’ose pas nommer. [Rare]
Procédé populaire qui consiste à déguiser par un nom indéfini les puissances malfaisantes.
«En tout pays, les vieux arbres sont mal famés par la hantise des sorciers et des autres.» (Les Maîtres Sonneurs, 42, Le Diable aux Champs, 16).
Avalé, abaissé, abattu, pendant. [Répandu]
Comte Jaubert, — Godefroy, Littré, Brunot, IV, 614.
«Ils avaient tout à fait bonne mine, de grands yeux bleus, les épaules bien avalées, le corps droit et bien planté.» (La Petite Fadette, 15).
L’expression bride avalée est rare.
Brunot II, 395.
«Les quatre hommes du marquis… arrivaient bride avalée.» (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré , I, 250, II, 29).
Bride abattue est très répandu.
Aviser 1° voir, regarder. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy.
«Et tiens, avisez donc, le diable me tortille, si ce n’est pas le vieux Jean qui l’a tiré de l’eau.» (Le péché de M. Antoine, I, 58).
«Ouvrant la porte un petit, j’avisai dehors.» (Les Maîtres Sonneurs, 59, 66, 361 ; François le Champi, 158).
2° Apercevoir. [Très répandu]
Littré., Brunot, III, 167.
«Bientôt nous avisâmes le clocher.» (Les Maîtres Sonneurs, 221, 264, 376 ; François le Champi, 160, 195).
3° Remarquer.
«Il ne fallut pas que le Champi regardât la meunière par deux fois pour aviser ses yeux rouges.» (François le Champi, 107).

George Sand a aussi usé du verbe s’aviser, s’apercevoir, penser, plus souvent qu’on ne le fait en français moderne.
194
Bouffer [Y bouffer e à piens poumons (Nohant). A Nohant bouffer a encore le sens de renverser : Le vent va vous bouffer.»], souffler (soment bouder à Nohant), jouer d’un instrument à vent. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy, Littré.
«Il ne fallait que bouffer bien petitement pour enfler le tout et envoyer un son pareil à un tonnerre.» (Les Maîtres Sonneurs, 61, 97).
Bourg, à Nohant et aux environs, désigne un village, si petit qu’il soit, pourvu qu’il possède une église. [Répandu]
Comte Jaubert.
«S’il apercevait derrière les noyers de la colline la flèche d’une petite église, au bout de quelques pas il découvrirait un campanile de tuiles rongées par la mousse, douze maisonnettes éparses, entourées de leurs vergers et de leurs chenevières, un ruisseau avec son
pont formé de trois soliveaux, un cimetière d’un arpent carré fermé par une haie vive, quatre ormeaux en quinconce et une tour ruinée. C’est ce qu’on appelle un bourg dans ce pays.» [Ailleurs nous ne retrouvons pas la même définition du bourg:
«…Le hameau, nous pouvons dire le bourg, puisque cette petite colonie était anciennement fortifiée.» (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, II, 91).] (Valentine 3).
Bourrée [Je maintiens bourrée, ici, bien que ce mot soit répandu dans tout le centre de la France car la bourrée berrichonne diffère sensiblement de la bourrée auvergnate, par exemple.], danse autrefois très en honneur en Berry. [Très répandu]
Hugues Lapaire, Pierquin de Gembloux — Trévoux, Littré.
«Brulette y fit attention, car, au moment qu’il l’embrassa, comme c’est la manière de chez nous au commencement de chaque bourrée, elle devint toute rouge et confuse.) (Les Maîtres Sonneurs, 92, 96, 175, 176, 240, 283, 284 ; La Petite Fadette, 54, 113, 117,
120, 123, 124, 130 ; Jeanne, 143 ; Le Meunier d’Angibault, 262, 273, 283?, 294,
295 ; Valentine 33).
195
Bourru, qui ne pousse pas droit, se dit des arbres dont les branches vont dans tous les sens. [Répandu]
Comte Jaubert : (sens voisin) ; — Complément de Godefroy et Littré : (sens voisin).
«C’est un chêne bourru, étêté de jeunesse, par quelque accident, et qui a poussé en épaisseur.» (Les Maîtres Sonneurs, 39).
«Le gentil verger, tout entouré de haies bourrues et de folles ronces.» (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, II, 52).
Bramée, cri, beuglement. [Très répandu] (Beurmée à Nohant).
Comte Jaubert, Laisnel de la Salle, I, 225, — Littré Supplément.
«J’espère que vous avez eu votre soûl d’écouler leur bramées.» (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, II, 51 ; Correspondance, IV, 203).
Brave, élégant, bien mis, beau, paré. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Complément de Godefroy, Littré.
«Cette femme aimait la propreté et se tenait toujours aussi brave que son moyen le lui permettait.» (Les Maîtres Sonneurs, 7, 133).
«Où prendrais-je de quoi me faire brave ?» (La Petite Fadette, 146 ; François le Champi, 88 ; Claudie, 231.)
Bremer, mugir, beugler. [Très répandu] Beurmer à Nohant.
Comte Jaubert. — Complément de Godefroy (crier), Littré. (ne se dit que du cerf, Berry : crier très fort).
«Les chiens qu’on laissait dehors ne manqueraient pas de hurler et les bœufs de bremer (de mugir) [La parenthèse est dans le texte.], dans l’étable.» (Les Légendes rustiques, 44).
Broyeur, broyeuse, celui qui broie le chanvre avec la broyé. [Très répandu]
Complément de Godefroy, Littré.
196
« Le broyeur de chanvre est particulièrement sceptique.» (La Mare au Diable, 158 ; Les Légendes rustiques, 38).
Bureau, 1° brun, marron. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire, — Godefroy.
«Où tu verras un agneau bureau, tu verras aussi ton frère.» (La Petite Fadette, 76).
«Un petit agneau… qui pour le vrai était bureau de couleur depuis le bout du nez jusqu’au bout de la queue.» (Id., 77, 81).
2° Etoffe grossière.
La-Curne de Sainte Palaye, Littré.
«Je ne changerais pas ma veste de bureau pour votre queue de pie en drap noir.» (Le péché de M. Antoine, I, 310),
Calin, douillet, délicat. [Rare]
«Et pour marquer à Thérence que je n’étais pas si calin qu’elle le pensait peut-être, je m’exerçais à coucher sur la dure.» (Les Maîtres Sonneurs, 336).
Calot, sorte de coiffe. [Très répandu]
Comte Jaubert. (p. m. s.), Hugues Lapaire, — Godefroy, Littré.
«Au grand calot, au grand calot à la mère Fadet.» (La Petite Fadette, 125, 185).
«… Si bien que la petite mettait son callot sur l’oreille… et allait faire la belle en mauvaise compagnie.» (François le Champi, 194).
Canette [Nom d’amitié donné très fréquemment aux enfants à Nohant, Saint-Chartier], petit d’une cane. [Très répandu]
Complément de Godefroy, Littré.
«Il mettait ses pieds dans tous les filets d’eau où ils avaient pataugé comme deux vraies canettes.» (La Petite Fadette, 41).
Capharnion et cafornion (caferno à Nohant, cafournio à Saint-Chartier.) petite pièce où les paysans rangent leurs outils de travail. [Répandu]
Comte Jaubert — Godefroy, Littré.
197
«Il s’était fait un petit lit dans le capharnion.» (La Petite Fadette, 196).
George Sand (même page) a donné cette définition exacte :
«Le capharnion est un endroit de la grange, voisin des étables, où l’on serre les jougs, les chaînes, les ferrages, les épelettes de toute espèce qui servent aux bêles de labour et aux instruments du travail de la terre. »
«Eh bien conduisez-moi à son cafornion que je prenne sa hache.» (Jeanne, 93).
Carrer (se) mouvement de danse spécial à la bourrée. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire.
«Elle me faisait danser avec elle en chantant, riant et se carrant, comme si toute la paroisse eut été encore là pour la regarder.» (Les Maîtres Sonneurs, 240).
«C’est vrai qu’elle danse bien, mais la voilà qui fait la belle fille et qui se carre comme une agasse.» (La Petite Fadette, 125).
Charme, influence magique. (Sens affaibli aujourd’huit. [Répandu]
Complément de Godefroy, Littré.
« Voilà Brulette qui en a assez, et qui souhaiterait bien d’être rendue chez elle. Or ça, finis ton charme où je vas donner la chasse à ton sabbat.» (Les Maîtres Sonneurs, 61 ; La Petite Fadette, 286).
Charmer, jeter un sort, soumettre quelqu’un à une influence magique. [Très répandu]
Comte Jaubert, Laisnel de la Salle, Anciennes mœurs, 137, — Complément de Godefroy, Littré.
«O monsieur Patience ! criait l’enfant en joignant les mains, ne me maudissez pas, ne me charmez pas, ne me donnez pas de maladie.» (Mauprat. 37).
«Le follet m’avait vanné et charmé.» (La Petite Fadette, 107, 257, 259, 279).
198
Charmeuse, sorcière, celle qui charme.
Complément de Godefroy, Littré.
«Ces enfants-là sont malheureux de n’avoir plus ni père ni mère et d’être dans la dépendance de cette vieille charmeuse, qui est toujours en malice.» (La Petite Fadette, 84).
«Il faut qu’elle soit charmeuse comme on le dit… car pour sûr elle m’a ensorcelé hier soir.» (Id. 161, 286).
Charroi, 1° chariot, charretée. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire, — Complément de Godefroy.
«Landry… qui aimait mieux conduire un grand charroi à six bœufs, que d’attacher une petite voiture de branchages à la queue de son chien.» (La Petite Fadette, 53).
«Un charroi de foin y passerait à l’abri.» (François le Champi, 208 ; Claudie, 227 ; Le péché de M. Antoine, I, 7).
2° Ornière, mauvais pas.
Comte Jaubert. — Godefroy.
« Ceux… qui sont dans un mauvais charroi.» (François le Champi, 190).
Chaume et chôme, champ qui n’a pas été cultivé depuis plusieurs années ; en jachère. [Très répandu] (Chême à Nohant).
Comte Jaubert.
«Je lui avais enseigné cette chaume et recommandé de ne pas laisser promener les mulets dans les terres ensemencées.» (Les Maîtres Sonneurs, 70 ; La Petite Fadette, 170).
«Il avait un grand troupeau dans une chôme.» (La Mare au Diable, 118).
Chétif (ch’ti à Nohant), mauvais, méchant. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire. — Trévoux, Littré. (Berry).
«Brulette s’était oubliée dans son honneur, avec ce chétif gars Josel.» (Les Maîtres Sonneurs, 238).
«Il ne lui resta qu’un peu de besliau… et sa chétite maison.» (Jeanne 35, 39, etc. ; Claudie, 224 ; Mauprat, 35 ; Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, I, 13, 14 ; Nanon, 32).
199
Chevaline, cheval, chevaux. [Très répandu]
Comte Jaubert, Laisnel de la Salle, II, 239. — Trévoux, Littré.
«On a saisi la chevaline et la récolte.» (François le Champi, 173 ; La Petite Fadette, 163).
«Nous élevons du bestiau dans nos herbes, et notre chevaline surtout a du renom.» (Jeanne, 25, 131).
Chomer, 1° tarder, s’arrêter. [Répandu]
Comte Jaubert. — Littré.
«Elle… lui en fit un lit où il ne choma pas de s’endormir.» (François le Champi, 28).
2° Cesser, finir. [Répandu]
Nicot.
« La famille du père Barpeau augmentait, grâce à ses deux filles aînées qui ne chômaient pas de mettre de beaux enfants au monde.» (La Petite Fadette, 22 ; François le Champi,28).
Chose 1° employé pour mauvais esprit, diable, mots qu’on évite de prononcer [Conf. les autres, p. 193.]. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Richelet.
«Le sabotier commença à s’étonner et, sachant qu’on ne doit point répondre aux choses de nuit… il passa son chemin.» (Les Maîtres Sonneurs, 44 ; Jeanne, 34).
2° Mot vague remplaçant le terme propre ignoré du paysan. [Très répandu]
«Pour sûr il y en a qui font mieux que ce cornemuseux- là, et mieux que Carnat son maître. Il y en a qui sont dans la vérité de la chose.» (Les Maîtres Sonneurs, 46).
« Ni toi ni moi ne connaissons la vérité de la chose.» (Id. 49 ; François le Champi, 158).
Chrétien [Oh! le ch’ti chrétien! de méchant homme) Nohant], homme. [Très répandu]
Comte Jaubert, Laisnel de la Salle, I, 243. — Trévoux, Littré.
200
«Je pense bien qu’il eut pu faire… l’œuvre de quatre des plus forts chrétiens en sa journée.» (Les Maîtres Sonneurs, 142, 148, etc.).
(Mot employé très souvent idans Les Maîtres Sonneurs, La Petite Fadette, François le Champi, Le Meunier d’Angibault, Mauprat).
Chrétien adj. «Figure chrétienne» (humaine). (La Petite Fadette, 126).
Coiffe, coiffure, sorte de bonnet spécial aux femmes du Berry. [Très répandu]
Comte Jaubert, — Complément de Godefroy, Littré.
«Elle avait ôté sa coiffe et j’appris qu’elle avait les cheveux noirs. [A cette liste je n’ai pas cru devoir ajouter le mot coche connu dans toute la France. Dans Imp. et Souv. 306, George Sand a donné sa définition. Le coche, petit morceau de bois carré, sur lequel
on inscrit au moyen d’une légère taille le nombre de journées de travail.»]. (Les Maîtres Sonneurs, 291, 316, 317 ; La Petite Fadette, 127 ; La Mare au Diable, 187 ; Le péché de M. Antoine I, 27).
Colon [Ce mot n’a plus cours en Berry. On le retrouve dans des haux ; par exemple dans l’énumération des dimes prélevées par le curé de Verneuil avant la nationalisation des biens du clergé :
«Dime prélevée sur André Lacoust et ses consorts, colons.» (Cf. Hector de Corlay. Un clocher en Bas-Berry, 42)], fermier.
Trévoux, Littré.
«Mon colon est malade et ne peut se remettre.» (La Petite Fadette, 234).
Compagnie. [Très répandu]
«Il invitait le maître de la maison et toute sa compagnie, c’est-à-dire tous ses enfants, tous ses parents, tous ses amis et tous ses serviteurs.» (La Mare au Diable, 155).
201
Content, avoir son content, son saoûl. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Littré.
George Sand l’écrit comptant (François le Champi, 148).
Conduire, accompagner. [Très répandu]
Complément de Godefroy, Littré.
«Je pensais que… tu ne la conduisais point pour n’être pas blàmé.» (La Petite Fadette, 218).
Connaissance : 1° Avoir la connaissance, c’est savoir distinguer les bons des mauvais esprits. [Très répandu]
«Elle avait eu, dès son enfance, l’esprit trop nourri de croyances merveilleuses, pour ne pas compter sur la connaissance que sa mère lui avait donnée à l’effet de repousser les méchants fadets et les follets pernicieux.» (Jeanne, 279).
«Quand une personne a la connaissance, elle fait son salut en restant sage.» (Jeanne 228, 230, 235).
«Peut-être que la mère Fadet avait aussi de la connaissance là-dessus, et qu’elle avait enseigné à sa petite fille à ne rien redouter de ces feux de nuit.» (La Petite Fadette, 106).
2° Connaissance, science médicale. [Très répandu]
«Les femmes qui ont la connaissance, comme on les appelle ici, qui guérissent les malades, qui font des prières contre les fléaux de la campagne, la grêle, la rage, l’incendie, l’épidémie etc…, ces bonnes femmes-là, quoique entachées d’erreurs, sont pieuses
d’intentions et tout à fait inoffensives.» (Jeanne, 79 ; La Petite Fadette, 8).
Cornette, coiffe. [Très répandu]
Complément de Godefroy, Littré et Supplément.
«Sa cornette de mousseline claire et brodée partout, avait les barbes garnies de dentelle.» (La Mare au Diable, 187).
Cosse [Nom de lieu répandu : Les Cosses près de Saint-Chartier.], bûche, morceau. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire.
202
«Il les recueillait et les cachait sous un tronc d’arbre ou sous une cosse de bois.» (La Petite Fadette, 41).
«Il est tombé tant de cosses d’arbres… que si on y entrait on ne pourrait jamais s’en retirer.» (Id., 62).
Couette [Surnom assez répandu.], lit de plume. [Répandu]
Comte Jaubert. — Complément de Godefroy.
«Un lit de plume, appelé couette [À Nohant et aux environs, on emploie de préférenee piuntie.], d’une hauteur démesurée et d’un moëlleux recherché.» (Le Meunier d’Angibault, 43).
Coulant, uni, glissant. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Cotgrave, Littré.
«Les abords du moulin étaient bien gelés en revanche, et si coulants, qu’il ne fallait pas être maladroit pour courir sur les pierres.» (François le Champi, 153). [Très répandu]
Couple, nombre deux, se dit des choses (Coupe à Saint-Chartier).
Comte Jaubert. : (couble) ; — Complément de Godefroy, Littré.
« Dans une couple d’heures nous pourrons peut-être repasser par où nous sommes venus.» (Le péché de M. Antoine 1, 59).
Courtine, rideau et baldaquin qui orne le ciel du lit ; la courtine dans les lits à quenouille entoure le ciel de lit, par conséquent le lit. [Très répandu]
Comte Jaubert. (cortine), — Complément de Godefroy, Littré.
«Et tout ce qu’il vit, c’est que les courtines de son lit étaient closes.» (François le Champi, 155 ; Les Maîtres Sonneurs, 227, 379, 380).
Creux, profond. [Très répandu]
Monet (Profundus).
«… Nous vîmes que tous deux entraient dans l’eau qui n’était point creuse en cet endroit.» (Les Maîtres Sonneurs, 367).
«Cette méchante rivière… est là au plus creux,» (La Petite Fadette, 62).
203
Croit, croissance (crèt à Nohant), se dit des enfants, des animaux et des plantes. [Répandu]
Comte Jaubert. — Complément de Godefroy, Littré, (Berry).
«Je n’avais pas tant… d’appétit qu’il en fallait pour soutenir mon croit.» (Les Maîtres Sonneurs, 17, 137).
«Ces arbres d’un beau croit et d’une grande fierté.» (Id. 191 ; La Petite Fadette, 15 ; François le Champi, 171).
Décroché se dit de l’estomac quand il est malade. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«Je me sentais l’estomac tout décroché.» (Les Maîtres Sonneurs, 81).
Décrochement, délabrement, se dit de l’estomac. [Très répandu]
«Elle vous ôtait des maladies que vous n’aviez jamais eues telles que le décrochement de l’estomac…» (La Petite Fadette, 63).
Défendu, impossible. [Très répandu]
«Je ne peux pas vous dire ça, mon parrain, ça m’est défendu Guillaume ne savait pas que défendu dans l’acception berrichonne veut dire impossible.» (Jeanne, 72).
Dégager (se) [A Nohant, on dit : dégagez-vous ! dégagez-vous ! (dépêchez-vous ! dépêchez-vous !)], se dépêcher, se hâter. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«Je recommençai de m’ennuyer, et Brulette pareillement, malgré qu’elle se dégageât beaucoup pour achever la broderie…» (Les Maîtres Sonneurs, 205 ; La Petite Fadette, 32).
Délier [Cf. lier p. 214.], détacher (ici dételer (déier à Nohant). [Très répandu]
Godefroy.
«C’était l’heure de délier les bœufs, parce qu’ils avaient fait leur demi-journée.» (La Petite Fadette, 163).
Déshabiller [Cf. habiller p. 210.], enlever les harnais. [Très répandu] (Débiller à Nohant).
(Comte Jaubert.).
204
«Déshabille les mules. » (Les Maîtres Sonneurs, 122, 126).
Disette, bon mot, mot amusant, drôle, baliverne, propos d’amour. [Répandu]
Comte Jaubert.
«Elle lui avait appris… un tas d’amusettes, de disettes gentilles.» (Les Maîtres Sonneurs, 247, 280).
«Voilà une heure que vous m’ennuyez avec des disettes que je ne comprends pas.» (Claudie, 262).
Dire, donner. [Très répandu]
«Si vous n’en avez point eu nouvelles, reprit Thérence, je vas vous en dire.» (Les Maîtres Sonneurs, 256).
Domaine, ferme, bien de campagne. [Très répandu]
Comte Jaubert, — Trévoux, Littré. (p. m. s.).
«Je tirai droit sur le domaine de l’Aulnières.» (Les Maîtres Sonneurs, 67, 25).
Dressage, mise, toilette, habillement. [Très répandu]
Comte Jaubert : (dersage), Littré.
«Son dressage était bon pour faire rire.» (La Petite Fadette, 118, 172).
Drogue, morceau de bois fourchu qui se met sur le nez.
Littré, Supplément. Hatzfeld-Darmsteter-Thomas.
«L’autre met sur son nez une drogue en bois ou en carton qui simule une paire de lunettes.» (La Mare au Diable, 199).
Drôlesse, jeune fille. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire, Laisnel de la Salle, II, 147. — Trévoux, Oudin, (traduit drôlesse [On dit aussi : drôlière] par garse) ; cette dernière expression est employée en Berry, mais peu à Nohant, (on dit surtout jeunesse).

205
«(Le sauteriot)… vint bientôt le réclamer, amenant une bande de drôlesses plus jeunes qu’elle.» (La Petite Fadette, 120 ; Le péché de M. Antoine, II, 140).
Echauffer (s’), prendre un coup de soleil. [Très répandu]
«Vous vous échaufferez, M. Guillaume… (s’échauffer, c’est prendre un coup de soleil et la fièvre).» [La parenthèse est dans le texte.] (Jeanne, 248).
Ecouter (s’), se faire une raison. [Très répandu]
«Ce n’est pas tout ça, lui dis-je, il faut s’écouler, et les pleurs ne sont pas des raisons.» (Les Maîtres Sonneurs, 312).
Emmancher [Emmancher se dit à Nohant à tout propos : «Y zou chantent, y zou emmanchent des airs, y chantent à nuitée.»], composer, adapter. [Très répandu]
Comte Jaubert, — Godefroy, Littré. : (sens voisin).
«Oui-dà, mon garçon, dit le vieux, tu l’as donc guetté, l’air que je m’essaye d’emmancher sur des paroles depuis une huitaine?» (Les Maîtres Sonneurs, 211).
Encaver, enfouir, enterrer quand il s’agit d’un animal. [Très répandu]
Comte Jaubert, — Complément de Godefroy, Littré Supplément.
«Vous avez donc encavé Racinieux à ce matin?» (Les Légendes rustiques, 50 ; Histoire de ma vie, I, 140).
Enrayer, commencer, être en train de faire quelque chose. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy.
«Je trouvai la danse enrayée tout au mieux.» (Les Maîtres Sonneurs, 283).
Entendement, intelligence. [Rare]
Comte Jaubert. (p. m. sens : accord). Godefroy, Littré.
«M. le Curé connaissait bien… ceux qui avaient l’entendement plus subtil.» (Les Maîtres Sonneurs, 8).
206
«Dieu a inventé une espèce de miracle qui se fait dans nos entendements quand il le faut.» (Id. 244, 307, 332 ; La Petite Fadette, 71, 138).
Esprits, s. m. pl., au sens du 17e siècle, esprits vitaux, esprits animaux. [Rare]
Richelet, Littré.
«…Quand je venais à bout de tenir mon corps tranquille,
et de rasseoir mes esprits grouillants.» (Les Maîtres Sonneurs, 8, 17, 21, 34, 56, 190, 217, 240, 207, 283, 328, 379, 380 ; François le Champi, 44, 98, 241).
Estomac, poitrine. [Très répandu]
Comte Jaubert, — Trévoux, Littré.
«Joseph, pressé de réussir, a un peu usé de son souffle dans nos instruments… qui fatiguent l’estomac tant qu’on n’.a pas trouvé la vraie manière de les enfler.» (Les Maîtres Sonneurs, 109).
Etrange, étranger, dépaysé. [Très répandu]
Comte Jaubert, — Godefroy, Littré, Brunot, III, 146.
«Je ne me trouvais plus si étrange.» (Les Maîtres Sonneurs, 207 ; Nanon, 7).
Étuvée, matelote.
Coudereau, — Complément de Godefroy, Littré.
«Ces merveilleuses matelotes (on disait alors étuvées) [La parenthèse est dans le texte.] (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, II, 103).
Exploit, invitation. [Répandu]
«Il attacha d’apord au manteau de la cheminée une branche de laurier ornée de ruban ; ceci s’appelle l’exploit, c’est-à-dire la lettre de faire-part [Comte Jaubert donne la même définition. Il l’a sans doute empruntée à George Sand.]» (Coutume locale pour inviter
à un mariage). (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, 155).
207
Fâcherie, peine, colère. [Répandu]
Complément de Godefroy, Littré.
«Puisque j’ai été cause de votre fâcherie, il faut que je sois cause de votre contentement.» (La Petite Fadette, 155, 52, 153).
«Mais dans la première flamhée de sa fâcherie, elle ne savait s’en cacher. » (François le Champi, 203, 117, 140 ; Les Maîtres Sonneurs, 325).
Fait 1° «bien, maison, fortune. [Très répandu] (Fé à Nohant).
Comte Jaubert, — Hugues Lapaire. Littré.
«Laissez faire, Monsieur Blanchet, laissez-le manger son fait, puisque c’est son idée.» (François le Champi, 108).
«C’est une justice du bon Dieu… que le feu du ciel soit tombé sur le fait d’une pareille femme.» (Jeanne, 101).
«Pourvu que… je ménage votre fait.» (Id. 185).
2° Affaire. [Répandu]
Comte Jaubert. — Richelet.
«Il faut bien qu’elle prenne un homme pour cultiver son bien, et, en attendant qu’elle trouive son fait [Au sens de capable de, en état de, (Godefroy) ne se dit pas : «Quoi donc faire d’un paysan quand on est au fait de causer avec un Monsieur.» (Jeanne, 209)],
elle gardera ce grand imbécile.» (François le Champi, 210, Les Maîtres Sonneurs, 86).
Farinier, garçon meunier. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«Le beau farinier, la coqueluchc de toutes les filles…» (Le Meunier d’Angibault, 258).
Fille de chambre, femme de chambre. [On appelle actuellement fille de chambre, celle qui, dans une maison importante, aide aux femmes de chambre, fait les ouvrages les plus pénibles. Cf. homme de chambre (p. 185)] [Très répandu]
Trévoux, Littré, Brunot, IV, 337.
«Il lui poussa en tête l’idée de savoir lire… Elle s’y mit avec l’aide d’une ancienne fille de chambre de noble.» (Les Maîtres Sonneurs, 102 ; Jeanne 189 ; Le Meunier d’Angibault, 81).
208
Fin, habile.
Complément de Godefroy, Littré.
Germain «le fin lubourenr.» (La Mare au Diable, 26, 74).
Flambée (fiampée à Nohant), accès, transport, mouvement (de colère). [Rare]
Comte Jaubert.
«Joset fut pris d’une flambée de colère.» (Les Maîtres Sonneurs, 55).
«Dans la première flambée de fâcherie ; elle ne savait s’en cacher.» (François le Champi, 203).
Follet, lutin [«C’est ben rale qu’ les bêtes que l’ follet panse aillent en z’eux z’empirant.» (De mal en pis). Laisnel de la Salle. (Anciennes mœurs, 35)]. [Très répandu]
Laisnel de la Salle, (Anciennes mœurs, 35), — Godefroy, Littré.
«Chacun en la voyant, s’imaginait voir le follet, tant elle était petite, maigre, ébouriffée et hardie.» (La Petite Fadette, 66, mot répété souvent de la page 66 à 178, 15 fois environ).
«On dit que les follets aiment bien batifoler dans les bois et le fourrage.» (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, II, 40 : Les Légendes rustiques, 73).
Fosse (fousse à Nohant et environ), petite mare qui généralement se trouve à côté de la maison. [Très répandu]
Comte Jaubert, — Nicot, Littré.
«Ne se sont-ils pas mis dans la tète… que je vas la nuit… pour faire la lavandière autour des fosses ?» (Jeanne, 277 ; La Mare au Diable, 27).
Fouler, accabler, torturer. [Répandu]
Godefroy.
«L’amitié pour son besson et pour sa mère ne le foule pas au point de le mettre en danger de maladie.» (La Petite Fadette, 31).
209
Gabelou, employé de la gabelle, en général tous ceux qui lèvent les impôts. [Très répandu]
Comte Jaubert, Trévoux, Littré.
«J’ai été pris par les gabelous conTme vendant du vin sans payer les droits.» (Le péché de M. Antoine I, 67, 126).
Galoche, (gaïoche à Nohant), emploi plaisant de galoche (pantoufle à semelle de bois), signifie ici masse de neige adhérant à la chaussure [Voir dégalocher.]. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«J’inventai de lui retirer ses sabots pour en ôter les galoches de neige et les embraiser.» (Les Maîtres Sonneurs, 30).
Garenne, outre le sens ordinaire de ce mot, signifie dans la Vallée Noire, une futaie, un petit bois servant d’ornement à l’habitation. Les allées en sont bien faites et ornées souvent de plates-bandes de fleurs.
«Je lui fis offre de la conduire dans un petit bois anciennement cultivé en garenne qui joute le château ruiné.» (Les Maîtres Sonneurs, 248).
Gâter [Gâter est très employé dans la Vallée Noire : Y faut pas bin grand chose pour gâter rin. » Gâte signifiant malade est [Très répandu] «Y est gâte à mort.»], détériorer en salissant. [Très répandu]
Monet, Complément de Godefroy, Littré.
Dans l’exemple ci-dessous, il est voisin d’un sens courant, mais d’un emploi rare au participe.
«Sylvinet ne paraissait gâté ni déchiré.» (La Petite Fadette, 77).
Gouverner, administrer, mais employé aussi au sens plus étendu de traiter, commander à. [Répandu]
Comte Jaubert, — Godefroy, Littré.
«Mon père connaissant le mal et sachant le gouverner lui a retiré sa musette.» (Les Maîtres Sonneurs, 109).
210
«Je ne demande pas seulement comment je gouvernerai mon chagrin.» (François le Champi, 114 ; Les Maîtres Sonneurs, 11).
Grand-prêtre, évêque et aussi curé d’une paroisse de ville. [Très répandu]
Comte Jaubert, (curé de La Châtre seulement).
«Mon frère a réfléchi aux paroles du grand-prêtre.» (Les Maîtres Sonneurs, 259).
Gros mal, s. m. épilepsie. [Très répandu] Ancien français : grand mal.
Comte Jaubert.
«Il se coucha par terre en sanglotant… comme s’il fut tombé du gros mal.» (François le Champi, 50).
Habiller [À Saint-Chartier, biller une voiture de foin, de bois, c’est la serrer avec une corde.], harnacher, équiper. [Rare]
Comte Jaubert, — Godefroy, Littré, sens voisin.
«Toi, habille nos montures et nous partirons vite.» (Les Maîtres Sonneurs, 126).
Héritage, prés, champs, ce qu’on possède en terres, propriété de médiocre étendue. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy, Littré.
«Elles se laissèrent (les mules) bien approcher, mais tout aussitôt prirent leur course et se sauvèrent dans an autre héritage qui dépendait du domaine de l’Aulnières.» (Les Maîtres Sonneurs, 66).
«Elle entrait dans un héritage ou faisait un grand détour pour ne point le voir.» (La Petite Fadette, 94).
«Vous allez, en payant la Sévère, reprendre tous les héritages de votre fils.» (François le Champi, 204).
«Il n’y avait pas moyen de s’orienter à travers des héritages.» Avec cette remarque au bas de la page : «C’est le nom qu’on donne à la petite propriété.» (Mauprat, 41).
211
Honnête, poli, obligeant, affable. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Complément de Godefroy, Littré.
«II n’est pas toujours bien honnête, ni gracieux.» (Les Maîtres Sonneurs, 49 ; François le Champi, 82).
Honnêtement, d’une manière honnête. [Répandu]
Comte Jaubert. — Complément de Godefroy, Littré.
«Je leur fis observer honnêtement [Le paysan ajouterait bin : «J’y ai dit bin honnêtement. »] que je ne vendais pas de vin, et que s’ils le voulaient honnêtement requérir je serais content de leur donner le coup de vespres. » (Les Maîtres Sonneurs, 174, 267 ; La
Petite Fadette, 16, 143 ; François le Champi, 171).
Honnêteté [Ce mot revient assez fréqueniment dans les romans champêtres et surtout dans Les Maîtres Sonneurs et La Petite Fadette.], politesse, savoir vivre, observation des bienséances. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Complément de Godefroy, Littré.
«Elle répondait très doucement à mes honnêtetés.» (Les Maîtres Sonneurs, 157, 172, etc. ; Le péché de M. Antoine, I, 11 ; François le Champi, 167, 186 ; Claudie, 236).
Honte (avoir), être timide. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«Elle a honte, mais elle en reviendra, et je vous demande, Brulette, de l’encourager, car elle gagne à être connue.» (Les Maîtres Sonneurs, 149).
Hontenx, timide. [Très répandu]
Comte Jaubert.
« Elle n’est ni honteuse ni envieuse.» (Les Maîtres Sonneurs, 150).
« Ne me sentant plus honteux avec elle… je m’approchai et lui parlai résolument. » (Id. 161, 239 ; La Petite Fadette, 68).
Idée, mot vague, employé par le paysan en général, et fréquemment par les habitants de la Vallée Noire. A l’aide de ce mot, ils expriment des pensées, des sentiments très divers quand le terme propre leur fait défaut.

212
George Sand le met très souvent dans la bouche de ses paysans. On le retrouve environ 70 fois dans Les Maîtres Sonneurs, 25 fois dans La Petite Fadette, 12 fois dans Claudie. Les divers sens que George Sand a donnés à ce mot sont tous berrichons.
Comte Jaubert indique plusieurs sens du mot idée qui ne sont pas ceux-ci.
1° Bien intentionné. Dans l’exemple suivant, expression toute faite, indéterminée.
«Oui, tu te conduis bien, tu as bonne idée en toutes choses, et je suis contente de toi.» (François le Champi, 83).
2° Cœur.
«Il se peut que votre parole fut plus mauvaise que votre idée.» (La Petite Fadette, 272).
3° Désir, envie.
«C’est la vérité, répondit Joset tristement. Je n’ai encore que mon idée, mon roseau et elle !» (Les Maîtres Sonneurs, 50, etc.).
«Vous avez… une idée de fâcherie.» (Jeanne 258).
4° Imagination, état d’âme.
«Il joua très doux un air qui, sans être chagrinant, donnait à l’esprit souvenir ou attente de toutes sortes de choses à l’idée de chacun qui l’écoutait.» (Les Maîtres Sonneurs, 211 ; Nanon, 57).
5° Inspiration musicale, composition.
«Tu trouveras ailleurs l’instruction qu’il te faut pour sonner la musette ou la vielle… car pour l’idée ça ne se donne point, et tu as la tienne que je sais être de bonne qualité.» (Les Maîtres Sonneurs, 209, 345).
6° Opinion.
«Je n’ai de vous qu’une bonne idée, belle Brulette.» (Les Maîtres Sonneurs, 107, 157).
7° Pensée.
«Brulette, Brulette, lui dis-je, vous mettez votre idée hors de votre pays et de vos amis !» (Les Maîtres Sonneurs, 103, etc.).
«Le mariage de Landry avait toujours été une idée désolante pour Sylvinet. )» (La Petite Fadette, 258, etc. ; François le Champi, 101, 111 ; Claudie, 243, 256, 300).
213
8° Sentiment.
«Vous êtes bien heureux, Tiennet, de gouverner comme ça votre idée par la raison !» (Les Maîtres Sonneurs, 214, 273 ; La Petite Fadette, 273 ; Le Meunier d’Angibault, 63).
9° Souvenir.
«S’il veut me garder dans son idée, il faut que je m’en aille.» (Jeanne 263 ; Les Maîtres Sonneurs, 17).
10° Un soupçon.
«Si Landry avait une idée de gaieté et de courage de plus que son aine, Sylvinet était si amiteux… qu’on ne pouvait pas l’aimer moins que son cadet.» (La Petite Fadette, 17, etc.).
Ingénieur, personnage comique jouant son rôle dans les fêtes qui suivent le mariage. Sens tout à fait local. [Très répandu] Ne se trouve dans aucun lexique.
«L’autre met sur son nez une drogue en bois ou en carton qui simule une paire de lunettes ; il fait l’office d’ingénieur, s’approche, s’éloigne, lève un pian, lorgne les travailleurs, tire des lignes, fait le pédant…» (La Mare au Diable, 199).
Jardinier et jardinière, autres personnages comiques. [Très répandu]
(Ces mots ne figurent dans aucun lexique).
«Ils représentent un couple de gueux, mari et femme, couvert de haillons les plus misérables… Ils s’intitulent le jardinier et la jardinière, se disent préposés à la garde et à la culture du chou sacré.» (La Mare au Diable, 192, 194, etc.).
Jeunesse [Ce mot a été souvent employé par George Sand : environ 16 fois dans Les Maîtres Sonneurs ; 10 fois dans François le Champi ; 6 fois dans La Petite Fadette, On le trouve dans La Mare au Diable, Claudie, Nanon, Les Légendes rustiques.], jeune fille.
(A Nohant, jeune bête à cornes aussi. [Très répandu])
Comte Jaubert, Hugues Lapaire, — Littré.
214
«Joseph… paraissait soulagé d’entendre cette belle jeunesse le débarrasser de ses pensées en les rendant compréhensibles pour moi.» (Les Maîtres Sonneurs, 48).
Lier, attacher les bœufs au joug. [Très répandu]
Comte Jaubert, — La-Curne de Sainte Palaye, Littré.
«Il le mena ensuite avec lui pour lier les bœufs.» (La Petite Fadette, 33, 48).
«Germain, fier et dispos, sortit pour aller lier ses bœufs.» (La Mare au Diable, 204, 18 ; Claudie, 273 ; Mauprat. 254).
Livrées, cadeaux de noce. [Très répandu]
Hugues Lapaire, — La-Curne de Sainte Palaye, Trévoux, Littré. (p. m. s.).
«La petite Marie, n’ayant pas encore reçu les cadeaux de noce, appelés livrées, était vêtue de ce qu’elle avait de mieux dans ses hardes modestes.» (La Mare au Diable, 153, 191).
Loge [Mot répété environ vingt fois dans Les Maîtres Sonneurs, «On appelle loges des huttes formées de planches et de mottes de gazons construites par les ouvriers dans le bois pour l’exploitation des coupes. Les différents groupes de ces huttes, répartis sur
tous les points de la forêt, ont donné naissance à des villages entiers désignés sous les noms de Loges-de-Dressais, Loges-de-la-Cueille, Loges-de-Brenne, Loges-des-Cherpères, Loges-de-Jopeau, etc.» (Eug. Hubert, Le Bas-Berry : Ardentes, 7).], cabane en
planches servant de maison aux bûcherons. [Très répandu]
Comte Jaubert, — Godefroy, Littré.
Nom de plusieurs localités en Berry.
«Je n’eus pas de peine à retrouver le chemin des loges, car c’est comme cela qu’on appelle les capioles des ouvriers forestiers.» (Les Maîtres Sonneurs, 147).
Louer, prendre une personne à son service, à gages. [Très répandu]
Comte Jaubert, — La-Curne de Sainte Palaye, Richelet.
«Je pourrai louer mon gars.» (Les Maîtres Sonneurs, 12, 14, 16).

215
«Vous ne le louerez peut-être pas où vous voudrez.»
(La Petite Fadette, 45 ; François le Champi, 30, 63 ; Jeanne, 40).
2° Se louer [Aux environs de Saint-Chartier. on dit encore se loger pour se louer.], même sens, se donner en louage, s’engager au service de quelqu’un.
Littré.
(Les Maîtres Sonneurs, 81 ; La Petite Fadette, 147 ; François le Champi, 108, 111 ; Jeanne, 40, 120, 122, 130).
Maison, pièce unique du bâtiment d’exploitation où habite le paysan ; les étaliles et la grange, bien que sous le même toit ne font pas partie de la maison. [Très répandu]
Comte Jaubert, — Monet, Littré.
«Voici… Tiennet, dit-il,… en me montrant les meubles qui étaient dans la maison,» (la chambre). (Les Maîtres Sonneurs, 77).
Ménagement, économie, sage administration. [Répandu]
Comte Jaubert. : (économies), Richelet.
«Je t’ai appris le ménagement d’une famille et tout ce qu’une bonne fille doit savoir.» (Les Maîtres Sonneurs, 15, 265).
«Je suis en position de doubler mon avoir, par un bon mariage, et, si ça se trouvait avec la bonne conduite et le ménagement…» (Claudie, 223).
Monde, [Très répandu] dans les diverses acceptions que nous trouvons chez George Sand :
1° Gens.
Comte Jaubert.
«Hélas! mes pauvres mondes (mes pauivres gens- [La parenthèse est dans le texte.]
ayez pitié de nous.» (La Mare au Diable, 194, 104 ; La Petite Fadette, 109 ; Les Maîtres Sonneurs, 51, 70, 88, 90, 172, 176, 223, 237, 239 ; François le Champi, 80 ; Jeanne, 119, 193).
2° Personne.
Comte Jaubert, — Godefroy, Littré.
210
«Nous avons rencontré plus de cinq cents mondes ce matin.» (Les Maîtres Sonneurs, 21, 191, 249 ; Jeanne 210).
3° Famille, parents.
Comte Jaubert,
«Pouuant comme elle voulait que son monde ne souffrit pas de sa charité, elle s’accoutumait à ne manger presque rien.» (François le Champi, 79 ; La Mare au Diable, 39 ; Les Maîtres Sonneurs, 110, 135).
4° Confrérie.
«Est-ce que par hasard vous blâmeriez mon frère d’avoir demandé justice devant son monde, d’une injure et d’une menace qu’il avait été forcé d’endurer devant vous.» (Les Maîtres Sonneurs, 180).
5° Population.
«Eh oui, il a été voir si le monde a décidé de se cacher ou de se défendre.» (Nanon, 40).
Le petit monde. [Très répandu] Les petits enfants.
Comte Jaubert,
«On eût dit qu’ils ne soulfraient point de leurs dents ni de leur croît, autant que le reste du petit monde.» (La Petite Fadette, 15 ; Les Maîtres Sonneurs, 226 ; Jeanne, 185).
Le jeune monde, même signification.
«Ils devisaient… sous les noyers de la Cosse en regardant tout ce petit ou jeune monde grouillant autour d’eux.» (La Petite Fadette, 184 : Nanon, 100).
Musique, air de musique. [Très répandu]
«Conserve dans ton secret ces jolies musiques qui te sont bonnes et douces.» (Les Maîtres Sonneurs, 51, 54).
Nape et Nappe, nénuphar. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«Le mot nape qui, dans le langage figuré du pays, désigne la belle plante appelée nénuphar, nymphéa, décrit fort bien ces larges feuilles qui s’étendent sur l’eau comme des nappes sur une table ; mais j’aime mieux croire qu’il faut l’écrire avec un seul p, et le faire
dériver de napée, ce qui n’altère en rien son origine mythologique.» (François le Champi, 2, 207, 212 ; La Petite Fadette, 78).
217
«La Portefeuille…était toute couverte des grandes nappes du plateau blanc.» (Les Maîtres Sonneurs, 115).
Oreillons, 1° partie de la coiffe qui pend sur les oreilles, sur le sommet de la tête avec des épingles. [Très répandu]
Comte Jaubert, — Littré. (partie du casque).
«Une ooiffe… montrait de chaque côté de sa tête deux grands oreillons bien larges et bien plats. » (La Petite Fadette, 118).
«Il y en avait, des plus jeunes s’entend, et des moins bien appris, qui frappaient sur l’orillon de sa coiffe et la faisaient virer d’une oreille à l’autre.» (Id. 125).
2° Versoir d’une charrue.
«Ça ne toucherait pas le manche d’une pelle ou les orillons d’une charrue pour tout au monde.» (Claudie, 223).
Panser du secret, soigner, traiter un malade. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire, Laisnel de la Salle, I, 370.
«Elle pansait du secret, c’est comme qui dirait qu’au moyen du secret, elle guérissait les blessures, foulures et autres estropisons.» (La Petite Fadette, 63 ; Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, II, 183).
Payen, adj., pris substantivement, désigne un personmage comique dans les fêtes qui suivent le mariage. [Très répandu]
Godefroy : (de paille).
«Le mari porte diverses qualifications qui toutes ont un sens. On l’appelle indifféremment le pailloux [Pailloux, peillnux ou payen signifient de paille à Nohant et environs.] parce qu’il est coiffé d’une perruque de paille ou de chanvre, et que, pour cacher sa nudité
mal garantie par ses guenilles, il s’entoure les jambes et une partie du corps de paille. Il se fait aussi un gros ventre et une bosse avec de la paille ou du foin cachés sous sa blouse. Le peilloux parce qu’il est couvert de peille (de guenilles). Enfin le payen, ce qui est
plus significatif encore, parce qu’il est censé, par son cynisme et ses débauches, résumer en lui l’antipode de toutes les vertus chrétiennes.» (La Mare au Diable, 193).
Pays, village. [Très répandu]
Trévoux, Littré.
«Je ne suis pas d’un pays. Je suis des bois.» (Les Maîtres Sonneurs, 20).
Pelle, écluse (pale à Nohant). [Très répandu]
Trévoux.
«Il allait à la rivière comme un poisson et plongeait jusque sous la pelle du moulin.» (François le Champi, 34).
«Quand ils passèrent sur la pelle de l’étang de Rochefolle, il faisait nuit grande.» (Id. 91).
Picoter, agacer, attaquer, fâcher. [Très répandu]
Trévoux, Littré.
«Il serait faux de dire qu’il n’avait rien senti pour elle en la voyant pleurer. Il avait bien eu le cœur un peu picoté.» (François le Champi, 148).
«Là il la picota en paroles jusqu’à lui faire lever la main.» (Id. 203).
Plaisants (les), ceux qui font rire. [Très répandu]
Sens local, ne se trouve dans aucun lexique.
«Les plaisants de la noce, le chanvreur, le fossoyeur, le charpentier ou le sabotier, (tous ceux enfin qui ne travaillent pas la terre, et qui, passant leur vie chez les autres, sont réputés avoir, et ont réellement plus d’esprit et de babil que les simples ouvriers
agriculteurs). [La parenthèse est dans le texte.]» (La Mare au Diable, 199).
219
Plantation, lieu très restreint planté d’arbres fruitiers.
«(L’)héritage… se réduisait au moulin et à ses dépendances ; c’est comme qui dirait la cour, le pré, les bâtiments, le jardin, la chenevière et la plantation.» (François le Champi, 179).
Ponpée, paquet d’étoupes dont on garnit le fuseau à filer. [Très répandu]
Comte Jaubert, — Godefroy, Littré.
«Un coup de pistolet mit le feu à une petite provision de chanvre en poupées, placée sur une claie au plafond.» (La Mare au Diable, 179).
Prêche, prédication dans l’Eglise catholique. [Très répandu]
Godefroy. — Littré.
«Il y aivait autour de nous une foule plus charmée et plus attentionnée qu’au plus beau prêche.» (Les Maîtres Sonneurs, 98).
«Outre que je n’étais pas assez savant pour le prêche, je me sentais coupable aussi à ma manière.» (Id. 196).
Prendre, mettre, admettre. [Très répandu]
«Ça se peut, dit-elle… Mais prends que je ne dis rien, car je ne le peux, ni ne le dois.» (Les Maîtres Sonneurs, 235).
Quart, angle, coin. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«François, sans rien plus demander, s’assit dans le quart de la cheminée.» (François le Champi, 158).
Quart d’œil, coup d’œil fugitif, œillade. [Répandu]
Comte Jaubert.
«Elle l’amignonna si honnêtement en paroles et en quarts d’œil.» (François le Champi, 144).
Raisons, ce qu’on a sur le cœur. [Répandu]
Godefroy. — Littré.
«C’est là qu’elle allait souvent dire ses raisons au bon Dieu.) (François le Champi, 105).
220
Ramasser [«Y est pas sourdot, y n ben tout ramassé.» Saint-Chartier], entendre, ne rien perdre d’une conversation. [Répandu]
Comte Jaubert, — Littré (sens voisin : recueillir des passages, des citations).
«Je… m’étonnai qu’il n’entendit rien du discours que sa mère ne tenait point à voix si basse que je n’eusse ramassé le tout. .. (Les Maîtres Sonneurs, 13).
Rangement. 1° bonne conduite. [Répandu]
Comte Jaubert. — Littré.
«On ne donna pas grosse part d’attention au rangement de la petite Fadette.» (La Petite Fadette, 184).
2° Action de mettre en ordre, d’économiser.
Godefroy. — Littré.
«Tu aimes le rangement et non l’avarice.» (François le Champi, 129).
Refendre, labourer pour la seconde fois. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«Il se mit à genoux dans le sillon qu’il allait refendre, et fit sa prière du matin.» (La Mare au Diable, 204).
Régner, habiter, vivre, employé fréquemment par les domestiques dans le sens de être au service, vivre dans une maison. [Très répandu]
Comte Jaubert, — La-Curne de Sainte Palaye.
«J’ai eu le temps de m’y habituer depuis soixante-quinze ans que j’y régne.» (Le Meunier d’Angibault, 47).
«La Mariton… la reine des servantes, et jamais sa maison n’avait été mieux achalandée que depuis qu’elle y régnait.» (Les Maîtres Sonneurs, 35).
Renforcer, réconforter, rendre plus fort. [Répandu]
Complément de Godefroy.
C’est l’emploi du complément qui rend curieuse l’expression suivante.
221
«Il avait besoin de se nourrir le sang et de se renforcer l’estomac» (Les Maîtres Sonneurs, 27).
Reposer (se), s’arrêter, cesser. [Très répandu]
«Ça veut dire qu’il ne faut pas que je me repose de cultiver nos terres et d’élever nos bestiaux.» (La Petite Fadette, 7).
Retirer, 1° ressembler, avoir de l’analoigie. [Très répandu]
Comte Jaubert, Jean Tissier, — Complément de Godefroy, Littré Supplément.
«C’est d’une manière qui ne retire pas [Y retire son père, sa mère, signifie : il leur ressemble] de la vôtre et qui par cette raison ne me plaît miette.» (François le Champi, 220).
2° Amener chez soi, faire demeurer, habiter. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«C’est ma volonté d’être grand musicien pour retirer ma mère avec moi.» Les Maîtres Sonneurs, 160, 102).
Retourner, revenir. [Très répandu]
Trévoux.
«Ah ! mon pauvre François, qu’elle lui dit, je suis aise de te voir. Je croyais bien que tu ne retournerais jamais.» (François le Champi, 170).
Réveillé, vif, dégourdi. [Très répandu] (Arveuiller à Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
«Une troupe d’autres mules, toutes bien en point, réveillées comme souris.» (Les Maîtres Sonneurs, 66, 237).
«Avec ça forte et réveillée comme je me sens d’être.» (Les Maîtres Sonneurs, 12).
«C’était une très brave femme, bien propre, bien réveillée au travail.» (Jeanne, 38).
Revenir, se dit des apparitions, des hallucinations. [Très répandu]
Comte Jaubert, Trévoux.
«Dans le canton de La Châtre ce ne sont pas seulement les animaux qui reviennent, ce sont encore les meubles.» (Les Légendes rustiques. 116).
Rivet, rive, bord (de l’eau). [Répandu]
Comte Jaubert, — Littré.
«Dévale le pré et tu le verras au rivet de l’eau.» (La Petite Fadette, 109).
Routine, le fait de répéter toujours la même chose, refrain, chanson. [Très répandu] (Rotine à Nohant).
Comte Jaubert : (routiner).
«En soupirant (elle) le berçait ou lui chantait une routine.» (Les Maîtres Sonneurs, 241).
Sautoir, petite barrière dans un champ, un pré que l’on peut facilement escalader. [Très répandu] (Sautoué à Nohant).
Comte Jaubert — Godefroy.
«La petite Fadette le suivit jusqu’au sautoir du pré.» (La Petite Fadette, 71, 72).
Secousse, seconde, l’instant le plus court. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire.
«(François) en une secousse eut envie de lui dire bonjour d’ami.» (François le Champi, 158, et la page suivante).
Sembler, ressembler. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy.
«Tu sembles la grand’ fade !» (Jeanne, 344). [À Nohant : Y sembeille bin son père.].
Serrer, entourer, enfermer. [Répandu]
Comte Jaubert. — Complément de Godefroy, Littré.
Un son de musette sortit du bois dont le taillis serrait la petite cour en face de nous.» (Les Maîtres Sonneurs, 317).
«Elle orna sa coiffe et son corsage des fleurs d’Huriel et après avoir serré le restant dans sa chambre, elle se disposait à jeter l’autre dans le reste d’ancien fossé….» (Id. 317).
223
«(Fanchette), tout à fait incapable de gérer mon bien et anème de le conserver et de le tenir serré. [En s’en venant de l’assemblée, al a sarré seux harnas (habits). (Saint-Chartier).]» (La Petite Fadette, 244).
Servitude, service. [Répandu]
«Joseph ne l’avait point écoutée, disant toujours qu’il la voulait retirer de servitude et emmener au loin avec lui.» (Les Maîtres Sonneurs, 333).
Sornette, surnom, sobriquet. [Très répandu]
Comte Jaubert, Coudereau, — Littré : (Berry).
«Or, comme les paysans sont grands donneurs de sornettes et sobriquets, la maison et la terre avaient reçu le nom de Bessonnière.» (La Petite Fadette, 35, 68).
«Grelette, sautiote, farfadette, chat grillé, grillette, ralette, et autres sornettes à la manière de l’endroit.» (La Petite Fadette, 124).
Ce mot au sens de plaisanterie est assez répandu.
La-Curne de Sainte Palaye, Complément de Godefroy, Littré.
«Si fait, dit la Sévère, d’un ton moitié sornette, moitié amitié ; tes yeux brillent comme des vers luisants.» (François le Champi, 93 ; Les Maîtres Sonneurs, 89, 357).
Souffrir, manquer. [Très répandu]
«Oh ! je sais que tu ne lui fais aucun mal et ne le laisse souffrir de rien, parce que tu es douce chrétienne.» (Les Maîtres Sonneurs, 234).
Soupir, respiration. [Répandu]
Trévoux.
«Il se roula comme un serpent et m’enlaça si serré que j’en perdis mon soupir. ) (Les Maîtres Sonneurs, 74).
224
Subtil, adroit, léger, fin. [Très répandu]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire, — Godefroy, Littré.
«Marie Guillard… était une jeunesse très subtile de sa langue.» (Les Maîtres Sonneurs, 92).
«Celui (le vent) qui souffle ici n’est pas assez subtil et ne pourrait que la dessécher.» (Id. 230).
«Dans tous les jeux il était le premier, le plus subtil de corps et d’œil.» (La Petite Fadette, 52).
Suivre [Suivre une fille, signifiant flirter, rechercher sa société, aller
aux assemblées, aux foires, aux marchés où elle a coutume de se
rendre, est une expression très répandue.], remplir, accomplir. [Rare]
Littré.
«Te voilà assez grande pour suivre ton devoir.» (Les Maîtres Sonneurs, 15).
Taille, bois, taillis. [Très répandu]
Comte Jaubert supplément, Coudereau, Jean Tissier, Hugues Lapaire. — Godefroy.
«Les bœufs… qu’on avait mis pacager le matin dans la taille.) (La Petite Fadette, 43).
«Ils allaient parmi les tailles qui sont jeunes bois de coupe.» (Id. 198).
Terrier et tré, tertre. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy.
«Après avoir gravi un mamelon assez raide, on se trouve sur le tré ou terrier, c’est-à-dire le tertre de Blanchemont.» (Le Meunier d’Angibault, 66 (mot répété 10 fois environ) ; Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, II, 102).
Toucher, aiguillonner. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Complément de Godefroy.
«Le père Caillaud, de la Priche, lui offrit d’en prendre un pour toucher ses bœufs.» (La Petite Fadette,. 23, 28).
225 κυρικιμασαηικο
Tourte, pain bis de forme ronde. [Très répandu]
Comte Jaubert, Laisnel de la Salle, II, 271, — Complément de Godefroy : (torte).
«Le souper… se composait d’un fromage de chèvre, d’un fromage de brebis, d’une assiettée de noix, d’une assiettée de pruneaux, d’une grosse tourte de pain bis.» [Les tourtes se placent, en sortant du four, sur une sorte de râtelier spendu horizontalement au
plafond, appelé tourtier.] (Le péché de M. Antoine, I, 26 ; François le Champi, 39).
Tranche, pioche à deux tranchants. [Répandu]
Comte Jaubert, — Godefroy, Littré.
«Là-dessus, il ramassa sa tranche et sa serpe et s’en alla travailler plus loin.» (Les Maîtres Sonneurs, 29).
Trancher, traverser. [Répandu]
Comte Jaubert. — Complément de Godefroy
«Les mulets, qui sont animaux têtus et très durs de leurs os, accoutumés de trancher où le clairin tranchait, avaient pris leur passage emmi les danseurs.» (Les Maîtres Sonneurs, 173).
Trempée, volée de coups. [Très répandu]
«Il entendait gémir et crier comme si trente diables invisibles eussent reçu une bonne trempée qu’il leur administrait.» (Les Légendes rustiques, 89).
Vaisseaux, vaisselle (plutôt mauvaise vaisselle). [Répandu]
Godefroy : (vaissel, vaisseau).
«Tenez ma fille, si vous voulez laver le restant des vaisseaux.» (Claudie, 237).
«Un grabat, deux chaises, un bahut et quelques vaisseaux de terre.» (François le Champi, 30).
Valet, serviteur dans une métairie. [Très répandu]
Comte Jaubert, Coudereau, Laisnel de la Salle, I, 30, II, 191. — Littré.
«Son gage était le plus bas qu’on puisse payer dans un domaine à un valet de charrue.» (Les Maîtres Sonneurs, 25, 352).
226
«Après quoi on le louerait comme on pourrait, pour être porcher ou petit valet de charrue. (François le Champi, 30, 99, 113 ; Le Meunier d’Angibault, 129, 197, 257 ; Jeanne, 278 ; Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, II, 96).
Vent, souffle, haleine. [Très répandu]
Comte Jaubert — Complément de Godefroy, Littré.
«Il n’est pas digne d’avoir le moyen d’une musette! et celui qui s’en essaye, à cette heure, mériterait que le bon Dieu lui retire son vent de la poitrine.» (Les Maîtres Sonneurs, 46, 89).
Vivier, boue où l’on enfonce, où on s’enlise ; fondrière. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«J’avais assez à faire pour mon compte de me tirer des viviers et des trous du chemin.» (Les Maîtres Sonneurs, 121).
«Vous ne connaissez pas les viviers à ce qu’il paraît ? Nous vous péririez là-dedans !» (Jeanne 37).
227
LIVRE III
CHAPITRE Ier
Formes grammaticales.
Substantif.
NOMBRE. – Le pluriel réagit sur le singulier. Brunot, II, 298.
Bestiau, bétail. [Très répandu]
Jean Tissier, — Littré.
«Il ne lui reste qu’un peu de bestian, trois ou quatre ouailles.» (Jeanne, 35 ; Les Légendes rustiques. 49).
Chat-êcurieux, écureuil. [Très répandu]
Comte Jaubert, — Littré : (écurieux p. Berry).
«Tu montes sur les arbres comme un vrai chat-écurieux.» (La Petite Fadette, 137).
Chévau. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«C’est vilain qu’une fille ait l’air d’un chevau échappé.» (La Petite Fadette, 186 ; Le péché de M. Antoine I, 32 ; II, 151 ; Jeanne 45, 57, 94).
On emploie souvent aussi chevals au pluriel.
«Laissons les chevals.» (Le péché de M. Antoine I, 56).
Adjectif.
ADJECTIF QUALIFICATIF. — Grand. [Très répandu] Cet adjectif conserve au féminin dans un certain nompre d’expressions, la forme ancienne, (Brunot, II, 284 ; III, 276).
228
(Je maintiens l’apostrophe à grand, car elle se retrouve dans tous les textes de George Sand).
La grand’ bête.
Comte Jaubert.
«Au sortir des tailles de Champeaux, ils entendirent tous les oiseaux du bois crier à la fois, et virent une bête qui était faite tout comme un veau, tout comme un lièvre
aussi. C’était la grand’ bête.» (Les Légendes rustiques. 41).
«Je pris à la cheminée un vieux fusil à mon père, que je savais chargé de trois balles bénites, car la grand’ bête a toujours eu coutume de s’ébattre aux alentours de la font de Fond.» (Les Maîtres Sonneurs, 58).
«Nous serons mangés par les loups en nous en allant, ou bien nous rencontrerons la grand’ bête.» (Mauprat. 40).
Grand’ bande :
«Les oisillons par grand’ bandes voletaient devant François.» (François le Champi, 237).
La grand’ Cateline :
«On y mettra tout ce qu’il faut, notre cher Monsieur, répondit la grand’ Cateline.» (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, II, 38).
Grand’ crainte :
«J’ai grand’ crainte qu’il ne prenne les fièvres après moisson. » « (Claudie, 226).
La grand’ dame :
« C’était la grand’ dame de Boussac. La connaissez-vous, la dame du château de Boussac ? Est-elle en vie ?» (Jeanne 39, 120, 130).
La grand’ faim :
«…Ne pouvoir se préserver… des maladies, de la grand’ soif, et de la grand’ faim.» ( Mauprat, 228).
Grand’ fiance :
«Tu es si drôlement bâti dans ton esprit que je ne saurais y avoir grand’ fiance.» (La Petite Fadette, 112).

229
La grand’ fièvre :
«Son petit frère Janet qu’elle avait plus de dix fois ramené de l’article de la mort en ne lui faisant pas d’autre remède que… le réchauffer… quand la grand’ fièvre le prenait en froid.» (La Petite Fadette, 256).
La grand’ Gothe :
«Etes-vous médecin de campagne, Monsieur, reprit la grand’ Gothe. Je ne vous ai jamais vu ici.» (Jeanne, 43, etc, Les Légendes rustiques, 110).
La grand’ Louise :
«Cachez-moi, fût-ce sous la meule de votre moulin — Diable ! Il n’y ferait pas bon, la grand’ Louise a les os plus durs que vous.» (Le Meunier d’Angibault, 211, 225, 229).
La grand’ maison :
«Les chambres d’Adamas, de Clindor et de Jovelin communiquent avec celles de la grand’ maison.» (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, I, 211).
La grand’ nuit :
«Il n’avait point vu le gué à cause de la grand’ nuit.» (La Petite Fadette, 115, 132).
Grand’ patience :
«Je vois bien, mon pauvre cousin, que je te suis toujours un embarras, et cependant, tu t’y donnes de si grand’ patience… que je ne sais point m’en déshabituer.» (Les Maîtres Sonneurs, 249).
Grand’ perte :
«L’achat à peu près forcé des terres et châteaux splendides que Sully possédait en Berry, et qu’il fallait céder à M. le Prince à grand’ perte.» (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, II, 7).
La grand’ peur :
«Le souvenir de cette panique est resté dans nos campagnes comme ce qui a le plus marqué pour nous dans la révolution. On l’appelle encore l’année de la grand’ peur.» (Nanon. 39, 42, etc. ; La Petite Fadette, 10, 23 ; Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, I,
163).
Grand’ plantée [C’est à tort que George Sand a mis un e muet à ce mot. Il n’a plus cours en Berry, mais Duguet cite ce vieux dicton du pays: «Celui qui le jour de Saint-Vincent (du printemps?) loie (lie) les arbres de son jardin de loyens (liens) de fuerre de
froment (de paille) il aura cestui an planté (abondance) de fruits.» (La Châtre en Bas-Berry au XVe siècle. XL)], grande quantité, abondance.
Duguet, La Châtre en B. Berry, XL, — Godefroy, Brunot, II, 285.
«On nous trouverait sages et gentils à grand’ plantée de compliments.» (François le Champi, 183).
La grand’ porte :
«M’est avis que vous avez raison, mam’selle. On a sonné à la grand’ porte.» (Jeanne, 193).
La grand’ soif :
«…Ne pouvoir se préserver du froid, du chaud, des maladies, de la grand’ soif…» (Mauprat, 228).
La grand’ Vierge.
«Mais le bon Dieu et la grand’ Vierge, mère de Jésus-Christ, n’ont pas voulu que nous mourions ni l’un ni l’autre.» (Jeanne 185). [Mais on ne dira pas à Nohant et aux environs : la grand’ carroche
(Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, II, 215) ; la grand’ fade (Jeanne, 344) ; grand’ fête (Les Maîtres Sonneurs, 265) ; grand’ police (Les Maîtres Sonneurs, 206).
Les mots carroche, fade, police ne sont pas usités.]
QUALIFICATION. — Quelques locutions équivalent à des adjectifs.
D’après le procédé de formation : Un homme de peu (Les Maîtres Sonneurs, 206) ; une fille de bien, (François le Champi, 98). George Sand crée d’autres
qualificatifs :
231
«Cette veuve aimable et de bon cœur lui faisait compagnie.» (Les Maîtres Sonneurs, 7).
«Une sœur si bonne et d’un si grand courage.» (Les Maîtres Sonneurs, 187).
«Le père Barbeau était un homme de boncourage.»
[On ne dira pas :
«Il était… de belle prestance comme Huriel.» (Les Maîtres Sonneurs, 137).
«II était… de si belle vue.» (François le Champi, 163).]
(La Petite Fadette, 6).
«C’est à cela que j’ai connu que tu étais de bon cœur.» (François le Champi, 72).
Etre en malice, se dit des personnes et du temps. [Très répandu] κυρικιμασαηικο
Comte Jaubert.
«Ce maudit gars, me dit Brulette, ne décote pas d’être en malice.» (Les Maîtres Sonneurs, 233).
«Cette vieille charmeuse qui est toujours en malice.» (La Petite Fadette, 84, 148).
«Le temps est bien en malice.» (Le péché de M. Antoine, I, 12).
«Un marmot qui ne lui est de rien [La vraie expression serait : Un marmot qui ne lui est rin, des choses qui ne lui étaient rin.]» (Les Maîtres Sonneurs, 225).
«Des choses qui ne lui étaient de rien.» (La Petite Fadette, 48).
«Ami Joseph, dit le frère Nicolas, nous sommes de connaissance.» (Les Maîtres Sonneurs, 347).
Au lieu de qualifier les choses directement, George Sand emploie le tour qui consiste à qualifier la personne et à préciser ensuite son idée par le complément.
«Elle me paraissait plus douce en son parler.» (Les Maîtres Sonneurs, 236).
«Il n’était cependant ni mal fait, ni mal gracieux de son corps [Voir Appendice II, p. 322, George Sand a employé beaucoup de ces tournures qui ne sont pas usitées chez les paysans.]» (Les Maîtres Sonneurs, 25).
232
Pronom.
PRONOM PERSONNEL — Zou, le, la, les, complément direct. (George Sand l’appelle pronom relatif).
Comte Jaubert.
«La Vallée Noire est le pays où résonne le zou. Le zou est, à coup sûr d’origine celtique, car je ne le trouve nulle part dans le vieux français d’oc et d’oil. Zou est un
pronom relatif qui ne s’applique qu’au genre neutre. Le berrichon de la Vallée Noire est donc riche du neutre perdu en France. On dit d’un couteau : ramassez zou ; d’un panier : faut zou s’emplir. On ne dira pas d’un homme tombé de cheval : faut zou ramasser.
Le bétail noble, non plus, n’est pas neutre. On ne dit pas du bœuf : tuez zou, ni du cheval : mène zou au pré ; mais toute bête vile et immonde, le crapaud, la chauve-souris, subissent l’outrage du zou ; écrase zou ; zous attache pas, anc tes mains ! (La Vallée
Noire, 297, à la suite du Secrétaire Intime).
«On z’ou fait pour vot’ bien.» (Jeanne, 98).
«D’abord que nout’ dame vous le promet, y a pas besun d’zou z’écrire.» (Correspondance, II, 284).
Zou est très souvent zu ; à Nohant, on entend l’un et l’autre.
Pour zou récolter, ça coûte. (Saint-Chartier).
Je zou sais pas, ou je zu sais pas.
Il n’y a presque pas de phrases où ce pronom ne trouve sa place :
Zu trouve pas bin jolie [Dans la Vallée Noire, air est du féminin. «C’t’air là est bin pu enlevante.»] c’t’air-là ; t’y donne pas d’tournure à ta chanson.

233
S’y faut passer sa vie pour zu ou zou fère, j’ la passerai.
J’te zou dis bin.
J’te z’avais bin dit.
J’ veux zu mette en meuriot.
Y l’avient enrayé de zou biner. (Il avait commencé de les biner, les pommes de terre.)
Y a pas homme pou zou faire. (Un ouvrage).
Y zou vendent bin. (Les poulets).
C’est quand qu’ vous zou mettez la ficelle, c’est bouclé.
Dans les deux exemples qui suivent, le zou doit toujours être considéré comme un neutre bien qu’il se rapporte à la personne :
Zou voilà tout adfié ton garçon.
Y zou battant, ils les (enfants) battent, ils battent cela.
PRONOM DÉMONSTRATIF. — «Nos paysans ont une prononciation très accentuée, dit George Sand. Ils prononcent qui, tchi. Ainsi dans leurs pronoms démonstratifs, qui sont très riches, ils disent : quaqui-là, celui-ci ; quaqui-là là,
celui-là ; et quaqui là là là, celui-là plus loin ou là-bas ; et ils prononcent quatchi-là, quatchi-là là, et quatchi-là là là, ce qui ne manque pas de caractère comme vous voyez ; au féminin, qualchi-là, qualchi-là là, etc. Nous avons bien quelques chiens frais qui se
permettent de dire c’té lui-là, c’tella-là.» «Mais ce sont, comme dit Montaigne, façons de parler champisses et mauvaises » , et nos puristes les traitent avec mépris [Correspondance II, au comte Jauhcrt, juillet 1843.] :
Les formes quatchi-là, quatchi-là là [J’ai entendu une paysanne très âgée crier à sa voisine: «Avise don Calmarie, si y a pas quaques oueilles dans ca bié.» (Regarde donc, (la) Marie, s’il n’y a pas quelques brebis dans ce blé).] pour celui-ci, celui-là, sont encore,
paraît-il, employées à Nohant par des vieillards, mais elles se perdent.
234
Le paysan berrichon dit très souvent celle-là-là.
«Je parie qu’ils lui feront rebâtir une meilleure maison que celle-là-là.» (Jeanne, 102).
PRONOM RELATIF.
Qui que. [La forme qui qui (Brunot, III, 520), est très répandue aux environs de Nohant : Satan en Berry désigne toute sorte de mauvaise bête. A l’occasion d’un baptême : «Renoncez-vous à Satan, disait le prêtre ? — En v’ia une texion à fère à in houmme, in
bestiau, in animau qui qui y renoncerait pas ?»
On se sert aussi de cette forme pour interroger : «Qui qui l’a fé?»]. [Très répandu]
Le pronom relatif qui est souvent accompagné de que conjonctif, le relatif ne paraissant pas suffisant.
«Heu ! Heu ! Je sais bien qu’il y en a une autre avec qui qu’il voudrait bien s’entendre.» (Jeanne, 25).
PRONOM INTERROGATIF.
A quoi que….? [Très répandu]
«A quoi que ça peut servir ?» (Les Maîtres Sonneurs, 54). [Très répandu]
Que, sert à renforcer l’interrogation.
Pour interroger, on se sert aussi quelquefois de la tournure suivante :
Si c’est que.
«Ne me demande donc point si c’est que [Cette tournure s’explique parce que dans l’interrogation indirecte avec si, on reprend la tournure employée dans la proposition affirmative :
«C’est que je pense à vous » deviendra : « Si c’est que vous pensez à moi…»] j’ai de l’aise ou du mal.» . (Les Maîtres Sonneurs, 55).
PRONOM INDÉFINI.
Un chacun à Nohant, [Rare] La Châtre, [Répandu] à Saint-Chartier. [Rare]
Comte Jaubert, Laisnel de la Salle. Anciennes mœurs, 264, — Haase, 107, Brunot,
III, 297.
235 κυρικιμασαηικο
«Tandis qu’un chacun me questionnait sur l’étranger, une autre question s’élevait sur la pierre des ménétriers.» (Les Maîtres Sonneurs, 90, 24, 88, 97, 172, 283).
«Je ne te dirai point de mal de ma pauvre mère qu’un chacun blâme et insulte.» (La Petite Fadette, 140, 46, 171 ; François le Champi, 187, 195 ; Claudie, 235, 275, 291 ; Le Meunier d’Angibault, 160 ; Le péché de M. Antoine I, 40 ; Les Beaux Messieurs de
Bois-Doré, I, 18, 63 ; II, 124 ; Correspondance, I, 9 octobre 1826).
Tout un chacun, assez rare à Saint-Chartier, est plus connu que un chacun (Haase, 107). Cette tournure serait employée par les métayers qui veulent bien parler.
«Elle dansait si joliment, ma Brulette, que tout un chacun la mangeait des yeux.» (Les Maîtres Sonneurs, 36).
Un quelqu’un. [Répandu]
«Il faut que tu n’aies pas de cœur pour venir agacer un quelqu’un qui est dans la peine comme j’y suis.» (La Petite Fadette, 69 ; Nanon, 35).
Tretous, tous. [Très répandu] (Très tous, sorte de superlatif).
Comte Jaubert, Hugues Lapaire, — Cotgrave, Brunot, II, 186 ; III, 299.
«La vie leur fut bien douce à tertous pendant une demi-année.» (La Petite Fadette, 281).
«Je vous embrasse tertous.» ( Hector de Corlay, V, 175).
Verbes, Conjugaison.
INDICATIF : Présent.
«Crois-tu, Jeanne, que ça soit bon de faire une clarté dans l’endroit où que je sons.» (Jeanne, 114).
Je sons signifie nous sommes, le pronom est le même au sing. et au plur., la terminaison du verbe change seule :
«Ici point de j’avons, j’allons, etc., à la première personne, dit George Sand. Pas plus que chez nous on ne fait cette faute grossière.» (Promenades autour d’un village, 81). George Sand oublie de dire qu’elle parle de la première personne du singulier.
236
D’ailleurs, George Sand a écrit: «Un homme menacé comme je suis.» (Les Maîtres Sonneurs, 201). «Un quelqu’un qui est dans la peine comme j’y suis.» (La Petite Fadette, 69). «Oh ! je suis-t-i content.» (Jeanne, 354). (Au lieu de suis, le Berrichon dit seu).
La forme suivante est très répandue:
«Ah ! qu’ vous fasez rire.» (Jeanne, 113).
La forme je vas, je m’en vas, au lieu de je vais, je m’en vais, est courante dans la Vallée Noire. [A Nohant et aux environs, on dit au présent du verbe venir : Je vins, tu vins, y vint, je venons, vous venez, y venont.
S’asseoir, se traduit par s’assiter :
Je m’assite, tu t’assite [s], y s’assite : assite donc.
Vins donc t’assite au long de moué.
Prends c’te chaire pour t’assiter.
(S’assire avait donné au français : nous nous assisons.)]. Actuellement elle est encore employée par les personnes de la société. George Sand ne disait jamais autrement. On retrouve cette forme dans la Correspondance. Dans les romans rustiques, elle revient très
souvent.
A propos de la troisième personne pluriel du présent de l’indicatif, George Sand a fait les remarques suivantes :
«Le paysan n’écrit pas, mais sa prononciation orthographie avec une exactitude parfaite. Il prononce la dernière syllabe des temps du verbe au pluriel et au lieu de laisser tomber comme nous cette syllabe muette, ils mangent, ils marchent, il prononce : ils
mangeant, ils marchant. Jamais il ne prendra le singulier pour le pluriel dans cette prononciation, tandis que nous, c’est à coups de pensums que nous arrivons à ne pas écrire ils mange, ils marche. Ailleurs, le paysan dira peut-être : ils mangeont, ils marchont ;
jamais le paysan de la Vallée Noire ne fera cette faute. [La Vallée Noire, 298, à la suite du Secrétaire Intime.]»
Peut-être, au temps de George Sand, le paysan de la Vallée Noire avait-il la prononciation indiquée par elle, mais je ne l’ai retrouvée nulle part [Conjugaison patoise. — Indicatif présent : Je marche, tu marches, y marche, je marchons, vous marchez, y marchont.
Je mange, tu manges, y mange, je mangeons, vous mangez, y mangeont.
J’a, t’as, a sa (elle a), j’avons, vou a, y avont.
Y gagnont bin de l’argent.].
L’auteur de Jeanne a, du reste, écrit :
«Ils disant que c’est un endroit bien mauvais pour les fades !» (Jeanne 14).
«Ils pensiont à toi au chàtiau.» (Jeanne, 49).
Imparfait. — Je n’ai pas trouvé d’imparfaits patois chez George Sand. Le paysan dit :
Je marchiens, tu marchiens, y marchien, al marchien, je marchions, vous marchiez, y marchient.
Je mangiens, tu mangiens, y mangien, al mangien, je mangions, vous mangiez, y mangient.
J’aviens, tu aviens, y avient, al avient, j’avions, vous aviez [Jamais de liaison entre l’s de vous et la vovelle du verbe.], y avient.
Je veniens, tu veniens, y venient, al venient, je veniens, vous veniez, y venient.
Y pourtient ben la jambe.
Y ramassient ben des sous.
Y posient ça pa tarre.
238
Y se compourtient ben.
Y marchient ben.
Y parlient tout bas.
Y étient ensemble.
Y mangient un bon goûter.
«Y causient, y se bigient dépeu un bon moment.» (D’après M. Augras).
Parfait. — Parfaits en i à la première conjugaison [Le verbe venir a aussi son parfait en i : Y veni pas.
Au passé indéfini, le paysan dit : J’ seu venu, t’es ben venu, y a ben venu, je sons ben venu, vous êtes ben venu, y sont venus. Ben est un complément souvent indispensable.
J’a mangé, t’as mangé, y a mangé, j’avons mangé, vou avez mangé, y ont mangé.].
«Quand le jour fut grand… j’avisis une logette que je n’avais pas encore vue, et j’y trouvis un homme mieux lié qu’une gerbe… Je le partis en mon logis.» (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, II, 194).
«Quand il s’agit exceptionnellement du passé défini,
dit M. Emile Turpin, les désinences en ai, ins, us, se changent
en is ; je tombai, mangeai, vins, voulus = ej tombis
(tumbis), mangis, vénis, voulis [Revue du Berry, 1912, 232.]»
Ces désinences appartiennent à l’ancien français. (Brunot, II, 336) ; j’engagis, je demandis, je parlis, etc.. ie teni, îd. II, 367).
Futur.
«Je compte bien qu tu ne la lairas pas mourir sans venir lui dire bonsoir.» (Jeanne 266).
«Il m’a promis bien honnêtement qu’il me luirait tranquille.» (Jeanne 255) ; Brunot, II, 363 ; III, 333.

239
IMPÉRATIF. — George Sand ne s’esl pas servie des impératifs du paysan berrichon.
Pour exprimer la défense, celui-ci ajoute la négation pas à l’impératif de commandement :
Brûle-moi pas, brûle-toi pas, cougne-moi pas, tue-moi pas, lave-le pas, tappe-le pas, tue-zou pas, etc…
CONDITIONNEL.
«Si vous alliége anvec-z-elle.» (Jeanne, 98).
A Nohant, Saint-Chartier, on entend couramment des phrases comme celles-ci :
«Si y se fâcherieni, j’y diriens : diseu de ren !»
«Où le fruit abondait, y dirient fouaisounnait.»
«J’auriens ovu avertissement.»
SUBJONCTIF. — On trouve peu de subjonctifs dans les romans champêtres.
Présent.
«Vous êtes l’houmme le pu aimable qu’ jasse [Dans le texte, j’asse est écrit en un seul mot.] pas contnaissu.»…«C’est la fille la pu bonne que jasse [«C’est la meilleure personne qu’y asse», dit-on à Nohant, Saint-Chartier.
Dans Laisnel de la Salle. (Ancien, Mœurs, 51), on trouve un exemple du subjonctif
présent :
«Monsieur… et la p’tite Nane, nout’ drôlesse, en est-on content, là-bas, à la métairie de la Porte? — Comme ça, mère, il paraît qu’elle se trouve trop grande pour garder les cochons. — Voyez-vous dà ! — dit la grand’mère indignée, — une morvasse de seize
ans!… Qu’y m’ l’envige, qu’y m’ l’envige avec un bon vnas (gourdin), j’lui frai passer sa glouère…»] pas connaissu!» (Jeanne 113).
«Elle a peur que je ne peuve pas passer le rio [Cette forme du subjonctif a peut-être existé en vieux français :
« On n’est arrivé, dit Nyrop, à fixer les formes qu’après beaucoup d’hésitations et… on trouve dans les auteurs d’autrefois des exemples d’analogies absolument contraires à celles qui l’ont emporté. Aussi les patois modernes montrent souvent un développement
tout différent de celui qui a lieu dans la langue littéraire. …Le patois du Berry dit treuver…». II, 18. Peuver est peut-être dans le même cas.]»
(Jeanne 64).
240
Imparfait  — Imparfaits en isse à la première conjugaison. [Brunot, I, 206. 449 ; II, 339].
«Il serait à souhaiter que vous lui demandissiez pardon.» (François le Champi, 200).
«Je n’avais qu’une crainte, c’est que la jument s’enrhumît [M. Em. Turpin, dans sa conférence sur le patois berrichon, faisait cette remarque que la terminaison is du parfait «se change en isse et même dans certains cas en issie à l’imparfait du subjonctif.» Il lui
semblait possible « quelles que soient ces nuances, de ramener la plupart d’entre elles à des règles uniformes qui éviteraient de détailler certains temps, comme on le fait quelquefois au petit bonheur.» (R. du Berry, 1912, 232).
Dans l’ancien français, les exemples de ces formes sont excessivement nombreuses. (Cf., Brunot, II, 339, 340 ; pensissions, troublissions, laississions, etc.)]» (Le péché de M. Antoine I, 99).
Dans une lettre à Charles Edmond, l’auteur de la Petite Fadette entre dans le détail des règles qui régissent le subjonctif. ¤¤¤
«Nos vieux paysans du Berry, dit-elle, ceux qui parlaient dans ma jeunesse le vrai langage du centre ont une richesse singulière de conjugaison… Un métayer, à qui
j’offrais de la liqueur, me dit après l’avoir goûtée: C’est trop bon, il ne faudrait pas que je m’y accoutumige ! Sa femme le reprit : Il ne faudrait pas que tu t’y accoutumigisses! Et sur ma demande elle conjugua ainsi : Il ne faudrait pas qu’il s’y accoutumigit, que
nous nous y accoutumigionge, que vous vous y accoutumigiège, qu’ils s’y accoutumigiingent. C’était une puriste ; je consultai ailleurs, elle était dans la règle et parlait comme il faut. Le mari n’avait pas été assez grammatical en disant: «Il ne faudrait pas que je
m’y accoutumige.» Il aurait dû dire que je m’y accoufumigis. Accoutumige répondant à accoutumasse, c’était un subjonctif de plus, peut-être un conditionnel de l’imparfait du subjonctif auquel il avait manqué.» [Impressions et Souvenir, 104.]
«Vos verbes, dit-elle encore au comte Jaubert, ne sont pas complets comme les nôtres, ou peut-être vous n’avez pas voulu compléter votre conjugaison du verbe manger. Nous avons le subjonctif que je mangisse, première personne du pluriel que je
mangissienge. Vous voyez que nous avons tous les temps, et que nous avons sujet d’être un peu pédants et de faire les puristes.» [Correspondance, II. Au comte Jaubert, Juillet 1843].
Dans la Vallée Noire, George Sand a donné encore d’autres renseignements sur ce mode :
«C’est là que les verbes se conjuguent avec des temps inconnus aujourd’hui, luxe de langage qu’on ne saurait nier : par exemple, cet imparfait du subjonctif qui mérite
attention :
Il ne faudrait pas que je m’y accoutumige.
Il ne faudrait pas que tu t’y accoutumigis.
Il ne faudrait pas qu’il s’y accoutumigit,
Il ne faudrait pas que nous nous y accoutumigiens,
Il ne faudrait pas que vous vous y accoutumiège.
Il ne faudrait pas qu’ils s’y accoutumiengent, [Val. N. 297 à la suite du Secrétaire Intime]»
George Sand semble exagérer la richesse des formes verbales patoises de la Vallée Noire. Actuellement, du moins, elles ne sont plus aussi variées qu’elles pouvaient l’être de son temps.
[Voici quelques formes de subjonctif recueillies au cours de mes recherches :
Faut ou faudrait que je causienge.
Faut ou faudrait que je dansienge.
Faut ou faudrait que je lavienge.
Faut ou faudrait que je marchienge.
Faut ou faudrait que je moissonnienge.
Faut ou faudrait que je fauchienge.
Faut ou faudrait que je parlienge.
Faut ou faudrait que je seye, que tu sejes, qu’y siette, que j’ seyens, que vous seyez, qu’y s’étiengent.
Faudrait que nous aiiengent chacun un bon manteau.
Faudrait qu’y marchiengent à mort pou arriver.
Faudrait qu’y mangiengent la soupe.
Y se décidient à s’arposer jusqu’à ce qu’y veniengent à passer.
Apportez-nous donc à bouère pour que j’ boivienge un coup.
Faudrait pas qu’y m’y preniengent.]
242
PARTICIPE PASSÉ. – Les participes en u soint fréquents en Berry :
[Sur ces participes en u. Cf., Brunot, I, 450].
«Elle a mouru.» (Jeanne 126).
«J’y suis naissue» (Jeanne 110).
Connaissu se dit pour connu :
«Vou’êtes l’houme le pu aimable qu’ jasse pas connaissu.» (Jeanne, 113, 131, 249 ; Les Légendes rustiques, 51).
«Cadet ne m’a pas reconnaissue du tout.» (Jeanne, 158).
Torsu pour tordu :
«Je n’ai pas d’envie d’être torsu [On emploie aussi cragu, mentu, mettu, tombu, ovu ; désî s’emploie pour dit]» (Jeanne 117).
243
AUXILIAIRES — Auxiliaire “avoir” à la place de “être”.
Dans l’ancien français, les verbes marquant l’action étaient d’ordinaire conjugués avec avoir. (Brunot, II, 365 ; III, 343).
«Il a monté jusqu’au gros chêne.» (Les Maîtres Sonneurs, 37).
«Elle a mouru.» (Jeanne, 126).
«Il avait passé laboureur.» (Les Maîtres Sonneurs, 25).
«Je n’y ai jamais retourné» (Jeanne, 110).
«J’aurais resté derrière elle.» (Les Maîtres Sonneurs, 64).
«Il avait tombé.» (Les Maîtres Sonneurs, 64).
«Quand vous aurez venu.» (Jeanne 46, 126)
[Mais on ne dira pas :
«Allons, tu n’as pas assez promené, mon enfant.» (Le péché de M. Antoine, I, 182).
On n’emploiera pas non plus être pour avoir dans les phrases suivantes :
«Il n’y est point moyen de s’éviter.» (La Petite Fadette, 92).
«Vous n’avez guère appuyé sur l’avenir.» (Les Maîtres Sonneurs, 119)]
AUXILIAIRES ACCIDENTELS, comme faire, laisser.
Ecouter dire, entendre dire.
«Vous aurez écouté dire que la Jeanne était une bonne fille.» (Jeanne, 39,40, 277).
Mettre dormir. [Répandu]
«Elle le mit dormir et s’assit bien soucieuse.» (Les Maîtres Sonneurs, 233).
Confusion des formes infinitives.
Allégir, alléger. [Très répandu]
Godefroy, Littré, Brunot, I, 439.
«L’homme était en train d’allégir le poids, en posant sur le chemin une partie de son chargement.» (Les Maîtres Sonneurs, 18).244
Etreillir [Cf, Page 50.], étriller. [Répandu]
«Huriel, qui avait grand soin de son cheval, se mit a l’étreillir et à le panser.» (Les Maîtres Sonneurs, 324).
Verbes pronominaux en patois, qui ne le sont pas en français moderne. — Ces verbes sont fréquents en patois. Ils étaient nombreux dans l’ancien français. (Brunot, II,
435).
S’apprendre, apprendre.
Complément de Godefroy.
«Elle s’apprenait des malices au-dessus de son état.» (Les Maîtres Sonneurs, 103).
S’élever, élever, grandir. [Très répandu]
«Nous l’avons vue s’élever, et nous savons tous ce qu’elle vaut.» (La Petite Fadette, 210).
S’empirer, empirer, devenir pire, état de ce qui est plus mauvais. [Très répandu]
«(Ils) se mettaient en route pour le pays de Chambériat, d’où ils écriraient encore, si son état venait à s’empirer.» (Les Maîtres Sonneurs, 102).
«Si son corps y a gagné d’une façon, il s’y est empiré de l’autre.» (Id. 109).
S’inventer, inventer, imaginer. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«Il s’inventa de nouer dans le coin d’un mouchoir blanc la fève qu’il avait gagnée la veille en tirant le gâteau.» (François le Champi, 149).
«Les gamins… s’inventent de pareils tours [Une remarque au bas de la page : «Le Berrichon, dit-elle, a le goût des verbes réfléchis ; il dit : Cet homme ne sait pas ce qu’il se veut, il ne sait quoi se faire ni s’inventer.»] (Histoire de ma vie, II, 360).
245
Se périr, 1° se suicider, tout particulièrement se noyer par accident ou volontairement. [Très répandu]
Comte Jaubert, — Godefroy : (faire naufrage), Brunot, II, 435.
«Elle disait que Sylvinet était capaple de se périr.» (La Petite Fadette, 46).
«Vous, Denis… qui ne l’avez détournée de son devoir qu’en lui faisant toutes les prières, toutes les menaces d’un homme qui veut se périr par grande amour.» (Claudie, 245).
2° Périr.
«Mlle Janille dit que vous vous péririez, ne connaissant pas les chemins.» (Le péché de M. Antoine I, 50 ; Le Meunier d’Angibault, 147).
3° Ou tout simplement se détruire.
«C’est du bien qui se périt.» (Jeanne, 96 ; Les Légendes rustiques, 115, 122).
Verbe impersonnel. — Revient (il y), il y a des revenants. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«J’y ai peur en plein jour, que serait-ce la nuit ? On dit qu’il y revient, et je n’ai pas de peine à le croire.» (Le Meunier d’Angibault, 89).
Mots invariables.
Adverbes et locutions adverbiales.
Oui bien est une véritable locution. Dans la Vallée Noire, le paysan ne sépare jamais ces deux mots oui bin. [Très répandu]
Comte Jaubert, — Oudin, Trésor des deux langues française et espagnolle, Littré.
«Oui bien, répondit le marquis, et je veux vous consulter sur ce point» (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, II, 33 ; Jeanne, 276).
Si fait bien, assurément. [Très répandu]
Comte Jaubert, — Brunot, III, 368.
«Il ne paraissait point se ressentir de la bataille ; si fait bien m’en ressentais-je.» (Les Maîtres Sonneurs, 75).
246
Si fait. [Répandu]
«Si fait, répliqua-t-elle, c’est sérieux.» (Id. 83, 92, 226, 257, 278 ; Claudie, 233, 249).
«Si fait moi.» (Les Maîtres Sonneurs, 219, 257). [Répandu]
De vrai, en réalité, en vérité. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«Une musette si grande, si grosse, si belle que c’était de vrai, une chose merveilleuse.» (Les Maîtres Sonneurs, 61, 124 ; La Petite Fadette, 20).
On trouve aussi : «pour de vrai». (Les Maîtres Sonneurs, 50), «pour le vrai» (La Petite Fadette, 77).
Nenni, non, non pas. [Répandu]
Comte Jaubert, — Complément de Godefroy, Littré, Brunot, II, 379.
«Oh ! que nenni ! pas si sôt.» (La Mare au Diable, 169).
Non pas ! non !
«Non pas ! non pas ! ni vous, ni lui ! Les muletiers ne regretteront pas Malzac s’il en meurt.» (Les Maîtres Sonneurs, 185, 216 ; La Petite Fadette, 129 ; Claudie, 229 ; Le péché de M. Antoine, II, 78, 119 ; Les Beaux Messieurs de Bois-Doré,  I, 16, 86, 240,
267).
Non moi, refus énergique. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«Laisse-nous tranquille avec tes sottises… — Non moi, dit l’enfant, je viens de voir le sorcier qui dit des paroles sur la porte, je n’ai pas envie d’avoir la fièvre toute
l’année» (Mauprat, 35).
Point, pas.
Comte Jaubert, — Nicot, Littré.
Le paysan berrichon n’emploie pas indistinctement point pour pas.
Il ne dira pas : «Il ne faisait point clair de lune.» (Les Maîtres Sonneurs, 191, 62, 226).

247
Il emploie point quand la négation termine la phrase.
«A vous des pommes ? — J’en a point.»
«C’est justement ce jour-là qu’il aurait fallu n’y manquer point.» (Les Maîtres Sonneurs, 234).
Au dedans, 1° chez elle, dans la maison. [Répandu]
Comte Jaubert, — Richelet, Littré.
«…Le soir, elle prenait son ouvrage et veillait au dedans.» (Les Maîtres Sonneurs, 236, 343).
On l’emploie aussi comme substantif :
2° Le for intérieur :
«Je crois que ton dedans a changé.» (Les Maîtres Sonneurs, 250 ; La Petite Fadette, 188).
Au droit (dret dans la Vallée Noire) [Al m’a pansé an dret qu’ j’aviens mal.» (Saint-Chartier)] à portée de, au moment convenable. [Très répandu]
Comte Jaubert, Monet : (conigruenter).
«Pourtant il y a de bons riches, puisque vous l’êtes, vous. Madame Blanchet ; c’est le tout de se trouver au droit pour les rencontrer. ) (François le Champi, 73).
Rasibus, tout contre, tout près. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Complément de Godefroy, Littré.
«La mère Fadet… demeurait tout au bout de la Joncière, rasibus du chemin qui descend au gué.» (La Petite Fadette, 62).
«II ne passa pas rasibus la fontaine.» (François le Champi, 153).
Sus (en), 1° en haut, au-dessus, (en su. Nohant, Saint-Chartier.). [Très répandu]
Comte Jaubert, — Godefroy, Littré.
«Je fis mes adieux et pris le chemin d’en sus. ) (Les Maîtres Sonneurs, 38 ;François le Champi, 153).
«(Landry) prit son parti de tirer en sus de la Joucière. » (La Petite Fadette, 71).
248
Les deux significations suivantes sont inconnues aux environs de Nohant.
2° Sus, à la charge, dessus.
Godefroy — Littré
«Je trouvai le moyen de me relever avant lui et de lui revenir sus.» (Les Maîtres Sonneurs, 74).
3° Sus, debout.
«Sus ! Sus ! je suis un homme et, tant que tu n’en seras pas un, tu ne compteras pour rien.» (Id. 230).
A ce matin, ce matin. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«Denis Ronciat est déjà venu deux fois à ce matin.» (Claudie, 222, 303 ; Jeanne 26, 36, 125).
«Vous avez donc encavé Rocinieux à ce matin.» (Les Légendes rustiques, 50).
A matin, le même sens que à ce matin, mais signifie aussi le matin. [Très répandu]
Comte Jaubert, — Godefroy, Brunot, III, 352.
«Je n’ai guère d’envie d’être lavé, battu et torsu comme un linge, à nuitée, pour être neyé à matin.» (Jeanne 117).
A ce soir, ce soir. [Très répandu]
Comte Jaubert, — Brunot, III, 374, à soir.
«On voudrait s’en retourner à ce soir.» (Claudie, 232, 295).
«C’est moi qui suis gardien de la passerelle pour à ce soir.» (François le Champi, 38, 195,).
A nuitée, toute la nuit. [Très répandu]
Comte Jaubert, — Nicot. (seulement nuitée).
«(Les sonneurs-cornemuseux) passent pour savoir endormir les plus mauvaises bêtes, et mener à nuitée des bandes de loups.» (Les Maîtres Sonneurs, 57 ; La Petite Fadette, 213 ; Jeanne 117).
«Mes chiens ont jappé à nuitée.» (La Mare au Diable, 102).
Du depuis, depuis. [Répandu]
Comte Jaubert, — Complément de Godefroy, Littré, Brunot, III, 357.
249
«Joset l’ébervigé fut mis en douceur à la porte et n’y est point retourné du depuis.» (Les Maîtres Sonneurs, 351).
En premier, le premier, la première. [Répandu]
«Brulette… vint à lui, et lui fit excuse de ne l’avoir point salué en premier.» (Les Maîtres Sonneurs, 140).
A cette fois, cette fois-ci, alors, (à ste fois, à Saint-Chartier.). [Très répandu]
Littré.
«A cette fois Landry sentit comme un grand repentir dans son âme.» (La Petite Fadette, 111).
A des fois, quelquefois. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«A des fois il s’imaginait voir et entendre son besson.» (La Petite Fadette, 42 ; Claudie, 293).
A plus d’une fois, plus d’une fois. [Répandu]
«François… dégalocha ses sabots à plus d’une fois.» (François le Champi, 151).
Par des fois, des fois, quelquefois. [Très répandu]
Comte Jaubert : (des fois).
«Par des fois, la Mariton venait aussi pour un moment, à seules fins d’avoir à parler de son garçon.» (Les Maîtres Sonneurs, 101, 237).
«Et les choses que tu me dis me donnent des fois comme une envie de pleurer.» (François le Champi, 84).
Par deux fois, deux fois. Par d’autres fois, d’autres fois. [Très répandu]
Littré.
«J’ai été par deux fois dans ces endroits-là.» (François le Champi, 107, 127 ; Les Maîtres Sonneurs, 202).
«Par d’autres fois, il faisait si doux qu’on entendait le grelet au dedans de la maison.» (Les Maîtres Sonneurs, 54).

250
A fine force, de fine force, [Très répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy.
«Et quand… l’amitié de Brulette l’eurent, à fine force, apprivoisé, on s’aperçut que ses gros jeux noirs ne manquaient pas d’esprit.» (Les Maîtres Sonneurs, 247, 8).
«Il espérait qu’à fine force, la fatigue userait et abattrait sa peine.» (La Petite Fadette, 42).
«Et, de fine force, je me trouvai dessous et bien battu, sans me pouvoir dégager.» (Les Maîtres Sonneurs, 74).
Parfin, enfin. [Répandu]
Comte Jaubert, — La-Curne de Sainte Palaye, Godefroy, Littré Supplément, Brunot, III, 352.
«Ses mains étaient bien blanches… pour une garde malade. Parfin elle était beaucoup jeune… pour penser jour et nuit à une personne… (malade).» (François le Champi, 158, 128).
A la parfin, enfin, à la fin. (Répandu à La Châtre, ne s’emploie ni à Nohant ni à Saint-Chartier.).
Comte Jaubert. — Godefroy.
«Et celui de moyen) qu’il trouva à la parfin ce fut de leur couler dans l’oreille un beau petit mensonge.» (François le Champi, 184 ; Claudie, 241).
Sitôt, aussitôt. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Complément de Godefroy, Littré.
«Joset sortit, et le vent, qui était redevenu fort, repoussa sitôt la porte entre nous et lui.» (Les Maîtres Sonneurs, 58, 96, 291 ; La Petite Fadette, 83).
Souventes fois, souvent. [Très répandu]
Richelet, Oudin. Trésor des deux langues française et espagnolle, Littré.
«Il m’a souventes fois parlé de vous.» (La Petite Fadette, 242 ; Nanon, 213 ; Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, I, 13).
A mort [«Y est malade à mort.» (Nohant).» Y a à mort de monde cheu li.» (Saint-Chartier)], beaucoup, excessivement. [Très répandu]
Comte Jaubert, — Littré.
«Mais, mon parrain, voilà l’eau qui tombe à mort, vous n’avez quasi rien sur le corps, vous prendrez du mal.»  (Jeanne, 64).
251
«Oh ! moi j’aime ça, le clair de lune !… Le reste du temps je suis peureuse à mort la nuit, mais quand la lune éclaire, je n’ai peur de rien, je vois tout.» (Id. 207).
Beaucoup, très, trop. [Très répandu]
«Parfin elle était beaucoup jeune, pimpante et dégagée pour penser jour et nuit à une personne hors d’état de s’aider elle-même.» (François le Champi, 158).
Grand est très répandu en Berry avec le sens de très, beaucoup :
«Il faisait grand chaud. » (Les Maîtres Sonneurs, 248).
Il veut dire aussi épais : la neige est grande. (Nohant).
Gros, beaucoup, s’emploie fréquemment avec les verbes coûter, payer, valoir, monter au propre et au figuré.
Comte Jaubert ne donne que l’expression : grous comme le bras. — Trévoux, Littré.
«Ça doit coûter gros à une honnête femme de s’habituer à ces manières-là.» (Les Maîtres Sonneurs, 13).
«La vérité était que c’étaient deux bons naturels de femme et que la paire valait gros.»  (François le Champi, 238, 203).
Ecouter gros, n’avoir pas l’ouïe fine. [Très répandu]
Comte Jaubert : (entendre gros).
«J’en augurai qu’il écoutait gros comme nous disions dans ce temps-là pour signifier une personne dure de ses oreilles.» (Les Maîtres Sonneurs, 13).
Quasi, presque, à peu près. [Répandu]
Comte Jaubert, — Complément de Godefroy, Littré, Brunot, III, 368.
«Nous étions au pois de Maritet sur le midi et avions fait quasi la moitié du voyage.» (Les Maîtres Sonneurs, 115, 206, 217, 345 ; La Petite Fadette, 16, 71 ; François le Champi, 100, 171, 180, 238).
252
Si, aussi. [Répandu]
Godefroy, Litt, Brunot, III, 368.
«Ce gars-là ma rien de mauvais dans la tête, sinon une fantaisie de musique qui n’est pas si déraisonnable que dangereuse.» (Les Maîtres Sonneurs, 47).
Si… comme, aussi… que. [Répandu]
Godefroy, Littré.
« C’était merveille de voir une fille de campagne faire des ouvrages si fins et si beaux comme elle les faisait.» (Les Maîtres Sonneurs, 170, 22).
Tant si peu, un tant si peu. si peu, tant soit peu, si peu que vous voudrez. [Répandu]
Comte Jaubert, — Monet : (tant soit peut).
«Je n’ai rien de ce qui annonce un homme tant si peu différent des autres. »  (Les Maîtres Sonneurs, 214).
«On a peur de se réveiller trop tard et de perdre un tant si peu de la divertissance.»  (Le Meunier d’Angibault, 250).
In si peu, un peu. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«J’entends bien que celle qui sonne là-bas (une musette) n’est pas soufflée comme il faut, et que l’air est estropié un si peu.» (Les Maîtres Sonneurs, 40, 248, 316 ; Claudie, 227).
Un peu beaucoup [On dit surtout un petit beaucoup.], un peu et même beaucoup. [Répandu]
Littré.
«Elle pouvait bien se ressentir d’un peu beaucoup de coquetterie…» (La Petite Fadette, 122).
Amiteusement, affectueusement, amicalement (amiqueusement à Nohant).
Comte Jaubert. — Godefroy.
253
«Brulette lui prit la main bien amiteusement en lui répondant.» (Les Maîtres Sonneurs, 50 ; La Petite Fadette, 40 ; Claudie, 274).
Aucunement, en aucune façon. [Répandu]
Richelet, Littré.
«Est-ce comme ça que vous les aimez, dame Monique ? les cheveux, je dis, sans aucunement parler des garçons.»  (François le Champi, 89).
Bellement, doucement, lentement. [Répandu]
Comte Jaubert, Coudereau, — Complément de Godefroy, Littré.
«Bellement, bellement, dit-il, il ne faut te chagriner, ma bonne femme.» (La Petite Fadette, 8).
«Bellement, bellement ! que je retire mon pied ou tu me l’écraseras, fils du diable.» (Le péché de M. Antoine I, 65).
Bellement, pouvant se traduire par vraiment, simplement, n’est pas connu à Nohant et aux environs :
«Vous aimez Madeleine Blanchet non pas tout bonnement comme une mère mais tout bellement comme une femme.» (François le Champi, 235).
Comme, 1° comment. [Répandu]
Comte Jaubert, — Godefroy, Littré, Brunot, II, 378.
«Excuse-moi de ne te point dire comme il se nomme.» (Les Maîtres Sonneurs, 62 ; François le Champi, 164).
2° Conjonction de comparaison.
«Le pauvre besson prit comme une habitude d’être triste et pâle.» (La Petite Fadette, 202, 229).
Différemment, d’ailleurs, du reste. [Très répandu]
Comte Jaubert, — Monet.
«Je vas l’attendre ici, car je suis diablement fatigué…et…. différemment, mon cheval pareillement.»  (Claudie, 241).
(Ce mot est répété une vingtaine de fois dans Claudie.)
Fraîchement, nouvellement [Cf. Complément de Godefroy Littré.], dans l’expression
«bœufs fraîchement liés.» (attelés). (La Mare au Diable, 18).

254
Grandement, très, beaucoup. [Rare]
Comte Jaubert, — Godefroy, Littré.
«Elle était grandement soumise à son mari.» (La Petite Fadette, 23, 46, 52, 187, 218, 224, 259, 283 ; Les Maîtres Sonneurs, 23, 50, 58, 172, 317, 338 ; François le Champi, 65).
Itout, aussi. [Rare]
Comte Jaubert, Hugues Lapaire, Pierquin de Gembloux, — Littré.
«Il paraît qu’elle sait nager itout.» (Le péché de M. Antoine I, 59).
Malhonnêtement, impoliment.
Comte Jaubert, — Godefroy, Littré.
«Je t’ai fait un grand affront auquel tu n’as pas voulu prendre garde aujourd’hui, et quand tu dis que je me suis bien conduit avec toi, je trouve, moi, que j’ai agi fort malhonnêtement.» (La Petite Fadette, 156).
Mêmement, même, aussi. [Très répandu]
Comte Jaubert, — Godefroy, Brunot, III, 362.
«Il faut bien vous confesser qu’il y en avait d’un peu grands : mêmement. Joseph avait quinze ans, et j’en avais seize.» (Les Maîtres Sonneurs, 8). (Mot répété plus de cinquante fois).
«Mêmement les noyers de ses bordures étaient les plus vieux.» (La Petite Fadette, 6, environ 26 fois ; François le Champi, 85, environ 8 fois ; Claudie, 234, 248, 285 ; La Mare au Diable, 168 ; Les Beaux Messieurs de Bois-Doré,  II, 40 ; Les Légendes
rustiques, 22 ; Jeanne 36, environ 6 fois).
Pareillement, également, de même. [Très répandu]
Nicot, Littré.
«Je commençai de m’ennuyer, et Brulette pareillement.» (Les Maîtres Sonneurs, 205, 227 ; François le Champi, 143 ; Claudie, 241).
Petitement, d’une manière chiche, insuffisante. [Répandu]
Godefroy, Littré.
«Rien n’ôtera du fond de mon cœur que Joseph a été ingrat envers moi et qu’il a vu petitement son devoir.» (Les Maîtres Sonneurs, 258).
255
Quasiment, presque, en quelque sorte. [Très répandu]
Comte Jaubert, — Complément de Godefroy, Littré, Brunot, III, 368.
«Et mèmement on se réjouit quasiment des peines.» (Les Maîtres Sonneurs, 13, plus de 20 fois dans ce roman).
«Il me semble que si j’en ai eu, j’en ai quasiment perdu souvenance.» (La Petite Fadette, 154, 13 fois environ ; François le Champi, 82, 6 fois ; Claudie, 227, 5 fois ; Jeanne 130, 7 fois ; Le Meunier d’Angibault, 254 ; Les Beaux Messieurs de Bois-Doré,  II, 39,
189).
Subtilement, avec adresse, habileté. [Très répandu]
Godefroy, Littré.
«Lui qui fait danser si bien et qui mène ses doigts si subtilement.» (Les Maîtres Sonneurs, 47, 138).
«Il avait trop fêté le vin bourbonnais pour mener bien subtilement sa langue.» (Id. 177).
«II écarta subtilement la courtine sans faire noise.» (François le Champi, 155 ; Claudie, 255).
Vitement, avec vitesse. [Très répandu]
Complément de Godefroy, Littré.
«Si elle s’oubliait à gaminer au catéchisme… elle se reprenait vitement». (Les Maîtres Sonneurs, 7). (Mot souvent employé dans Les Maîtres Sonneurs, La Petite Fadette, François le Champi, Claudie, Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, Jeanne et Nanon.
De tout en tout [«De tout z’ en tout.» (Nohant, Saint-Chartier, La Châtre.).], entièrement, tout à fait. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«Tu me disais bien ! c’est joli de tout en tout.» (Les Maîtres Sonneurs, 140).
Mal, adverbe.
Richelet, Littré.
«Du moment que je m’étais vu égaré dans le bois, je m’étais senti mal tranquille.» (Les Maîtres Sonneurs, 39).
256
Il serait mal commode de lui faire entendre qu’il n’y a pas droit.» [Malchrélien ne se dit pas à Nohant et aux environ : «Il avait pleuré de jalousie et trouvé la chose tout à fait indécente et malchrétienne.» (La Petite Fadette, 55)] (Id. 69, 234, 371).
«Il n’était ni dérangé en paroles, ni mal porté sur ses jambes, et il a monté jusqu’au gros chêne.» (Les Maîtres Sonneurs, 37).
Ce qui signifie qu’il n’avait pas trop bu, que ses jambes n’étaient pas alourdies par la boisson. [Répandu]
«Mariette était mal portée pour elle.» (François le Champi, 223).
«Bien que le tout fut si mal ressemblant à ce que nous avons coutume d’entendre.» (Les Maîtres Sonneurs, 54).
Par ainsi, ainsi. [Répandu]
Comte Jaubert, — Nicot, Littré.
«Par ainsi remercions Dieu.» (Les Maîtres Sonneurs, 184).
Cette expression a été employée par George Sand assez souvent dans Les Maîtres Sonneurs, et aussi dans La Petite Fadette, François le Champi, Claudie, Le péché de M. Antoine
Pour le plus mal, très mal. [Répandu] Nie.
«Tout va pour le plus mal.» (François le Champi, 172).
Tout, tout à fait, ne serait pas employé dans la phrase suivante :
«Je me sens tout capable d’en l’aire autant.» (Les Maîtres Sonneurs, 207). Capable est un mot inconnu.
Mais tout est [Très répandu] dans certaines locutions comme celle-ci
«Je me sens tout pas ben.»
257
Tout an juste, bien, (tout au jû). [Comte Jaubert donne la location tout au jus : Il m’a jeté une pierre qui m’a touché tout au jus. Ici» jus, dit-il, équivaut à juste… Ce n’est peut-être au fond que le mot juste lui-mème.» C’est en effet cela.] [Très répandu]
Comte Jaubert.
«Bah ! dit Brulette, c’est quand la chanson dit : «J’enlends le Rossignolet. — Et, le disant, elle le chanta tout au juste, ce dont Joseph… sauta de joie.» (Les Maîtres Sonneurs, 218).
Tout au mieux. [Répandu]
Nicot : (faire au mieux) ; Littré.
«Je trouvai la danse enrayée tout au mieux.» (Les Maîtres Sonneurs, 283).
PRÉPOSITIONS ET LOCUTIONS PRÉPOSITIVES.
A celle fin de afin de. [Répandu]
Littré.
«J’ai le devoir… d’agir à celle fin de la récompenser. »  (François le Champi, 190).
A fine force de, à force de [Très répandu]
«Les petits oiseaux apprennent à chanter, sans connaître ni plain-chant, ni latin, et à fine force d’écouter de leurs oreilles.» (Les Maîtres Sonneurs, 8).
Au droit de, 1° auprès, à côté de, tout prés. [La Louise au dèt de chez Meillant, (Nohant). Allez tout drèt, tout drèt» … c’est-à-dire en face de vous.] [Très répandu]
Comte Jaubert, — La-Curne de Sainte Palaye.
«Ça me mena jusqu’an droit de la forêt.» (Les Maîtres Sonneurs, 87).
258
«Une fois qu’il avail été vaguer jusqu’au droit des tailles de Champeaux.» (La Petite Fadette, 42, 58, 59, 133, 218 ; Jeanne, 57, 266).
Devant. 1° avant. [Très répandu]
Comte Jaubert, — Complément de Godefroy Littré.
«Nous… voulons arriver chez nous devant la nuit.» (Les Maîtres Sonneurs, 20).
2° Adverbe ; auparavant.
«Il se mettait… un souci que devant il n’avait pas eu.» (La Petite Fadette, 47).
«François… l’assistait… avec… la même honnêteté que devant.» (François le Champi, 230).
Devers. 1° préposition, du côté de, vers. [Rare]
Comte Jaubert, — Complément de Godefroy, Littré, Brunot, III, 378.
«Elle tournait la tête devers lui.» (Les Maîtres Sonneurs, 116).
2° Devers, s. m. pente, descente à Nohant. [A Nohant, terrain en pente : «Vous le troruverez au devers du champ.» ] [ répandu]
Comte Jaubert, (pas m. sens) ; — Trévoux.
«Il ne songea ni à boire ni à manger… tant qu’il n’eût pas laissé la grand’ route et attrapé par le devers du chemin de Presles, la croix du Plessys.» (François le Champi, 151).
Fié, quant à.
Comte Jaubert.
«Fié pour moi.» (Jeanne 103).
Jouxte et joute, auprès de, proche de, le long de. [Très répandu]
Godefroy, Littré, Brunot, III, 381.
«Il revint jouxte à la rivière.» (La Petite Fadette, 102).
259
Le long de, durant, pendant tout, toute… [Très répandu]
Comte Jaubert : au long de, p. même sens) ; — Littré.
«J’étais bon ouvrier tout à fait le long de la semaine.» (Les Maîtres Sonneurs, 22).
An long de, le long de. [Très répandu]
Brunot, III, 381.
«Et voilà qu’enfin, sur des roches, an long [Vins don t’assite au long de moué.] desquelles marmonnait un gentil ruisselet tout rempli de fleurs, nous vîmes Joset debout.» (Les Maîtres Sonneurs, 136, 25, 55).
Par manière de, en manière de, comme. [Répandu]
Comte Jaubert — Oudin, Dict. Trésor des deux langues française et espagnolle. Littré.
«Ce n’est pas par manière de reproche que je t’ai dit cela, mais par manière de remerciement. (La Petite Fadette, 8).
«C’était un muletier qui aussitôt fit un grand cri en manière de sifflement. (Les Maîtres Sonneurs, 125, 187, 369).
Rapport à, à cause de, à l’occasion de. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Littré.
«Je sais que tes parents partent le matin pour aller en pèlerinage, rapport à la fièvre de ton frère cadet. (Les Maîtres Sonneurs, 52, 38).
Conjonctions et locutions conjonctives.
A cause que, parce que. [Très répandu]
Comte Jaubert.. — Richelet, Littré.
«Landry n’aimait pas à le voir venir sur le jour, à cause qu’il craignait de fâcher son maître en se laissant detemcer.» [La Petite Fadette, 44, 54, 132, 175, 214, 234 ; Les Maîtres Sonneurs, 33, 156).
«Si elle est si raisonnable, je crains bien que c’est à cause que je lui déplais.» (La Mare au Diable, 144).

260
A preuve que [On ne dlit pas «La preuve que» comme l’a employé George Sand.
(Les Maîtres Sonneurs, 106)], ce qui le prouve, c’est que…la preuve en est…[Très répandu]
Comte Jaubert, — Godefroy, (à preuve).
«Le père Barbeau…n’était pas mal dans ses affaires, à preuve qu’il était du conseil municipal de sa commune.» (La Petite Fadette, 5, 186, 190 ; Le Meunier d’Angibault, 205, 340 ; Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, I, 201).
A seules fins que, afin que. [Très répandu]
Comte Jaubert — Nicot et Littré. : à celle fin que : Cf. plus haut : à celles fin de.
«Il faut que lu sois consentante de nous présenter dès demain à ton grand-père, à seules fins qu’il agrée mon Huriel pour son petit-fils.» (Les Maîtres Sonneurs, 326, 375).
Au lieu que. au lieu de. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Trévoux, Littré, Brunot, III, 390.
«Au lieu qu’elle se mettait toujours derrière moi à contrefaire ma boîterie, elle m’a dit bonjour.» (La Petite Fadette, 186).
Devant que, avant que, avant de. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Complément de Godefroy, Littré, Brunot, III, 389.
Devant que j’eusse le temps de frapper, il se roula comme un serpent.» (Les Maîtres Sonneurs, 74, etc.).
«Et devant que de partir, je veux vous trouver un bon ouvrier. (François le Champi, 146, 147 ; Claudie, 233, 278).
Du plus vite que, aussitôt. [Répandu]
«Du plus vite que les vêpres furent chantées, la Madelon partit avec Pierre Aubardeau.» (La Petite Fadette, 121).
Au plus vite que. [Répandu]
«Que fais-tu là, Tiennet ? me dit-il en me rejoignant au plus vite qu’il put courir. (Les Maîtres Sonneurs, 67).
261
Et si, aussi, cependant, pourlant, toutefois. [Répandu]
Godefroy, un, Haase, 407.
«Vous savez sans doute que toute sa dot tiendrait dans votre verre, et si, n’y a-t-il point de louis d’or dans son compte.» (Les Maîtres Sonneurs, 286, 69).
«Le champi fit un petit mouvement en regardant Madeleine, car il avait toujours peur de la surprendre trop vite, et si, il mourait d’envie de lui parler.» (François le Champi, 164, 169, 239 ; Les Beaux Messieurs de Bois-Doré,  II, 73, 238).
Jusqu’à temps que, jusqu’à ce que. [Répandu]
Comte Jaubert.
«Restez avec nous jusqu’à temps que votre père se rétablisse.»  (Claudie, 256).
Si pourtant, cependant. [Très répandu] (Si pertant, à Saint-Chartier).
«Vous faites comme si vous ne m’entendiez pas, madame Blanchet, ramena le meunier, et, si pourtant, la chose est claire.» (François le Champi, 101).
«Elle en savait long, si pourtant sur lé veau d’or.» (Jeanne 34, 234).
Tant petitement que, si [Très répandu]
«Le bon Dieu sait bien que jamais je n’en ai eu l’idée tant petitement que ça soit!» (Jeanne, 257).
Tant que, quant à. [Très répandu]
Comte Jaubert, — Godefroy, Littré.
«Tant qu’à moi, me répétant souvent qu’elle ne voulait que mon amitié fidèle et tranquille.» (Les Maîtres Sonneurs, 100, 54, 95, 103).
«Tant qu’à lui.» (Id. 143).
«Tant qu’à toi.» (Id. 351).
«Tant qu’au foin.» (La Petite Fadette, 8, 49 ; François le Champi, 171, 218, 222, 232 ; Jeanne, 261, 277, 303, 342).
262
Interjections.
Ma fine, ma foi. [Répandu] surtout autrefois.
Comte Jaubert.
«Oh ! ma fine, si vous êtes des bois, je suis des blés.» (Les Maîtres Sonneurs, 20, 245 ; La Petite Fadette, 124 ; Claudie, 222, 225, 228, 284 ; Jeanne, 211).
Savoir ! c’est à savoir. [Répandu]
«Il ne faut quelquefois qu’une servante bien hardie pour qu’un aubergiste fasse de meilleures affaires que son voisin. — Savoir ! reprit la voisine. On peut être gaie,
accorte… sans se laisser offenser.» (Les Maîtres Sonneurs, 13).

263
CHAPITRE II
Syntaxe.
Article.
ARTICLE DÉFINI. — L’article défini se met devant le nom propre ; usage populaire. [Très répandu]
(Brunot, II, 389 ; III, 425).
La Mariton. — (Les Maîtres Sonneurs,). La Fadette, la Madelon, la Sagette. — (La Petite Fadette, expressions souvent répétées).
L’article est employé dans les constructions où il est omis actuellement. (Haase, 61).
«Je serais fière d’être la cause [J’en suis d’à cause se dit plus fréquemment encore.] [Très répandu] que ce garçon en cherche si long pour élever son esprit et son sort.» (Les Maîtres Sonneurs, 231).
L’article indéfini est employé où il faut le défini. [Cf. Haase, 61].
«Voilà un beau brin de fille et jolie comme un jour. [Très répandu]» (Les Maîtres Sonneurs, 18).
La figure comme embrasée par une fièvre.» [Très répandu] (Id. 54),
ARTICLE INDÉFINI. — L’article indéfini est mis à la place du partitif dans l’expression suivante [Très répandu]:
«Retgardant si le signe noir comme un velours, qu’elle avait au coin de la bouche, était toujours bien à la même place.» (Les Maîtres Sonneurs, 254).
On trouve un autre exemple intéressant de l’emploi de l’article indéfini.
264
«La main comme un satin. [Très répandu]» [Un satin signifie probablement un satin de coiffe. On appelle ainsi le petit morceau de cette étoffe, souvent de couleur bleu
pâle qui, placé au fond de Ja coiffe, sert de transparent sous la mousseline blanche.] (Les Maîtres Sonneurs, 23).
Un peut aussi être l’équivalent de quelque, il modifie le mot temps.
(Haase, 111).
«Ses mains étaient blanches comme celles d’une femme, pour ce que, depuis un temps, il n’avait point travaillé.» (Les Maîtres Sonneurs, 137).
«Je suis obligé d’y passer encore un temps.» (Id. 199).
SUPPRESSION DE L’ARTICLE. — EXPRESSIONS JUXTAPOSÉES.
— (Brunot, III, 427, Haase, 57.)
George Sand, dans ses romans champêtres, a employé un grand nombre d’expressions verbales juxtaposées. Les unes ont cours en Berry, les autres, et ce sont les plus
nombreuses, ne se disent pas ou ne se disent plus. On trouvera la liste de celles-ci à l’appendice II, page 296).
Ces expressions n’avaient pas de nombre limité dans l’ancienne langue.
Avoir compagnie [Le paysan berrichon emploie d’autres expressions juxtaposées qui sont très répandues dans la langue moderne, comme : avoir connaissance (Les Maîtres Sonneurs, 309) ; avoir crainte (Les Maîtres Sonneurs, 332) ; avoir peine (La Petite
Fadette, 14) ; avoir regret (Les Maîtres Sonneurs, 66, 116, etc, Claudie, 277) ; faire choix (Les Maîtres Sonneurs, 208) ; chercher noise (niaise) (Les Maîtres Sonneurs, 51. 128) ; chercher querelle (Les Maîtres Sonneurs, 383) ; donner courage (La Petite
Fadette, 35) ; entendre malice (François le Champi, 226) ; payer patente (Les Maîtres Sonneurs, 91) ; prendre courage (Les Maîtres Sonneurs, 361).] [Rare]
«Mes frères, j’ai aujourd’hui compagnie d’étrangers.»
(Les Maîtres Sonneurs, 148, 142, 198).
265
Avoir courage. [Répandu]
«Il ne prenait point souci du temps à venir, n’ayant courage pour penser à une suite de jours comme ceux qu’il endurait.» (La Petite Fadette, 42).
Avoir devoir. [Rare]
«Elle est raisonnable… mais j’ai devoir de l’avertir.» (Les Maîtres Sonneurs, 268).
Avoir fiance. [Très répandu]
«(Je) demandai seulement si ce carme était anciennement connu du père Brulet pour qu’il eut fiance en ses paroles.» (Les Maîtres Sonneurs, 225).
Avoir intention. [Rare]
«Je vois bien que vous avez intention de me faire insulte. » (Les Maîtres Sonneurs, 129).
Avoir nouvelles. [Répandu]
Laisnel de la Salle, Le Berrij, éd. épuisée, II, 255. κυρικιμασαηικο
«Je m’enquis de lui le long de la route et n’en eus point nouvelles.» (Les Maîtres Sonneurs, 37, 256).
Faire achat. [Très répandu]
Oudin. Grammaire rapportée au langage du temps, 62.
«Voilà Joset qui se met dans la volonté d’employer son premier gage… à faire achat d’une musette.» (Les Maîtres Sonneurs, 49).
Faire besoin [On dit fréquemment à Nohant et environ : «Je vais à La Châtre, j’y ai besoin.» Cf. 71 note 2].
«Vous êtes libre d’aller exercer vos talents où ils feront besoin.» (Les Maîtres Sonneurs, 357).
«Je pensais que mon travail faisait besoin dans la maison d’ici.» (Claudie, 273).
266
Faire compagnie [Rare]
Oudin. Grammaire rapportée au langage du temps. 62.
«Huriel s’en ira tout à l’heure avertir sa sœur pour qu’elle vienne vous faire compagnie.» (Les Maîtres Sonneurs, 141).
Faire dommage. [Répandu]
«Ils ne se sont donc pas fait dommage l’un à l’autre.» (La Petite Fadette, 9).
Faire excuse. [Très répandu]
«Vous allez me faire excuse de votre comportement.» (Les Maîtres Sonneurs, 73).
Faire dégoût, malice, etc. [Très répandu][Cette chose me faisait colère, se dit aussi.].
«La chose me faisait dégoût, malice et pitié.» (Les Maîtres Sonneurs, 181).
Faire promesse. [Très répandu]
«Nous lui en fîmes promesse pour le tranquilliser.» (Les Maîtres Sonneurs, 52 : La Petite Fadette, 87 ; Nanon, 41).
Faire rencontre. [Répandu]
Oudin, Grammaire rapportée au langage du temps, 62.
«Nous fîmes rencontre, en un chemin creux, d’un homme entre les deux âges.» (Les Maîtres Sonneurs, 17, 125, 190).
Faire réponse. [Très répandu]
«Il ne me fit point réponse.» (Les Maîtres Sonneurs, 55, 62, 232 ; La Petite Fadette, 248).
Faire reproche. [Très répandu]
«Le chien Satan, connaissant qu’on lui faisait reproche de sa conduite, obéit à Joset.» (Les Maîtres Sonneurs, 68, 44, 104, 118, 130, 242 ; La Petite Fadette, 50, 85, 110, 145, 175, 229).
Faire semblance. [Répandu]
«Les soupçons venant de plus en plus à Brulette, elle fit semblance d’insister là-dessus.» (Les Maîtres Sonneurs, 159).

267
Faire semonce.
«II vit Carnat tout dépité, qui lui faisait semonce, lui rendre son instrument.» (Les Maîtres Sonneurs, 89).
Faire service. [Rare]
«On eût dit qu’il ne pouvaient plus faire service que de marteaux à casser la pierre.» (Les Maîtres Sonneurs, 138).
Faire soumission. [Rare]
« Elle songea aussi qu’en faisant soumission à la mère Blanchet elle se remettrait bien avec elle.» (François le Champi, 45).
Chercher caslille. [Très répandu]
«Quand il vit que son frère… lui avait cherché castille…, il prit à son tour du chagrin.» (La Petite Fadette, 55).
Donner promesse. [Rare]
«Elle commença par laisser à la Zabelle son chéret de laine en lui faisant donner promesse de le couper.» (François le Champi, 31).
Donner réponse. [Répandu]
«Je vous prie de me donner réponse.» (La Petite Fadette, 260).
Garder souvenance. [Répandu]
«Elle… en avait gardé souvenance.» (Nanon, 324 ; Les Maîtres Sonneurs, 255).
Porter assistance. [Rare]
«Il se surmonta parce qu’il pensa devoir porter assistance à son prochain.» (La Petite Fadette, 134 ; Les Maîtres Sonneurs, 188).
Porter nuisance, (nuissance à Nohant).
«Par ainsi, la chose peut s’arranger sans vous porter nuisance.» (François le Champi, 146).
«Je me suis peut-être trompé, ma faute m’a porté nuisance.» (Claudie, 299).
268
Recevoir avertissement. [Répandu]
«Je lui remontrai, que dans ce cas-là, nous en aurions reçu avertissement.» (Les Maîtres Sonneurs, 103).
Vouloir mal. [Très répandu]
«Ils le voudront mal.» (Les Maîtres Sonneurs, 51).
«Loin que Brulette en voulût mal à Huriel… elle ne s’en attacha que mieux à lui.» (Id. 205).
Dans les expressions juxtaposées, le paysan berrichon introduit assez souvent un adjectif devant le nom, séparant ainsi des éléments qui, dans l’ancienne langue, étaient pour ainsi dire soudés.
«Les chiens ont grande connaissance [On ne dira pas : « Il en avait si bonne connaissance.» (François le Champi, 97).] là-dessus.»
(Les Maîtres Sonneurs, 58).
«Je sais que tu lui as parlé, et si bien parlé, que je t’en dois grand remerciement.» (La Petite Fadette, 176).
«… (Elle) lui fit grand remerciement de son intérêt.» (François le Champi, 31. [Répandu])
«Mèmement il lui faisait grand reproche.» (Les Maîtres Sonneurs, 90).
«Et puis, ces deux belles filles se firent si grandes caresses [«Ah ben, vous aurez pas fini si vous li faites caresses.» (environ de La Châtre)] … qu’elles ne se pouvaient quitter.» (Les Maîtres Sonneurs, 216, [Répandu]).
«Nous avions fait si mauvaise rencontre au bois de la Roche.» (Les Maîtres Sonneurs, 174).
«Le bùcheux reçut grands compliments pour ses honnêtetés.) (Les Maîtres Sonneurs, 151, [Répandu]).
Substantif.
GENRE ET NOMBRE.
a) Le berrichon (suivant en cela quelquefois l’ancien français) donne le genre féminin à des mots actuellement masculins.
269
«La vraie amour.» (Les Maîtres Sonneurs, 160).
«Une amour cachée.» Id. 44, 232 ; Claudie, 226, 245 ; Le Meunier d’Angibault, 116, etc.).
«Faut penser à l’ouvrage qui ne va pas être petite.» (Jeanne, 49 ; Claudie, 224, .242).
«(Il) n’avait pas fait remiser xa carrosse.» (Le Meunier d’Angibault, 287).
«Ne pouvez-vous m’enseigner le moyen de purger mon bestiau de sa mauvaise air.» (Les Légendes rustiques, 50).
«On fait tant seulement un petit bout de dormille par la grand chaud.» (Le péché de M. Antoine I, 54; Les Légendes rustiques, 47). [On ne dira pas un éclairei. (Le péché de M. Antoine. I. 13). ni une essaye. (Nanon, 64).
A Saint-Chartier et aux euvirons, on dit : l’hiver chaude, l’été froide, la grand frêt. Une œuf, une hareng, un oie, un draget (dragée) ; moun’ hotte.
Une sarpent que pompe un crapaud, (qui l’attire)].
Enfant était autrefois toujours masculin en Berry.
«Laisse-t-elle plusieurs enfants ? — Elle ne laisse pas d’enfants, Monsieur, elle n’a qu’une fille, dit Claudie, qui n’appliquait, comme font les Berrichons, le mot enfant qu’au sexe masculin.» (Jeanne 39).
b) Le singulier est employé pour le pluriel [Mais on n’emploiera pas au singulier «oubliette» (Les Maîtres Sonneurs, 376) ; ce mot est inconnu actuellement, ni feu au singulier dans cette phrase :
«les étoiles jetaient leur feu.» (Les Maîtres Sonneurs, 213), ni prenne dans le sens de «faire ses preuves» (Les Maîtres Sonneurs,  319). [Répandu] pour les mots suivants :
«Brulette me fit son adieu.» (Les Maîtres Sonneurs, 63).
«Il avait le cheveu un peu plus épais.» (La Petite Fadette, 16).
«Lià-dessus il conduisit ses bessons auprès de leur mère pour qu’elle leur fit son compliment.» (Id. 28).
«(Il) se perdit dans son délice tout le temps que dura la fête.»  (Les Maîtres Sonneurs, 385).
270
«Il devait m’y souffrir avec le même égard.» ( Les Maîtres Sonneurs, 28).
«Je n’ai plus le poumon [Le poumon. Brunot. III, 458.] comme à quinze ans.»
(François le Champi, 87).
«Je… ne regrette pas mon soin.»  (Nanon, 19 ; Les Maîtres Sonneurs,  232).
(c) Le pluriel est employé pour le singulier [On ne dint pas les hauts pour le haut (Les Maîtres Sonneurs, 124 ; les bas pour le bas (Les Maîtres Sonneurs, 119 ; au cœur des hivers (Les Maîtres Sonneurs, 78 ; Je vous demande nos amitiés. (Les Maîtres
Sonneurs, 140) [Très répandu] pour les mots suivants.
«Se tenir par les bras.» (La Petite Fadette, 24).
«Le père Barbeau ayant pris les fièvr…» [Fièvres. Brunot, III, 458.] (La Petite Fadette, 97. 253: Les Maîtres Sonneurs, 109 ; François le Champi, 149).
«Ses mains étaient froides comme des glaces.» (La Petite Fadette, 180).
«(Ils) s’entendaient ensemble pour faire des malices et des peurs aux autres.» (Les Maîtres Sonneurs, 10).
«N’est-ce pas réjouissant de se sentir plus solide que les vents et les tonnerres du ciel.» (Les Maîtres Sonneurs, 123).
«Il entendra la nuitée des vacarmes.» (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré,  II, 38 ; Les Maîtres Sonneurs, 11).
«Ils… te causeront des peines.» (Les Maîtres Sonneurs, 51).
Adjectifs.
Adjectifs qui ont in complément de nom et de verbe [Oublieux de…n’est pas usité : «M’avez-vous crue oublieuse de nos amiliés.» (Les Maîtres Sonneurs, 253).
Craintif de n’est pas employé. Complément de Godefroy, Littré.
Nous n’en sommes pas moins… craintifs de vous occasionner du déplaisir.» . (Les Maîtres Sonneurs, 161].
Curieux de. désireux de. [Très répandu]
Comte Jaubert. — Complément de Godefroy, Littré.
271
«Je restai bien un peu curieux de causette et d’amusement le dimanche, mais on ne me le reprochiait point.» (Les Maîtres Sonneurs, 22, 161).
«Je ne suis plus si curieux de noces que j’étais.» (Id. 248).
«Toutes les femmes ne sont pas curieuses d’enfants.» (Id. 240).
Consentan (être), consentir, donner son consentement. [Rare]
Comte Jaubert. Richelet, Littré.
«Je demandai… si le frère Fructueux serait consentant de voir mon mouton manger son herbe.» (Nanon, 16).
«Mais plutôt que d’avoir différend avec toi, Je suis consentant de tout.» (François le Champi, 147 ; Les Maîtres Sonneurs, 15, 52, 94, 326, 342 ; Claudie, 287).
Fautif de, qui a commis une faute contre les mœurs. [Répandu]
Comte Jaubert. — Godefroy, Littré.
«Si elle était fautive de Charlot, j’étais tout prêt à lui en remettre le péché.» (Les Maîtres Sonneurs, 245).
Adjectif possessif. – Le possessif est employé par pléonasme dans certaines phrases où la langue actuelle emploie l’expression verbale juxtaposée [Mais on ne dira pas : je fis un effort de ma tête pour la goûter.» (Les Maîtres Sonneurs, 57). On ne supprimera pas
l’adjectif possessif comme ici : «Il l’avait fait en âme et conscience.» (La Petite Fadette, 90)]. Les expressions suivantes sont très répandues.
«J’aurais, pour un rien, perdu ma connaissance.» (Les Maîtres Sonneurs, 204).
«Elle reprit son courage.» (Les Maîtres Sonneurs, 106).
Pronom.
PRONOM PERSONNEL. — On se nomme le premier en Berry. (Ego et tu). [Très répandu]
272
«Quand j’eus empoché trois bons écus qu’il me donna pour moi et mon beau-frère, j’allai tirer du vin et nous nous mîmes à table.» (Les Maîtres Sonneurs, 75).
Le pronom il est omis devant les formes impersonnelles. [Très répandu] L’ancien français ne l’avait pas.
(Brunot, III, 480).
«Au catéchisme qui dure un an et souvent deux, faut se supporter ou s’entraider cinq ou six heures par jour.» (Les Maîtres Sonneurs, 10).
«Ma fine, faut que je vous embrasse encore.» (Claudie, 287).
«Faut pas, parce que vous savez mieux parler que moi, chercher à me prendre pour une bête.» (Id. 304).
«Faut pas vous fâcher… Faut pas contreyer l’ouvraige aux fades !» (Jeanne, 98).
«Faut que la Jeanne soit rudement sotte !» (Id. 102, 178).
«Faut pas dodeliner de la tête !» (Claudie, 228).
‘ Faut pas être malade, faut pas être grognon, mon vieux chéri troubadour.» (Correspondance entre George Sand et Gustave Flaubert, 18 janvier 1872.)
Le pronom complément est placé devant le verbe quand celui-ci est suivi d’un infinitif. [quelques-unes de ces tournures sont berrichonnes. On en trouvera à l’appendice beaucoup d’autres qui ne le sont pas.] (Haase, 437).
«En lui voulant griller la figure.» (Les Maîtres Sonneurs, 227).
« Le voulant retenir.» (Les Maîtres Sonneurs, 182).
On trouve aussi dans George Sand, le, la, les, employés de la manière suivante :
«Les v’là ! not’ maîtresse ! ça les est ! ça les est ; foi d’homime !»  (Jeanne, 159).
«Si c’est à Epinelle, c’est peut’être la maison de Jeanne qui brûle. — Ça la l’est bien sûr, disait Léonard.

273
Cette pauvre Jeanne, c’est trop de malheur comme ça… dans un jour !» (Jeanne, 93).
Ça la l’est [Dans le patois berrichon, les pronoms personnels sont pour la troisième porsonne : y, al ; y va aux champs ; al va anx champs ; le pronom complément d’objet indirect pour le masculin singulier li, pour le masculin pluriel zeux ; y va aux champs, J’vas
anc li ; y vont aux champs, J’vas auc zeux ; au féminin singulier ielle. au féminein pluriel zelles ; al va aux champs, j’vas anc ielle: al vont aux champs, j’vas anc zelles.] signifie ça l’est. C’est elle. La est ajouté pour marquer le genre. Cependant on trouve dans
Jeanne 115 :
«Quand je le disais, ça l’est, c’est la Lavandière», mais ici le genre est indiqué tout de suite après.
En, pléonastique, est très répandu en Berry dans certains cas [j’ai dû cependant écarter de nombreux cas où cet emploi n’a pas cours. Appendice p. 337].
(Brunot, III, 480).
«J’en ai peur d’avoir eu la main si mauvaise !» (Les Maîtres Sonneurs, 199).
PRONOM DÉMONSTRATIF.  Ça, remplace des personnes.[Très répandu]
«Voyez-vous comme ça a appris à bien dire ?» (François le Champi, 168).
C’est très souvent un terme méprisant :
Ça aime la toilette, les coiffes à dentelle et la danse.
Ça n’est pas intéressé, et c’est si gâté et si bien traité par Madeleine, que ça n’a pas eu sujet de monlrer si ça avait des dents. Ça n’a jamais souffert, nous ne saurions dire ce que ça deviendra.» (François le Champi, 175).
Ça remplace le pronom impersonnel il :
«A présent ça me semble que j’aurais été contente de revoir son lit, son armoire, etc.» (Jeanne 110).
274
Ça est mis pour cela [Très répandu] [Ça s’emploie très sonvent en Berry. mais ce dans les phrases suivantes ne se dit pas. (Haase, 39).
«Et quand ce venait au tour de la petite Fadette.» (La Petite Fadette, 184).
«Quand ce vint à Joseph.» (Les Maîtres Sonneurs, 345).
«Aussitôt ce devint comme une rage.» (Les Maîtres Sonneurs, 96).] :
«Pour ce qui est de ça, il n’est pas toujours bien honnête ni gracieux. » (Les Maîtres Sonneurs, 49).
«Possible qu’il ait rêvé ça… » (Les Maîtres Sonneurs, 54).
«Où diantre prends-tu tout ça, à quoi que ça peut servir ?» (Les Maîtres Sonneurs, 54).
«Quand ça fut dans le bois de châtaigners…» (François le Champi, 92).
PRONOM RELATIF. — Que, accusatif, est employé dans des incises, tournure qui n’a plus cours actuellement que dans le peuple.
(Haase, 72 ; Brunot, II, 429).
Que je crois [Très répandu], [Ah ! bin j’ zu crês. [Répandu]].
«(La larme) qui cherche à en sortir, à cette heure, n’est pas de l’eau mais du feu, que je crois, car elle me brûle comme un charbon ardent.»  (Les Maîtres Sonneurs, 342, 292).
Que je compte. [Répandu]
«Allons, tu ne vas pas trotter à la descente, que je compte ?» (François le Champi, 92).
Que je répondis. [Répandu]
«Et toi, Joset, qu’est-ce que tu tiens là, que je répondis.» (Les Maîtres Sonneurs, 60, 19, 68, 71).
Que je lui dis, qu’il ou qu’elle lui dit [Très répandu]
«N’ayez crainte, Brulette, que je lui dis ; je crois aux méchants esprits, mais je ne les redoute point.» (Les Maîtres Sonneurs, 59, 54).
275
«Pauvre bête, que je lui dis.» (La Petite Fadette, 144).
«Allez-vous en en votre logis, qu’il lui dit, vous trouverez le bœuf Chauvet debout et sauvé.» (Les Légendes rustiques, 49 ; François le Champi, 94, 170 ; Les Maîtres Sonneurs, 258 ; La Mare au Diable, 43).
Que est employé pour des relatifs prépositionnels. [Répandu]
«C’est donc vous, cette fille qu’on m’a parlé.» (Claudie, 243).
Pronom indéfini.
Rien est employé sans la particule négative ne.
Haase, 114.
«Je pus rien voir.» (Les Maîtres Sonneurs, 189).
Verbe.
VERBES TRANSITIFS QUI SONT INTRANSITIFS EN FRANÇAIS
MODERNE. — (Tournure latine : navigare maria).
Mareher le pas. marcher au pas. [Répandu]
«Elle disait qu’il fallait marcher le pas.» (François le Champi, 92).
Sonner, faire rendre un son à un instrument de musique. [Répandu]
Complément de Godefroy, Littré.
«Tu trouveras ailleurs l’instruction qu’il le faut pour sonner la musette et la vielle [Ailleurs sonner est intrans. Messieurs et dames qui sonnent sur des instruments que nous ne connaissons pas.»  (Les Maîtres Sonneurs, 209)]» (Les Maîtres Sonneurs, 209).
Trembler. [Très répandu]
«On dirait qu’il tremble la fièvre.» (Claudie, 226).
276
Infinitifs puis substantivement. — Certains infinitifs sont pris substantivement.
Le boire, le manger. [Très répandu]
«La mère Biaude… avait fait apporter des bancs, des tables, du boire et du manger.» (Les Maîtres Sonneurs, 96).
Le dire. [Répandu]
«Par le dire des autres, je savais comment il était.» (Les Maîtres Sonneurs, 39, 239).
Le dormir. [Répandu]
«Huriel lui-même arriva vers nous, dépêché par Brulette qui craignait la gêne occasionnée à Thérence pour le dormir de Charlot.» (Les Maîtres Sonneurs, 300, 243 ; Le Meunier d’Angibault, 252).
Le parler. [Répandu]
«Il sembla que ce doux parler de Joseph mit du baume dans le sang de Thérence.» (Les Maîtres Sonneurs, 156, 24, 236).
Le penser. [Répandu]
«Madeleine Blanchet est là dans ton penser pour te dire…» (François le Champi, 149, 98).
Le vivre.
«Ce n’est pas qu’il fut bien riche et que le vivre fut bien conséquent.» (Les Maîtres Sonneurs, 7).
Verbes objectifs employés sans complément d’objet.
Changer. [Très répandu]
[Un certain nombre d’autres verbes, employés sans complément n’ont pas cours aux environs de Nohant :
Conseiller : « Je ne serai peut-être plus de ce monde pour vous conseiller.» (La Petite Fadette, 10).
Demeurer : «II parut tourmenté tout le temps que Joseph demeura.» (Les Maîtres Sonneurs, 227).
Menacer : «Brulette le reconnut pour celui qui… avait menacé le plus. .. (Id. 175).
Oser : «Voilà mon fils et moi qui n’oserons.» (Ud. 326).
277
«Avait-il de quoi manger, de quoi changer ?» (Nanon, 156 ; Les Maîtres Sonneurs, 133).
Disputer, discuter. [Très répandu]
«Le père Barbeau n’aurait voulu donner que 12 ou 11 livres, estimant que c’était beaucoup pour un paysan. Il courut de tous côtés et disputa un peu sain rien conclure.» ‘ (La Petite Fadette, 12).
Manquer, être dans le besoin, être privé de quelque chose. [Très répandu]
Comte Jaubert.
«Ne laisse pas les gens de loi toucher à cela… Garde le quand tu le tiendras. Cache-le toute ta vie pour t’en servir sur tes vieux jours et ne jamais manquer.» (La Petite Fadette, 243 ; Les Maîtres Sonneurs, 101).
Pâturer (faire) mener les bêtes au pâturage. [Très répandu]
«Quand maître Huriel m’a dit qu’il allait faire pâturer par ici… je lui avais enseigné cette chaume.» (Les Maîtres Sonneurs, 70).
Renouveler, renouveler un bail, un contrat, un arrangement. [Très répandu]
«Landry ne demandait pas mieux que de rester dans le voisinage de sa famille et de renouveler avec les gens de la Priche.» (La Petite Fadette, 96).
Songer, rêver. [Répandu]
« Et ne voyez-vous pas que si votre Sylvinet était dans un endroit où on le forçat de travailler il ne songerait pas tant.» (La Petite Fadette, 45 ; Les Maîtres Sonneurs, 50, 217).
VERBES QUI DEMANDENT APRÈS EUX, POUR INTRODUIRE UN INFINITIF, DES PRÉPOSITIONS QUE l’USAGE ACTUEL N’AUTOISE PAS. (Brunot, III, 550).
Imaginer de. [Répandu]
Brunot, III, 557 ; Haase, 298.

278
«Verret le sabotier s’imagine de l’avoir vu avec un grand homme noir à l’Orme Râteau.» (Les Maîtres Sonneurs, 54).
«M’imaginant d’entendre Brulette m’appeler.» (Les Maîtres Sonneurs, 176).
«Je m’imagine d’être aussi mal placé en une compagnie que le serait un loup ou un renard.» (Id. 272).
Sentir (se) de.
Complément de Godefroy, Littré.
«Je me sentais déjà d’aimer Brulette plus que je n’y étais obligé comme cousin.» (Les Maîtres Sonneurs, 6).
Voir à. [Très répandu]
«Sous la feuillée je voyais très bien à me conduire.» (Les Maîtres Sonneurs, 191).
«A présent on voit à se conduire.» (La Mare au Diable, 93).
Attribut.
Passer sorcier, passer laboureur, devenir, être regardé comme… [Très répandu]
«Elle t’a donc jeté un sort, mon pauvre Landry, que tu ne regardes qu’elle ? Ou bien c’est que tu veux passer sorcier.» (La Petite Fadette, 125).
«Il avait passé laboureur.» (Les Maîtres Sonneurs, 25).
Paraître amie. [Répandu]
Je m’étonne de ce que vous voulez… me paraître amie.» (Les Maîtres Sonneurs, 164).
Renommé un. [Répandu]
«Je n’avais jamais vu l’arbre, mais j’en avais ouï parler, pour ce qu’il était renommé un des plus anciens du pays.» (Les Maîtres Sonneurs, 39).
279
Adverbe.
Pas et point sont employés sans ne. [A Nohant, le paysan dit : «J’ai pas faim ; j’ai pas soué.»] [Très répandu]
Brunot, II, 472 ; III, 619.
«Je veux que… vous sachiez que je suis pas seulement belle danseuse à la noce.» (Les Maîtres Sonneurs, 327).
«Excusez-moi si je uous y conduis pas.» (Claudie, 227).
«Voyons, mon gros gars, ciue te faut-il? Venx-tu point manger ?» (Les Maîtres Sonneurs, 279).
«Vous allez vouère ! Souffrez pas !» (Jeanne, 98).
Ne suffit pour exprimer la négation. [Cependant les phrases suivantes n’ont pas une allure berrichonne :
«La rivière qui n’est large, dans tout son parcours, de plus de quatre ou cinq mètres.» (La Petite Fadette, 79) .
«Jeannie est peut-être loin et ne nous entendrait crier. »  (François le Champi, 162)]
Brunot, III, 614.
«Venez, cria-t-il, n’ayez peur.» (Les Maîtres Sonneurs, 129).
Savoir prend les deux négations, contrairement à l’usage actuel. [Mais on ne se servira pas des deux négations avec le verbe avoir :
«Il a une drôle d’idée de se coiffer de la plus vilaine qu’il n’y ait pas dans l’assemblée.» (La Petite Fadette, 126)]
«La petite Fadette, menée par je ne sais pas quelle fantaisie.» (La Petite Fadette, 93).
«Mais il y avait poussé des roses, et jr ne sais pas quoi déjeune.» (Les Maîtres Sonneurs, 254).
Préposition.
Compléments du nom.
(a) Complément d’appartenance. — Brunot, III, 644.
«Le grand-père à Brulet et la mère à Joset.» (Les Maîtres Sonneurs, 6).
280
A marquant la possession est [Très répandu] en Berry. [On ne dira pas : « Les pères et mères à tout le monde.» (La Petite Fadette, 184)].
«Le petit logis au père Brulet.» (Les Maîtres Sonneurs, 23).
«Cette musette est celle à Carnat» (Les Maîtres Sonneurs, 46).
«Le pot à la soupe.» (Les Maîtres Sonneurs, 248).
«Le cabaret à Benoit.» (Les Maîtres Sonneurs, 342).
«Le fermage au père Caillaud.» (La Petite Fadette, 47).
«La maison à la mère Fadet.» (La Petite Fadette, 81, etc.).
«La main à un garçon.» (François le Champi, 191).
«A qui est-tu fils ?» (François le Champi, 24 ; La Mare au Diable, 45, 88, etc.).
Cet à possessif se retrouve dans une quantité de noms propres : Ageorges, Aladenise, Alaphilippe, Aloncle, Aubardeau, Aubrun, Aucante, Auclerc, Aucouturier, Augras, Aulard, etc, etc.).
(b) COMPLÉMENT DE MOYEN.
«Il était un peu menuisier de ses mains.» (La Petite Fadette, 7).
(c) COMPLÉMENT DE MANIÈRE.
«Si j’avais envie de votre chebril à nez noir, la mère Barbeau me le donnerait-elle aussi ?» (La Petite Fadette, 74).
[A La Châtre, on dit : se mettre à blanc, à bleu, à noir : «Tu est tout à blanc.»]
Compléments de l’adjectif.
(a) COMPLÉMENT d’ATTRIBUTION.
«J’avais une brave femme… bonne à ses père et mère.» [Cet emploi de a n’a pas cours dans les phrases suivantes :
«Injuste à ses voisins et paroissiens.» (La Petite Fadette, 6).
«Il est bon compère à tout le monde.» (Les Maîtres Sonneurs, 89).
«Complaisant à mon corps.» (Les Maîtres Sonneurs, 114).
«Bonne au pauvre monde.» (François le Champi, 34).
«C’était pourtant un ouvrier très médiocre à la terre et très soigneux aux bêtes.» (Les Maîtres Sonneurs, 25).] (La Mare au Diable, 28).
281
(b) COMPLÉMENT DE BUT.
«Il est si maladroit à se faire comprendre, qu’il se sera ennuyé en ennuyant les autres.» (Les Maîtres Sonneurs, 243).
(c) COMPLÉMENT DE CAUSE. [Répandu]
«Elle est malade de fièvre.» [On dit aussi : «Al à bin la fièvre» ou «La fièvre al taboule»] (Les Maîtres Sonneurs, 18).
Compléments du verbe.
1° Suivant l’ancien usage, on trouve de devant le complément du verbe passif. [Très répandu]
«Un poulain fut mordu de la vipère, et Landry, suivant toujours les enseignements de la petite Fadette, le sauva bien lestement.» (La Petite Fadette, 192).
2° Il en est de même quand le verbe n’est pas passif.
«Une petite branche de mes fleurs qu’elle s’attacha d’une épingle sur la tête.» (Les Maîtres Sonneurs, 317).
«Elle lui demanda encore s’il ne s’était pas trop fatigué en allant à St-Chartier, de son pied, et en revenant le soir même.» (Les Maîtres Sonneurs, 227).
«Ne pouvons-nous de notre pied nous en aller chez nous à la fraîcheur.» (Id. 207).
(b) COMPLÉMENT DE MANIÈRE AVEC A, DE, EN. (Brunot, III, 643).
«Des champs grands comme un mouchoir de poche que les enfants font mine de labourer à plusieurs façons.» (La Petite Fadette, 53).
282
«Il se mit à travailler aussi d’un grand courage.» (Les Maîtres Sonneurs, 16).
«Toutes deux l’embrassèrent de grande affection.» (Les Maîtres Sonneurs, 388).
«Il s’éleva sur la roche comme pour la voir d’entier.» [De signifie sur. A Nohant on dit : rester d’en pied, debout.» Al était là toute d’en pied». Boire du pisse d’en pied, signalé par Jaubert, expression [Très répandu], signifie boire le vin qu’on fait couler dans une
jatte, quand le tonneau est relevé très haut lorsqu’il est presque vide.] (Les Maîtres Sonneurs, 140).
«Il cornemusait en manière admirable.» [Répandu] (Les Maîtres Sonneurs, 97).
«Je ne vous en veux pas, grand Louis, seulement…vous m’avez réveillée en peur.» (réel au figuré). (Le Meunier d’Angibault, 207).
[Comte Jaubert. Supplément, [Très répandu] A La-Châtre on dit : Etre réveillé de sur en saut.]

C) DIVERS COMPLÉMENTS DE LIEU RÉEL OU FIGURÉ. [Très répandu]
«Ça ne vous tenterait point de vous établir par chez nous.) (Claudie, 240 ; François le Champi, 138).
«C’est tout le contraire des autres champis… qui ont toujours l’esprit tourné à la malice.» (François le Champi, 32).
«Mais cette bêtise-là dont nous venons d’amuser nos esprits, a tourné le mien… à des réflexions sérieuses sur toi et sur moi.» (Les Maîtres Sonneurs, 86).
«On lui jappait de loin aux jambes, comme font les chiens couards qui n’osent sauter à la figure.» (Les Maîtres Sonneurs, 246).
«Il avait passé par une gourme.» (Les Maîtres Sonneurs, 247).
«Le besson allait sur ses quinze ans.» (La Petite Fadette, 69).

283
(d) COMPLÉMENT DE TEMPS.
«Tu viendrais voir la mère sur le jour.» (La Petite Fadette, 30, 44, 163).
«Il s’absente tous les dimanches et quelquefois sur [La locution exacte est .«Su semaine ». L’article est de trop chez George Sand.] la semaine.» (Les Maîtres Sonneurs, 49).
«Nous étions au bois de Maritet sur le midi.» (Id. 115).
(e) COMPLÉMENT DE CAUSE.
«Il faut que je lui aie fait de la peine… ce n’était pas à mauvaise intention.» (La Petite Fadette, 170).
«La saignée trop forte que le carme m’avait faite à bonne intention.» [Rare] (Les Maîtres Sonneurs, 384, 371, 376, 389).
(f) complément marquant le degré dans la manière d’être.
«Les arbres qui étaient plus d’à moitié dépouillés de feuilles.» (La Petite Fadette, 100).
Emploi des prépositions.
L’emploi de à explétif est très répandu dans la Vallée Noire [Cependant on dit aussi à Nohant: Y ne voit pas lire et écrire.»]
«Il lui arriva… une chose bien particulière et qui faillit à changer ses intentions.» (François le Champi, 141).
«Il ne fait pas trop bon à être sous les arbres le long de l’eau.» (La Petite Fadette, 81).
«On ne savait si sa veuve s’en tirerait à bien ou à mal.» (François le Champi, 144).
284
Le verbe attendre avec la préposition à suivie de l’infinitif équivaut à un imparfait du subjonctif, lorsqu’il a une valeur de futur. [Très répandu] [Je placc ces tournures au chapitre de la préposition, bien qu’elles appartiennent plutôt à l’emploi des modes.].
«Il l’aurait bien attendu à rentrer n’était qu’il s’ennuyait de passer le reste du jour avec lui.» (François le Champi, 99).
«Madeleine ne l’attendait pas si tôt à revenir.» (François le Champi, 238).
«On attendait les chevaux à revenir.» (Nanon, 166).
«J’attendais mon betit père à passer, dit l’enfant.» (La Mare au Diable, 53).
Aller, suivi de la préposition à, devant un infinitif, équivalant à un participe présent, marque une progression dans l’action. [Très répandu]
«Dans les temps d’aujourd’hui, l’industrie des muletiers est en baisse et va à se perdre.» (Les Maîtres Sonneurs, 143).
Certains verbes prennent après eux les prépositions, après, de, pour, sur, que le F’rançais moderne n’autorise pas ou n’autorise plus.
Crier après [A propos de la publication des bans, les paysans disent à M. le curé (Saint-Chartier.) : « Quand qu’où crierez donc après nous ?] [Très répandu]
«Mon pauvre petit Jeanet me cherche et crie après moi.» (La Petite Fadette, 219).
Etre après. [Très répandu]
Haase, 377.
«Vous êtes toujours après laver et peigner Jeannie.» [François le Champi, 66).
Se mettre après. [Très répandu]
285
«La fièvre se met plus fort après toi qu’après moi.» (La Petite Fadette, 25).
Sentir (se) de, ressentir. [Très répandu]
Complément de Godefroy, Littré.
«Le pauvre garçon… était vanné par la fatigue, et même il se sentait d’un peu de fièvre.» (La Petite Fadette, 30).
Songer de.
«Joseph songeait d’autre chose [Répandu]» (Les Maîtres Sonneurs, 11).
Porté ponr. [Très répandu]
«Le père Barbeau était un homme… très porté ponr sa famille.» (La Petite Fadette, 6).
Être sur. [Très répandu]
«J’en étais sur la maîtresse de Blanchet.» (François le Champi, 87).
Phrases elliptiques.
Pas vrai? n’est-ce pas vrai? [Très répandu] Plusieurs fois répété dans une courte conversation.
«Tu es toujours délicat, je vois ça, sans être malade, pas vrai?» (François le Champi, 167, 188).
«Vous la voyez dans l’embarras, et vous voudriez bien l’en retirer, pas vrai ? » (Id. 196 ; Les Maîtres Sonneurs, 13, 216).
«Oui, qu’il est gentil, [Répandu] reprit le laboureur.» (La Mare au Diable, 49).
(Je te crois est sous-entendu.)
Ordre des mots.
286
En ce qui concerne l’ordre des mots, j’ai écarté un certain nombre de tournures employées par George Sand qu’on trouvera à l’appendice II. Celles-ci ne font pas partie de la langue du paysan. On entendra, cependant, certaines inversions du genre de celle-ci :
«Approchez-vous, et vous reposez.» [On dit constamment à Nohant et aux environs : Approchez-vous donc et vous assitez.»
«Bien tu fais.» Ces tournures aupartiennent à l’ancien français. Brunot, II, 483 ; Haase, 436] (Claudie, 287).
287
APPENDICES
MOTS QU N’ONT PAS ÉTÉ RETROUVÉS DANS LES COMMUNES DE Nohant, Saint-Chartier, La Châtre., MAIS QUI SONT MENTIONNÉS DANS LE GLOSSAIRE DU CENTRE DU COMTE JAUBERT, ET QUELQUEFOIS
DANS LES LEXIQUES BERRICHONS [Quelques-uns se trouvent aussi dans les dictionnaires de l’ancien français]
Accoiser, apaiser.
Comte Jaubert. — La-Curne de Sainte Palaye, Brunot, III, 124.
«II saccoisa tout de suite. »  (François le Champi, 154).
Accourci, abrégé.
Comte Jaubert — La-Curne de Sainte Palaye.
«Elle n’avait possession que de deux livres, le Saint Evangile et un accourci de la vie des Saints.» (François le Champi, 62).
Ahannier, laboureur.
Comte Jaubert — Godefroy
«Monseigneur, vous êtes béni du bon Dieu pour avoir été doux et humain au pauvres ahanniers.» (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré. I, 293).
Amijoler, caresser, choyer.
Comte Jaubert — Monet : amignoter
288
«Un grand garçon comme lui ne pouvait être amijoté comme un petit.» (François le Champi, 68).
Autrefois (les), les trépassés.
Comte Jaubert Supplément
«On a tué du monde là-dessus, les autrefois, et les âmes sans confession demandent des prières.» (Jeanne, 285).
Babille, babil.
Comte Jaubert. — Complément de Godefroy
«On a du plaisir à écouter ta babille.» (Les Légendes rustiques, 152).
Cupet, manteau à capuchon, probablement la capiche.
Cf. p. 146.
Comte Jaubert — Godefroy : (capot) Monet : (cape)
«Il entendait toujours des mots sur la même rime : grelet, fadet, cornet, capet, follet…» (La Petite Fadette, 115).
«J’ai pris ma cape et mon capet.»
«Toute follette a son folet.» (La Petite Fadette, 104, 105).
Clocher, sonner.
Comte Jaubert — Monet
«Silence ! cria-t-il, voilà l’angelus qui cloche !» (Les Maîtres Sonneurs, 98, 60).
«Je vais clocher.» (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, I, 241).
Clopaut, boitant.
Comte Jaubert — La-Curne de Sainte Palaye, Littré
«Jeanet le sauteriot… la suivait en clopant.» (La Petite Fadette, 68).
Coursière, sentier, chemin raccourci, traverse.
Comte Jaubert — Godefroy
«(Il connaissait) toutes les sentes et coursières par où un mulet pouvait passer.» (Les Maîtres Sonneurs, 120 ; François le Champi, 152 ; Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, II, 36).
Courtil [Courtillet, diminutif de courtil, est un nom propre dans la Vallée Noire.], d’ordinaire petit jardin ou petite cour.
Comte Jaubert — Godefroy, Littré
Ici le sens paraît obscur : «Le père Godard avait ébranché son peuplier et mis de la tuile neuve sur son courtil.» (Les Maîtres Sonneurs, 223).
Crochu, ici mal bâti, bancroche. (Créchu à Nohant et aux environs ne se dit que des choses).
Comte Jaubert. — Complément de Godefroy
«Il est éclopé de naissance, chétif, maladif, crochu, et toujours en chagrin et en malice.» (La Petite Fadette, 148).
Départie, départ, apsence.
Comte Jaubert, Hugues Lapaire.  — Godefroy, Littré, Brunot, III, 129.
«Tu as l’idée d’une plus longue départie.» (Les Maîtres Sonneurs, 208).
Départir (se) partir, quitter, s’en aller.
Comte Jaubert — Godefroy, Brunot, III, 148.
«Nous nous départîmes à la nuit et avant la levée du jour.» (Les Maîtres Sonneurs, 114, 230, 299, 232, 234 ; François le Champi, 158 ; Les Beaux Messieurs de Bois-Doré,  I, 82).
2° Se séparer.
«Et pourquoi, ma fille, voulez-vous vous départir de ce pauvre enfant ?» (Les Maîtres Sonneurs, 334).
Dessoubrer, déchirer [Dessoubrez existe comme nom propre dans la Vallée Noire.]
Comte Jaubert. : (dessombrer). — Cotgrave : (dessolder, dissolver).
«Ne dessoubrez pas mes vêtements». [Dessoubrez existe comme nom propre dans la Vallée Noire.] (Jeanne, 313).
Embrunir, rendre brun, obscurcir.
Comte Jaubert : (embruncher). — Godefroy, Littré.
«Un endroit de la place déjà bien embruni par la nuit tombante.»  (Les Maîtres Sonneurs, 94).

290
Encorné [A Saint-Chartier, encorné signifie donner des coups de cornes ou en recevoir.] muni de cornes.
Comte Jaubert — Godefroy, Littré.
«Diriger son attelage encorné à travers les prés humides.» (Le péché de M. Antoine, II, 79).
Enflamber [Al est flambée d’ bouère, poure bête avait-elle soué, al ‘tait flambée.] enflammé par l’amour ou par la colère.
Comte Jaubert — Godefroy, Littré.
«Si je devais rester seulement tout un jour affolé et enflambé comme je l’ai été pour un moment à côté de cette Fadette j’en deviendrais insensé.» (La Petite Fadette, 161).
«Elle savait que le lendemain soir il rentrerait tout enjambé de colère.» (François le Champi, 40).
Emmi, au milieu de, parmi.
Comte Jaubert — Godefroy, Littré Supplément, (Brunot, III, 379).
«La plus fine était la petite Brulette, emmi les filles, el des plus épaisses, la plus épaisse paraissait celle de Joseph, emmi les garçons.» (Les Maîtres Sonneurs, 8, 67, 108, 138, 173, 238, 277).
«Emmy les cadeaux du bon Dieu.» (La Petite Fadette, 48).
«Il voulut regarder emmy les pierres.» (Id. 134 ; François le Champi, 221 ; Les Légendes rustiques 102).
Ennuyer (s’), être gêné, incommodé.
Comte Jaubert — Godefroy, Littré.
«Un sanglier… qui commençait à s’ennuyer de moi.» (Les Maîtres Sonneurs, 189).
Epargnante, qui épargne, économe.
Godefroy : (espargnant) Littré, Supplément.
«Une fille si adroite, si prompte, si épargnante, si fidèle !» (Claudie, 259).
291
Esréné, éreuitée.
Comte Jaubert : éreiner — Godefroy, Brunot, II, 179.
«Cette fille est esrénée de fatigue.» (François le Champi, 187).
Fadet, esprit follet (inconnu à Nohant et aux environs. Le mot usité est follet.
Comte Jaubert
«C’est elle… qui avait conjuré le fadet pour te troubler l’esprit et te faire noyer.» (La Petite Fadette, 131).
«Fadet, Fadet, petit Fadet, Prends ta chandelle et ton cornet.» (La Petite Fadette, 104).
George Sand a donné ce nom à un des personnages du roman, la mère Fadet, grand’mère de la petite Fadette.
(Mot répété environ trente-quatre fois dans ce roman.)
Farfadette, lutin, esprit malin.
Comte Jaubert — La-Curne de Sainte Palaye, Complément de Godefroy, Littré.
«Voyez donc la grelette qui croit charmer Landry Barbeau ! Grelette, sautiote, farfadette, etc.» (La Petite Fadette, 124, 65).
Foulaison s. f, action de presser, d’écraser, de piétiner.
Comte Jaubert.
«J’y trouvais bien du dérangement et de la foulaison ; c’était comme si une cinquantaine de personnes vivantes y avaient passé.» (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré,  II, 40).
Godronnense, ouvrière qui empèse le linge.
Comte Jaubert — Godefroy
«…Narcissa Bobolina… marchande de dentelle, au besoin raccommodeuse et godronnense de rabats.» (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, 11,271).
Gredot, s. m, pauvre mendiant.
Comte Jaubert — Littré : (gredin, mendiant)
«Notre danse avait attiré des gredots. et l’on sait que tous ceux qui demandent la charité ne la font pas aux autres… (Les Maîtres Sonneurs, 188).
«Les gredots peuleroux… sont mendiants loqueteux».
(La Petite Fadette, 172).
292
Hâteux, empressé.
Comte Jaubert — Godefroy : (hastieu).
«Ne sois pas si hâteux de nous quitter.» (La Petite Fadette, 207).
Hâtif, précoce.
Comte Jaubert — Richelet, Littré.
«Je n’avais pas tant de sommeil et d’appétit qu’il m’en fallait pour soutenir mon croît, lequel était plus hâtif qu’il n’est d’habitude en nos pays.» (Les Maîtres Sonneurs, 17).
Hérissonner, avoir des poils bourrus, dressés.
Comte Jaubert : s’hérissonner. — Littré.
«Je vis arriver sur lui un petit cheval maigre, tout hérissonné.»  (Les Maîtres Sonneurs, 60).
Lâcher, cesser.
Comte Jaubert — La-Curne de Sainte Palaye, Littré.
«Mes yeux ne lâchaient point de regarder le combat.» (Les Maîtres Sonneurs, 204 ; La Petite Fadette, 247).
Liesse, joie, allégresse, réjouissance.
Comte Jaubert — Godefroy, Littré.
«Vous faites d’un jour de liesse et de repos, une pesanteur de plus sur vos estomacs.» (Les Maîtres Sonneurs, 78).
«Hier c’était tout bouderie, aujourd’hui c’est tout liesse.» (Id. 242).
Loqueteux, déguenillé, qui a des vêtements en loques.
Comte Jaubert — Godefroy, Littré.
«Le porche, qu’on appelle chez nous une guenillière à cause que les gredots peilleroux, qui sont mendiants loqueteux, s’y tiennent pendant les offices.» (La Petite Fadette, 172).
«Je t’empêcherai d’épouser cette misère, cette loqueteuse de Claudie,» (Claudie, 271).
Malheuretez, malheur.
Comte Jaubert — Godefroy.
«Il fallait céder à M. le Prince à grand’perte, en raison de la dureté des temps et des malheuretez du pays.» (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré,  Il, 7).
293
Marge, bord, espace faisant bordure.
Comte Jaubert — Godefroy, Littré.
«La vieille grise… essaya de galoper sur la marge du pré pour suivre sa fille.» (La Mare au Diable, 48).
Meulage, l’ensemble des meules d’un moulin.
Comte Jaubert. — Godefroy.
«François employa la journée qui suivit à se chercher un remplaçant pour le meulage.» (François le Champi, 147).
Miette, rien, un peu, bas du tout.
Comte Jaubert. — Godefroy.
«Pourquoi donc ça, s’il vous plaît ? fit-il, sans perdre une miette de son assurance.» (Les Maîtres Sonneurs, 71).
«Je ne me suis pas diverti une miette.» (Id. 243).
«Landry était une miette plus grand et plus fort.» (La Petite Fadette, 10).
«Elle s’en revint à la maison où de la nuit elle ne put dormir miette.» (François le Champi, 118).
«Une manière… qui… ne me plaît miette.» (Id. 220).
Ormille, petit orme.
Comte Jaubert. : (ourmillon). — Trévoux, Littré.
«Je passais dans mes mains les branches d’ormille.» (Nanon. 7).
Pensement, pensée.
Comte Jaubert. — Godefroy, Littré.
«Ce pensement avait été son plaisir et sa consolation.» (François le Champi, 232).
Piquette, point du jour.
Comte Jaubert.
«Elle l’entendit aussi sortir à la piquette du jour.» (François le Champi, 118).
«Il y avait à la piquette du jour tant de fumée blanche sur les viviers…» (Jeanne, 36).
294
Raccoiser (se), apaiser, calmer.
Comte Jaubert, Supplément — Godefroy, Littré.
«Il m’avait donc bien dit la vérité ? s’écria Huriel… mais se raccoisant aussitôt.» (Les Maîtres Sonneurs, 111).
«Comme en marchant il s’était un peu raccoisé, il songea que le champi de malheur n’était plus un petit enfant.» (François le Champi, 100).
«Je sais que j’ai été trop loin… mais j’ai fait tout mon possible pour les raccoiser.» (Claudie, 285).
Remembrancc, souvenir, ressouvenir, mémoire.
Comte Jaubert..— Godefroy, Littré, Brunot, III, 140.
«Ça ne me rassure point, car toutes sortes de folies me traversèrent la remembrance.» (Les Maîtres Sonneurs, 41, 86).
Requérir, prier, réclamer, demander.
Comte Jaubert : (requerre). — Godefroy : (requerre), Littré.
«Si tu as jamais besoin de moi, tu peux me requérir.»
(Les Maîtres Sonneurs, 80, 168, 291 : La Petite Fadette, 75, 113, 152 ; François le Champi, 158).
Supposé (un), une supposition, à supposer.
Comte Jaubert.
«In supposé que je les prendrais tous deux pour un temps, ça ne pourrait pas durer.» (La Petite Fadette, 44).
Tabuster, tracasser, importuner, blesser.
Comte Jaubert. — Nicot.
«Elle allait le pousser et le tabuster peut-être en paroles.»  (François le Champi, 163).
«François le Champi se tabustait beaucoup la cervelle.» (Id. 184).
Tenter, essayer.
Comte Jaubert. — Monet.
«S’il y a un danger pour vous c’est celui de devenir fou, à quoi vous tentez de votre mieux, sans savoir où vous mène votre malice.» (La Petite Fadette, 269 ; François le Champi, 220).
Traîtrise [A Saint-Chartier, on emploie le verbe treyer : y chercher à treyer. On ne connaît pas de substantif.], action de trahir.
Comte Jaubert, — Littré.

295
«Je ne répondrais pas de la traitrise de quelque loup.» (Les Maîtres Sonneurs, 122, 367).
Vaillant, qui a de la valeur, du prix, de la qualité, qui est remarquable.
Comte Jaubert, — Littré.
«C’est la faute du peu que je vaux si elle donne ses amitiés à de plus vaillants que moi.» (Les Maîtres Sonneurs, 112).
Vaillantise, courage, hardiesse.
Comte Jaubert. — Complément de Godefroy, Littré.
«Eh bien, Tiennet, dit Thérence avec une vaillantise de bonne foi sans pareille… je ne vous apprendrai rien.» (Les Maîtres Sonneurs, 255).
Vimaire, tout fléau qui frappe l’agriculture : ouragan, grêle, inondations.
Comte Jaubert. — Complément de Godefroy, Littré.
«Nous avons eu, dans nos pays une suite de mauvaises années tant pour les vimaires du temps que pour les embarras du commerce.» (La Petite Fadette, 22).
«Froment de semence craint la vimère du temps.» (François le Champi, 35).
Vu, le 29 mai 1914 :
Le Doyen de la Faculté des Lettres de l’Université de Paris.
A. CROISET.
Vu et permis d’imprimer :
Le Vice-Recteur de l’Académie de Paris,
L. LIARD.
296
II L’ANCIEN FRANÇAIS DANS LES ROMANS CHAMPÊTRES
«J’ai donné à cet appendice le titre «d’ancien français dans les romans champêtres», terme qui me paraît convenir aux emprunts que George Sand a faits à l’ancienne langue. On y retrouve quelques traces de vieux français, mais c’est surtout le moyen français qui
a fourni des éléments à l’auteur des Maîtres-Sonnenrs.
Je ne prétends pas dans cette étude avoir relevé toutes les particularités qui peuvent se rattacher à l’ancienne langue ; on y trouvera seulement les principales. Cet appendice complète donc l’étude précédente : «La langue de George Sand dans les romans
champêtres», tel est, en effet, le titre qui conviendrait à l’ensemble de ces études.
J’ai adopté la même division pour ce travail que pour le premier.
Le chapitre 1er contient :
1° Les mots qui appartiennent à l’ancien français.
2° Ceux qui ont un sens différent de celui qu’ils ont dans la langue moderne. Pour les uns, ce sens se trouve dans les dictionnaires de l’ancien français : je l’ai indiqué ;
pour les autres, il ne se trouve dans aucun dictionnaire ; l’absence de référence le fera comprendre.
Le chapitre II est réservé aux formes grammaticales peu nombreuses et le chapitre III à la syntaxe. Ici on retrouve l’influence de Montaigne, de Rabelais et aussi celle du XVIIe siècle.
297
Quelquefois j’ai mis en note des remarques qui peuvent présenter un certain intérêt, parce qu’elles ne me paraissaient pas entrer dans la classification que j’ai adoptée.
Je tiens à adresser tous mes remerciements à Mademoiselle Jeanne Cabrol, Emilie Gandy, Marguerite Perraut, qui ont bien voulu mettre à ma disposition leur connaissance approfondie de l’ancien français, et revoir avec moi tout ce qui concerne l’ancienne langue
dans ce travail.
298
CHAPITRE 1er
Le Vocabulaire.
1° Mots qui n’ont pas été retrouvés a Nohant,
Saint-Chartier, La Châtre ;
Ils appartiennent à l’ancien français.
Abattage, coups qui renversent.
Godefroy : (abastage).
«J’avais avantage sur lui pour ce que son grand abattage me donnait meilleure prise.» (Les Maîtres Sonneurs, 74).
Acquéreuse, féminin d’acquéreur.
Richelet.
«Si le père Jean était là, c’est lui… qui aurait dansé avec la première acquéreuse.» (Nanon, 65).
Adonc, adoncques, donc.
Godefroy, Littré.
«Adonc, Tiennet, je ne blâme point de suivre le chemin qui est devant toi.» (Les Maîtres Sonneurs, 80 ; La Petite Fadette, 68, 204).
Advenir, arriver.
Complément de Godefroy, Littré.
«Quand je me trouvai seul, je m’étonnai de tout ce qui m’était advenu.» (Les Maîtres Sonneurs, 202).
Affiquets, petits objets qui servent à parer les femmes.
Richelet, Littré.
«Tout leur était bon pour le commerce mêmement des affiquets de femme.» (Les Maîtres Sonneurs, 221, 271). .
Alas ! hélas !
Godefroy.
«Alas! mon Dieu! alas faut-il! alas! Jésus!» (Jeanne 96).
299
Aranelle, araignée, diminutif de aragne.
Complément de Godefroy : aragne
«Ses bras maigres tout mordus par le soleil sortaient de ses manches comme deux pattes d’aranelle.» (La Petite Fadette, 118).
Aucuns, aucunes, quelques-uns, unes.
Littré : (d’aucuns), Hatzfeld-Darmsteter-Thomas.
«Il y a toutes sortes d’idée dans les femmes, et aucunes ont si bon cœur que ça serait une raison de plus.» (François le Champi, 133).
Augurer, conjecturer, présager, supposer.
Complément de Godefroy, Littré.
«Je vous augure tous les biens que vous méritez.» (Les Maîtres Sonneurs, 168, 391 ; La Petite Fadette, 204).
«J’en augurai qu’elle m’avait un peu surfait son mépris pour l’amour.» (Les Maîtres Sonneurs, 92, 231, 361).
Avantageux, se, présomptueux.
Godefroy, Hatzfeld-Darmsteter-Thomas, Littré.
«C’est son droit d’être coquette et avantageuse.» (Les Maîtres Sonneurs, 112).
Beugleur, qui fait entendre des beuglements.
Cotgrave : bugleux ; Godefroy : beugler seulement.
«A présent je me moque bien de vos beugleurs de musette criarde.» (Les Maîtres Sonneurs, 348).
Branchu, qui a d’épaisses branches.
Complément de Godefroy, Littré.
«Comme l’entrée de la passerelle était toute branchue, elle n’avisa le loup que quand elle fut sous sa dent.» (François le Champi, 194).
Carroche, carrosse.
Nicot (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré,  I, 107).
300
Carrosseux, cocher qui conduit un carrosse.
Nicot : (carrochier).
(Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, I, 107 ; II, 99).
Chantable, qu’on peut chanter, digne d’être chanté.
Godefroy, Littré.
«J’avais bonne mémoire pour retenir toutes choses chanfables.» (Les Maîtres Sonneurs, 48).
Charpenterie, métier du charpentier.
Trévoux, Complément de Godefroy, Littré.
«Jean, mon frère de lait, mon maître en charpenterie.» (Le péché de M. Antoine I, 113).
Compassionné, plein de compassion pour quelqu’un.
Godefroy, Littré : (se compassiomner).
«Landry était compassionné et attendri pour lui.» (La Petite Fadette, 182).
Confort, assistance, secours, soulagement.
Littré, Brunot, III, 108.
«Elle se mit à deux genoux pour faire une bonne prière, dont elle avait grand besoin et dont elle espérait grand confort.» (François le Champi, 106).
Con joindre, joindre, unir par mariage.
Complément de Godefroy, Littré.
«La Sévère avait idée de la conjoindre avec un gars de sa connaissance.» (François le Champi, 208).
Couchée, le logement en voyage, lieu où l’on couche en voyage.
Trévoux, Richelet, Littré.
«Maître Huriel m’a dit qu’il allait… faire sa couchée à la belle étoile.» (Les Maîtres Sonneurs, 70).
«Vous ne trouverez ni maison ni couchée selon vos habitudes.» (Id. 114, 183).

301
«Je n’aurais ni cœur ni âme si je ne vous forçais d’accepter une petite couchée avec un souper frugal.» (Le Meunier d’Angibault, 176).
Couleuré [Couleuré s’emploie à Nohant, La Saint-Chartier, en parlant d’objets peints :
«C’est couleuré à blanc, à rouge», dira le paysan.], coloré.
Comte Jaubert, Hugues Lapaire  — Nicot.
«Sylvinet resta un joli jeune homme, plus mince et moins couleuré que son frère.» (La Petite Fadette, 89).
Cueille (s. f.) action de cueillir.
Complément de Godefroy, Littré.
«La cueille des fruits n’est pas encore faite.» (La Mare au Diable, 161).
Déconfort, désappointement, chagrin, affliction.
Complément de Godefroy, Littré.
«Il n’épousa point Elvire de Charmois qui resta longtemps fille au grand déconfort de sa mère.» (Jeanne 358).
Découvert, s. m, espace découvert par opposition aux endroits ombragés.
Godefroy : (descover), Littré.
«Et soit dans les sentiers soit dans le découvert il n’y avait ni bruit ni trace de personne vivante.» (Les Maîtres Sonneurs, 361).
Dépéché, 1° expédié.
Complément de Godefroy
«Je n’ai vu travail de main d’homme dépêché d’une si rude et si gaillarde façon.» (Les Maîtres Sonneurs, 142).
2° Au figuré : avalé, mangé.
«Dites donc, Monsieur, fit la meunière quand le premier service, c’est-à-dire la soupe aux raves fut dépêchée, est-ce vous qui avez écrit votre nom…?» (Le Meunier d’Angibault, 178).
302
Déplaisance, dégoût, répugnance, caractère déplaisant de quelqu’un, de quelque chose.
Complément de Godefroy, Littré.
«Contente-toi donc de plaire, sans le faire prendre en déplaisance.» (Les Maîtres Sonneurs, 315).
«Le bois de l’Alleu m’était tourné en déplaisance.» (Id. 228). κυρικιμασαηικο
Déréchef, une seconde fois, de nouveau.
Complément de Godefroy, Littré.
«Landry… se retourna derechef et allongea à la petite Fadette un coup de poing.» (La Petite Fadette, 69).
Déshabillé (s. m.), habillement, négligé, ici c’est la robe de mariée.
Littré, Hatzfeld-Darmsteter-Thomas.
«Son déshabillé de drap fin vert-myrte dessinait sa petite taille» (La Mare au Diable, 188).
Désoublier, oublier.
La-Curne de Sainte Palaye.
«Je ne voulais pas le lui faire désoublier.» (François le Champi, 169).
Déverdir, v. n, perdre la verdure.
Godefroy, Littré (terme de teinturier).
«Les eaux vives… font verdir des arbres qui ne déverdissent jamais.» (Les Maîtres Sonneurs, 210).
Dévotieusement, avec dévotion, dévouement, convenablement.
Complément de Godefroy, Littré.
«Brulette soigne dévotieusement son grand-père.» (Les Maîtres Sonneurs, 16).
Dextre, droit, e.
Godefroy, Littré.
«Sous la dextre branche de cette croix.» (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré,  II, 66).
303
Embrouillement, action d’embrouiller.
Complément de Godefroy
«Malgré qu’il en eût un peu d’embrouillement dans la tête il ne pouvait pas s’empêcher d’avoir du plaisir à entendre cette fille.» (La Petite Fadette, 140).
Emerveiller, s’étonner.
Godefroy, Littré.
«Les Vertaud s’en émerveillèrent.» (François le Champi, 143).
Empoignade, action d’empoigner, de serrer fortement.
Godefroy.
«L’homme reçut au chagnon du cou une si jolie empoignade…» (Les Maîtres Sonneurs, 176).
Enfantelet, petit enfant.
Godefroy, Littré Supplément
«Vous voyez un enfantelet joli et plaisant.» (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré,  I, 146).
Enrougir, devenir rouge, rougir.
Godefroy.
«Brulette montra une mine tout enrougie d’aise.» (Les Maîtres Sonneurs, 316).
Entrance, entrée.
Godefroy.
«L’entrance d’une galerie.» (Les Maîtres Sonneurs, 368).
«C’est fort bien fait de fortifier ses entrances (de l’huis).» (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré,  II, 163, 35).
Famé, renommé.
Godefroy, Littré.
«Les deux familles étaient bien famées, et tenues en estime par tout le pays.» (La Petite Fadette, 97).
Faudre, manquer.
Godefroy.
«Le cœur me faut.» (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré,  I, 203).
304
Festiner, faire un festin, un bon repas.
Complément de Godefroy, Littré.
«Je ne me sentais pas festiner.» (Les Maîtres Sonneurs, 150, 344)
Feuillade, feuillée, berceau de feuillage.
Cotgrave, Hatzfeld-Darmsteter-Thomas.
«Nous emporterons notre dîner sous quelque feuillade.» (Les Maîtres Sonneurs, 208 ; Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, II, 103).
Finet, fin, qui a de la finesse d’esprit.
La-Curne de Sainte Palaye, Littré.
«Celui-là sera fmet et entendu comme son père.» (La Petite Fadette, 184).
Flambette [Flambette, étoile filante à Saint-Chartier ; Flambeau, feu follet à Nohant
Autrefois, revenant.] : «feux fous, météores bleuâtres que tout le monde a rencontrés la nuit ou vus danser sur la surface immobile des eaux dormantes.» (Les Légendes rustiques, 133).
Godefroy : (flambete, diminutif de flambe).
Fol, fou, qui a perdu la raison.
Godefroy, Littré.
«Un petit enfant est un rude maître, injuste comme un mari qui serait fol.» (Les Maîtres Sonneurs, 243 ; Les Beaux Messieurs de Bois-Doré,  I, 252).
Galantiser, faire la cour aux dames, faire le galant auprès d’elles.
Richelet, Trévoux, Littré, Brunot, III, 214.
«Je ne suis point d’humeur à galantiser autour des femmes.» (Claudie, 230).
Galetière, sorte de gril pour faire cuire les galettes.
Littré : (galetière, syn. de galettoire, poêle sans rebords).
«Il attend que le fé se soit assis sur l’escabeau… où l’on avait… placé la galetière rougie au feu.» (Les Légendes rustiques. 71).
305
Gentillement, gentiment [A Nohant on dit gentiment.]
Trévoux, Littré.
«Elle expliquait cela si humblement et si gentillement.» (La Petite Fadette, 164).
«Sa coiffe… s’attachait gentillement sur ses cheveux noirs bien lissés.» (Id. 172).
Griffu, qui a des griffes.
Godefroy, Hatzfeld-Darmsteter-Thomas.
«Elle croyait la tenir dans ses mains griffues pour tout le reste de sa vie. » (François le Champi, 199).
Han, forte expiration du bûcheron.
Trévoux. (interjection). Littré, Brunot, III, 144 (ahan).
«Vous ne vous écarterez pas, sans lui, de mon han et du bruit de ma cognée.» (Les Maîtres Sonneurs, 141).
Hantise, fréquentation, compagnie.
Complément de Godefroy, Littré.
«Les vieux arbres sont mal famés pour la hantise des sorciers.» (Les Maîtres Sonneurs, 42).
Haut-de-chausses, pantalon.
Complément de Godefroy
«Il ne portait guère autre vêtement que son haut-de-chausses et sa chemise.» (Les Maîtres Sonneurs, 138).
Herbu, couvert d’herbe.
Godefroy, Littré.
«La branchure du chêne couvre une grande place herbue et il faisait si noir que je ne voyais point mes pieds.» (Les Maîtres Sonneurs, 40 ; La Petite Fadette, 79).
Inconnaissance, ignorance.
Godefroy, Littré.

306
«L’inconnaissance du temps à venir lui fit plus de peur que tout ce que la Zabelle essayait de lui montrer…» (François le Champi, 50).
Indigérer, se donner des indigestions.
Godefroy (indigéré), Littré. (néologisme).
«Croyant vous divertir et vous réconforter, en vous indigérant… vous faites d’un jour de liesse et de repos une pesanteur de plus sur vos estomacs.» (Les Maîtres Sonneurs, 78).
Joyeuseté, paroles pour rire.
Complément de Godefroy, Littré.
«C’est une ancienne coutume… d’aller ainsi troubler, par une chanson de joyeuseté, la première honte d’une jeune mariée.» (Les Maîtres Sonneurs, 300, 242).
Laronner, dérober, voler.
Godefroy, Littré Supplément, Brunot, II, 192.
«Tant mieux aussi pour ceux qui font les revenants,
à seules fins de vous laronner.» (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, II, 40).
Licence, permission, pouvoir.
Godefroy, Littré.
«Je demandai à Thérence licence de l’embrasser. » (Les Maîtres Sonneurs, 217).
(Personne n’y pourrait entrer sans licence ou office de moi.» (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, II, 39).
Lodier, couvre-lit, couvre-pieds.
Godefroy, Nicot.
«Son gros corps aminci de moitié, dessinait ses contours anguleux sous un lodier ou couvre-pieds de satin branc.» (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré,  I, 91).
Lutiner (se), se taquiner.
Trévoux, Littré.
«vous pensez bien que là ils ne dormirent guère, car ils ne songèrent qu’à se lutiner les uns les autres.» (La Mare au Diable, 183).
307
Malefièvre [Ch’tite fièvre à Nohant], mauvaise fièvre.
Godefroy.
«J’eus comme un moment de malefièvre en songeant qu’il fallait tout abandonner.» (Les Maîtres Sonneurs, 368).
Malemort, mort cruelle.
Complément de Godefroy, Littré.
«L’ancien seigneur aura péri au loin, de malemort et en péché.» (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré,  Il, 39).
«Ça doit être une amulette pour se garantir de malemort.» (Id. 306).
Malgracieux, désagréable, qui n’est pas gracieux.
Godefroy.
«II était moins malgracieux le samedi parce qu’il avait fait sa besogne.» (François le Champi, 40).
Malhardi, timide.
Godefroy.
« Son état de champi, sans lui faire honte, l’avait toujours rendu malhardi.» (François le Champi, 74).
Malingret, malingre.
Godefroy.
«Enfin je le conserve à la vie, ce malingret, qui sans moi serait bien malheureux.» (La Petite Fadette, 149 ; Les Maîtres Sonneurs, 345).
Mécréant, méchant.
Godefroy, Hatzfeld-Darmsteter-Thomas.
«J’augurai donc que la sonnerie mécréante était entrée dans le cimetière.» (Les Maîtres Sonneurs, 361).
308
Ménétrier, celui qui joue de la cornemuse et de la vielle.
Complément de Godefroy, Littré.
«Avant le souper, on fil venir les ménétriers et on dansa dans la cour par anticipation du lendemain.» (Le Meunier d’Angibault, 259).
Mie, amie.
Godefroy, Hatzfeld-Darmsteter-Thomas.
«Eh ! ma mie… je ne sais où tu prends ce que tu dis et ce que tu penses.» (Les Maîtres Sonneurs, 235, 271).
Mijoterie, calinerie, caresse.
Godefroy.
«Mais le père n’aimait pas beaucoup toutes ces mijoteries.» (La Petite Fadette, 85).
Mol, mou.
Complément de Godefroy, Hatzfeld-Darmsteter-Thomas.
«Avoir les bras si mois et le cœur si indifférent à son ouvrage.» (Les Maîtres Sonneurs, 26).
Nargue, dédain.
Complément de Godefroy, Littré.
«Les allures de la Madelon… n’étaient point malhonnêtes, mais si fières et de telle nargue…» (La Petite Fadette, 123).
Nonobstant, quoique, cependant.
La-Curne de Sainte Palaye, Littré.
«Nonobstant je ne voulus crier merci.» (Les Maîtres Sonneurs, 74).
Obscur (s. m.).
Godefroy, Littré.
«Ses jambes… restaient toujours dans l’obscur.» (Les Maîtres Sonneurs, 370).
Office, fonction dont on doit s’acquitter.
Complément de Godefroy, Littré.
309
«Joseph fut loué au doinaine de l’Aulnières, chez le père Michel en office de houaron.» (Les Maîtres Sonneurs, 16)
Once, employé au figuré, équivaut à goutte.
Godefroy, Littré.
«Il était homme à donner la dernière once de son sang pour la personne qu’il aimerait.» (François le Champi, 207).
Ouïr, entendre.
Godefroy, Littré.
«Il me parut bien que c’était le même air que j’avais ouï cornemuser.».(Les Maîtres Sonneurs, 54, 202, 39, 230).
Outrance, exagération.
Godefroy, Littré.
«Jamais femme ne porta mieux la gaieté sans outrance et la malice sans méchanceté.» (Les Maîtres Sonneurs, 286).
Outre-passer.
Monet, Hatzfeld-Darmsteter-Thomas.
«La mère Fadet… n’aimait pas à se voir outre-passée de sa réputation.»  (La Petite Fadette, 65).
Panetière, petit sac où les bergers mettent leur pain.
Nicot, Complément de Godefroy, Littré.
«Ils ont régné sur les cours (les bergers) et ont fait les délices des rois, qui leur empruntaient la houlette et la panetière» [A Nohant et environs, on ne connaît que la besace. (Cf. ce mot).]. (François le Champi, 16).
Peignée [Je ne saurais dire si le mot peignée dont s’est servi George Sand signifie peignée avec le sens ci-dessus, ou pougnée que George Sand aurait écrit peignée.], ce qui tient sur le peigne.
Littré.
«Regardez à mon oreille, dit le muletier, en relevant une peignée de ses cheveux noirs.» (Les Maîtres Sonneurs, 93).
310
Piolé, bariolé, jaspé.
Godefroy, Littré, Brunot, III, 141 (riolé, piolé).
«Puis il alluma la lampe de nuit, souffla les bougies piolées, c’est-à-dire jaspées de diverses couleurs.» (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, I, 10).
Poiser, peser, lourd, pénible, à avouer.
Trévoux, Brunot, II, 350.
«Ne sachant pas lui-même ce qu’il avait, et pourquoi une affaire qui lui avait paru tout à l’heure si honnête et si à propos, lui devenait si poisante à confesser.» (François le Champi, 215).
«L’un poise (pèse) [La parenthèse est dans le texte.], au-dessus de son droit, l’autre ne poise rien du tout.» (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré,  I, 13).
Pourpenser, méditer, projeter, penser à.
Godefroy, Littré, Brunot, IV, 261.
«François pourpensait au moyen de ravoir les terres à bon marché.» (François le Champi, 182).
Pressurée, s. f. étreinte, pression, meurtrissure.
Godefroy : (presseure).
«J’en tirai une (chanson) avec un peu d’effort de mon gosier, encore chaud de la pressurée de ses mains.» (Les Maîtres Sonneurs, 75).
Quémandeux, quémandeur, solliciteur.
Complément de Godefroy : (quémander), Littré.
«Enfants dressés au métier de quémandeux sur les chemins.»  (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré,  I, 19).
Quiétise, tranquillité.
Trévoux. (quiet).
«Je trouvais dans la quiétise de Joseph, quelque chose de louche.» (Les Maîtres Sonneurs, 42).

311
Ramage, langage.
Godefroy, Littré.
« Tu seras encore recherchée par de plus riches que toi qui t’aiment pour tes beaux yeux et ton joli ramage» (Les Maîtres Sonneurs, 226).
Rapprivoiser, apprivoiser de nouveau. Procédé populaire : rapproprier, rapprèter, ratteindre…
Complément de Godefroy
«Elle essaya de le rapprivoiser avec les grelots des chevaux» [À Nohant, on dit appriver des oiseaux ; à rapprocher de l’expression un oiseau privé.] (François le Champi, 49).
Ravine, ravin, chemin creusé par un cours d’eau.
Trévoux, Littré.
«Ce n’était que ronces et fretats, chemins défoncés et ravines d’une bourbe noire et légère.» (Les Maîtres Sonneurs, 38).
«Ces ruisseaux grouillants dans les ravines.» (Id. 191).
Raviser (se), revenir, sortir de.
«Quelle peine ? fit-elle en se ravisant de son premier trouble.» (Les Maîtres Sonneurs, 252).
Rebras, manchettes, bord retroussé.
La-Curne de Sainte Palaye. — Godefroy, Littré.
«Elle mit un rabat et des rebras (manchettes) de point coupé.» (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré,  I, 152).
Récordation, souvenir, mémoire.
Godefroy.
«Il n’est rien de si laid que la méconnaissance, rien de si beau que la récordation [y m’est magine signifie je me souviens.]» (François le Champi, 135).
312
Recouvrance, action de recouvrer.
Godefroy, Littré.
«Ils ont placé leur terre en nos mains à huit ou dix du cent et… ils en font la recouvrance lorsqu’elle vaut le double. » . (François le Champi, 181).
Remacher, ruminer, au fug., repasser plusieurs fois dans son esprit.
Trévoux, Complément de Godefroy, Littré.
«Elle resongea à son malheur… et ramacha longuement toutes les peines que cette amitié et cette compagnie avaient tenus en suspens.» (François le Champi, 122).
Ressouvenance, ressouvenir, souvenir.
Trévoux, Complément de Godefroy, Littré.
«J’ai eu mille ressouvenance du temps passé.» (Les Maîtres Sonneurs, 55, 260).
Revèche, étoffe de laine à longs poils employée comme tapis.
Godefroy, Littré.
«Il y avait partout sur les dalles de bonnes revêches de Berry.» (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré,  I, 64).
Revengement, vengeance.
Godefroy.
«Sur ce penser, sa cervelle s’échauffa et sa bile aussi, et grands soucis de revengement lui passèrent par la tête.» (François le Champi, 98).
Revêtissement, revêtement.
Godefroy.
«Le revêtissement de fer et de cuir que j’avais là devant moi, était si ressemblant à celui de l’image peinte, que l’idée me venait… d’une âme en colère.» (Les Maîtres Sonneurs, 371).
Ronflerie, ronflement.
Littré.
313
«Quand Brulette monta en la chambre où elle comptait trouver place auprès de quelque parente, elle tomba dans toute une ronflerie.» (Les Maîtres Sonneurs, 306).
Ruisselet, ruisseau. [Très répandu]
Godefroy, Littré Supplément.
«Un gentil ruisselet tout rempli de fleurs.» (Les Maîtres Sonneurs, 136 ; Nanon, 145).
Sangnifié, ensanglanté.
Cotgrave.
«Elle courut du côté, et vit l’enfant tout sangnifié qui se débattait dans les bras de la Zabelle.» (François le Champi, 51).
Sarrau, sorte de grosse blouse.
Complément de Godefroy, Littré.
«Au lieu de son sarrau, encharbonné, de ses vieilles guêtres de cuir…, il avait un habillement neuf.» (Les Maîtres Sonneurs, 88).
Seoir, s’asseoir.
Godefroy, Littré, Brunot, IV, 264.
«Quand on s’arrêtait pour quelque amusette, il s’en allait seoir ou coucher à trois ou quatre pieds de nous. »  (Les Maîtres Sonneurs, 10).
Septentaine, espace de 70 ans, âgé de 70 ans.
Godefroy.
«Il n’avait encore que la septentaine.» (Les Maîtres Sonneurs, 24).
Sifflerie, action de siffler.
La-Curne de Sainte Palaye, Cotgrave, Littré.
«Cette sifflerie m’impatientait» (Nanon, 189).
Soies, poils, cils.
La-Curne de Sainte Palaye, Littré (cils).
«Ses yeux bleu clair bordés de soies très épaisses.» (Les Maîtres Sonneurs, 19).
314
«Les fines soies [À Nohant, les chapes des yeux ce sont les cils, les us les sourcils.] de ses yeux abaissés envoyaient sur ses joues une ombre très douce.» (Id. 302).
Sonnerie 1° sons, ensemble de sons.
Complément de Godefroy
«Tirant si grande sonnerie de son méchant roseau, que dans des moments on eût dit trois cornemuses jouant ensemble.» (Les Maîtres Sonneurs, 54).
«Thérence… était rentrée en la chambre pendant la sonnerie de Joset.» (Les Maîtres Sonneurs, 320).
2° Le métier de sonneur :
«La sonnerie casse la voix.» (Les Maîtres Sonneurs, 218).
3° Art de sonner, de jouer de la musette :
«Je te reçois maître en sonnerie et t’en donne le prix.» (Les Maîtres Sonneurs, 320).
Souleur, frayeur subite, saisissement.
Oudin, Curiositez françaises, Littré, Brunot, III, 174.
«Ma vue s’éclaircit peu à peu, et mes pieds, que la soulenr tenait comme chevillés en terre, me permirent de suivre le grand Bûcheux.» (Les Maîtres Sonneurs, 182).
Surpayer, payer au-dessus de sa valeur.
Complément de Godefroy, Hatzfeld-Darmsteter-Thomas.
«Je crois qu’elle fera un bon service et que décidément je ne l’ai pas surpayée.» (Les Maîtres Sonneurs, 21).
Tantinet (un), un peu.
Complément de Godefroy, Littré.
«Ne faisant point ouvrage de femme qui serait de veiller un tantinet auprès de votre sœur…» (François le Champi, 186).
Tarabuster, traiter durement.
Richelet, Trévoux, Littré.
«Ma grand’mère le tanse trop rudement et le frapperait trop, si je ne le défendais contre elle en faisant semblant de le tarabuster à sa place» (La Petite Fadette, 149, 274).
315
Torchère, flambeau, et aussi guéridon sur lequel on fait brûler la résine.
La-Curne de Sainte Palaye, Littré.
«On avait allumé deux torchères de résine.» (Les Maîtres Sonneurs, 180).
Travers (s. m.) seuil, pas d’une porte.
Godefroy : (passage).
«Je ne suis pas plus de sel que ce muletier qui a dormi dehors sous le travers de votre porte.» (Les Maîtres Sonneurs, 154).
Tuilé, couvert.
Godefroy : (tieuler).
«Au devant régnait une façon de hangar, tuilé en verts balais.» (Les Maîtres Sonneurs, 147).
Us, usage.
Godefroy, Hatzfeld-Darmsteter-Thomas.
«Deux ou trois respectables matrones… gardiennes rigides des anciens us.» (La Mare au Diable, 157).
Verdeur, verdure.
Monet, Littré.
«Ce qu’elle (la forêt) y gagnait en verdeur et fierté, elle vous le faisait payer du reste.»  (Les Maîtres Sonneurs, 38).
Vesprée, après-midi.
Complément de Godefroy.
«A l’heure de la vesprée tout allait au mieux.» (Les Maîtres Sonneurs, 172).
Voûture, voûte.
La-Curne de Sainte Palaye, Complément de Godefroy
«Est-ce qu’on ne respire pas autrement sous ces grandes voûtures de branches.» (Les Maîtres Sonneurs, 123).
316
2° MOTS DONT LE SENS N’APPARTIENT QU’À L’ANCIEN FRANÇAIS OU NE SE TPROUVE DANS AUCUN DICTIONNAIRE. [Dans ce cas, l’absence de référence suffit à l’indiquer.].
Accommoder, arranger, ajuster.
Complément de Godefroy, Littré.
« Joseph, sans me rien dire, s’était mis en devoir d’accommoder sa flûte.» (Les Maîtres Sonneurs, 53).
Attentionné, remarquer, faire attention.
Comte Jaubert. : (p. m. sens). — Littré.
«Joseph était peu attentionné aux actions d’autour de lui.» (Les Maîtres Sonneurs, 36).
Avoisiner, entourer.
La-Curne de Sainte Palaye (sens voisin), Littré.
«A n’être entendu que de Joseph et de quelques autres qui l’avoisinaient.» (Les Maîtres Sonneurs, 347).
Avoir [ À Nonant et aux environs, on dit en parlant de la fortune de quoiqu’un : Son du de quoi.].
1° biens, fortune.
Godefroy, Littré.
«Etant belle fille et non sans avoir.» (La Petite Fadette, 121, 49, 62, 206, 243, 245).
2° Avantage, moyens.
«Je le déracinai à la troisième suée et l’étendis sous moi ; mais là il reprit son avoir.» (Les Maîtres Sonneurs, 74).
Beau, grand, gros.
La-Curne de Sainte Palaye.
«Jeannie que la Catherine avait appelé à beaux cris, vint à son tour, prendre la joie avec eux.» (François le Champi, 167).
« Il était beau mangeur.» (Les Maîtres Sonneurs, 208).
Bordure, haie qui borde un pré, un champ,
Godefroy.

317
«Jeanne avait gardé ses vaches dans les bordures.» (Jeanne, 246).
Cercler, environner, entourer.
Trévoux.
«Vous pensez que le monde finit à ces collines bleues qui cerclent votre ciel. [On dirait à Nohant: Collines qui uironnent le ciel.]» (Les Maîtres Sonneurs, 75).
Chrétienté, moralité, humanité, bon aloi.
«Huriel n’avait pas eu le temps de m’expliquer le plus ou moins de chrétienté des gens avec qui nous nous trouvions.»  (Les Maîtres Sonneurs, 120, 172).
Complet, parfait, accompli.
Complément de Godefroy.
«Tu te sentais musicien complet.» (Les Maîtres Sonneurs, 210).
Contentement, explication, éclaircissement.
Littré.
«Ce contentement [Ce sens résulte du contexte trop long à citer ici.] de Benoit fit reivenir la gaieté.» (Les Maîtres Sonneurs, 354).
Course, mouvement des fleuves et des rivières.
Trévoux, Littré.
«Elle s’en fut… dans un recoin de terrain que la course des eaux avait mangé tout autour.» (François le Champi, 105).
Coutumier, qui a coutume de faire quelque chose.
Complément de Godefroy, Littré.
«Comme la grande partie des gens vivant vie mortelle est coutumière de mal.» (François le Champi, 212).
«Ils étaient huit… paraissant coutumiers des querelles et des injustices.» (Les Maîtres Sonneurs, 127).
Couvert, vêtu.
Trévoux, Littré.
318
«Il s’était lavé… habillé proprement… assez bien couvert pour lui faire honneur.» (Les Maîtres Sonneurs, 133).
Davantage, plus grand, plus profond.
Hatzfeld-Darmsteter-Thomas.
«Il essaya un peu plus haut et un peu plus bas, et, là comme là, il trouva le creux encore davantage.» (La Petite Fadette, 101).
Démontrer, enseigner.
Littré.
«Le père Bastien continua de démontrer Joseph.» (Les Maîtres Sonneurs, 213).
Donner, faire.
«Remercie-les de l’honneur qu’is te donnent.» (Les Maîtres Sonneurs, 358).
Dépouillé, mal vêtu.
«… Il n’était encore qu’un pauvre enfant tout dépouillé et mangé par les fièvres.» (François le Champi, 148).
Ecrier (s’), se récrier.
Richelet, Littré.
«Mais regardez, Brulette, et ne vous écriez pas.» (Les Maîtres Sonneurs, 185, 247).
Emerveillé, étonné.
Godefroy, Littré.
«On n’aurait pu présager qu’il se laisserait brûler si fort à la chandelle et qui l’eût su… s’en fût grandement émerveillé.» (La Petite Fadette, 187).
Epaisseur, obscurité profonde, ténèbres.
Trévoux.
«On s’éveille dans le silence et l’épaisseur de la nuit.» (Les Maîtres Sonneurs, 182).

319
Equipage, équipement.
Complément de Godefroy, Littré.
«Jusque-là les manteaux qui la couvraient l’ayant fait prendre pour un amas de hardes et d’équipage…» (Les Maîtres Sonneurs, 127).
Faire, équivalent d’un verbe d’action. 1° jouer :
«Et quand Joseph faisait si doux, je confesse que j’y prenais plaisir.» (Les Maîtres Sonneurs, 54).
2° pousser :
«Il fit un grand cri en manière de sifflement.» (Les Maîtres Sonneurs, 125).
Faire état de, estimer, faire cas de.
«Il voyait depuis un tour de temps qu’elle faisait beaucoup d’état de François.» (François le Champi, 136 ; Les Maîtres Sonneurs, 332).
Forestiers (gens), ceux qui coupent et façonnent le bois dans les forêts.
Complément de Godefroy, Littré.
«Cela nous donne bien à penser sur la différemcê des habitudes… entre les gens forestiers et les laboureurs. » (Les Maîtres Sonneurs, 202).
Gueules blanches, probablement la gueule de loup.
«Il y avait de grandes fleurs dont je ne sais point le nom qui sont comme gueules blanches picotées de jaune. »  (Les Maîtres Sonneurs, 191).
Marquer, 1° montrer.
Trévoux, Littré.
«Ce que tu fais… me marque bien que tu veux faire ton meuriot.» (Les Maîtres Sonneurs, 226, 282, 336, 348).
2° Témoigner.
Trévoux, Littré.
«Il l’enveloppa… en lui marquant l’intérêt et la douceur qu’il aurait eus pour un petit enfant. (Les Maîtres Sonneurs, 125, 205, etc.).
320
Mode, manière.
Godefroy, Littré.
«Les femmes ont le cœur fait en cette mode.» (La Petite Fadette, 167 ; Les Maîtres Sonneurs, 61).
Observer, faire observer, remarquer.
Trévoux, Littré.
«C’est tout justement comme elle te le dit! m’observa Joseph.» (Les Maîtres Sonneurs, 48, 315).
Prochain, camarade, confrère, homme.
«Je saurais bien donner une bonne correction aux gens assez mauvais pour y contraindre un pauvre prochain.» (Les Maîtres Sonneurs, 363).
Raison, droit.
Trévoux.
«Je me ferai raison par justice et par force.» (Les Maîtres Sonneurs, 68).
Ramener, reprendre dans une conversation.
«Vous faites comme si vous ne m’entendiez pas, Madame Blanchet, ramena le meunier.» (François le Champi, 101).
Réclamer, reconnaître.
«Si vous n’aviez pas dit que c’était lui, je compte bien qu’il m’aurait fallu du temps pour le réclamer [On dirait à Nohant.: J’vous ai pas arconnaissu]»
(François le Champi, 170).
Religion a des sens différents [On trouve aussi dans George Sand les sens suivants : religion,
1° application.
«— J’en ferais serment…
— Fais-le donc ; mais donne ton attention et ta religion à ce que tu vas dire.» (Les Maîtres Sonneurs, 84).
2° Honnêteté.
«Il était homme simple et d’une si bonne religion qu’il n’avait pas seulement prévu qu’une telle chose ferait tant parler.» Les Maîtres Sonneurs, 332)]:
1° Devoir.
Trévoux.
321
«C’est une pensée de religion qui l’a portée à se ressouvenir de vous.» (François le Champi, 142).
2° Sentiment du devoir, scrupule, bonté :
Complément de Godefroy.
«Il avait tant de religion dans le cœur, qu’en écoutant la nouvelle de sa mort il eût les yeux moites et la tête lourde comme s’il allait pleurer.» (François le Champi, 145, 240).
Retenir (se), cesser, renoncer à.
Trévoux.
«S’il pouvait se retirer de sonner, et se dispenser de bûcher encore un mois durant.» (Les Maîtres Sonneurs, 110).
Survivance, progéniture.
«Toutes deux étaient en train de tenir la promesse qu’elles avaient faite au grand Bûcheux de lui donner de la survivance.» (Les Maîtres Sonneurs, 388).
Souci, peur.
«Landry qui avait coutume de sortir seul à toute heure… n’avait pas précisément grand souci ce soir-là. » (La Petite Fadette, 100).
Souffrir, permettre.
Godefroy.
«Votre jambe malade ne vous a point souffert de venir aux champs.» (Claudie, 235).
322
Surpassé, [A Nohant: «Y avont dit à mort pu que c’était».], exagéré.
Complément de Godefroy — Hatzfeld-Darmsteter-Thomas.
«On a beaucoup surpassé le mal en le racontant.» (Les Maîtres Sonneurs, 105).
Traversé, empêché, mettre obstacle à quelque chose.
«(Je) suis venu chercher femme par ici… Mais au lieu de m’y aider vous m’avez traversé encore une fois.» (Claudie, 299).
Trébucher, tergiverser.
«Sylvain trébucha un peu dans son esprit avant de répondre.» (La Petite Fadette, 268).
323
CHAPITRE II
Formes grammaticales.
Qualification.
Certaines expressions équivalent à des adjectifs :
«Un homme de bien» (Les Maîtres Sonneurs, 12).
«Gens de bêche et de pioche.» (Les Maîtres Sonneurs, 78).
«C’était une femme de grande causette.» (Les Maîtres Sonneurs, 101).
«Les allures de la Madelon… n’étaient point malhonnêtes, mais si fières et de telle nargue qu’il s’en dépita.» (La Petite Fadette, 123).
Dans d’autres cas, la qualité qui ne convient qu’à une partie de l’individu, s’applique à l’être tout entier ; elle est suivie du complément explicatif, procédé très latin.
«Jeunesse très subtile de sa langue.» (Les Maîtres Sonneurs, 92), c’est-à-dire d’une langue très subtile.
«Grand, bien fait, noir de cheveux, robuste et léger de son corps.» (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré,  I, 37).
«Un beau gars… qui n’est écloché ni de son esprit ni de son corps.» (François le Champi, 133).
«Chétif dans son apparence.» (Les Maîtres Sonneurs, 25).
«Fatigué de mon corps, j’aurais pris aise à la promenade.» (Les Maîtres Sonneurs, 191).
«Animaux têtus et très durs de leurs os.» (Les Maîtres Sonneurs, 173).
«Charlot devenait tous les jours plus mignon de ses paroles, et plus franc de son cœur.» (Les Maîtres Sonneurs, 247).
«Franc de ton cœur… tu l’es et le seras, mais vivant de ton corps, et léger de ton âme tu ne saurais jamais l’être.» (Les Maîtres Sonneurs, 77).
«Gentil de son naturel» (Les Maîtres Sonneurs, 282).
«Il s’était lavé, rasé… aussi gentil de sa mine… pour lui faire honneur.» (Les Maîtres Sonneurs, 133).
324
«Un arbre blanc de sa tige et superbe de son feuillage.» (Les Maîtres Sonneurs, 134).
«Je m’étais attachée à un pauvre garçon triste et souffrant de son corps.» (Les Maîtres Sonneurs, 255).
Adverbes et locutions adverbiales.
Chrétiennement modifie un adjectif.
Littré.
«Mon père à moi, ainsi que le restant de la famille, qui étaient chrétiennement sages, me donnaient le conseil et l’exemple de ne point leur en tourmenter l’esprit.» [George  Sand a employé certains adverbes avec une grande liberté :
La locution adverbiale à propos modifie un substantif dans la phrase suivante : Elle décida de se reposer là jusqu’au moment à propos de retourner à la route.» François le Champi, 49, 111.]. (Les Maîtres Sonneurs, 246).
Mie. adverbe, pas, point, nullement.
Godefroy.
«S’il ne parlait mie. il n’en pensait pas moins.» [Les Maîtres Sonneurs, 27, 62 ; La Petite Fadette, 99, 122, 186 ; François le Champi, 93 ; Claudie, 296 ; Le Meunier d’Angibault, 230 : Le péché de M. Antoine, I, 53).
Quand et quand, ensemble, avec.
Brunot, III, 367.
«Elle n’avait plus personne pour lire avec elle… et même pour badiner quand et quand en paroles de bonne foi et de bonne humeur.» (François le Champi, 122).
Quiètement, tranquillement, en repos, paisiblement.
Complément de Godefroy, Littré.
«Elle toujours si coquettement coiffée et si quiètement fière.» (Les Maîtres Sonneurs, 53).
325
Tant, si.
Comte Jaubert. — Nicot, Littré.
«Un muletier tant bon garçon… fut-il.» (Les Maîtres Sonneurs, 106).
«Que les arbres soient tant grands, les herbes tant vertes, les eaux tant vives qu’elles voudront, j’aime mieux une ortie en mon pays.» (Les Maîtres Sonneurs, 217, 247 ; La Petite Fadette, 46, 85, 127).
Tant plus… tant plus, plus… plus.
Littré, Brunot, III, 372.
«(La mine d’Huriel) tant plus on la regardait, tant plus vous saisissait par un air de force, de commandement, et de bonté. » (Les Maîtres Sonneurs, 138, 97, 178, 285, 364 ; François le Champi, 171).
Plus… tant plus (La Petite Fadette, 45).
Tant…que, aussi… que.
Littré.
«L’enfant n’était pas tant laid que bourru. » (Les Maîtres Sonneurs, 247).
Tant seulement, seulement.
Comte Jaubert, Richelet, Littré.
«Je m’en vas sans avoir tant seulement le plaisir de me remémorer un jour d’amour et de bonheur.» (Les Maîtres Sonneurs, 110 ; La Petite Fadette, 32 ; François le Champi, 45 ; Claudie, 243 ; Jeanne 24, 152, 229, 350 ; Le péché de M. Antoine I, 54).
Tôt,  aussitôt, bientôt.
Comte Jaubert : (tout). — Nicot : (tost), Littré.
«Il fut tôt rassuré.» (La Petite Fadette, 105).
Prépositions.
Par devers, chez.
Comte Jaubert (p. m. sens). Complément de Godefroy, Littré.
«Comme nous avions tous un peu d’argent par devers nous, nous ne voulûmes point recevoir d’avances de M. Costejoux.» (Nanon, 100).
326
Pour, à cause de.
«Landry devint tout rouge pour la peur qu’il avait de s’entendre sommer de sa parole.» (La Petite Fadette, 92, 116).
Conjonctions.
Autant… [Dans les phrases ci-dessus, autant… comme n’a pas cours à Nohant et aux environs, à Saint-Chartier. mais on dira «Autant comme on est» pour autant que nous sommes.] comme, autant… que.
Comte Jaubert. — Complément de Godefroy, Littré.
«Tiennet, me voilà autant sur mon départ comme sur mon arrivée.» (Les Maîtres Sonneurs, 228, 291).
«Il était jaune de figure autant comme porté à la
bile que comme recuit par le hâle.» (Les Maîtres Sonneurs, 301 ; La Petite Fadette,
13).
Pour ce que. parce que.
Brunot, III, 392.
« Il vit la petite fille de la mère Fadet qu’on appelait dans le pays la petite Fadette, autant pour ce que c’était son nom de famille que pour ce qu’on voulait qu’elle fut un peu sorcière aussi.» (La Petite Fadette, 65).
On trouve aussi : « Cette ruelle, où… aucun chrétien ne se risquait jamais, tant pour ce qu’elle côtoyait le cimetière ; que parce que le flanc nord du château était mal renommé.» (Les Maîtres Sonneurs, 360).
A telles enseignes que [On trouve aussi chez George Sand : A meilleure enseigne, à plus forte raison (Les Maîtres Sonneurs, 43, Les Beaux Messieurs de Bois-Doré,  II, 34)], la preuve est que.
Littré.
327
«A telles enseignes que le lendemain… elle lui fit entendre que son garçon de moulin était un petit insolent.» (François le Champi, 98). κυρικιμασαηικο
«Vous ne voyez point que votre Sylvain… en conte à cette même fille, à telles enseignes que bien du monde prétend que ce n’est point vous, mais elle, qu’il va prochainement épouser !» (Claudie, 266 : Les Beaux Messieurs de Bois-Doré,  I, 242 ; II, 121).
Non plus que, pas plus que.
Nicot, Littré.
«Je ne m’en embarrassais non plus que d’une belette.» (Les Maîtres Sonneurs, 65, 152, 181, 190, 206, 224, 245 : La Petite Fadette, 76, 77, 96).
«La Sévère ne l’écouta non plus que le tondeur de moutons.»  (François le Champi, 91).
Pour ce que, parce que.
Comte Jaubert, Godefroy.
«Je n’avais jamais vu l’arbre mais j’en avais ouï parler, pour ce qu’il était renommé un des plus anciens du pays.» Les Maîtres Sonneurs, 39, 23, 74, etc. etc. ; La Petite Fadette, 119, 148, 197 ; François le Champi, 41: Claudie, 274 : Les Beaux Messieurs de
Bois-Doré, I, 137, II, 288).
‘Tant il y a que, toujours est-il que…
Godefroy, Littré.
«Tant il y a qu’il se mit à dire…» (François le Champi, 49 ; Les Maîtres Sonneurs, 43).
328
CHAPITRE III
Syntaxe.
L’article.
Article défini — L’article défini est einployé contre l’usage actuel.
(Haase, 61).
«Le grand bùcheux… reprit confiance et nous rendit le courage.» (Les Maîtres Sonneurs, 207).
«Et comme il était environ les dix heures. [On trouve l’article indéfini pour le partitif : An fond de son idée, il y avait un respect pour vous. (Les Maîtres Sonneurs, 257)] (Les Maîtres Sonneurs, 361).
Certains noms, uniques de leur espèce ne sont pas précédés de l’article défini.
«Ses maîtres… se faisant un amusement de voir dans cette amitié… un phénomène de nature.» (La Petite Fadette, 38).
«Un don de nature.» (Id. 193).
«Un miracle de nature.» (Id. 233).
«Une loi de nature.» (Id. 273).
Le substantif, précédé de même, ne prend pas l’article défini.
(Brunot, II, 398).
«Vous êtes une race de colimaçons, humant toujours même vent et suçant même écorce.» (Les Maîtres Sonneurs, 75).
«Voilà comment le grand-père à Brulette et la mère à Joseph demeuraient sous même chaume.»  (Les Maîtres Sonneurs, 6).
Le substantif, déterminé par tout, ne prend pas l’article défini.
(Brunot, III, 428).
329
«Mille endroits… où passaient des vergnes, des saules, et des trembles, tous arbres grands et forts.» (Les Maîtres Sonneurs, 134).
Le complément prépositionnel, ne prend pas l’article défini. «Haase, 128).
«Apres examen de vos talents et discussion de vos droits.» (Les Maîtres Sonneurs, 356).
«Les deux bessons pleurèrent et passèrenl trois jours à travers bois et prés.» (La Petite Fadette, 23).
«A travers prés et pacages.» (La Petite Fadette, 32).
«A toute heure de nuit.» (Les Maîtres Sonneurs, 238).
L’article défini est employé devant un complément indiquant des heures.
«Je vis que, depuis le minuit, on était revenu faucher l’herbe.» (Les Maîtres Sonneurs, 202).
Les expressions verbales juxtaposées sont nombreuses ; elles n’avaient pas de nombre limité dans l’ancien français. (Brunot, III, 427.)
Appliquer punition. (Les Maîtres Sonneurs, 129).
Avoir conséquence. (Les Maîtres Sonneurs, 94).
Avoir conversation. (Les Maîtres Sonneurs, 45).
Avoir ditrérend. (François le Champi, 147).
Avoir divination. (La Petite Fadette, 96).
Avoir espérance. (Les Maîtres Sonneurs, 229).
Avoir explication. (Les Maîtres Sonneurs, 28 ; La Petite Fadette, 92).
Avoir mine. (Les Maîtres Sonneurs, 272).
Avoir nom. (Les Maîtres Sonneurs, 5).
Avoir patente. (Les Maîtres Sonneurs, 91).
Avoir possession. (François le Champi, 62).
Avoir prévoyance. (La Petite Fadette, 214).
Avoir souci. (François le Champi, 173).
Chercher réparation. (Les Maîtres Sonneurs, 197).
330
Demander nouvelles. (Les Maîtres Sonneurs, 283, 388).
Devoir confiance. (Les Maîtres Sonneurs, 269).
Donner attention. (Les Maîtres Sonneurs, 8, 144, 148 ; La Petite Fadette, 128, 132).
Donner bal. (Les Maîtres Sonneurs, 241).
Donner condamnation. (Les Maîtres Sonneurs, 164).
Donner dépit. (La Petite Fadette, 156).
Donner échantillon. (Les Maîtres Sonneurs, 211).
Donner explication. (Les Maîtres Sonneurs, 133).
Donner fiance. (Les Maîtres Sonneurs, 130).
Donner force. (Les Maîtres Sonneurs, 364).
Donner frayeur. (Les Maîtres Sonneurs, 59, 109).
Donner licence. (La Petite Fadette, 99 ; François le Champi, 195).
Donner nouvelles. (Les Maîtres Sonneurs, 93 ; La Petite Fadette, 58).
Donner ouverture. (François le Champi, 235).
Donner punition. (Les Maîtres Sonneurs, 131).
Donner rancune. La Petite Fadette, 156).
Entendre nouvelles. (La Petite Fadette, 204).
Faire accord. (Les Maîtres Sonneurs, 108).
Faire brigue. (Les Maîtres Sonneurs, 24).
Faire bruit, (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, I, 238).
Faire confession. (Les Maîtres Sonneurs, 382).
Faire coutume. (Les Maîtres Sonneurs, 102).
Faire enquête. (Les Maîtres Sonneurs, 197).
Faire imitation. (La Petite Fadette, 53).
Faire menace. (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, Il, 212).
Faire niche. (Le Meunier d’Angibault, 254).
Faire noise [À Saint-Chartier, on dirait : mener du brû ]. (François le Champi, 155).
Faire observation. (Les Maîtres Sonneurs, 345).
Faire procédure. (Les Maîtres Sonneurs, 76).
Faire question. (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, I, 228).
Faire semonce. (Les Maîtres Sonneurs, 89).
331
Faire usurpation. (Les Maîtres Sonneurs, 373).
Former résolution. (La Petite Fadette, 87).
Garder mémoire. (Les Maîtres Sonneurs, 386).
Montrer crainte. (La Petite Fadette, 104).
Montrer étonnement. (La Petite Fadette, 104).
Offrir réparation. (Les Maîtres Sonneurs, 76).
Perdre temps. (François le Champi, 185).
Prendre aise. (Les Maîtres Sonneurs, 191).
Prendre cœur. (François le Champi, 104).
Prendre coutume. (Les Maîtres Sonneurs, 137).
Prendre honte. (La Petite Fadette, 175).
Prendre renseignements. (François le Champi, 192).
Prendre repos et nourriture. (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré,  I, 8).
Promettre malheur. (Les Maîtres Sonneurs, 359).
Proposer indemnité. (Les Maîtres Sonneurs, 73).
Recevoir maître (en sonnerie). (Les Maîtres Sonneurs, 320).
Recevoir rétrataction. (La Petite Fadette, 252).
Sonner mot. (François le Champi, 148).
Dans les exemples suivants, George Sand traite les expressions juxtaposées, comme si leurs éléments n’étaient pas soudés, en introduisant un adverbe, un adjectif et quelquefois un adjectif modifié par un adverbe :
«(Ils) n’avaient pas seulement mémoire». (Les Maîtres Sonneurs, 232).
«Vous n’avez pourtant mine de loup.» (Les Maîtres Sonneurs, 272).
«Elle a maintenant prétention.» (François le Champi, 172).
«Elle n’eut plus tentation.» (La Petite Fadette, 183).
«(II) vous donnera ouvertement condamnation.» (Les Maîtres Sonneurs, 164).
«Ne faisant point noce.» (La Petite Fadette, 197).
«Accorder grande croyance.» (La Petite Fadette, 63).
«Faire belle enseigne.» (Les Maîtres Sonneurs, 101).
«Faire bon office.» (La Petite Fadette, 34).
«Faire grande acclamation.» (Les Maîtres Sonneurs, 346).
«Faire grandes amitiés.» (Les Maîtres Sonneurs, 291).
332
«Faire petites brouettes.» (La Petite Fadette, 53).
«Porter bonne estime.» (Les Maîtres Sonneurs, 134).
«Prendre belle santé. (Les Maîtres Sonneurs, 22).
«Prendre grand souci.»(Les Maîtres Sonneurs, 283).
«Avoir si belle peur.» (Les Maîtres Sonneurs, 54).
« Faire si ferme propos.» (Les Maîtres Sonneurs, 11).
«Tirer si grande sonnerie.» (Les Maîtres Sonneurs, 54).
L’article défini n’est pas répété devant les mots approchants. (Brunot, III, 437).
«Elle guérissait les blessures, foulures et autres estropisons.» (La Petite Fadette, 63).
«S’apprenant… toutes les façons, cultures et récoltes.» (La Petite Fadette, 53).
«En passant par tous les endroits et recoins.» (La Petite Fadette, 37).
«(Elle avait) beaucoup de connaissances… sur les maux et dommages du monde.» (La Petite Fadette, 62).
«Le nombre des forges et usines.» (Les Maîtres Sonneurs, 143).
«Me dévouer au service et contentement des autres.» (Nanon, 113).
Article indéfini. — Le sujet logique n’est pas précédé de l’article indéfini. (Haase, 126).
«Il y a si longues années qu’il en est ainsi.» (Les Maîtres Sonneurs, 228).
L’article indélini est omis devant un substantif précédé de autre.
(Brunot, III, 431. — Haase, 128).
Là encore, nous ne vimes ni Joseph ni autre personne.» (Les Maîtres Sonneurs, 136).
333
«(Il) n’avait garde de confier son entretien à autre parenté.» (François le Champi, 124).
Après comme, le substantif ne prend pas l’article indéfini. (Brunot, III, 431).
«Il y avait de grandes fleurs… qui sont comme gueules blanches.» (Les Maîtres Sonneurs, 191).
«Elles en connaissaient la sonnerie comme bons moines connaissent la cloche des matines.» (Les Maîtres Sonneurs, 67).
«Une troupe d’autres mules toutes bien en point, réveillées comme souris.» (Les Maîtres Sonneurs, 66).
«C’était comme abeilles bourdonnant autour de la ruche.» (Les Maîtres Sonneurs, 150).
«Je vous citerai comme lâche si vous refusez de vous expliquer.» (Les Maîtres Sonneurs, 349).
Le complément prépositionnel ne prend pas l’article indéfini. (Brunot, II, 395 ; Haase, 128).
«Pendant longues années les muletiers n’ont osé sortir des forêts qu’en grandes bandes.» (Les Maîtres Sonneurs, 106).
L’article indéfini est employé à la place de l’article défini. (Haase, 130, Rem. III).
«Il se sentait une envie d’aller le remercier.» (La Petite Fadette, 83).
L’ARTICLE CONTRACTÉ. — Aux est employé à la place de la préposition dans suivie de l’article défini. (Brunot, III, 632).
«A la manière de ce paralytique dont il est parlé aux Evangiles.» (Les Maîtres Sonneurs, 204).
L’article indâfini est omis devant un nom abstrait, complément d’objet direct. (Brunot, II, 392 ; III, 429).

334
«Son fils et sa fille… avaient fait grand fête à l’idée de passer tout l’été et peut-être partie de l’hiver auprès de nous.» (Les Maîtres Sonneurs, 265).
Apposition. — «Deux mille francs écus.» (La Petite Fadette, 245).
(A comparer avec livre tournois).
Substantif attribut. — Le substantif attribut de c’est, c’était, n’est pas précédé de l’article indéfini.
(Brunot, II, 392 ; III, 429).
«Il prétend ne me le point rendre… c’est propriété pour Joset.» (Les Maîtres Sonneurs, 94, 45, 59, 69, 121, 134).
Le substantif attribut de être, n’est pas précédé de l’article.
«Tu es douce chrétienne.» (Les Maîtres Sonneurs, 234).
«Il était homme simple.» (Les Maîtres Sonneurs, 232).
«Il était homme juste et de bon cœur.» (La Petite Fadette, 227).
Attributs, qui, tout en gardant leur valeur de noms, ne sont pas précédés de l’article :
«Saint-Pallais en Bourbonnais et Préveranges qui sont petits bourgs sur grandes hauteurs.» (Les Maîtres Sonneurs, 207, 345).
«Il en avait encore les orblutes, qui sont petites boules noires rouges ou bleues.» (La Petite Fadette, 115).
«Ils allaient parmi les tailles qui sont jeunes bois de coupe.» (La Petite Fadette, 198).
«Saint-Préjet et Pérassay qui sont autres bourgs.» (Les Maîtres Sonneurs,  207).
L’Adjectif.
L’adjectif est employé comme adverbe.
(Brunot, III, 466).
«Son feuillage, tout desséché par l’hiver, tenait encore dru.» (Les Maîtres Sonneurs, 39).
335
«Je repassai la poterne et rentrai dans la maudite rouette aux Anglais, marchand doux.» (Id. 361).
«Le Champi était amoureux d’elle, si fort et si rude qu’il en perdait le repos et la santé.» (François le Champi, 240).
«Il faisait (jouait) si doux.» (Les Maîtres Sonneurs, 54).
«Sa tête était emmanchée de court, comme celle d’un taureau.» (Les Maîtres Sonneurs, 138).
Adjectif possessif. — Le possessif et l’article sont joints à un nom.
(Brunot, III, 490).
« Un jour… il revenait du marché avec un sien confrère.» (François le Champi, 37).
Dans l’expression suivante, l’adjectif possessif avec le pronom personnel lui, fait pléonasme :
«Sa voix lui est rétive.» (Les Maîtres Sonneurs, 48).
L’adjectif possessif n’est pas répété devant les substantifs coordonnés.
(Brunot, III ; 488).
«Je sais vos usages et comportements.» (Les Maîtres Sonneurs, 105).
«Landry avait habitué Sylvinet à ne plus surveiller tous ses pas et démarches.» (La Petite Fadette, 196).
«Il n’y a que la terre qui se soit enrichie de nos peines et labeurs.» (François le Champi, 181).
«(Paysans) qui étaient venus la saluer et la consulter sur leurs peines ei maladies.» (Narcisse, 151).
Adjectif indéfini. — Tout et quelque sont omis devant des substantifs coordonnés.
«Elle devint toute rouge et confuse.» (Les Maîtres Sonneurs, 92).
«Un être abominable… faisant toutes les sauteries et grimaces d’un possédé.» (Les Maîtres Sonneurs, 371).
«Je pensais que ce vieux… me devait quelque accueil et beau remerciement.» (Les Maîtres Sonneurs, 223).
336
Pronoms.
Pronom personnel. — Le pronom personnel n’est pas répété devant le verbe d’une coordonnée réunie par et à la précédente. [Le pronom personnel n’est pas exprimé devant le verbe de la principale : «Soit qu’il fut épris de Brulette comme les autres, soit qu’il ne
le fût que de lui-même, souriait d’une étrange manière et prenait
quasiment un air de mépris pour moi.» (Les Maîtres Sonneurs, 27)]. (Brunot, III, 479 ; Haase, 420).
«Alors je faisais sa volonté et défendais Joseph.» (Les Maîtres Sonneurs, 27).
«Je l’avais bien arrangé sur un de mes mulets et vous le reconduisais déjà.» (Id. 110).
«Quant à votre compagnie, je la souhaite et la réclame.) (Id. 113).
«Je patienterai avec cette grande rechigneuse et la verrai venir.» (Id. 155, 174, 191, 208, 209, 229, 242, 354, etc.).
Confusion de qu’il et de qui.
(Brunot, III, 293 ; Haase, 72, Rem. I).
«Il pouvait donc bien se passer un an ou deux avant que la justice se tourmentât de ce qu’il était advenu.» (Les Maîtres Sonneurs, 206).
Omission du pronom régime.
(Brunot, III, 483).
«Adonc, Tiennet, je ne blâme point de suivre le chemin qui est devant toi.» (Les Maîtres Sonneurs, 80).
Omission du pronom régime dans les verbes réfléchis,
construction très libre autrefois.
337
(Brunot, III, 483 ; Haase, 149).
«Brulette s’en alla promener au dehors.» (Les Maîtres Sonneurs, 248).
«(Brulette) ne pouvait tenir [Dans les deux exemples précédents, les verbes s’en aller, s’arrêter étant pronominaux, l’ancienne langue ne demandait pas un second réfléchi avec promener et tenir.] de s’arrêter.» (Les Maîtres Sonneurs, 136).
Pronom En. — En pronom est employé d’une manière vague.
(Brunot, III, 486 ; Haase, 20).
«Le Champi avait été en pêcher, sans rien dire, dans la mare où il en savait.» (François le Champi, 59).
«Il se sent bien aussi un peu d’en être malade.» (Les Maîtres Sonneurs, 20).
George Sand s’est servie fréquemment de cette tournure dans les Maîtres Sonneurs, (27, 46, 87, 153, 197 etc.).
«Qu’est-ce qu’il a donc ? — J’en ignore.» (Claudie, 226, 240).
Pronom Y. — Y est employé avec une grande liberté.
(Brunot, III, 486 ; Haase, 26).
On retrouve cet y surabondant très souvent dans les Maîtres Sonneurs, (63, 83, 127, etc.).
«Il fit promesse et forma résolution de se guérir, et sa volonté y était sincère.» (La Petite Fadette, 87, 159, 193, 215).
«Je m’y en vais.» (Jeanne 172).
Pronom relatif. — Que marque simplement la relation.
(Brunot, III, 503).
«Il y avait cependant à l’heure que je vous raconte.» (Les Maîtres Sonneurs, 263).
338
Quoi est employé sans complément.
«Autrement vous ne sauriez quoi penser de la conduite de mon père.» (Les Maîtres Sonneurs, 258).
George Sand a employé cette tournure en écrivant à son fils :
«Nous ne savons pas trop quoi lui donner à manger.»  (Correspondance  IV, 209. — 16 mai 1860).
Quoi se trouve employé avec une préposition.
(Brunot, III, 503).
«Il lui manquait toujours quelque chose après quoi, elle soupirait en secret.» (Les Maîtres Sonneurs, 387).
Dont est employé à la place de pronoms relatifs précédés de prépositions.
(Brunot, III, 505 ; Haase 76).
«Voilà le mouchoir dont je lui ai essuyé la figure.» (Les Maîtres Sonneurs, 185).
«Elle me tendit en riant une grande main blancihe et bien faite dont elle secoua la mienne.» (Les Maîtres Sonneurs, 257 ; La Petite Fadette, 164).
«Les choses qui me tracassent le plus sont celles dont je m’explique le moins volontiers.» (Les Maîtres Sonneurs, 228.)
Dont se rapportant à toute une phrase n’a pas le ce représentatif.
(Haase, 79).
«La jalousie des uns, le mécontentement des autres, lui firent donc des ennemis qu’il n’avait jamais eus dont bien il s’étonna.» (Les Maîtres Sonneurs, 232).
«C’est moi qui aurais été chercher Brulette, sans sourciller et sans tomber dans le tort de prendre une mauvaise opinion d’elle, comme cela m’est arrivé, dont je me confesse et lui demande pardon.» (Les Maîtres Sonneurs, 255).
«La mère Barbeau se prit à pleurer, dont le père Barbeau se mit fort en peine.» (La Petite Fadette, 7, 255, 266).
339
Le Verbe.
Construction de l’infinitif complément. — L’infinitif complément n’est pas précédé d’une préposition dans les cas où la syntaxe régulière l’exigerait.
«Il vit Carnat tout dépité qui lui faisait semonce lui rendre son instrument.» (Les Maîtres Sonneurs, 89).
«Je vous requiers le redemander à votre frère.» (Les Maîtres Sonneurs, 168).
«Il s’élança dans la voiture sans se donner le temps reprendre son arme.» (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré,  I, 235).
«Je n’eus point de peine retrouver le chemin des loges.» (Les Maîtres Sonneurs, 147).
L’infinitif complément est précédé de prépositions que l’usage actuel n’autorise pas ou n’autorise plus.
Annoncer de
«Joseph en avait pris de la jalousie comme son naturel annonçait de s’y porter en toutes choses.» (Les Maîtres Sonneurs, 231).
Attendre à
«J’attendais à connaître si la personne te prendrait en amitié.» (François le Champi, 216).
Commencer de
(Brunot, III, 553).
«Le sabotier commença de s’étonner.» (Les Maîtres Sonneurs, 44).κυρικιμασαηικο
Déterminer (se) de
Complément de Godefroy
«Je me déterminai de le suivre à portée de l’ouïe.» (Les Maîtres Sonneurs, 188).
Espérer de
(Brunot, III, 556).
«Il espérait d’avoir ses coudées franches.» (Les Maîtres Sonneurs, 81).

340
Essayer à :
(Brunot, III, 556).
«A présent, je me garderai bien d’essayer à le troubler.» (La Petite Fadette, 201).
Essayer (s’) de.
Brunot, III, 556.
«Tu l’as donc guetté l’air que je m’essaye d’emmancher depuis une huitaine.» (Les Maîtres Sonneurs, 211).
S’étouffer de.
«J’entendais qu’elle s’étouffait de pleurer.» (Les Maîtres Sonneurs, 154).
Manquer à.
(Brunot, III, 558).
«Tu as trouvé chez nos parents trois lettres… qu’on avait manqué à nous envoyer.» (Les Maîtres Sonneurs, 276).
Penser de [On trouve aussi le complément prépositionnel de ce verbe avec de «Elles me firent penser de deux jeunes taures.» (Les Maîtres Sonneurs, 149).]
Brunot, III, 559.
«Je pensais… d’avoir réparé mes années d’insouciance.» (Les Maîtres Sonneurs, 327).
Prendre (se) de.
«Il se prit de courir du côté de la Priche.» (La Petite Fadette, 36).
Sentir (se) de.
«Avec ça, forte et réveillée comme je me sens d’être.» (Les Maîtres Sonneurs, 12).
Songer de.
Trévoux.
«Il songeait de se louer.» (Les Maîtres Sonneurs, 81).
341
verbe passif. — Moqué est employé au passif.
Littré.
«Il craignit d’être moqué par les jeunes gens et les gars de la Priche. »  (La Petite Fadette, 37).
Confusion du verbe neutre avec le verbe passif.
«C’était une année où les blés avaient grêlé.» (François le Champi, 37).
VERBES PRONOMINAUX QUI NE LE SONT PAS DANS LA LANGUE
ACTUELLE.
«Soit ! dit-elle, en cassant une petite branche de mes fleurs qu’elle s’attache d’une épingle sur la tête. «»  (Les Maîtres Sonneurs, 317).
S’en être.
Le verbe s’en être est employé au passé défini suivant ancien usage.
«Il se leva et s’en fut.» (Les Maîtres Sonneurs, 14, 13).
‘ Le maître donnant une poignée de main à Joseph, s’en fut aussi.» (Id. 60).
«Je…m’en fus chez nous remiser ma carriole.» (Id. 223).
«Il ne fit donc pas mine de s’en apercevoir et s’en fut sans regarder derrière lui.» (La Petite Fadette, 92).
VERBE ATTRIBUTIF. — Tenir pour, regarder comme.
Complément de Godefroy, Littré.
«Brulette était tenue pour la reine de beauté et de fierté de son endroit.» (Les Maîtres Sonneurs, 298).
L’AUXILIAIRE N’EST PAS RÉPÉTÉ QUAND LES VERBES SONT
COORDONNÉS.
«Le chien d’Huriel…avait été à leur rencontre, et servi de guide à leurs maîtres pour trouver notre gîte. » (Les Maîtres Sonneurs, 120).
Il n’est pas répété devant des compléments coordonnés de nature différente.
342
«Il ne pouvait souffrir que Landry fut camarade et de bonne humeur avec les autres gars de la Priche.» (La Petite Fadette, 50).
La Préposition.
Compléments du nom
Complément d’objet.
De signifiant concernant, au sujet de, sur.
(Haase, 294).
« (Faisant) à l’un un compliment de sa conduite…» (La Petite Fadette, 21).
«Ne voulant pas rester en arrière de paroles et d’action.» (Les Maîtres Sonneurs, 75).
«Je me commandai… de ne pas lui marquer la moindre méfiance de ses paroles.» (Les Maîtres Sonneurs, 240).
Complément de manière.
«Un homme de bien et de conduite.» (Les Maîtres Sonneurs, 12).
Compléments de l’adjectif.
Complément de moyen avec de.
Maladroit de ses mains, non pas ! mais maladroit de son idée.» (Les Maîtres Sonneurs, 46).
«Ce n’est pas toujours au plus subtil de ses doigts et au plus adroit de ses inventions, que ceux qui s’y connaissent donnent la meilleure part.» (Les Maîtres Sonneurs, 348).
Compléments du verbe.
(a) COMPLÉMENT DE MOYEN
1° Suivant l’ancien usage, on trouve de, des, devant le complément du verbe passif [On trouve dans Les Maîtres Sonneurs, le pronom en complément du verbe passif
: «Oui, ma chère Thérence, tu le’ peux, répondit ma cousine, contente d’en être tutoyée.» (Les Maîtres Sonneurs, 255).
«Regarde-le donc bien, Thérence, lui dis-je, en un moment ou elle en paraissait toute angoissée.» (Les Maîtres Sonneurs, 213)]
343
(Brunot, III, 641 ; Haase, 311).
« La rose de Nohant fut abîmée des méchants.» (Les Maîtres Sonneurs, 237).
« C’était chemin et pâturage… arrosé… des belles eaux de la source.» (Les Maîtres Sonneurs, 45).
«J’avais été si empêché de mes esprits dans ce moment là que je ne pus m’en faire une idée.» (Les Maîtres Sonneurs, 190).
«Les pays de brandes, qui se trouvent sur le chemin fréquenté de [Complément de Godefroy] ceux de son état.» (Les Maîtres Sonneurs, 69).
«Il lâcha les bêtes dans les joncs, nous choisit une belle place toute rafraîchie d’herbes sauvages.» (Les Maîtres Sonneurs, 115).
«(La) charrette… n’étant traînée que d’un âne.» (Les Maîtres Sonneurs, 18).
2° Le verbe n’est pas passif :
«Mais il y a manière pour un artiste de vivre de son corps sans se tuer l’âme.» (Les Maîtres Sonneurs, 296).
(b) Complément de manière.
Par est employé pour à, en.
«Elle dansait par merveille. [Nicot]» (La Petite Fadette, 117).
«Il se savait dans sont tort, du moins par apparence.» (La Petite Fadette, 122).
«Cela le sortait par apparence de l’état d’enfance.» (La Petite Fadette, 54).
«Ils voulaient la faire enrager… par manière d’amitié.» (La Petite Fadette, 66).
«Mon garçon grandit par les jambes.» (Les Maîtres Sonneurs, 12).
«Qu’est-ce que tu as… ? lui dis-je… Voyant qu’il… se tourmentait le corps de soupirs et de contorsions.» «Les Maîtres Sonneurs, 45).
(c) COMPLÉMENT DE CAUSE.
344
«La maison de la mariée qui fumait de cuisine et grouillait de vacarme.» (Les Maîtres Sonneurs, 277).
(d) COMPLÉMENT DE BUT.
« Si nous sommes associés d’argent et de plaisirs…de pertes et de dangers, nous respectons les femmes.» (Les Maîtres Sonneurs, 132).
e) COMPLÉMENT DE MATIÈRE.
«Ma vision était d’animaux d’une autre couleur.» (Les Maîtres Sonneurs, 42).
(f) COMPLÉMENT DE TEMPS.
«Sur le jour. Landry… vit passer la petite Fadette.» (La Petite Fadette, 163).
(Par analogie avec sur le soir).
(g) COMPLÉMENT DE LIEU.
En marque la position dans un lieu réel. Il est eimployé pour dans.
(Brunot, III, 631 ; Haase, 356).
«Il leur fallait vivre en la plaine.» (Les Maîtres Sonneurs, 143).
«J’avais peur en la petite forêt de Saint-Chartier.» (Les Maîtres Sonneurs, 191).
Le Seigneur du lieu… avait fait jeter en l’oubliette…» (Les Maîtres Sonneurs, 371).
«Elles se retirent toutes en une même chambre.» (Les Maîtres Sonneurs, 306).
«Sa mère m’a nourrie de son lait et portée en ses bras.» (Les Maîtres Sonneurs, 111).
« N’es-tu pas là comme un moine en son réfectoire.» (Les Maîtres Sonneurs, 123, etc.).
«J’ai une sœur très sage et très bonne, qui recevra Brulette en sa propre cabiole.» (Les Maîtres Sonneurs, 114).
(En pour dans est employé un grand nombre de fois dans Les Maîtres Sonneurs).
«Trois mois, c’est beaucoup en campagne, pour observer une chose contre la coutume.» (La Petite Fadette, 17).

345
« Il y avait encore du bruit en l’air à cause cle la fête.» (La Petite Fadette, 133).
En et dans sont employés quand le lieu n’est pas réel.
(Brunot, III, 634).
«Il souhaite de musiquer sur un instrument qui ait une voix en place de la sienne… C’est qu’elle a une voix en ma place.» (Les Maîtres Sonneurs, 48).
«Je sais ce que c’est que de pousser un autre en la place qu’on voudrait occuper.» (Les Maîtres Sonneurs, 201).
«Alors le pauvre enfant se mettait en l’esprit un souci.» (La Petite Fadette, 47 ; François le Champi, 166, etc.).
«Ces enfants-là sont malheureux… d’être dans la dépendance de cette vieille charmeuse.» (La Petite Fadette, 84).
«En voyant Landry si tranquille dans son courage.» (La Petite Fadette, 86).
«Elle le trouva endormi dans la fièvre.» (La Petite Fadette, 254).
«Ici, nous sommes dans nos coutumes.» (Les Maîtres Sonneurs, 374).
Dans est employé pour chez, parmi.
«Joseph… était véritablement un homme comme j’en ai peu vu dans les paysans de chez nous.» (Les Maîtres Sonneurs, 370).
CONSTRUCTION LATINE DU VERBE ÊTRE, TENIR.
Etre à commandement (La Petite Fadette, 164).
«Elle lui tenait à méfait de n’être pas forte.» (François le Champi, 41).
Quelques verbes sont suivis de prépositions que la langue moderne n’autrise pas.
«Il boude et sonffre à toute chose qui ne sérait point remarquée d’un autre.» (Les Maîtres Sonneurs, 31).
«En effet, lui dis-je, tu ne me parais pas née à ce métier.» (Les Maîtres Sonneurs, 226).
«Acceptant d’y passer deux ou trois jours à leur faire visite.» (François le Champi, 233).
346
«J’ai regret aux deux mois de maladie qui t’ont forcé de l’arrêter.» (Les Maîtres Sonneurs, 209).
«Il semblait d’une âme prosternée dans le repentir et la contrition.» (Les Maîtres Sonneurs, 324).
Les prépositions de, en, par, pour, sans, ne sont pas répétées devant chacrn des substantifs qu’elles regissent.
(Brunot, III, 648 ; Haase, 414).
«Il disait, entre chaque boullée, mille drôleries et sornettes qui mettaient tous les esprits en joie et folie.» (Les Maîtres Sonneurs, 89).
«Ce qu’elle y gagnait en verdeur et fierté, elle vous le faisait payer du reste.» (Les Maîtres Sonneurs, 38)
«Nous nous trouvions très dispos et tout à fait soutenus en courage et bien être.» (Les Maîtres Sonneurs, 124)
«Mon père… se tient toujours en bonne haleine et provision de pelle science.» (Les Maîtres Sonneurs, 108).
‘ Les bessons… se trouvèrent-ils plus effrayés de la volonté paternelle qu’ils ne l’eussent été par menaces et châtiments. (La Petite Fadette, 24).
«Savoir si les billets souscrits par Blanchet à la Sévère n’ont pas été extorqués par menace et gueuserie.» (François le Champi, 179).
Les autres (périrent) par misère et maladie. (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré,  I, 86).
«(Il) enjoignit à sa femme de l’avoir pour sœur et compagne. (François le Champi, 124).
«Brulette ne veut pas de lui pour amant et mari.» (Les Maîtres Sonneurs, 200).
La préposition est séparé de son complément.
(Brunot. III, 663).
«Il commença à craindre qu’elle n’eût fait un conte à la Madelon pour, par bonne intention, faire réussir le raccommodement qu’elle négociait. (La Petite Fadette,  130).
347
L’adverbe.
L’adverbe n’est pas répété devant les adjectifs, les participes, les adverbes qui sont coordonnés.
«Je fus si troublé et fâché.» (Les Maîtres Sonneurs, 28).
«Qui s’en irait boire à la source s’en reviendrait si frais et gras nourri que personne ne pourrait se soutenir contre lui.» (Id. 108).
«Madeleine était devenue si chétive et fluette que c’était pitié.» (François le Champi, 164).
« Elle pouvait faire passer le lait d’une bonne vache dans le corps d’une mauvaise tant vieille et mal nourrie fut-elle.» (La Petite Fadette, 63).
«Je marchais donc devant avec Thérence, qui toujours très serviable et courageuse, m’aidait à remporter les paniers.» (Les Maîtres Sonneurs, 213).
«Huriel… parut si surpris et môme contrarié…» [Les Maîtres Sonneurs, 192).
«Elle le regardait contente… de le retrouver en si belle jeunesse et santé.» (François le Champi, 170).
Avec une coordonnée, la négation pas est omise :
«Pour ne pas montrer à Sylvinet combien il avait causé d’angoisse et ne lui occasionner trop de repentir.» (La Petite Fadette, 80).
La conjonction.
Comme est employé pour que dans les comparaisons.
(Bunot, III, 610).
«J’aurais autant de chagrin à me séparer de l’un comme de l’autre.» (La Petite Fadette, 13).
Ni n’est pas placé devant le premier complément quand la négation est ne.
(Brunot, III, 653).
«Je n’ai répugnance ni crainte.» (Les Maîtres Sonneurs, 272).
«Vous n’aviez pour moi estime ni amitié.» (François le Champi, 223).
«Je n’ai eu dépit ni rancune de votre sagesse.» (Id. 235).
348
«Mais je n’ai fait peine ni injure à personne.» (Claudie, 291).
«Brulette, qui n’était embarrassée ni mal disposée, ouvrit ses deux bras et les jeta au cou de Thérence.» (Les Maîtres Sonneurs, 149, 200).
«Huriel n’était curieux de boire ni de manger.» (Id. 284).
«Bien qu’il ne sut encore plonger ni nager.» (La Petite Fadette, 65).
« Sylvinet… ne paraissait gâté ni déchiré dans sa ligure.» (Id. 77).
«Je sais qu’il n’est pas bête, ni vilain.» (Claudie, 225).
Ou, conjonction, dans une phrase négative est employé devant le dernier des complément ou sujets coordonnés alors que la langue moderne veut ni.
«J’étais… attentionné à ce qu’elle n’eut peine, fatique on impatience d’aucune chose dépendant de mon pouvoir.» (Les Maîtres Sonneurs, 337).
«Il n’y eut neige on bise capable d’empêcher Joset de courir de nuit.» (Id. 43).
La conjonction n’est pas répétée :
«La jeunesse du pays… nous savait tant de gré de la musique bourbonnaise gn’on nous apportait de petits présents de tous les côtés, et nons considérait on ne peut
plus.» (Les Maîtres Sonneurs, 335).
Quelquefois le que conjonctif n’est pas exprimé :
«Je crois bien oui.» (Jeanne, 39).
Propositions.
Propositions infinitive. — Dans les phrases suivantes, on trouve la proposition infinitive où le français moderne emploierait une subordonnée.
«Nos figures vous choquent, et surtout celle de Brulette, car je n’estime pas la mienne mériter tant d’attention.» (Les Maîtres Sonneurs, 161).

349
«On ne souffrait d’ailleurs aucun bétail paître dans la forêt.» (Les Maîtres Sonneurs, 43).
Phrases elliptiques.
«A moins que la défiance et la paresse ne fussent infirmités de nature, comme possible était.» (Les Maîtres Sonneurs, 27).
«Possible est que, dans son tourment, Landry ne l’eût pas vu monter derrière les arbres de la rivière.» (La Petite Fadette, 72).
«Vrai est… qu’elle était encore jolie femme.» (François le Champi, 228).
«Faire se pourrait que tu en eusses regret plus tard.» (Les Maîtres Sonneurs, 61).
Ordre des mots
Le substantif complément est placé avant le verbe.
(Haase, 434).
«Et raison vous avez.» (Les Maîtres Sonneurs, 264).
L’adjectif épithète vient après le nom :
«Il faisait nuit grande.» (François le Champi, 91).
Place du pronom : 1° Avec l’impératif. Quand deux impératifs sont coordonnés par et, le pronom précède le second.
(Brunot, III, 679 ; Haase, 436).
«Donnez-moi ça… et m’écoutez.» (Les Maîtres Sonneurs, 88).
«Va-t’en chercher la musette et l’apporte-là.» (Id. 94).
«Rentrez vos pleurs et vous endormez.» (Id. 184).
«Parlez donc, Huriel, et m’empêchez de faire une méprise.» (Id. 317).
«Cueille sur moi la plus belle et la mets vivement sur ton cœur.» (Id. 320).
«Approchez-vous donc et vous reposez.» (Claudie, 287).
350
«Dites-lui d’avoir soin de nous et nous laissez.» (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré
I, 75.).
« Rentrez chez vous et vous reposez.» (Id. 267).
« Rappelez-les et les apaisez.» (Id. II, 163).
2° Avec l’infinitif.— Lorsqu’un verbe a un mode personnel en précédait un autre à l’infinitif sans préposition, l’ancienne langue considérait les deux verbes comme une
seule expression et plaçait le pronom devant le premier.
(Brunot, III, 679 ; Haase, 437).
«Comme s’il était en train de dire à ma cousine des choses bien secrètes où je le venais déranger.» (Les Maîtres Sonneurs, 28).
«Joseph me vint visiter.» (Id. 81).
«Je me dois faire connaître des personnes à qui je parle.» (Id. 105).
«Je lui veux pour sûr bailler un bon coup de chapeau.» (Id. 218).
«(Il me dit) qu’il me voulait avoir à souper.» (Id. 224).
«Je ne me puis souffrir ici.» (Id. 229).
«Des inquiétudes que tu nous pourrais épargner.» (Id. 229).
«Je vous veux… régaler de mon histoire.» (Id. 254).
«Je vous veux emmener à ma demeurance.» (Id. 262).
«J’espère que si, dit-il, en serrant son verre comme s’il l’eut voulu écraser de ses doigts.» (Id. 287).
«Je vous veux contenter.» (Id. 324).
«Je vous veux complimenter.» (Id. 347).
«Je ne le voulais point gêner.» (Id. 389).
«Ne me voulez-vous point pardonner.» (Id. 386).
POUVOIR, FALLOIR, VOULOIR, ETC., SUIVIS DE L’INFINITIF D’UN VERBE RÉFLÉCHI.
Dans l’ancienne langue le pronom réfléchi se mettait avant l’auxiliaire au lieu d’être placé immédiatement avant son verbe. Ces tournures vieillies n’ont pas disparu
de la langue.
351
(Haase signale le fait pour les temps composés de ces verbes, 173, Rem. II ; Brunot, III, 679).
«Le temps où tu te pouvais passer de moi.» (Les Maîtres Sonneurs, 15).
«Elle ne se put empêcher de marquer son plaisir. » (Id.  115).
«Elles se peuvent frotter et secouer à leur guise.» (Id. 117).
«Allons, il ne se faut point quereller.» (Id. 131).
«Elle ne se put tenir de crier d’étonnement.» (Id. 133).
«Brulette qui en était malade et ne se pouvait remettre.» (Id. 184).
«Je ne voudrais pas laisser souffrir une pauvre créature qui ne se peut aider en rien.» (Les Maîtres Sonneurs, 226).
«On ne se pouvait défendre de s’écrier sur sa grosseur.» (Id. 247).
«Ma tante, qui ne se pouvait lasser de regarder Thérence.» (Id. 271).
«Il cassa le verre pour que nul autre ne s’en put servir.» (Id. 289).
«Mon père qui ne se pouvait retenir de lui marquer la mesure.» (Id. 344).
«Il ne se faut point moquer des devins.» (Les Beaux Messieurs de Bois-Doré,  I,
207).
L’adverbe est placé avant le verbe qu’il modifie [Il est aussi placé après : «Je ne te l’aurais dit jamais.» François le Champi, 227)].
(Brunot, III, 683).
«Ce qui beaucoup me divertissait.» (Les Maîtres Sonneurs, 172).
«Dont bien il s’étonna.» (Id. 232).
«Et bien tu fais.» (Id. 230 ; Les Beaux Messieurs de Bois-Doré,  I, 140 ; Correspondance  VI, 368).
352
III
VOCABULAIRE BERRICHON
Au cours de mes recherches dans les communes de Nohant, St-Chartier, La Châtre, j’ai recueilli un certain nombre de mots et d’expressions. J’ai pensé qu’il n’était pas inutile de réunir ici les plus intéressants. J’en ai fait deux catégories. Premièrement, les mots
que j’ai trouvés dans le Glossaire du Centre ou dans quelque autre lexique
berrichon. Le Glossaire embrassant une région assez vaste, il m’a semblé qu’il n’était pas sans intérêt de fixer d’une manière plus précise la provenance de ces mots et de signaler le lieu ou je les ai entendus. Il est bien probable, toutefois, que la plupart des mots
qui ont cours à Nohant, ont cours à St-Chartier ou à La Châtre, et réciproquement.
En second lieu, j’ai groupé quelques mots inédits, ce qui signifie qu’ils ne figurent ni dans le Glossaire du Centre ni dans les petits lexiques du pays. Je les ai fait suivre de phrases patoises, et de petits récits inédits.
1° MOTS RECUEILLIS A NOHANT, SAINT-CHARTIER, LA CHÂTRE. ILS SONT MENTIONNÉS DANS LE GLOSSAIRE DU COMTE JAUBERT ET QUELQUEFOIS DANS LES LEXIQUES BERRICHONS.
Aberver, abreuver.
Aberver la bugée, arroser la lessive. (Nohant).
Comte Jaubert.
Abraser, abîmer, casser. (Saint-Chartier.).
Comte Jaubert, Hugues Lapaire.
353
Abrifou, s. m, voile que l’on tient sur les mariés, (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
Accotement, s. m, talus, bas côté d’une route : Al est là sur un accotement. (Nohant).
Comte Jaubert.
Acoler, attacher la vigne aux échalas. (Nohant).
Comte Jaubert.
Acolure, s. f., lien pour lier la vigne. (Nohant).
Comte Jaubert.
Aga d’iau, s. m., pluie d’orage très violente.
Supplément de Comte Jaubert. Coudereau,
A Saint-Chartier, tout ce qui tombe avec force et tout ce qui peut écraser se nomme âga :
Aga d’ terre.
Aga d’ graine.
Aga d’ prune, etc.
Aiati, pâte non levée pour gâteaux. (Nohant).
Supplément de Comte Jaubert. (aillati, adj. pâteux, glaiseux), Pière de la Loje.
Aiguière, s. f., canal dans un champ pour faire écouler l’eau. (Nohant).
Comte Jaubert.
Aillant, s. m., gland du chêne. (Nohant).
Comte Jaubert. (agland). Pière de la Loje.
Ajuter. traire. (Nohant).
Comte Jaubert, Jean Tissier, Pière de la Loje, Hugues Lapaire.
Aleuve, s. f., élève en parlant des bestiaux. (Nohant).
Comte Jaubert, Hugues Lapaire.
Apidences (les) s. m. p. ; le fricot.
Y ne faut pas me dounner vos apidences. (Nohant).
Comte Jaubert, Pière de la Loje.

354
Arantelte, s. f., toile d’araignée. (Nohant).
Comte Jaubert, Pière de la Loje.
Aria, arriéré, travail.
Y a ben de l’aria, il y a bien à faire. (Nohant).
Coudereau,
Arœniller (s’), se réveiller.
La v’là qu’ s’arœille.
Signifie aussi regarder, s’étonner. (Nohant).
Comte Jaubert, Coudereau, Jean Tissier, Pière de la Loje, Hugues Lapaire.
Arondes, ronces. (Nohant).
Comte Jaubert.
Artou, s. m., orteil, gros artou ; le petit ‘doigt, petit artou, (Nohant).
Comte Jaubert, Coudereau, Jean Tissier, Pière de la Loje, Hugues Lapaire.
Assiéger (s’), s’asseoir.
Comte Jaubert, Pière de la Loje.
«T’a don pas fini de t’assiéger !» dit-on à un enfant qui tourne autour d’une chaise sans s’asseoir.
S’assiéger dans son lit, c’est s’y faire une bonne place.
Assiéger la bugée (lessive) c’est la bien ranger dans le cuvier. (Nohant).
Aubertas, s. m. p. être dans les aubertas, c’est être mort ; ce mot signifie aussi ronces. (Nohant).
Comte Jaubert, Laisnel de la Salle, II, 216.
Avouèner, battre, donner une correction. (Nohant).
Comte Jaubert, Coudereau,
Ayard, s. m., peuplier. (Nohant).
Comte Jaubert ; (aloyard).
Babignon, s. m., le menton. (Nohant).
Comte Jaubert, Pière de la Loje.
355
Badaude, bête qui a le tournis, se dit aussi des personnes qui ne sont pas solides sur leurs jambes. (Nohant).
Comte Jaubert.
Badauderie, s. f., espèce de tournis. (Nohant).
Comte Jaubert.
Bader du bec, avoir le bec ouvert ; haleter par la chaleur ; hader de la dghieule se dit aussi : C’te dghieule qu’y hade! (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
Barbinette, s. f., ouaille, brebis. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert, Hugues Lapaire : (barbiette).
Basse, s. f., sorte de baquet dont on se sert pour écraser le raisin. (Nohant).
Comte Jaubert, Pière de la Loje, Jean Tissier.
Bassie, s. f., évier. (Nohant).
Comte Jaubert, Coudereau, Jean Tissier, Pière de la Loje, Hugues Lapaire.
Bazaud, étourdi, Y est tout bazaud. (Nohant).
Hugues Lapaire.
Begaud, s. m., petit lait et salive. (Nohant).
Comte Jaubert, Pière de la Loje.
Begauder, se dit des petits enfants qui rejettent le lait ; et aussi baver. (Nohant).
Comte Jaubert, Pière de la Loje.
Berdonner, bourdonner, faire du bruit qui rappelle le tonnerre. (Nohant).
Comte Jaubert, Pière de la Loje.
Berjot, s. m., parasite du mouton. (Nohant).
Comte Jaubert, Pière de la Loje.
Beugnon, s. m., beignet. (Nohant).
Comte Jaubert, Coudereau, Hugues Lapaire.
356
Beurdasser, ronchonner. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert, Pière de la Loje, Hugues Lapaire.  (faire du bruit).
Beurtauder, flamber ; beurtauder un poulet, le flamber pour enlever le duvet. (Saint-Chartier.).
Comte Jaubert.
Bôfuter, ou beaufuter, mépriser, (gens ou choses) : c’te fille al bôfute les gars. (Nohant).
Comte Jaubert, Coudereau, Hugues Lapaire.
Bouchée, s. f., un bout de… : Une bouchée de fumier, de savon, de culotte, etc. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
Bouche-four. s. m., tôle qui ferme le jour. (Nohant).
Comte Jaubert, Pière de la Loje.
Boudife, s. f., cloque, ampoule. (Nohant).
Comte Jaubert, Jean Tissier.
Bouffeux, bouffeur, fier, boudeur. (Nohant).
Comte Jaubert, Pière de la Loje.
Bouinotte, s. f., lucarne. (Nohant).
Comte Jaubert, Jean Tissier, Pière de la Loje.
Bouler, prendre de l’eau dans ses sabots ; on boule quand on enfonce dans les mauvais chemins. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert, Jean Tissier, Pière de la Loje, Hugues Lapaire.
Bourole. s. f., sorte de jarre ayant la forme d’une amphore, en paille tressée avec des ronces pour conserver le grain. (Nohant).
Comte Jaubert, Pière de la Loje.
Bourras, s. m., gros nuage (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
Bourrasse, s. m., maillot. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert, Coudereau, Jean Tissier, Pière de la Loje, Hugues Lapaire.
357
Bourrasson, s. m., enfant au maillot. (Saint-Chartier).
Pière de la Loje, Hugues Lapaire.
Et aussi carré en toile que l’on met sous le petit enfant. (Saint-Chartier).
Bousiner, avoir froid aux pieds. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert, Pière de la Loje.
Bousou, s. m., un petit enfant. (Saint-Chartier).
Pière de la Loje.
Brasiner : ça brasine, il tombe une pluie fine. (Nohant).
Comte Jaubert, Pière de la Loje.
Bredin, amusant, sot, innocent. (Nohant).
Comte Jaubert, Coudereau, Hugues Lapaire.
Brigot, s. m., frelon. (Nohant).
Comte Jaubert, Pière de la Loje, Hugues Lapaire.
Brocher, tricoter. (Nohant).
Comte Jaubert.
Bujouet, s. m., cuivier qui sert pour faire la lessive, (on dit aussi tnou à Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
Cacouet, s. m., nuque, cou. (Nohant).
Comte Jaubert, Coudereau, Jean Tissier, Pière de la Loje, Hugues Lapaire.
Caffe, impair : treize personnes partent ensemble, elles vont deux à deux, la treizième est caffe, c’est-à-dire reste seule. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
Cagnard, (s. m.,) petit réchaud posé sur de petits pieds ; ne pas le confondre avec le potager, réchaud un peu élevé en grès. (Nohant).
Comte Jaubert, Hugues Lapaire.
358
Cagnôd, cagnôde, confus, triste. (Nohant).
Comte Jaubert, Coudereau, Pière de la Loje.
Capi, appliqué l’un sur l’autre, par exemple des vêtements serrés dans une armoire, dans un coffre. (Nohant).
Jean Tissier, Pière de la Loje, Hugues Lapaire.
Carcaser, jacasser, bavarder, se dit de la poule quand elleglouse. (Saint-Chartier.).
Comte Jaubert.
Catin, s. m., poupée. (La Châtre.).
Comte Jaubert, Coudereau, Pière de la Loje.
Céler, retenir : y ne cèle pas l’ieau, en parlant d’un parapluie troué. (Nohant).
Comte Jaubert.
Chagnard, pas franc, menteur. (La Châtre).
Comte Jaubert.
Châlit, s. m., bois de lit. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
Chalin, s.m, lampe rustique, lanterne aussi. (Nohant).
Comte Jaubert.
Changeuse : femme qui habille et ensevelit les morts. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
Chapes des yeux, les cils, les paupières. (Nohant).
Comte Jaubert.
Charasson, s. m., échalas. (La Châtre).
Comte Jaubert.
Charbe, s. f., chanvre (Nohant),
Comte Jaubert, Jean Tissier.
359
Chaud-ferdi, refroidissement, y est mort d’un chaud-ferdi. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
Chaumenir, et chamenir, moisir en parlant du pain : y chaumenit pas dgère en hiver. (Nohant).
Comte Jaubert.
Chavouin, s. m., chat-huant. (Nohant).
Comte Jaubert : (Chavant).
Chebriaut, s. m., chevreau mâle. (Nohant).
Comte Jaubert : (chebrillon).
Chott, terrain pierreux. (Nohant).
Comte Jaubert.
Cornucher, (se) se dit des bêtes qui se donnent des coups de cornes. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
Cortaud, e, adj, sans queue. (Nohant).
Comte Jaubert.
Coton, s. m., tige : le coton de la salade. (Nohant).
Comte Jaubert, Coudereau, Jean Tissier.
Couère, s. f., corbeau. (Nohant).
Comte Jaubert.
Cougné, accablé : y est cougné de dettes. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert (bourré, rempli).
Coupeau, s. m., fromage à la crème, servi dans une ooupe en terre de Verneuil. (Nohant).
Comte Jaubert, Coudereau,
Cuisse, s. f., fournée de pain. (La Châtre.)
«Nout’ Monsieur… faut d’abord que j’ cherchions à gagner queuq’ sous pour acheter nout’ cuisse.»
Laisnel de la Salle, Anciennes mœurs. 164, Comte Jaubert, Jean Tissier, Cuper, cracher. (Nohant).
Jaub,. Jean Tissier, Hugues Lapaire.

360
Darié, derrière. (Nohant).
Comte Jaubert.
Débesiller, gâter, perdre : débesiller son pain. (Nohant).
Comte Jaubert, Jean Tissier, Hugues Lapaire.
Débiauger, se découvrir au lit. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
Faire lever : Il était encore au lit à soleil levé, je l’ai ben débiaugé. (Saint-Chartier).
Dégarciller, perdre, abîmer, gâter, se dit des vêtements, des aliments, de la fortune et du bien qu’on possède [Ce mot s’emploie aussi au sens moral. Une mère dira en
parlant de sa fille qui se conduit mal : hélas! ma paure fille, les garçons l’ont toute dégarcillée.]
Sens plus fort que débesiller. (Nohant).
Comte Jaubert, Coudereau, Jean Tissier, Hugues Lapaire.
Dégoutable, désagréable. (Nohant).
Comte Jaubert.
Dèpâter, décrotter. (Nohant).
Comte Jaubert, Coudereau, Jean Tissier, Hugues Lapaire.
Derser, arranger, mettre en ordre. (No). Derser son ménage.
Comte Jaubert.
Dersoué, s. m., meuble à rayons, sur lequel on étale les assiettes ; on y met aussi les forchettes et les tchières, (cuillères). (Nohant).
Comte Jaubert.
Désacrier (se), se faire détester. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
Désauri, détérioré, abîmé. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert, Jean Tissier, Hugues Lapaire.
Dévide, s. m., dévidoir servant à faire les pelotons. (Nohant).
Comte Jaubert : (dévidoué).
361
Dispart. s. m., départ : y est sur son dispart de partir.
(La Châtre).
Comte Jaubert : (dispartie).
Dordet, s. m., sens figuratif, une grande dordet, un grand serin,
un grand imbécile. (Nohant).
Comte Jaubert. : (dordier, lourd, maladroit).
Dousiller, jaillir avec force. (Nohant).
Comte Jaubert.
Douter, «Je te doute», je te tiens pour suspect. Tels sont les mots que l’on doit dire si l’on rencontre sur son chemin une personne soupçonnée de sorcellerie. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert, Coudereau,
Ebcher, se dit des poussins quand ils naissent, quand ils cassent la coquille de l’œuf. (Nohant).
Comte Jaubert.
Echaussi, chardon. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
Ecucher, égoûter. (La Châtre).
Comte Jaubert.
Effoirer, crever : le temps s’effoire, le nuage crève. (Saint-Chartier)
Comte Jaubert.
Efforces, s. f. p., grands ciseaux à ressort pour tondre les moutons. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert, Coudereau,
Embrouillarder, salir. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
Embruncher, faire ombre, empêcher de voir. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
362
Enfarger, entraver une bête, mettre les enfarges. (Nohant).
Comte Jaubert.
Ennieu, nulle part. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
Enosser (s’), avaler de travers. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert, Jean Tissier.
Enrayage : y a de l’enrayage chez lui, c’est-à-dire beaucoup d’ouvriers. (Nohant).
Comte Jaubert. : (sens voisin).
Envier dinguer, envoyer promener quelqu’un. (Nohant).
Comte Jaubert.
Essaubé, e ; ad, étourdi, sot, niais. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
Essiau, s. m., essuie-mains. (Nohant).
Comte Jaubert, Coudereau, Jean Tissier.
Essiner, essaimer : «C’te fille a essiné.» Ce qui veut dire qu’après s’ètre contrariée avec sa mèr, elle est allée vivre ailleurs. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert. : (essiomer).
Etauge. s. f., économie. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert. (George Sand s’est servie du verbe étauger).
Feurtasser, se dit d’un serpent qui frétille. (Nohant).
Comte Jaubert.
Filet (le) des reins, la colonne vertébrale (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
Fleuré, à fleurs : Cayenne en soie fleurée. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert. : (fleurir).
Floque. s. f., nœud de ruban. (Nohant).
Comte Jaubert, Jean Tissier.
363
Foie noir, le foie. (Saint-Chartier).
Foies blancs, les poumons. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
Fornio, s. m., cheminée. (Nohant).
Comte Jaubert, Hugues Lapaire.
Fougaler, bouleverser, tourmenter. (Saint-Chartier).
Jean Tissier.
Foulon, s. m., instrument qui sert à presser le raisin. (Nohant).
Comte Jaubert : (fouloué).
Frèrage, s. m., frère. «Il était l’un de vingt-quatre frèrages.» (ils étaient vingt-quatre frères et sœurs.) (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
Frimber, enlever le fumier de l’écurie, nettoyer les bêtes. (Nohant).
Hugues Lapaire : (fombrayer).
Gaiges, s. m., vêtements, hardes. (Nohant).
Comte Jaubert, Jean Tissier.
Gargaillou, s. m., gratte-cul. (La Châtre).
Comte Jaubert, Coudereau, Jean Tissier, Hugues Lapaire.
Garriolé, bigarré, se dit surtout des bœufs rouges et blancs, noirs et blancs. (Saint-Chartier).
Jaub,. Hugues Lapaire.
Gasserotte, s. f., chemin mauvais, endroit difficile à passer. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
Gelon, s. m., cruche : Va don q,ri le gelon pour aller à l’iau. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
364
Gober, engourdir : les mains gobent, ce qui veut dire qu’on a l’onglée. (Saint-Chartier).
Dans Comte Jaubert et Hugues Lapaire  : seulement gobe, adj.
Gouivre, s. f., regain, fourrage. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
Grêler, râler : y est dans le grêle ; y a des grêlons, (râles de l’agonie). (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
Grignard, grognon. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert, Jean Tissier.
Groussier, groussière, gros, grosse. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert, Coudereau.
Guerlot, s. m. creux, se dit d’un arbre, d’une noix. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
Gueugnet, difficile pour la nourriture, gourmand. (Nohant).
Comte Jaubert.
Gueurlasser, tousser. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert, Jean Tissier.
Hardiment, beaucoup, très :
Etre hardiment joli, sentir hardiment bon. (La Châtre).
Comte Jaubert.
Jabier, gauler. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
Jointes, s. m. p., sonner les jointes, sonner les glas. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert, Coudereau, Jean Tissier, Hugues Lapaire.
Joliveté, s. f. beauté. (La Châtre).
Comte Jaubert. : (gentillesse).
365
Lambouri, s. m., nombril. (Nohant)
Comte Jaubert, Coudereau,
Lichouin, adj, gourmand. (Nohant).
Comte Jaubert, Coudereau, Jean Tissier.
Lincieu, s. m., drap. (Nohant).
Comte Jaubert.
Linqeot. s. m., étoffe mélangée de fil et de laine. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert : (lingeon ou poulangis).
Livauder, flaner. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
Loubàche, s. m., pou blanc, parasite. (Nohant).
Comte Jaubert.
Loup, s. m., petit chardon. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert. : (p. m. sens).
Luma, s m, escargot. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert, Jean Tissier.
Maginer, imaginer. Y m’est magine, je me l’imagine, il me semble. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
Maigner, toucher avec les mains. (La Châtre).
Comte Jaubert.
Maigueriot, malingre. (Nohant).
Comte Jaubert. : (maiguerlin).
Manquabe, adv, probablement, sans doute, presque sûr.
(Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
Marfe, adj, engourdi : avoir les mains marfes, même sens que : avoir les mains gourdes. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
366
Marlot, s. m., merle. (Nohant).
Comte Jaubert, Coudereau, Hugues Lapaire.
Marmuser, parler entre ses dents, chuchotter. (Nohant).
Comte Jaubert, Jean Tissier.
Muselière, s. f., fourmilière. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert. : (masetière).
Maudition, s. f., juron, malédiction.
Y en donne des mauditions ! (Nohant).
Comte Jaubert.
Médiou, s. m., léger repas porté aux champs à onze heures. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
Médiounner, faire un repas à onze heures. Les laboureurs font ce repas dans les champs pendant la couvraille. (Nohant).
Comte Jaubert.
Miche, s. f., pain de boulanger par opposition à tourte, pain de ménage. (Nohant).
Comte Jaubert, Coudereau, Jean Tissier.
Mode (en… de) loc. prép, en manière de :
En mode de galoper ses oches. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
Mue, s. f., poule qui couve. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert. : (sens voisin).
Nouger, s. m., noyer. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
Nourriage, s. m., le feuillage qui sert à nourrir les moutons. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert : (nourriture des bestiaux en général).
367
Oche, s. f. oie. Ochon, petite oie : Va don virer les oches que sont dans le bié. (Nohant).
Comte Jaubert, Jean Tissier, Hugues Lapaire.
Ortruge, s. f., ortie. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert, Hugues Lapaire.
Parpaillère, s. f., poitrine, et aussi devant de chemise. (La Châtre).
Comte Jaubert, Coudereau,
Parson s. m., cabane dans une écurie pour y mettre soit un veau, soit un mouton, soit un cochon. (Nohant).
Comte Jaubert, Jean Tissier.
Patouille, s. f., lavette pour nettoyer la vaisselle. (Nohant).
Comte Jaubert : (p. m. sens).
Paume, s m, le dessus de la cheminée. (Nohant).
Comte Jaubert.
Péjou, adjectif, poisseux, collant. (Nohant).
Comte Jaubert. : (pégeux).
Péniller, se dit de la volaille qui perd ses plumes ; et aussi des gens déchirés, déguenillés.
Comte Jaubert : (pénille, substantif)
Perloir et proloir, chaîne pour voiture quand il y a trois ou quatre paires de bœufs. (Nohant).
Comte Jaubert. : (prolouère).
Porciua, s. f., boutons blancs. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
Pourrija, s. m., bois pourri :
Ton feu y brûle pas, t’as appourté jamais qu’ du pourrija. (Saint-Chartier)
Comte Jaubert, Jean Tissier.
368
Radon, s. m., ce qui brûle au fond d’une casserole ou d’un plat. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert, Coudereau, Jean Tissier, Hugues Lapaire.
Rafouer, gronder, battre. (La Châtre).
Comte Jaubert, Coudereau, Jean Tissier.
Rassurer, rassembler.
Le monide s’est tout rassaré là. (Nohant).
Comte Jaubert.
Rauche, roseau, et aussi adjectif signifiant enroué. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert, Hugues Lapaire.
Rebouler des yeux, les rouler. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert, Coudereau : (rabouiller), Hugues Lapaire : (se rebouler).
Rechigner, hennir. (La Châtre).
Comte Jaubert.
Relanger, s’adoucir, se remettre. V’là le temps qui se relange. (Nohant).
Comte Jaubert.
Repâtée, s. f., festin, du verbe repâter.
A-t’y ben repâté ? (Nohant).
Comte Jaubert. : (repàter).
Résipère, s. f., érésipèle. (Nohant).
Comte Jaubert.
Retinton, s. m., ressemblance. (Nohant).
Comte Jaubert : (reste, retour).
Retouble, s. m., champ où on a coupé le blé, l’orge ou l’avoine. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
Reugna, (s. m.), rondin, morceau de bois. (Nohant).
Comte Jaubert.
369
Reuillet, s. m. pelle pour retirer la cendre du four, et aussi le pain. (Nohant).
Comte Jaubert, Jean Tissier.
Revirer, remettre en place, Je l’ai ben reviré. (Se dit d’un meuble). (Nohant).
Comte Jaubert, Jean Tissier : (mettre à l’envers).
Revoyure, s. f. : à la revoyure, au revoir. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
Rien, s. m. rigole, sillon dans un champ, passage de la charrue. (La Châtre).
Comte Jaubert.
Rigoti, adjectif, ridé, se dit des pommes. (La Châtre).
Comte Jaubert.
Rioler, déborder : ça riole partout. (Nohant).
Comte Jaubert, Jean Tissier, Coudereau,
Riotte, s. f. lien en bois pour réunir le blé en gerbes. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert, Jean Tissier.
Rollon, s. m. bâton de chaise. (Nohant).
Comte Jaubert, Jean Tissier.
Rouée-volante, s. f. petite vérole. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
Rouin, s. m., ornière (Saint-Chartier).
Comte Jaubert, Coudereau,
Rouincer, pleurer, gémir. (Nohant).
Comte Jaubert, Jean Tissier.
Signifie aussi ronfler à Saint-Chartier.
Roumer, râler, moins fortement que grêler (Saint-Chartier).
Comte Jaubert, Coudereau
370
Sarré, s. m., galon, cordon. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert : (sens voisin).
Selle, planche avec deux pieds qu’on met devant soi pour battre le linge. (Nohant).
Comte Jaubert, Jean Tissier.
Semblance, s. f., ressemblance. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
Sinse, s. m. tampon pour nettoyer le four à pain. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
Soude, s. f. répulsion : «Ça me fait soude», dira-t-on en voyant une araignée, un serpent, etc. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
Souris-chaude, s. f., chauve-souris. (Nohant).κυρικιμασαηικο
Comte Jaubert, Jean Tissier.
Sté, s. f. sécheresse. (Nohant).
Comte Jaubert, Hugues Lapaire.
Suet, s. m., front. (Nohant).
Comte Jaubert.
Tabaser, faire du bruit, du tapage. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert. : (tabàter).
Tarrasse et trace, s. f., soupière.
Comte Jaubert, Coudereau,
Tanter, taquiner. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert : (tanser).
Tchinter, incliner ; tchinter de la tête, incliner la tête. (Nohant).
Comte Jaubert. : (quinter).
371
Tchuper, cracher. (Nohant).
Comte Jaubert : (cuper).
Terjous, toujours. (Nohant).
Comte Jaubert.
Teurminer, trembler en buvant quelque chose de fort. (Nohant).
Comte Jaubert.
Toin, pinson. (Nohant).
Comte Jaubert.
Tortier, planche suspendue au plafond pour y placer les tourtes (miches de pain), quelquefois c’est un grillage en lattes. (Nohant).
Comte Jaubert, Hugues Lapaire.
Trembiaison, s. f., tremblement. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
Treue, s. f., truie. (Nohant).
Jaub, Coudereau,
Trifouillée, s. f., donner une trifouillée, battre quelqu’un. (Nohant).
Jean Tissier.
Trouiller, mettre le chanvre en écheveaux. (Nohant).
Comte Jaubert.
Tuchon, s. m., tas de foin plus petit que les miloches. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
Tussi, s m, la toux : prenez garde, vous enrhumez pas ; y a rin d’ si ch’ti qu’el tussi en hiver. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert : (tusse).
372
Tuteron, petit tuyau relevé en l’air par lequel l’eau d’une cruche s’écoule. (Nohant).
Comte Jaubert.
Us, (les), les sourcils. (Nohant).
Comte Jaubert.
Vassive, s. f., jeune brebis. (Nohant).
Comte Jaubert, Jean Tissier.
Vas-y vas-à, étourdi, abasourdi.
Y est tout vas-y vas-à. (Il ne sait pas bien où il en est). (La Châtre).
Comte Jaubert.
Volature. s. f., oiseaux de passage.
Ça en a passé d’ la volature c’t’ année.
Signifie aussi oiseau de basse-cour. (Nohant).
Comte Jaubert.
Ya. s. m., glace : Y s’est foulé su l’ya. (Nohant).
Coudereau,
Yèbe, s. ni, lièvre. (Nohant).
Hugues Lapaire.  : yeube.
Yette, tiroir de la table où l’on met les fourchettes, les cuillères, les couteaux. (Nohant).
Hugues Lapaire.
Zieuter, regarder. (Nohant).
Jean Tissier.
2° Mots inédits recueillis à Nohant, St-Chartier, La Châtre.
Abisser, consommer.
J’en tcheuillerons bin c’t’ànnée, j’en aurons tant que j’pourrons pas y abisser. (Nohant).
Comte Jaubert : (abîmer).
373
Acoton, s. m., une cheville pour voiture. (Nohant).
Assîte, s. f., siège.
A une personne assise : Vous êtes su vout’ assite. (Nohant).
Comte Jaubert : (assiter).
Aimander, engraisser, se dit pour les bœufs, les vaches. (Saint-Chartier).
Angnou, adjectif, capricieux. (Nohant).
Anneux, orvet, serpent non venimeux. (Nohant).
Arconsoler, consoler : Y s’est arconsolé ben vitement. (Nohant).
Aterchouère, trou de l’âte, (timon). (Nohant).
Bachot, s. m., petite caisse dans laquelle les laveuses se mettent à genoux pour ne pas se mouiller. (Nohant).
Comte Jaubert : (p. m. sens).
Basserot, baquet bas dans lequel on fait couler l’eau de la lessive. (Nohant).
Bère, s. f., la bère du lit, plateau de bois formant le devant du lit, côté opposé à la rouette. (Nohant).
Berloquer, colporter partout quelque chose. (Nohant).
Beurdadounne : y a fait beurdadounne, il est tombé par terre. (Nohant).
Bigeux, celui qui aime à embrasser, à biger. (Nohant).
Birounne, s. f., mère oie. (Nohant).
(Comte Jaubert : vrille).
Bouesse, s. m.: c’est du vin qui a bounne bonesse, c.-à-d. qui a bon goût. (Nohant).
374
Bouner, frapper. (Nohant).
Bourinerie, rubans, dentelles, fanfreluches ; al avait toutes sortes de bourineries après sa robe. (Nohant).
Comte Jaubert : (bouriner).
Brûleson, aigreur. (Nohant).
Caioler, geindre. (Saint-Chartier).
Calèchier, s. m., celui qui conduit une calèche. (La Châtre).
Camet, broche (No).
Carquot, s. m., sorte de vide poche, petite boîte où on met le fil. (Nohant).
Ceiller, s. m., cage en lattes ou en osier dans laquelle on met sécher les fromages. (Saint-Chartier).
Châner, traîner péniblement quelque chose. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert : (p. m. sens).
Chaumiot, s. m., emplacement de terrain battu devant
la ferme ; c’est aussi l’endroit où les bêtes pacagent à volonté. (Nohant).
Chevenieu, s. m., graine de chanvre. (Nohant).
Chicon, s. m., la romaine (salade). (Nohant).
Chime, s. f., terrain en chôme, terrain laissé inculte momentanément. (Nohant).
Coniler, crier sur un ton aigre. (Nohant).
Coupe, une coupe d’années, c-à-d. deux ans. (Nohant).
Coupelle, s. f. : vous ne pourriez pas me donner une coupelle de sous, c.-à-d. deux sous. (Nohant).
375
Crayer, y me craie dans la bouche, se dit d’une chose qu’on ne peut pas avaler. (Nohant).
(Comte Jaubert : ce mot signifie cracher).
Creugnon, s. m., morceau ; un creugnon de pain. (La Châtre).
Crousse, poule crousse, celle qui couve. (Nohant).
Dansoué, s. m, danse. Al était au dansoué, (à la danse). (Nohant). George Sand a employé dansière.
Darser, égaliser. Y ont darsé le chemin. (No).
Décide (être en) c.-à-d. hésitant. (Saint-Chartier).
Dégrèner, grogner ; a se dégrène tout le temps. (Nohant).
Dévouérer, abîmer, détériorer. «Tu dévouères l’horloge». (Même sens que dégarciller).
Dévouéré se dit aussi d’une mendiante en loques : «Al est toute dévouérée.» (Nohant).
Diorer, mettre dehors. On l’a diorée, mise dehors. (La Châtre).
Dodinat, s. m. C’est un vrai dodinat, enfant qui bouge toujours. (Nohant).
Comte Jaubert : (dodiner).
Dressière, s. f., sentier. J’ vas passer par la dressière pour aller au plus court. (La Châtre).
Driguer, marcher vite, courir, (La Châtre).
Duine, s. f., sorcière, devine :
Y est allé vouère la duine.

376
Ecrepé, fâché, en colère. Al s’est écrépée, y fallait vouère. (Nohant).
Egorner, égrener. La grêle en a égorgné à more, (du blé). (Nohant).
Emblais, s. m., couronne, torche en paillée tressée que l’on place sur la tête des bœufs avant d’y appuyer le joug. (Nohant).
Enchalumer, brûler : Y enchalume des yeux à force de regarder. (Saint-Chartier).
Enfelson. s. m., enflure. (Nohant).
Enoyé, éloigné. (Saint-Chartier).
Etamine. s. f., tamis, crible, pour tamiser la farine. (Nohant).
Fanfouiner, parlez du nez. (Nohant).
Fayot, s. m., hêtre. (Saint-Chartier).
Frontière, s. f., ruban blanc ou noir que les femmes du Berry serrent autour de leur tête pour y fixer la coiffe. (Nohant).
Galetteux, celui qui aime la galette (le gâteau). (La Châtre).
Gandrou, taché de boue. (Saint-Chartier.).
Gauya. un innocent, un idiot. (Nohant).
Gébesse, s. f. feuille verte ou jaune de la pomme de terre.
Gêmer, être essoufflé. (Nohant).
Comte Jaubert. : (p. m. sens).
Gousiner. faire. (La Châtre).
377
Gravon, s. m., griot, recoupe du blé. (Saint-Chartier).
Grégeot, s. m., coquelicot. (Nohant).
Guerzeller, trembler. (Saint-Chartier, Nohant).
Ignote, s. f., terrine en terre à deux anses, dans laquelle on cuit la viande, on la fait rôtir. (Nohant).
Jopunais, s. m., grosse punaise de champ. (Nohant).
Mijolet, s. m., mie de pain écrasée dans du lait. (Saint-Chartier).
Mijovin, s. m., pain trempé dans du vin. (Saint-Chartier).
Mouvette, s. f., cueillière en bois pour tourner les sauces. (Nohant).
Mure, s. f., mur : toi tu vas te coucher à la mure, c.-à-d. du côté du mur. (Saint-Chartier).
Oberiot et obriot, s. m. épervier. (Nohant).
Oulle, s. f., l’ongle. (Nohant).
Parterre, s. m., propriété : Y n’a pas bîn su administrer son parterre. (La Châtre).
Personé, s. m., rayon dans lequel on place les assiettes. (Nohant).
Pijassé, bigarré. (Nohant). Cf. pigelé p. 117.
Pile, s. f., tronc d’un arbre. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert : (p. m. sens).
Pipeux, fumeur : C’est un pipeux, un diseu de rin. (Saint-Chartier).
Pompelier, s. m., peuplier. Les pompeliers de la Clésingère (les peupliers de Mme Clésinger). (La Châtre).
Pot de basse, s. m., seau dans les oreilles duquel est passé un bâton pour le faire basculer. (Nohant).
378
Poter, goder, faire des faux plis. (Saint-Chartier).
Rancœurable, qui éprouve facilement du dégoût. (Saint-Chartier).
Rasiades, s. f., rafle. Les bohémiens font des rasiades sur les poulets. (Nohant).
Récéper, couper : récéper une bouchnre. (Saint-Chartier).
Rince, s. f., panier en osier. (Nohant).
Routonner, rabâcher. (Saint-Chartier).
Sargeon, s. m., cheville qui fixe le joug au timon (à l’âte). (Nohant).
Sassois, s. m., crible. Sasser la farine, c’est faire tomber la fleur. (Saint-Chartier).
Ségriller. fréquenter une jeune fille. Y la segrille bin ; il la suit, recherche sa société. (Nohant).
Sembeille, s. f., ressemblance. (Saint-Chartier).
Supuration, s. f., souffle, respiration. On dit encore soupir : Y retire ben son soupir (il n’est pas malade). (Saint-Chartier).
Tabaillon, s. m., morceau de bois qu’on attache au cou des bêtes à corne pour les empêcher de courir. (Saint-Chartier).
Tasonner, bouriner, ne rien faire en ayant l’air d’être occupé. (Nohant).
Ternucher, éternuer. (Saint-Chartier).
Topounner, peloter, tripoter. (Nohant).
Trétailles. s. m. p., faire des trétailles, donner à manger. (Nohant).
Treyer. trahir. (Saint-Chartier).
Trouilloux, s. m., dévidoir servant à faire des écheveaux. (Nohant).
379
Vouyé, sali : Y s’est tout vouyé de boue. (La Châtre).
Yacrèfe, celui qui parle beaucoup. (Nohant).
Yan, s. m., lien de paille, brin de paille. (Nohant).
Yasse, s. f., gerbe quand le blé, le grain, n’y est plus. (Nohant).
Yener, glaner. (Nohant).
Yève, veuf. (Saint-Chartier).
Barbaïèbe, qui a une barbe comme un lièvre.
Brise-barriaux, homme brusque. (Nohant).
La grand baveuse, celle qui parle trop. (Nohant).
La muette, celle qui bavarde toujours. (Nohant).
Nez de bois, celui qui ne sent rien. (Nohant).
Piochon, celui qui fait tous les métiers. (Nohant).
Tête d’aubier, un jeune garçon. (Nohant).
Y cause comme une flûte. (La Châtre).
Y se remue comme trois pois dans un pot. (La Châtre). [Je dois une grande partie des expressions qui suivent à Mme Pajot.].
Y se ressemblent comme un pôt avec une pouële.(Saint-Chartier).
Y a l’air d’un crapaud su une pelle chaude. Se dit de quelqu’un qui est mal à son aise. (La Châtre).
Faire son pôt, bouder. Quand t’auras fini d’ fère ton pôt te fras une casse. (Grande marmite dans laquelle on fait bouillir l’eau). (La Châtre).
Y fait pas joli, il est de mauvaise humeur. (La Châtre).
y a l’air tout pas bin, c.-à-d. fou, mot qu’on ne prononce jamais.
380
Y les a bin toutes ramenées au barriau! (Il ne s’agit point des brebis, mais des notes, ce qui veut dire qu’il a chanté comme il faut, juste, et sans se tromper. (Nohant).
Y a des lunettes, des lunettes. Il fait clair, il y a des étoiles. (Nohant).
Y s’est enrhumé les jambes. Il a les jambes roides. (Saint-Chartier).
Y a fait de son ours, il a fait des bêtises pour plaisanter, il a fait le bouffon. (Nohant).
Y s’en faut de pu de cent fagots qu’y soit de la même branche. Se dit de gens qui ne peuvent pas s’entendre. (La Châtre).
Quand l’âbre est par tarre, on est bin vite aux branches. On accable celui qui n’est plus respecté. (La Châtre).
Mets zu ben m’napoint. Mets le bien en équilibre bien droit, (en parlant d’un meuble). (Nohant).
Ah! jappe à la lune! prêche dans le désert. (Nohant).
Le feu du temps, le tonnerre. (Saint-Chartier).
Comte Jaubert.
La petite nuit, le crépuscule. (Saint-Chartier).
Terre en pelouse, terre qui n’est jamais cullivée, le communal. (Nohant).
Voué donc, voué donc, là iau, là iau, ben iau, ben iau, ceux grous raisins ! (Un raisin est une grappe de raisins).
(Nohant).
Une pomme d’orange, c’est une orange.
La châtaigne d’eau, le nénuphar. (Saint-Chartier).
381
Poummes de terre cuites à la coque, c’est-à-dire avec leur pelure.
A Saint-Chartier, on pelle un poulet, on piace une poumme de terre, on pieume une poumme.
La forchette de l’estomac, c’est le creux de l’estomac. (Nohant).
Y s’est abattu l’cronchet de l’estomac, on l’a fait panser dépu y va mieux à c’t’ân-née. (Nohant).
Ça se dégénère pas, ça ne se digère pas. (Saint-Chartier).
J’ai ovu une dégestion, une indigestion. (Saint-Chartier).
Y en est bon qu’y s’en emige (émiette), se dit en parlant du pain, et aussi des personnes. (La Châtre).
On n’avait pas du sel à distraction tout à l’heure, c’est-à-dire à discrétion.
Anémique de sang, anémique. (Saint-Chartier).
Elle a les nerfs pu hauts qu’el sang, elle est anémique.
La ch’tite fièvre, la fièvre typhoïde, la mauvaise fièvre. (Nohant).
Y était bordi, y s’est accoté su sa chère pour s’assiste. (Saint-Chartier).
Bonjou, bonjou, comment don qu’ça va, et chacun d’ vout paire (part) ? (Nohant).
J’ seu toute rafraîchie signifie j’ai tout réfléchi.
Donner une craillée, crier. (Saint-Chartier).
Al pourtant pu d’ ça des bavousettes. (Nohant).
Manger une flûte, siffler. (Saint-Chartier).
382
Veux-tu durer ! tu me traîne ! C’est-à-dire veux-tu rester tranquille, tu m’ennuies. Se dit à un chien, à un enfant. (Nohant).
C’était t’y ter? (tard). — C’était à peu près l’heure que les pâtours montaient. (Saint-Chartier).
Y est précoce pour conserver les antiquités. (Nohant).
J’ tins un neveu. C’est-à-dire j’ai un neveu.
Faut la ménager pour la pourter encore dans sa fleur. Se dira d’une robe de première communion par exemple. (La Châtre).
Couper les mouches, prendre le miel.
J’ seu tout énervé, étonné. (Saint-Chartier).
L’où qu’à demeurait, où elle demeurait. (Saint-Chartier).
Mon cher bon Dieu mignon, faites-moi mourir ! (La Châtre).
La Sainte Vierge du grand bon Dieu. (Nohant).
Un enfant avoué est un enfant voué à Sainte Vierge. (Saint-Chartier).
Que Dieu vous cresse : formule consacrée quand une personne éternue. (Saint-Chartier).
3° Phrases et conversations patoises dues a Mlle Le Tellier, et aimablement communiquées par elle.
C’te gars, y a foutu son forchât au mitan du peurtu.
Anqu’ une enrhumure paré, faudrait à more tchuper peur arté le tussi.
La chine a sinné (frôlé) sa robes de si près qu’ai y tuchait de ses babignes. (Saint-Chartier).
383
La chine al est yacrète, (c’est-à-dire qu’elle aboie, serre la queue et n’ose pas approcher).
Ceux mâles y avons été à la fouère d’ La Châte et pu y avont appourté un coukiau à quatre lumelles à Lément.
Ceux drôlesses al avont été ‘à l’assemblée de St-Charkié qui faisons d’à cause que dans le temps y avons baptisé des kioches. Al zavons dansé à jor de jornée et à nuitée.
Ceux gas sont partis labourer anques les grands bœus et yeuré adjuyées neus, y avons dit quanque les femmelles [On dit généralement fumelle.] apourtiriont le mezdion
d’appourter une adjuye et du filet d’à cause que Ph’lippe a dévoiré sa tchulotte et pu
de ben aféter yeux etchuelles. y avons amor faim.
Disez don José voute bié, il est y biau ? — Pas arié toutant, mais mes biettes sont ben gentes.
Juchtine cours don à la font anques les gelons, si y a des crapauds aux entours tu les vireras.
Queu paré zau, les rios avont dribé, je pense bin qu’ la revière al va passé peur de lé les ponts, ça va faire un grand dribe, peurde el foin à cause du poussié que ça va y foute en s’chant et pu am’ner la misère au pore monde l’année passée la s’té a l’avait ar’té la
gouive. Oh! Oh! Oh ! ceux ch’tites années !
Y zavons dit que la Cath’line a s’mariait anque Cadet qu’ est zaut comme la lune, le garçon au grand Pierre qu’ est si dégoutabe el pu je pense bin que c’ gas il est bin aussi sordère que 1′ père, du ch’tit monde, quoi !
Y zavons dit arié qui zavins s’mon amor du monde peu c’te noce, c’est t’tafé dans le grand mon cher, à ce que m’ paraît qu’ la Cath’line a l’aura enne robe bianche et pu
vous p’vez penser que l’gas il ‘aura des harnas tout neus.
384
Vd don au genillé vouer si la poule al a pond, le jau mène tant de bru que j’acoute pas si les poules a chantiont  ; du temps qu’ tu s’ras dor, t’yras q’ri une brassée d’charbe j’ prendront le chenebou et pu j’ le brayerons, j’ le donn’rons au chambreu, j’ le fil’rons et
peu j’ ferons marcher 1′ teriou, j’irons vouer le tissier, et peu la Jeannette al aura des ch’mises neus à la montée du temps. Son galant y pourra donner des poummes d’oranges. J’ te l’ dis, ma fille, qu’ si la prend il aura eune femme de couraige.
J’ai ben mis un gnau aux oches pour les faire ponde, mais a n’avont djère envie ; c’est embêtant si les couées a s’ faisont mal, si j’avons pas d’ochons c’est amor d’argent d’ peurdu. Les oches d’abor qu’ sont teurjou chers aux entours du carnaval et pu la pieume,
le bibet, pou nous autes c’est eune grousse parte, j’avons déjà pas tant de d’ quoi ; ma drolière a v’lé s’ach’ter un devantau et pu un mouchoué, avait-elle pas arié causé d’eune capiche en joli drap beleu et pu d’eune couëffe à la dentelle ; si al a qu’ les adjasses pou
zu payer a beurmera coume un viau.
C’te p’tite qu’ est cheu la Nouniche, al é-t-elle tout adfiée ? — Oh non, ma paure femme, al est acquenit t’tafait c’est l’guiable qu’à s’est emmanché d’ ça, a pensait nen tirer d’ l’argent al en aura que d’ l’embêtement, ceux champis ça russit pas teurjou. C’est
comme c’te p’tit’ qu’ est cheu la Chounette son paure sué, son babignon y son pouris de porcinas ; ça fait rantcheur de zu vouére tout en potigna.
Fous don les gaiges nouères dans un p’nié anque un p’tit savon, t’iras au lavoué yeu zi donné un coup d’ battoué d’vant soulé couché.

385
Amni don le toukiau qu’ la Yonore a encruché et pu tu coup’ras la soupe dans la trasse qu’ la grand’ Mélie a appourté d’ Varneu : prends ben gâde de pas t’ savi d’ la vieille qu’ a p’té au feu tu giterais tout 1′ bouillon à tarre et pu dans la segière [Séchère : panier
spécial pour faire sécher les fromage.] t’arracheras un feurmaige, tu zu
pourteras au laboureux tu yeux y fouleras tout en su des guérets et pu tu dévaleras dans le champ des biettes vouére si les cochons à la Gritoune a les avons pas mangées.
Avez-vous bin du fin vous autes? — Oui bin, l’année est boune de c’té coûté, j’avons d’abord avu des djignes et pu des grosèles, amor des prunes, un p’ti d’ pouères, des
poummes à boissiaux, les cochons n’en v’lons pu. Le rasin est bon, les cormelés y cassons de cormes dré coume les nougés y a un p’ti de tout. L’ bié est pas ben geurmé
mais dame y a du foin ; aussi j’ vons amandé le camot et pu la taure, du coup y gardons la bête à asine, c’est teurjou de coumode cheu soi quand on veut sorti ; les
ouailles a z’avions ben d’ la laine su yeux zérins.
Appourte don du tchubé une chopine de pisse d’un pied et pu t’en vas au jardin tu fouleras au tchu d’un pegné queuque pommes tarre, un pougné d’ parsil, prends bin garde de tcheuilli pas d’ la cochku pou nous empoisouner. Y a ben aussi un p’ti de viande de
pot, mais y a peursoune pou l’étchumer, a sera pou jeudi et pu vilaine drôlesse, tcheupe don pas dans ton mouchoué tu 1′ salzi tout, etcheupe don à tarre.
386
As-tu vu ce grout oisiau cheu la dame, je te dis qu’ c’est étonnant, on sait pas ça que cés, ça cause comme un homme bin appris, ça d’mande à déjinner, ça fait 1′ jau. ça fait la poule, ça fubeille, ça ferait bin peur au paure monde jamais que d’ l’acouter. C’est vert
quasiment comme un pré. Ça mange anque ses pattes comme nous autes anque nouté mains, ça grimpe anque son beg comme un chat écurieux, al appelont ça un paroquet, mais Batisse, c’est y qu’il est pu savant, y dit un pintaroquet. Ça sembeuille pas à un
oiseau d’ cheu nous, ça vint p’tête bin de peu d’le la mer. Disez don, avez-vous vu l’étuelle à la grand tcheu ? — Ah je pense que j’ mettons 1′ nez diors tous les souérs pour la vouére, — qué qu’ça veut dire? manquab’ queuque chose de pas bon. — Tu t’ souens
don pas qu’en 1859 a vin pu grosse qu’à c’t’ ânnée, et ça fut une année d’ vin comme jamais mon cher. — Guiabe la faute qu’ ça siéte vrai, j’ nous saoulerions comme des cochons. Si y a des beuroués à ce souer, je vouérai pas d’enje’d’hui! Eh bien j’ la vouèrons
d’main! — Quoique’ t’a à bader d’ la djeute comme la treu, va don te piquer au lit. Je me barasse bin de l’étuelle à la grand’tcheue, pour que j’ dourme bin et que j’ minge mon saoul j’ m’en fous, pas vrai Kiennette, allons deurmi. — Bouffe don pour tuer la
pétrelle, abeurge le feu, avise vouèr sous les languiers si y a pu rin, j’aime mieux cheux nous d’aut’ monde que les pompiers et peu y a pu d’ yau dans les fousses. Disez don aux mâles qui goutiengent sous le grou châgne et quand y auront agebé qu’y
descendiengent pour frumber l’étabe au barbiaige, après qui montiengent au fenau tabate la nikière, et peu si al sont pas trop bordi…qu’ les femmelles a zeu coiffiengent pou allé à ce souére à St-Charkier, à ce que m’ paraît qu’y a une bande de coméguiens, de
bâteleux que fasont des grumaces. A tout le moins si j’ travaillons comme des aumails, que j’ nous amusiengent un p’ti quanque l’ouvraige il est fini. Si j’ seu teurjou dors quand al arvindrons, la kié de l’armoise lou qui a les oreries à lé dans la yette du mitan.
387
Vingt garces! tu taiseras pas ta djeule, depeu que s’t’a nimau a été en classe y en à que pou zelle. Ça cré tout savouére d’à cause que ça appris son âne baissé cheu l’ maite d’école. J’ parie bin qu’ ça sait pas ni rhabiller ses chausses ni les brocher, ni faire la bugée.
Ça sait mégner un craon su son ardouèse, mais ça sait pas tirer une vache.
Oh Gusti va don q’ri vau le porteux les affutiaux du bonzou a tant le moins quanque qui s’arveuillera s’il est rechignoux que j’y donnienge pour l’étchuper, sa pauvre mère qu’a un sanyassement que peut même pas y douner à t’té, tu f’ras étention qui se gîte pas de
son lincieux à tarre. Rejuche toi don su la piote peu amni un essio pour feurté la tabe, fais bouilli un pti de ren tout près, si c’te paure malade en avait besun pou lavé son empiate. Je pense ben que du sui de chandelle su un papier y mette ben chaud en un sué ça
y f’rait du bien, en d’hor de la tusse, al roumelle amor.

Warning ; Any kind of reproduction of this page will be very severely accused by tokyomaths.com
Ceu ch’ti chien en grattant y avons ben mis de la seige dans la casse.
Amaisez-vous donc les gars, pendiment que le pourteux de lette y nous dit ce que marque su le papier l’Arness, si y est teurjou à Tours en Touraine ou ben si l’envions
à Bourges en Berry, vous fasez un rafut du guiabe, ça vous fait dont rin savouer ce qui fasons à l’armée de la guerre.
Gas aux chiebes ! la bas ! gas aux chiebes ! ma chine va don vouére les qu’ri !

Fin.